Frédéric Lenoir

Frédéric Lenoir

La consolation de l'ange

Livre 00'06'48"

Philippe Chauveau :

Dans ce qui est donc votre septième roman Frédéric Lenoir, « La consolation de l'ange », voilà un duo tout à fait étonnant. Il y a il y a Hugo qui vient de faire une tentative de suicide. Il est encore tout jeune. Mais la situation de l'hôpital étant ce qu'elle est, il se retrouve dans une chambre où il y a déjà un autre patient, Blanche. Une femme âgée en fin de vie attendant doucement que la mort l'emporte. Ces deux personnages vont découvrir le monde, vont se découvrir, vont s'apprivoiser. Présentez-nous.Blanche et Hugo. Qui sont-ils ?


Frédéric Lenoir :

Tout les oppose. D'abord l'âge effectivement, le sexe et puis surtout Hugo. Il a très peu vécu mais le peu qu'il a vécu ne lui donne pas envie de vivre, ne lui donne pas envie de continuer. Il dit : "Cela n'a aucun sens, je n'ai pas choisi de vivre et tout ce que je vois sur terre ne me donne pas envie de continuer à vivre". Pour Blanche, c'est l'inverse. Blanche, elle, a beaucoup vécu et malgré toutes les difficultés qu'elle a traversées, et elle en a traversées pas mal, elle adore la vie. Donc, elle va essayer de lui expliquer pourquoi la vie vaut la peine d'être vécue malgré toutes les apparences qui peuvent être contraires.


Philippe Chauveau :

Le roman est découpé en chapitres relativement courts. Il y a notre époque contemporaine, la discussion entre Blanche et Hugo et puis, de façon très régulière, on revient à la fin de la guerre, en 1945, en Pologne. Et il y a un autre personnage que l’on va découvrir au fil du temps. Mais pourquoi avoir choisi cette construction et cette alternance des deux époques ?


Frédéric Lenoir :

Déjà, de manière générale, j'aime bien ce procédé narratif. J'ai déjà fait deux romans qui sont construits comme ça où j'alterne des chapitres du passé et des chapitres du présent. Je trouve qu'en terme de dramaturgie, c'est toujours intéressant de voir comment le passé éclaire le présent et que cela se fait progressivement. Et, du coup, cela rajoute, selon moi, de l'intérêt au roman. On n'est pas simplement dans une discussion dans le présent, on est dans un événement qui, en l'occurrence, a marqué très profondément Blanche lorsqu'elle avait 17 ans, donc quasiment l'âge d'Hugo. Et cet événement a marqué toute sa vie, on va le découvrir progressivement. Donc, je trouve que cela enrichit la narration.


Philippe Chauveau :

Ces deux personnages, à priori, n'avaient rien pour se rencontrer pour se croiser ni même pour s'entendre et finalement, ils vont s'apprivoiser parce qu'ils vont s'apporter mutuellement. Certes, blanche va apporter son expérience à Hugo et, peut-être, lui faire changer sa vision du monde. Mais Hugo va aussi apporter à Blanche quelque chose.


Frédéric Lenoir :

Il va déjà lui apporter son propre témoignage, la réalité de son existence. Blanche est plutôt une optimiste mais là, elle est confrontée à un pessimiste. Cela la fait aussi réfléchir. Et puis, Hugo est scientifique et, du coup, il y a toute une connaissance scientifique qui lui permet d'apporter à Blanche un certain nombre d'éléments. Par exemple, lorsqu'ils parlent de l'amour, Blanche, qui était prof de philo, en parle en termes plutôt philosophiques, elle parle de choses très belles. Lui va lui répondre que l'amour, ce n'est que de la chimie, c'est la chimie du cerveau, c'est la dopamine de l'ocytocine etc. Donc, il y a des discussions très intéressantes puisque Blanche ne connaît pas très bien tout ça. Finalement, la réalité est sans doute entre les deux. Peut-être que l'amour, c'est beaucoup de la chimie, effectivement c'est important, mais il n'y a pas que ça. C'est ce que j'essaye aussi de faire comprendre. Il y a donc ce dialogue entre un jeune qui connaît très bien la technologie, qui connaît très bien la science d'aujourd'hui, et puis une femme plutôt littéraire et philosophe, je pense qu'ils s'enrichissent mutuellement.


Philippe Chauveau :

On va parler de religion, on va parler d'amour, on va parler de la vie de la mort, on va parler de la famille et de l'amitié. On va parler de la difficulté de se construire. Vous aviez envie d'aborder tout ce qui, finalement, vous fait vibrer depuis l'âge de vos 13 ans, depuis la découverte de la philosophie.


Frédéric Lenoir :

J'avais envie de parler de la vie ! Et la vie c'est quoi ? La vie, c'est tout ça... C'est aussi bien la sexualité, la philosophie, la musique, ils parlent beaucoup de musique, de la danse. Mais ils parlent aussi des réseaux sociaux, des médias,

J'avais envie de parler de la vie telle qu'on peut l'expérimenter dans toutes ses dimensions, à la fois les dimensions intellectuelles et les dimensions corporelles mais aussi la dimension affective. Un être humain est à la fois corps, cœur et esprit.


Philippe Chauveau :

Vous avez choisi de dédicacer ce livre, dans les toutes premières pages, à Victor Hugo que vous citez régulièrement puisque c'est l'un des auteurs fétiches de notre héroïne, Blanche. Vous dédicacez aussi l'ouvrage Etty Hillesum. Rappelons qui elle était et pourquoi avoir choisi ces deux personnages en dédicace.


Frédéric Lenoir :

Victor Hugo parce que j'adore sa poésie et que mon livre de chevet, ce sont « Les contemplations », un livre de poèmes. J'avais envie de faire redécouvrir ou découvrir au lecteur les poèmes de Victor Hugo. On le connaît beaucoup plus à travers ses romans notamment « Les Misérables » ou « Notre-Dame de Paris » mais très peu de gens connaissent sa poésie qui est magnifique. Et puis Etty Hillesum parce que c'est une personne qui m'a beaucoup inspiré et qui a vécu une expérience similaire d'une certaine manière à Blanche puisque elle a été déportée. Là, on est dans la réalité, on entre dans l'Histoire.

C'est une jeune femme juive néerlandaise de 27 ans qui est morte à Auschwitz. Et juste avant d'être déportée à Auschwitz, elle était dans le camp de concentration de Westerbork où elle a écrit des lettres magnifiques. Elles nous disent : "Il y a une chose que mes bourreaux ne peuvent pas m’enlever, c'est ma liberté intérieure et ma joie intérieure."

Elle est restée dans cette joie de vivre malgré tout et c'est un peu le message que Blanche va transmettre à Hugo. Je trouvais important de le fonder sur le témoignage de quelqu'un qui a vraiment vécu ça, qui l’a raconté dans un livre qui s'appelle « Une vie bouleversée ». Ce sont les lettres de Westerbork et son journal intime. L'amour qu'elle a de la vie est extraordinaire. Malgré la fin tragique, elle dit que finalement, il faut voir la vie comme un tout indivisible : « Aujourd'hui, je vis une expérience extrêmement violente des camps de concentration mais j'ai vécu des moments tellement merveilleux que si tout était à revivre je serais prête à tout revivre finalement ».


Philippe Chauveau :

Sur la couverture, il est précisé roman mais j'ai envie de dire que votre livre est bien plus que cela. Il y a l'esprit du conte initiatique mais il y a aussi l’esprit des petits traités de philosophie. D’ailleurs, ce pourrait être le sous-titre de votre ouvrage. C'est le genre de livre à avoir toujours à portée de main, sur la table du salon ou sur la table de chevet, pour les jours de cafard.

Si vous deviez donner une définition du livre, qu’avez-vous envie d'offrir aux lecteurs au-delà du roman ?


Frédéric Lenoir :

Un conte philosophique effectivement puisqu’il y a beaucoup d'idées qui sont véhiculées et qui peuvent nous faire réfléchir sur la vie. Mais j'ai préféré l'écrire à travers des personnages parce que je trouvais important que le thème soit le sens de la vie. Pourquoi est-on est sur terre ? Je trouvais important que ce ne soient pas que des idées, que les mots soient incarnées dans des émotions, dans des parcours de vie, dans des trajectoires. Donc je dirais que c'est un c'est un manuel de vie.

Philippe Chauveau :

Votre actualité Frédéric Lenoir, votre nouveau titre chez Albin Michel, « La consolation de l'ange ». Merci beaucoup

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Découvrir la philosophie à l’âge de 13 ans en lisant « Le Banquet » de Platon et en faire son chemin de vie, voilà résumé le parcours de Frédéric Lenoir. Ayant suivi des études de philosophie, il se spécialise ensuite dans l’histoire des religions, obtenant un doctorat sur le bouddhisme à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. C’est dire que Frédéric Lenoir maîtrise son sujet. Mais sa véritable vocation, il la trouve en partageant ses connaissances. Collaborant à différences titres en presse magazine...La consolation de l'ange de Frédéric Lenoir - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Frédéric Lenoir. Vous êtes dans l'actualité avec ce nouveau livre, « La consolation de l’ange », qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente mais, en terme de roman, c'est le septième. On dit souvent de vous que vous êtes un écrivain philosophe ou le philosophe écrivain. C'est une définition  qui vous plaît, qui vous convient ? Frédéric Lenoir : Oui, pourquoi pas, puisque j’ai écrit une cinquantaine de livres et j'essaye de philosopher depuis l'âge de 13 ans, âge auquel...La consolation de l'ange de Frédéric Lenoir - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Dans ce qui est donc votre septième roman Frédéric Lenoir, « La consolation de l'ange », voilà un duo tout à fait étonnant. Il y a il y a Hugo qui vient de faire une tentative de suicide. Il est encore tout jeune. Mais la situation de l'hôpital étant ce qu'elle est, il se retrouve dans une chambre où il y a déjà un autre patient, Blanche. Une femme âgée en fin de vie attendant doucement que la mort l'emporte. Ces deux personnages vont découvrir le monde, vont se découvrir, vont s'apprivoiser....La consolation de l'ange de Frédéric Lenoir - Livre - Suite