Bernadette Pécassou-Camebrac

Bernadette Pécassou-Camebrac

La dernière bagnarde

Le livre 4'20
Philippe Chauveau :
Bernadette Pécassou-Camebrac, votre nouveau titre, votre 6ème roman « La dernière bagnarde » chez Flammarion. Nous sommes en 1888 avec une femme, Marie Bartête, qui embarque pour partir vers la Guyane, vers Cayenne, vers le bagne. Comment avez-vous découvert ce personnage de Marie Bartête qui, précisons le, est un personnage authentique ?

Bernadette Pécassou-Camebrac :
Je l'ai découvert dans un premier temps en lisant « Au bagne » d'Albert Londres, le livre qui a fondé le mythe d'Albert Londres. Il a écrit des articles dans « Le petit parisien » puis c'est devenu un livre et c'est ce qui a déclenché l'arrêt du bagne. Et j'ai relevé un petit passage où il rencontre deux vieilles femmes et il dit : « J'ai rencontré deux vieilles ruines avec des pieds énormes – elles avaient l'éléphantiasis – deux vieilles femmes dans un état physique épouvantable ». Et je me dis : « Tiens, il y avait des femmes au bagne ? ». Il y avait des bagnardes et je ne le savais pas. Et c'est la mère supérieure, dont j'ai fait un personnage, et qui s'appelle Sœur Florence qui les lui montre. Mais lui ne dit rien de plus et le passage est très court. Quand j'ai commencé mes recherches, j'ai retrouvé le livre d'Alexis Danan écrit quand il y est allé, deux ans et demi après. Alexis Danan était reporter au Figaro et lui parle avec celle qui est la dernière bagnarde, celle qu'il rencontre et il donne son nom. Il lui parle et lui dit : « Comment vous appelez-vous ? D'où venez-vous ?». Et elle lui répond : « Je m'appelle Marie Bartête, je viens des Pyrénées, de Monin à côté d'Oloron ». Pour moi, cela a été une très grande surprise parce que je ne savais pas qu'elle était de chez moi.

Philippe Chauveau :
Marie Bartête est donc un personnage authentique et cela déclenche chez vous l'envie d'en savoir plus. Résumons : à peu près 2000 femmes ont été envoyées au bagne, à Saint Laurent du Maroni en Guyane, en leur faisant miroiter une vie meilleure.

Bernadette Pécassou-Camebrac :
On les fait rêver et ça c'est très violent. Non seulement on s'en débarrasse en les envoyant très loin dans les océans en sachant qu'elles y resteront ; d'ailleurs elles y sont toutes restées. Mais en plus on leur fait croire qu'elles vont être heureuses. On leur dit : « Mais vous savez, là-bas, vous allez épouser un bagnard et on vous offrira une concession, un petit lopin de terre. Vous allez faire votre vie ». Elles se voyaient déjà avec des villas, des enfants, un bon mari. Mais quel enfer de faire rêver à des jeunes filles qui déjà n'ont rien, quelque chose qui est le rêve absolu de la famille et de la maison. Alors qu'en fait, on les envoie au massacre.

Philippe Chauveau :
Ces femmes arrivent donc à Saint Laurent du Maroni, en Guyane, au milieu des bagnards évidemment mais aussi avec une société qui s'est organisée, un peu en marge de la société officielle qu'elle est censée représenter. Et il y a des affrontements très violents entre tous ces personnages.

Bernadette Pécassou-Camebrac :
Albert Londres le dit bien. C'est l'exergue de mon livre quand il dit « Dans quel pays suis-je tombé car il semble que rien n'est comme ailleurs ». Rien n'est normal à Saint Laurent du Maroni. Parce qu'il faut savoir que l'administration, à l'époque, n'a pas formé les surveillants, ils ont mis 12ans, 20ans même à avoir un véritable contingent de surveillants. A l'époque, il n'y avait rien donc on faisait avec les bagnards libérés qui devenaient surveillants eux-mêmes. En fait, on bidouillait, on était loin, personne ne savait ce qui se passait et personne n'avait envie de la savoir. Et puis, soyons honnêtes, c'était très loin.

Philippe Chauveau :
Ce livre qui est un roman, rappelons le, c'est aussi un formidable hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont été déportés là-bas, en Guyane. Et c'est surtout un bel hommage à Marie Bartête.

Bernadette Pécassou-Camebrac :
Il n'y a pas de héros au bagne. Il y a des gens massacrés, des gens qui meurent, une histoire très violente. Et ce qu'il y a de terrible, c'est que les femmes n'ont jamais fait l'objet d'un seul travail historique. Seule une femme, Odile Krakovitch, une remarquable archiviste, avait fait une compilation érudite de ces femmes au bagne. Mais jamais on en a parlé car peut-être trop violent. Vous voyez, l'Histoire fait la part belle, crée des mythes, des héros mais là, il n'y a pas de héros, juste des gens massacrés. Et ces femmes ont été plus massacrées que les autres parce que l'Histoire les a ensevelies.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Bernadette Pécassou-Camebrac et merci pour ce bel hommage à Marie Bartête, ce personnage que l'on va donc découvrir dans « La dernière bagnarde ». C'est votre nouveau roman et c'est chez Flammarion.
Philippe Chauveau :
Bernadette Pécassou-Camebrac, votre nouveau titre, votre 6ème roman « La dernière bagnarde » chez Flammarion. Nous sommes en 1888 avec une femme, Marie Bartête, qui embarque pour partir vers la Guyane, vers Cayenne, vers le bagne. Comment avez-vous découvert ce personnage de Marie Bartête qui, précisons le, est un personnage authentique ?

Bernadette Pécassou-Camebrac :
Je l'ai découvert dans un premier temps en lisant « Au bagne » d'Albert Londres, le livre qui a fondé le mythe d'Albert Londres. Il a écrit des articles dans « Le petit parisien » puis c'est devenu un livre et c'est ce qui a déclenché l'arrêt du bagne. Et j'ai relevé un petit passage où il rencontre deux vieilles femmes et il dit : « J'ai rencontré deux vieilles ruines avec des pieds énormes – elles avaient l'éléphantiasis – deux vieilles femmes dans un état physique épouvantable ». Et je me dis : « Tiens, il y avait des femmes au bagne ? ». Il y avait des bagnardes et je ne le savais pas. Et c'est la mère supérieure, dont j'ai fait un personnage, et qui s'appelle Sœur Florence qui les lui montre. Mais lui ne dit rien de plus et le passage est très court. Quand j'ai commencé mes recherches, j'ai retrouvé le livre d'Alexis Danan écrit quand il y est allé, deux ans et demi après. Alexis Danan était reporter au Figaro et lui parle avec celle qui est la dernière bagnarde, celle qu'il rencontre et il donne son nom. Il lui parle et lui dit : « Comment vous appelez-vous ? D'où venez-vous ?». Et elle lui répond : « Je m'appelle Marie Bartête, je viens des Pyrénées, de Monin à côté d'Oloron ». Pour moi, cela a été une très grande surprise parce que je ne savais pas qu'elle était de chez moi.

Philippe Chauveau :
Marie Bartête est donc un personnage authentique et cela déclenche chez vous l'envie d'en savoir plus. Résumons : à peu près 2000 femmes ont été envoyées au bagne, à Saint Laurent du Maroni en Guyane, en leur faisant miroiter une vie meilleure.

Bernadette Pécassou-Camebrac :
On les fait rêver et ça c'est très violent. Non seulement on s'en débarrasse en les envoyant très loin dans les océans en sachant qu'elles y resteront ; d'ailleurs elles y sont toutes restées. Mais en plus on leur fait croire qu'elles vont être heureuses. On leur dit : « Mais vous savez, là-bas, vous allez épouser un bagnard et on vous offrira une concession, un petit lopin de terre. Vous allez faire votre vie ». Elles se voyaient déjà avec des villas, des enfants, un bon mari. Mais quel enfer de faire rêver à des jeunes filles qui déjà n'ont rien, quelque chose qui est le rêve absolu de la famille et de la maison. Alors qu'en fait, on les envoie au massacre.

Philippe Chauveau :
Ces femmes arrivent donc à Saint Laurent du Maroni, en Guyane, au milieu des bagnards évidemment mais aussi avec une société qui s'est organisée, un peu en marge de la société officielle qu'elle est censée représenter. Et il y a des affrontements très violents entre tous ces personnages.

Bernadette Pécassou-Camebrac :
Albert Londres le dit bien. C'est l'exergue de mon livre quand il dit « Dans quel pays suis-je tombé car il semble que rien n'est comme ailleurs ». Rien n'est normal à Saint Laurent du Maroni. Parce qu'il faut savoir que l'administration, à l'époque, n'a pas formé les surveillants, ils ont mis 12ans, 20ans même à avoir un véritable contingent de surveillants. A l'époque, il n'y avait rien donc on faisait avec les bagnards libérés qui devenaient surveillants eux-mêmes. En fait, on bidouillait, on était loin, personne ne savait ce qui se passait et personne n'avait envie de la savoir. Et puis, soyons honnêtes, c'était très loin.

Philippe Chauveau :
Ce livre qui est un roman, rappelons le, c'est aussi un formidable hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont été déportés là-bas, en Guyane. Et c'est surtout un bel hommage à Marie Bartête.

Bernadette Pécassou-Camebrac :
Il n'y a pas de héros au bagne. Il y a des gens massacrés, des gens qui meurent, une histoire très violente. Et ce qu'il y a de terrible, c'est que les femmes n'ont jamais fait l'objet d'un seul travail historique. Seule une femme, Odile Krakovitch, une remarquable archiviste, avait fait une compilation érudite de ces femmes au bagne. Mais jamais on en a parlé car peut-être trop violent. Vous voyez, l'Histoire fait la part belle, crée des mythes, des héros mais là, il n'y a pas de héros, juste des gens massacrés. Et ces femmes ont été plus massacrées que les autres parce que l'Histoire les a ensevelies.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Bernadette Pécassou-Camebrac et merci pour ce bel hommage à Marie Bartête, ce personnage que l'on va donc découvrir dans « La dernière bagnarde ». C'est votre nouveau roman et c'est chez Flammarion.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • Ancienne journaliste, réalisatrice de reportages notamment pour Arte et France 5, Bernadette Pécassou-Camebrac a laissé derrière elle cette profession qu'elle aimait pour vivre désormais de sa plume. Et avec talent. Très attachée à son Pays basque natal, elle ne manque jamais d'y glisser quelques références dans ses romans et c'est là-bas qu'elle s'installe pour écrire. La belle chocolatière, Villa Belza ou plus récemment La passagère du France ont été des succès de librairie. Dans chacun de ses romans, s'accompagnant de...Rediffusion - Samedi 20 avril de Bernadette Pécassou-Camebrac - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour, vous sortez votre nouveau livre, votre 6ème roman chez Flammarion, « La dernière bagnarde ». Que de chemin parcouru depuis « La belle chocolatière », c'était en 2001 ! Mais encore avant, c'était le journalisme et l'actualité, le news. L'écriture a-t-elle été pour vous un moyen de vous échapper, de vous évader de ce que l'actualité vous imposait ? Bernadette Pécassou-Camebrac : Pour avoir une réponse très synthétique, oui, parce que le news est quelque chose de très technique en fait. On...Rediffusion - Samedi 20 avril de Bernadette Pécassou-Camebrac - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Bernadette Pécassou-Camebrac, votre nouveau titre, votre 6ème roman « La dernière bagnarde » chez Flammarion. Nous sommes en 1888 avec une femme, Marie Bartête, qui embarque pour partir vers la Guyane, vers Cayenne, vers le bagne. Comment avez-vous découvert ce personnage de Marie Bartête qui, précisons le, est un personnage authentique ? Bernadette Pécassou-Camebrac : Je l'ai découvert dans un premier temps en lisant « Au bagne » d'Albert Londres, le livre qui a fondé le mythe d'Albert Londres. Il a...Rediffusion - Samedi 20 avril de Bernadette Pécassou-Camebrac - Le livre - Suite