Eric-Emmanuel Schmitt

Eric-Emmanuel Schmitt

La femme au miroir

Le livre 4'30
Philippe Chauveau :
Eric Emmanuel Schmitt, « La femme au miroir », c'est votre actualité chez Albin Michel. Trois femmes, il y a Anne, nous sommes au début de la Renaissance, au milieu du seizième siècle. Il y a Hanna, qui elle vit à Vienne, dans cette Autriche impériale du début du vingtième siècle. Et puis Any, qui est une star de cinéma hollywoodienne d'aujourd'hui. Trois femmes, trois portraits, trois destins. Pourquoi avoir eu envie de nous présenter ses trois femmes, que cachent-elles?

Eric Emmanuel Schmitt :
D'abord, il y a une question qui parcourt tout le livre et qui devient plus précise au fur et à mesure qu'on avance dans le livre : est-ce que ces femmes si différentes seraient la même ? Parce qu'on va découvrir de plus en plus de points communs ; toutes ces femmes se sentent différentes des autres femmes. Elles ne pensent pas que leur destin, c'est forcément la maternité ou d'être une épouse, elles se cherchent et pensent qu'elles ont autres choses à faire. Peut-être ça, mais autre chose aussi.

Philippe Chauveau :
Elles se sentent différentes et on leur dit d'ailleurs qu'elles sont différentes.

Eric Emmanuel Schmitt :
On leur dit qu'elles sont différentes, parfois c'est un compliment, parfois c'est une insulte.

Philippe Chauveau :
Peut-on dire qu'elles sont mal dans leur peau ces trois femmes ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Je crois, au contraire, qu'elles y sont très bien. Elles sont mal dans leur société et dans leur siècle. C'est un livre assez féministe en fait, sur la condition de la femme. Tout va être interprété avec la langue du moment, c'est-à-dire la religion. Le début du vingtième siècle, c'est la psychologie, la psychanalyse freudienne. Puis aujourd'hui, où la façon d'interpréter le monde c'est la chimie. Quand on a une émotion, soit on prend une pilule pour supprimer l'émotion, soit on prend une drogue pour l'intensifier. Et à chaque fois dans tous ces siècles tellement différents, ces femmes vont essayer de devenir elles-mêmes.

Philippe Chauveau :
Comment fait-on quand on est un homme pour écrire trois personnages de femme, est-ce difficile ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Je ne sais pas, ce sont les femmes qui m'ont autorisé. Au début de ma carrière, j'écrivais surtout des rôles d'hommes, je voyais les choses du point de vue masculin parce que je pensais avoir une légitimité. Puis le théâtre m'a obligé à écrire des rôles de femmes. Les actrices, qui étaient les premières à découvrir les rôles, ensuite les spectatrices, m'ont dit : « C'est incroyable comme vous connaissez les femmes, comment faîtes-vous ? ». Je n'ai toujours pas la réponse, mais j'ai cet encouragement qui m'a ouvert un champ d'écriture extraordinaire, parce que c'est l'exploration du labyrinthe la femme.

Philippe Chauveau :
Avez-vous écrit personnage par personnage, ou avez-vous enchaîné les chapitres comme ils sont présentés ?

Eric Emmanuel Schmitt :
J'ai écrit le livre exactement dans l'ordre où vous le lisez. Parce que votre cerveau enregistre les informations sur une femme et les projette sur l'autre. Ce qu'il va prendre de nouveau va éclairer l'image suivante. Donc j'ai vraiment écrit le livre dans l'ordre pour qu'en lisant l'histoire de trois femmes, on puisse finir par penser qu'on a lu l'histoire d'une.

Philippe Chauveau :
Que ce soit ces trois femmes ou les personnages que vous avez créés précédemment, est-ce que ces personnages continuent à vivre avec vous, ou est-ce que vous les laissez se reposer lorsque le livre est terminé ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Certains personnages restent. Monsieur Ibrahim est toujours resté en moi, Oscar dans « Oscar et la dame rose », et là je sens qu'Anne de Bruges, qu'on voit pour la première fois dans un de mes livres, va revenir. Par sa droiture, par son authenticité, par le fait qu'elle est en vibration avec le monde, avec la terre, avec les arbres, avec le ciel, ce personnage a encore des tas de choses à me dire.

Philippe Chauveau :
Serait-ce un hommage à la femme ce roman ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Oui, ou une tentative désespérée d'être une femme ! Parce que la chirurgie, on m'a dit que c'était douloureux…

Philippe Chauveau :
Donc vous préférez écrire ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Oui et puis c'est réversible.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Eric Emmanuel Schmitt. Votre actualité « La femme au miroir », c'est votre nouveau roman chez Albin Michel.
Philippe Chauveau :
Eric Emmanuel Schmitt, « La femme au miroir », c'est votre actualité chez Albin Michel. Trois femmes, il y a Anne, nous sommes au début de la Renaissance, au milieu du seizième siècle. Il y a Hanna, qui elle vit à Vienne, dans cette Autriche impériale du début du vingtième siècle. Et puis Any, qui est une star de cinéma hollywoodienne d'aujourd'hui. Trois femmes, trois portraits, trois destins. Pourquoi avoir eu envie de nous présenter ses trois femmes, que cachent-elles?

Eric Emmanuel Schmitt :
D'abord, il y a une question qui parcourt tout le livre et qui devient plus précise au fur et à mesure qu'on avance dans le livre : est-ce que ces femmes si différentes seraient la même ? Parce qu'on va découvrir de plus en plus de points communs ; toutes ces femmes se sentent différentes des autres femmes. Elles ne pensent pas que leur destin, c'est forcément la maternité ou d'être une épouse, elles se cherchent et pensent qu'elles ont autres choses à faire. Peut-être ça, mais autre chose aussi.

Philippe Chauveau :
Elles se sentent différentes et on leur dit d'ailleurs qu'elles sont différentes.

Eric Emmanuel Schmitt :
On leur dit qu'elles sont différentes, parfois c'est un compliment, parfois c'est une insulte.

Philippe Chauveau :
Peut-on dire qu'elles sont mal dans leur peau ces trois femmes ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Je crois, au contraire, qu'elles y sont très bien. Elles sont mal dans leur société et dans leur siècle. C'est un livre assez féministe en fait, sur la condition de la femme. Tout va être interprété avec la langue du moment, c'est-à-dire la religion. Le début du vingtième siècle, c'est la psychologie, la psychanalyse freudienne. Puis aujourd'hui, où la façon d'interpréter le monde c'est la chimie. Quand on a une émotion, soit on prend une pilule pour supprimer l'émotion, soit on prend une drogue pour l'intensifier. Et à chaque fois dans tous ces siècles tellement différents, ces femmes vont essayer de devenir elles-mêmes.

Philippe Chauveau :
Comment fait-on quand on est un homme pour écrire trois personnages de femme, est-ce difficile ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Je ne sais pas, ce sont les femmes qui m'ont autorisé. Au début de ma carrière, j'écrivais surtout des rôles d'hommes, je voyais les choses du point de vue masculin parce que je pensais avoir une légitimité. Puis le théâtre m'a obligé à écrire des rôles de femmes. Les actrices, qui étaient les premières à découvrir les rôles, ensuite les spectatrices, m'ont dit : « C'est incroyable comme vous connaissez les femmes, comment faîtes-vous ? ». Je n'ai toujours pas la réponse, mais j'ai cet encouragement qui m'a ouvert un champ d'écriture extraordinaire, parce que c'est l'exploration du labyrinthe la femme.

Philippe Chauveau :
Avez-vous écrit personnage par personnage, ou avez-vous enchaîné les chapitres comme ils sont présentés ?

Eric Emmanuel Schmitt :
J'ai écrit le livre exactement dans l'ordre où vous le lisez. Parce que votre cerveau enregistre les informations sur une femme et les projette sur l'autre. Ce qu'il va prendre de nouveau va éclairer l'image suivante. Donc j'ai vraiment écrit le livre dans l'ordre pour qu'en lisant l'histoire de trois femmes, on puisse finir par penser qu'on a lu l'histoire d'une.

Philippe Chauveau :
Que ce soit ces trois femmes ou les personnages que vous avez créés précédemment, est-ce que ces personnages continuent à vivre avec vous, ou est-ce que vous les laissez se reposer lorsque le livre est terminé ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Certains personnages restent. Monsieur Ibrahim est toujours resté en moi, Oscar dans « Oscar et la dame rose », et là je sens qu'Anne de Bruges, qu'on voit pour la première fois dans un de mes livres, va revenir. Par sa droiture, par son authenticité, par le fait qu'elle est en vibration avec le monde, avec la terre, avec les arbres, avec le ciel, ce personnage a encore des tas de choses à me dire.

Philippe Chauveau :
Serait-ce un hommage à la femme ce roman ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Oui, ou une tentative désespérée d'être une femme ! Parce que la chirurgie, on m'a dit que c'était douloureux…

Philippe Chauveau :
Donc vous préférez écrire ?

Eric Emmanuel Schmitt :
Oui et puis c'est réversible.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Eric Emmanuel Schmitt. Votre actualité « La femme au miroir », c'est votre nouveau roman chez Albin Michel.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Eric-Emmanuel Schmitt est l'un des incontournables de la littérature française. Chacun de ses livres est un succès de librairie, qu'il s'agisse de romans ou de nouvelles. C'est pourtant au théâtre que le public l'a d'abord découvert. C'était en 1991 avec « La nuit de Valognes ». Suivront d'autres pièces comme « Le visiteur » pour lequel il reçut 3 Molière, mais aussi « Variations énigmatiques » avec Alain Delon et Francis Huster ou encore « Frédérick ou le boulevard du crime » avec Jean-Paul Belmondo. En librairie,...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Présentation - Suite
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    Librairie des Lacs 23 bis bld Kelsch 88400 Gérardmer Tél : 03.29.63.11.32 Marie-Odile Balaud « Il faut dire qu'il sait s'adapter au contexte en fait. On en a un super exemple avec celui-ci, avec l'histoire de 3 femmes à 3 époques différentes. Et les styles. Et les styles sont différents selon l'époque à laquelle on se trouve. Il sait trouver les mots qui s'adaptent à l'époque et à la circonstance. On est plutôt dérouté parce qu'on part sur trois histoires complètement différentes, plus on avance dans le livre, plus...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - L'avis du libraire - Suite