Agnès Michaux

Agnès Michaux

La fabrication des chiens

Livre 00'07'21"

Philippe Chauveau :

Au tout début de l'année 2020, Agnès Michaux, vous étiez en librairie avec un livre qui s'appelait La fabrication des chiens 1889, mais déjà vous nous aviez dit : "Je n'ai pas tout dit, il y aura une trilogie". On savait qu'on allait vous retrouver très prochainement. Voilà le deuxième tome de cette trilogie, La fabrication des chiens 1899. Comment est née cette envie de nous raconter l'histoire de ce jeune Parisien qui découvre la vie et qui nous raconte son monde qui change? Comment nait-il Louis Daumale?

Agnès Michaux :

Il naît d'abord par le chien, parce que ça a débuté par une histoire de chien assez bête de se demander d'où venaient les chiens de race d'aujourd'hui. Est-ce que c'était très ancien? Mon instinct me disait que ça ne devait pas être très ancien et que ça ressemblait bien à ce 19ème siècle qui commence à maîtriser le monde et à le façonner. Effectivement, c'était bien le cas puisque la standardisation des races, c'est le travail de la deuxième moitié du 19ème siècle. Mais là, je me suis dit ça dit des choses. Des hommes, en fait, puisque tout de suite, dans mon esprit ombrageux, je me suis dit : "Fin du 19ème, on sélectionne les chiens en trouvant que c'est trop bien d'avoir des choses parfaites, des êtres vivants, parfaits, qui correspondent exactement à ce qu'on veut : la taille du museau, la couleur du poil, tout". Et c'est évidemment l'époque de l'eugénisme. Et oui, tout est prêt pour les dérapages, les déviations, les distorsions totales morales du 20ème siècle.

Philippe Chauveau :

Ce qui veut dire que vous allez nous raconter un monde en pleine mutation à partir de trois années 1889, 1899 ce nouveau tome et 1909, qui sera le troisième tome. Pourquoi avoir choisi la trilogie, même si je précise qu'on peut tout à fait prendre le deuxième tome si on n'a pas lu le précédent, puisque qu'il y a des petits rappels.

Agnès Michaux :

Oui, j'ai fait en sorte que ça soit possible.

Philippe Chauveau :

C'est vrai que c'est quand même encore plus sympa si on recommence depuis le début de la trilogie? Pourquoi avoir choisi justement de faire ça 3 en trois volumes?

Agnès Michaux :

Au départ, je ne savais pas vraiment. Évidemment, pour moi, c'était intéressant de faire évoluer les choses. Il y avait tellement de choses à raconter que sur un volume, je ne pouvais pas.

Philippe Chauveau :

Ça veut dire que les trois tomes étaient indispensables, finalement, pour raconter ce monde en mutation?

Agnès Michaux :

Oui. Et puis, symboliquement, il y a un truc qui va se passer. En 1889, on avait un monde à pied et à cheval, un petit peu à bicyclette. En 1899, un monde de tarés à bicyclette. Vous voyez tout de suite le lien avec aujourd'hui, c'est à dire que Paris est envahie de vélo. Le vélo, c'est vraiment la folie. Les gens sont dingues de vélo et avec le vélo, ils vont découvrir un élément qui est essentiel dans notre histoire, c'est la vitesse, c'est très symbolique. Dans le volume 2 on retrouve les bicyclettes et les automobiles. Dans le volume 3, attention, nous allons nous affranchir de la gravité puisque en 1909, c'est l'aviation. Il y a aussi ce mouvement là qui était symbolique pour moi.

Philippe Chauveau :

Vous allez donc nous raconter une époque? Bien évidemment, il y aura un parallèle avec notre époque contemporaine. J'aimerais qu'on revienne sur ce personnage de Louis Daumale que vous avez inventé. C'est une sorte de candide. Il voit le monde évoluer. Ils se posent parfois des questions. Il est journaliste. Et puis là, il découvre aussi tous les avantages et tous les atouts de la photographie. Il travaille avec le monde de la peinture. Il découvre ce monde. Il reste quand même parfois en retrait, c'est à dire qu'il voit bien qu'il y a des progrès. Mais il se pose des questions à savoir si tous les progrès sont vraiment bénéfiques. D'où vient-t-il ce Louis Daumale? Comment l'avez vous construit?

Agnès Michaux :

En fait, l'idée, pour moi, c'était dans le volume 1, on pourrait dire qu'il a un petit côté de Rastignac, mais en fait, non, c'est Rastignac version chic type. C'est un chic type, il est sympa. Il vient de sa Touraine natale, il monte à Paris. L'idée aussi, c'était de faire à travers les trois volumes, l'histoire de la presse. Quand on voit un personnage qui peut observer une époque, quoi de mieux que d'en faire un journaliste? On l'envoie en interviewes, et il rencontre tout un tas de monde. Justement, je me permets d'anticiper. Il y a ce personnage fictif de Louis Daumale. Il y a quelques autres personnages fictifs que l'on découvre, mais surtout, il y a tous les personnages de la grande histoire que côtoie Louis Domale et qui font l'actualité, qui font aussi avancer l'intrigue de votre roman. Et si je reviens sur ce tome 2, 1899, tout vacille dans bien des domaines, et notamment politiquement, parce que le pouvoir pourrait tomber. On est en pleine affaire Dreyfus. Qu'est ce qui vous a fasciné dans cette période et notamment dans cette année charnière de 1899?

Philippe Chauveau :

À la vérité, tout cela est un peu le fruit du hasard. Quand j'ai commencé 89, j'ai arbitrairement décrété que ce serait tout les dix ans.

Agnès Michaux :

Bon, ça tombe super bien. J'ai décrété qu'il y aurait dix ans entre les volumes parce que je voulais que mes personnages vieillissent suffisamment, qu'ils puissent être passés des tas de choses entre deux volumes, pas de me retrouver dans la continuité très immédiate. Ça ne m’intéressait pas. Je voulais qu'ils changent et qui vieillissent. Du coup, j’ai eu des interrogations sur le fait de vieillir, de voir le monde changer. Il fallait du temps. Et après, j'ai fait un deuxième choix, chaque volume se passe à une saison particulière. La c'est l'été 89. Effectivement, il y a le procès du second procès de Dreyfus qui commence début août. Et ce qui est fou, c'est quand on regarde ça d'un peu loin xxxxdd la République a failli tomber.

Philippe Chauveau :

Il y a la grande histoire. Il y a ces parallèles que vous faites avec notre époque contemporaine. Il y a tous ces personnages dont les noms sont dans les dictionnaires. Et puis, il y a aussi toute la qualité de votre écriture. Beaucoup de ressenti dans ce que vivent vos personnages. De l'humour aussi, avec Louis, qui prend la vie comme elle vient. Le narrateur qui prend le lecteur aussi a partie d'une façon très, très régulière. Je reviens sur ce titre, "la fabrication des chiens". Je pense notamment à ce propriétaire de Louis Daumale qui lui aboie dessus tous les mois pour récupérer son loyer, et qui est un chien qui s'appelle Bismark. Montre moi ton chien, je te dirai qui tu es. C'est aussi un peu ça que vous nous rappelez, c'est que les hommes et les chiens se ressemblent beaucoup.

Agnès Michaux :

Oui ou en tout cas, ils peuvent tirer beaucoup de leçons à regarder leurs compagnons à quatre pattes. Ça, c'est vrai, c'est vraiment vrai.

Philippe Chauveau :

C'est votre actualité, ça s'appelle La fabrication des chiens 1899. Je précise que le tome 1 est sorti il y a juste un an et il est encore en librairie. On peut lire celui ci, mais c'est encore mieux si on redémarre du début. Et on attend avec impatience l'année 1909. C'est une très belle réussite. Merci Agnès Michaux, vous êtes publié aux éditions Belfond. A bientôt.

Agnès Michaux :

Merci beaucoup.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
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