Henri Loevenbruck

Henri Loevenbruck

Le mystère de la main rouge

Livre 00'08'15"

Philippe Chauveau :

En 2019, Henri Leovenbruck, nous avions fait connaissance avec Gabriel Joly, qui avait envie de devenir journaliste, alors non pas le journaliste d'aujourd'hui, mais c'est ce journalisme du 18ème siècle. Nous sommes aux prémices de la Révolution française. Gabriel arrive à Paris et il va se retrouver confronté à une drôle d'énigme, puisqu'il y a ce justicier qui, la nuit, accompagné d'un loup, va tuer des hommes qui ont eu des relations ambiguës et sanglantes avec des femmes. C'était le point de départ du Loup des Cordeliers. C'était le premier opus. Et puis, nous allons retrouver Gabriel Joly avec Le mystère de la Main rouge. Peut-être une présentation avant de ce héros que vous avez imaginé. Qui est-il, ce fameux Gabriel?

Henri Leovenbruck :

C'est un Sherlock Holmes ou un Hercule Poirot journaliste. J'ai voulu créer un personnage enquêteur très rationnel, très cartésien, qui fonctionne un peu avec sa matière grise à la manière de d'Hercule Poirot, mais qui soit journaliste et non pas détective privé ou policier. Pourquoi? Sans doute parce que l'un des sujets qui me préoccupe le plus aujourd'hui, c'est la perte de respect et de foi que nos populations ont pour le journalisme. On fait de plus en plus confiance à des charlatans sur des blogs ou sur Facebook qui publient des infos qui ne sont pas des infos. On perd le réflexe de plutôt se tourner vers les journalistes pour qui c'est un métier et qui ont une éthique, qui font un travail sérieux, qui croisent leur sources. C'était une façon pour moi de parler de ça, de l'importance de la vérité, de la vérification des sources et de l'importance du regard du journaliste. Et c'est le cas de Gabriel, qui est quelqu'un qui ne recule devant aucun obstacle pour faire vivre la vérité et qui se méfie toujours des mensonges, même quand ils vont dans le sens de ce qu'on a envie de penser.

Philippe Chauveau :

Vous faites le choix de l'emmener dans cette fin du 18ème siècle. Pourquoi avoir choisi cette période charnière de notre histoire, celle de la Révolution française? Pourquoi Gabriel évolue-t-il dans ce Paris de 1789 spécifiquement?

Henri Leovenbruck :

Alors d'abord, peut être par paresse. Parce qu'il se passe tellement de choses que mon roman était quasiment déjà écrit. Plus sérieusement, je pense que c'est parce que c'est la période la plus fondatrice de la République dans laquelle on vit aujourd'hui. Les valeurs républicaines sont nées pendant la révolution. C'est devenu un peu, on va dire, un symbole national. Donc, j'avais envie un peu de la représenter de manière ludique, à travers le polar, mais aussi plus approfondi. Le premier tome, Le loup des cordeliers, s'étend de mai à juillet, le deuxième tome d'août à septembre, donc un mois ou deux par romans. Ça me donne l'occasion d'aller assez en profondeur dans l'histoire de la révolution.

Philippe Chauveau :

Vous le dites, vous avez fait le choix d'utiliser la Révolution française, mais pas que en toile de fond. La période est un acteur à part entière, ce qui a nécessité, j'imagine, pas mal de recherches. Parce qu'en plus, notre journaliste en herbe Gabriel Joly, va croiser tous ceux qui font avancer cette révolution, de Danton à Camille Desmoulins, par exemple. Quels ont été vos sources et comment fait-on pour garder le rythme du roman d'aventure, du thriller historique, sans se laisser envahir par les références historiques?

Henri Leovenbruck :

C'est une bonne question parce que c'est le travail le plus difficile qui soit et pour lequel mon éditeur m'aide beaucoup. C'est mon éditeur qui me rappelle : "attention, ta documentation prend trop de place, tu oublies l'aventure, etc". Il me qui me remet dans le droit chemin quand je m'égare un peu. Parce que parfois, on est tellement content de découvrir des choses qu'on a envie de tout raconter aux lecteurs. Mais il ne faut pas tout raconter. Oui, ça a été un travail phénoménal. Je ne le cache pas. Je dois maintenant avoir dépassé les 200 ouvrages que j'ai dû lire sur la révolution et tout ce qui s'y rapporte. J'ai aussi travaillé avec trois historiens, l'un plutôt spécialisé dans la littérature, l'autre plutôt dans l'histoire de la révolution et le troisième dans la police du 18ème siècle. J'ai été soutenu. Mais on a la chance aujourd'hui d'avoir accès à une documentation incroyable grâce au numérique. Je vous donne un exemple il y a 60 000 pamphlets de la révolution qui ont été numérisés par une université américaine. C'est un régal.

Philippe Chauveau :

C'est donc la deuxième aventure de Gabriel Joly, Le Mystère de la Main rouge. Je précise que si on n'a pas lu Le loup des Cordeliers, on peut quand même suivre cette aventure là. Évidemment, c'est encore mieux si on lit le premier tome, mais vous avez fait le choix, dans les toutes premières pages, de replanter le décor. Cette fois ci, Gabriel va pas mal voyager. Parce que si on est à Paris, on va aussi descendre un peu vers la Méditerranée. On va même traverser la Méditerranée pour déjouer un complot avec une société secrète. Comment naissent toutes ces histoires? Comment avez-vous toutes ces idées, que ce soit celles d'avant avec le Loup des Cordeliers ou cette fois ci, avec cette drôle de société secrète? Ça vient d'où ça?

Henri Leovenbruck :

C'est un artifice littéraire qui me permet d'incarner un point de vue sur la révolution. Au 19ème siècle, on a imaginé tout un complot révolutionnaire. On a imaginé que c'étaient les francs maçons qui avaient organisé la révolution. On a imaginé tout un tas de choses qui étaient évidemment fausses et ridicules puisque déjà, les francs maçons étaient pour moitié aristocrates, même plus que moitié, et donc tout à fait capable d'organiser la révolution. C'était un sujet de débats houleux chez eux et de toute manière, ils n'auraient pas eu les moyens logistiques de le faire. En revanche, il y a une volonté industrielle et bourgeoise de se débarrasser de l'aristocratie et de l'Église au 18ème siècle, qui se faufile dans la révolution, qui en profite et qui la manipule un peu. Voilà, donc ça a existé. Ce n’est pas un complot parce que ce n'est pas concerté, mais en tout cas, c'était un intérêt commun dans lequel beaucoup se sont engouffrés et j'avais envie de l'incarner de manière un peu romanesque. Moi, j'ai imaginé une société secrète. Ça, c'est mon amour d'Umberto Eco, de la littérature et du polar un peu ésotérique qui fait que je me suis amusé à imaginer ça. Mais ça représente quelque chose de concret pour moi.

Philippe Chauveau :

Aujourd'hui, Gabriel Joly fait partie de votre quotidien, j'imagine, puisque vous l'avez laissé entendre, on va le retrouver sur toute cette période révolutionnaire. Les livres vont se succéder. C'est parfois envahissant comme ça un ami de papier qui sans cesse, vient vous taper sur l'épaule en vous disant allez continuer à raconter mes histoires. Vous arrivez de temps en temps à respirer a notre époque contemporaine, ou vous êtes toujours au cœur de la révolution?

Henri Leovenbruck :

Non, j'arrive bien à faire la séparation. Et puis, il n'est pas envahissant. Au contraire, il me manque quand je ne travaille pas dessus et c'est bon signe. Le jour où il cessera de me manquer, il faudra que j'arrête la série parce que je ne conçois pas d'écrire autrement que par plaisir et par envie. Certainement pas par besoin. Il est hors de question que je continue cette série sous prétexte qu'elle marche. Il faut que j'y prenne du plaisir et j'ai plein d'autres idées si un jour je ne prends plus de plaisir.

Philippe Chauveau :

Voilà en tout cas un personnage que l'on retrouve avec plaisir à Gabriel Joly. Du rythme, de l'aventure, des rebondissements, ça se bat dans tous les sens. Et puis là, vous allez nous faire voyager puisque nous allons aller jusqu'en Corse. La suite des aventures, Le Mystère de la Main rouge, après Le loup des Cordeliers, vous êtes publié Henri Loevenbruck aux éditions XO. Merci beaucoup.

Henri Leovenbruck :

Merci à vous.

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  • LIVRE
  • Cet homme est incontestablement un amoureux de mots et de l’écriture, qu’elle soit romanesque ou musicale. Après avoir étudié la littérature anglaise et américaine à la Sorbonne, voilà Henri Loevenbruck en Angleterre pour enseigner le français en collège. De retour en France, il apprend l’anglais à de jeunes ingénieurs tout en poursuivant ses collaborations avec plusieurs groupes musicaux et en collaborant à plusieurs media en tant que chroniqueur littéraire. Puis c’est le choix de l’écriture qui s’impose. Un...Rediffusion des escales littéraires en partenariat avec le Crédit Mutuel Océan de Henri Loevenbruck - Présentation - Suite
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