Caroline Sers

Caroline Sers

Le regard de crocodile

Le livre 3'50

Philippe Chauveau :
« Le regard de crocodile », c'est votre nouveau titre, Caroline Sers, publié chez Buchet-Chastel. Il y avait eu « Tombent les avions » et « Des voisins qui vous veulent du bien » ; on était alors dans l'univers du roman. Là, vous nous avez offert un récit. Vous nous retracez une période de votre vie, avec la mort de Thomas, votre enfant, après plusieurs mois de maladie. Il a été 2 jours chez vous, sinon, le reste s'est passé à l'hôpital. Alors que votre travail était dans le roman, pourquoi avoir eu envie d'écrire ce récit ?

Caroline Sers :
Effectivement, mon travail est dans le roman. L'écriture du « Regard de crocodile » est née d'un roman raté. Je pense que je n'ai pas réussi simplement parce que je n'ai pas cherché en moi les émotions qui pouvaient l'animer. J'ai écrit vraiment en surface et ça ne fonctionnait pas. Je me suis dit : « Je n'arrive pas à écrire parce que j'ai un autre livre à écrire avant ça, qui est l'histoire de Thomas, parce que ça me bloque, justement parce que ces émotions dont j'ai besoin pour écrire mes romans, ces émotions qui font vivre mes personnages, je ne les trouve plus parce que je les ai complètement bloquées, réprimées, pendant la maladie de Thomas et après sa mort.

Philippe Chauveau :
Etait-ce une façon d'ouvrir une porte d'écrire ce récit ?

Caroline Sers :
Oui, je pense. Mais c'est assez curieux parce que j'ai commencé à écrire sans savoir ce que cela allait donner. Je me suis dit : « Allez, je me lance ! ». Jour après jour, j'avais de plus en plus besoin de cet espace. Raconter, raconter, raconter sans savoir ce que cela allait devenir..


Philippe Chauveau :
C'est un livre dans lequel, nous, lecteurs, entrons sur la pointe de pieds car on a toujours peur du voyeurisme. Volontairement, vous nous faites partager votre intimité, vous nous raconter les 8 mois de la vie de Thomas, aussi bien le quotidien à l'hôpital avec les rencontres avec les médecins ou les autres familles de patients que ces moments très intimes que vous avez partagés avec votre enfant. Vous avez voulu gommer tout le côté « pathos » parce que le livre est finalement plein de vie.

Caroline Sers :
Je voulais déjà raconter cette histoire pour les frères et sœurs de Thomas, parce que, eux aussi l'ont vécue, de leur point de vue évidemment, et je voulais qu'à n'importe quel moment ils puissent revenir vers cette histoire et la lire. J'avais ce but là mais je voulais aussi parler de Thomas, car quand un enfant est hospitalisé, les médecins le voient vraiment comme une somme de problèmes, de pathologies. Le côté humain est souvent gommé. C'était donc aussi une façon de leur dire que le bébé, même tout petit, il a des sentiments, des joies et des peines, que sa santé passe aussi par là, sa santé, son bien-être émotionnel. Oui, Thomas était une personne !

Philippe Chauveau :
Expliquez-nous le titre « Le regard de crocodile » avec cet enfant qui cligne des yeux en fonction des personnes qui entrent dans la pièce.

Caroline Sers :
« Le regard de crocodile », c'était comme ça que l'on appelait la façon qu'avait Thomas, dès que quelqu'un entrait dans sa chambre, de fermer les yeux en laissant juste une fente, et comme ça, il regardait. Si c'était des blouses blanches, des médecins, il fermait les yeux et faisait sembler de dormir, mais si c'était nous, là, il ouvrait les yeux et il était avec nous. Pour nous, c'était hyper émouvant car on se disait : « Il est là ! ».

Philippe Chauveau :
Avez-vous l'impression, à travers ce livre, d'avoir aussi offert une sorte de remerciement à Thomas car j'ai l'impression qu'en 8 mois, il vous a apporté énormément.

Caroline Sers :
Il nous a apporté énormément. C'est un peu « bateau » de dire cela mais c'était vraiment un membre de la famille autour duquel on s'est fédéré. Je voulais qu'il soit là, qu'il le sache même si ça fait un peu bizarre. Nous, on le sait, et voilà…

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Caroline Sers pour votre témoignage. « Le regard de crocodile » publié chez Buchet-Chastel.

Philippe Chauveau :
« Le regard de crocodile », c'est votre nouveau titre, Caroline Sers, publié chez Buchet-Chastel. Il y avait eu « Tombent les avions » et « Des voisins qui vous veulent du bien » ; on était alors dans l'univers du roman. Là, vous nous avez offert un récit. Vous nous retracez une période de votre vie, avec la mort de Thomas, votre enfant, après plusieurs mois de maladie. Il a été 2 jours chez vous, sinon, le reste s'est passé à l'hôpital. Alors que votre travail était dans le roman, pourquoi avoir eu envie d'écrire ce récit ?

Caroline Sers :
Effectivement, mon travail est dans le roman. L'écriture du « Regard de crocodile » est née d'un roman raté. Je pense que je n'ai pas réussi simplement parce que je n'ai pas cherché en moi les émotions qui pouvaient l'animer. J'ai écrit vraiment en surface et ça ne fonctionnait pas. Je me suis dit : « Je n'arrive pas à écrire parce que j'ai un autre livre à écrire avant ça, qui est l'histoire de Thomas, parce que ça me bloque, justement parce que ces émotions dont j'ai besoin pour écrire mes romans, ces émotions qui font vivre mes personnages, je ne les trouve plus parce que je les ai complètement bloquées, réprimées, pendant la maladie de Thomas et après sa mort.

Philippe Chauveau :
Etait-ce une façon d'ouvrir une porte d'écrire ce récit ?

Caroline Sers :
Oui, je pense. Mais c'est assez curieux parce que j'ai commencé à écrire sans savoir ce que cela allait donner. Je me suis dit : « Allez, je me lance ! ». Jour après jour, j'avais de plus en plus besoin de cet espace. Raconter, raconter, raconter sans savoir ce que cela allait devenir..


Philippe Chauveau :
C'est un livre dans lequel, nous, lecteurs, entrons sur la pointe de pieds car on a toujours peur du voyeurisme. Volontairement, vous nous faites partager votre intimité, vous nous raconter les 8 mois de la vie de Thomas, aussi bien le quotidien à l'hôpital avec les rencontres avec les médecins ou les autres familles de patients que ces moments très intimes que vous avez partagés avec votre enfant. Vous avez voulu gommer tout le côté « pathos » parce que le livre est finalement plein de vie.

Caroline Sers :
Je voulais déjà raconter cette histoire pour les frères et sœurs de Thomas, parce que, eux aussi l'ont vécue, de leur point de vue évidemment, et je voulais qu'à n'importe quel moment ils puissent revenir vers cette histoire et la lire. J'avais ce but là mais je voulais aussi parler de Thomas, car quand un enfant est hospitalisé, les médecins le voient vraiment comme une somme de problèmes, de pathologies. Le côté humain est souvent gommé. C'était donc aussi une façon de leur dire que le bébé, même tout petit, il a des sentiments, des joies et des peines, que sa santé passe aussi par là, sa santé, son bien-être émotionnel. Oui, Thomas était une personne !

Philippe Chauveau :
Expliquez-nous le titre « Le regard de crocodile » avec cet enfant qui cligne des yeux en fonction des personnes qui entrent dans la pièce.

Caroline Sers :
« Le regard de crocodile », c'était comme ça que l'on appelait la façon qu'avait Thomas, dès que quelqu'un entrait dans sa chambre, de fermer les yeux en laissant juste une fente, et comme ça, il regardait. Si c'était des blouses blanches, des médecins, il fermait les yeux et faisait sembler de dormir, mais si c'était nous, là, il ouvrait les yeux et il était avec nous. Pour nous, c'était hyper émouvant car on se disait : « Il est là ! ».

Philippe Chauveau :
Avez-vous l'impression, à travers ce livre, d'avoir aussi offert une sorte de remerciement à Thomas car j'ai l'impression qu'en 8 mois, il vous a apporté énormément.

Caroline Sers :
Il nous a apporté énormément. C'est un peu « bateau » de dire cela mais c'était vraiment un membre de la famille autour duquel on s'est fédéré. Je voulais qu'il soit là, qu'il le sache même si ça fait un peu bizarre. Nous, on le sait, et voilà…

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Caroline Sers pour votre témoignage. « Le regard de crocodile » publié chez Buchet-Chastel.

Le regard de crocodile Aux Éditions Buchet-Chastel
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • La littérature, Caroline Sers est tombée quand elle était petite. Les livres faisaient vraiment partie de la famille ! C'est donc tout naturellement qu'elle s'est mise à la lecture puis à l'écriture. Après des études de lettres, elle intègre les métiers de l'édition avant de publier son 1er titre « Tombent les avions », en 2004, qui recevra le Prix du Premier roman. Après une incartade dans le polar avec  « Des voisins qui vous veulent du bien », elle poursuit son parcours littéraire avec notamment « Les petits...Les belles espérances de Caroline Sers - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Caroline Sers,bonjour. Merci de nous accueillir chez vous, en plein cœur de Paris, dans le XXème arrondissement, c'est un quartier que vous aimez bien. Vous êtes née en Corrèze mais vous avez toujours vécu à Paris. Qu'est-ce que cela représente pour vous aujourd'hui lorsque vous vous baladez à Paris ou lorsque vous allez flâner au Père Lachaise, puisque vous êtes à deux pas. Vous avez l'âme parisienne ?Caroline Sers :Je pense avoir l'âme parisienne. J'adore me promener dans cette ville. A chaque fois que...Les belles espérances de Caroline Sers - Portrait - Suite
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