David Foenkinos

David Foenkinos

Charlotte

Le livre 5'03

Dans ce nouveau roman David Foenkinos, le 13ème livre que vous nous offrez, vous nous parlez de Charlotte et derrière ce joli prénom se cache le destin d'une femme. Elle s'appelle Charlotte Salomon. Présentez nous ce personnage et comment l'avez vous découverte cette femme ?
Je l'ai découverte lors d'une exposition à Paris il y a 8 ans et pour moi ça a été un grand bouleversement dans ma vie, d'abord ça a été sur un rapport esthétique majeur.
Tous les gens qui découvrent l'oeuvre de Charlotte Salomon sont frappés par l'inventivité, la fantaisie, la beauté visuelle que représente son œuvre.
On est vraiment, ou en tout cas c'est mon cas, attrapé au corps. C'est une œuvre autobiographique, des centaines de gouaches qui se lisent comme un roman, comme l'histoire de son histoire.
On est a la fois, en ce qui me concerne, frappé par la beauté esthétique et en même tenu, bouleversé par ce qu'elle raconte, c'est à dire sa vie, la vie d'une jeune femme dans les années 30 à Berlin avec la montée de l'antisémitisme et du nazisme.
Evidemment c'est une femme juive mais le judaïsme n'a pas d'importance dans sa vie. C'est toute cette génération des allemands laïcs, intégrés, la grande domination intellectuelle artistique de l'Allemagne qui est assez fascinante pour cette puissance là.
C'est toute une génération d'hommes et de femmes qui vont être progressivement anéantis, broyés, asphyxiés socialement. Et Charlotte Salomon, une jeune femme n'a plus le droit d'aller à l'école. Par son talent, elle arrive à intégrer les beaux arts, ce qui est exceptionnel.
Elle ne peut même pas aller récupérer sa récompense lorsqu'elle est primée parce qu'elle est juive.
Oui tout à fait. Non seulement, c'était déjà un exploit d'intégrer les beaux arts de Berlin vu sa condition et en plus elle obtient le premier prix. Elle ne peut pas aller le chercher et on envoie une de ses amies, une jeune aryenne, Barabara à sa place.
C'est une humiliation suprême et à ce moment là elle va quitter l'Allemagne et se retrouver en exil à Villefranche Sur Mer et St Jean de Cap Ferrat, là ou elle va composer cette œuvre fabuleuse et d'une si grande richesse visuelle avant d'être dénoncée et déportée.
Une œuvre visuelle et littéraire à la fois à laquelle elle va donner un titre tout à fait étonnant : « Vie, Théâtre ? »
Son œuvre s'appelle « Vie ou Théâtre ? » oui. Symboliquement, c'est très fort parce que c'est vrai que c'est un livre difficile
que j'ai voulu écrire d'une manière légère et pas trop écrasé sous le poids de la destinée que traverse Charlotte mais justement elle est un exemple de résurrection par la création.
L'oeuvre de Charlotte, c'est une sorte d'hommage que vous avez eu envie de lui rendre ? Aussi bien à la femme qu'à l'artiste ? Est ce que le mot est bien choisi quand je dis hommage ?
A vrai dire oui. Parce que c'est vrai qu'il y a une dimension qui est de l'ordre de vouloir faire partager mon amour et mon admiration. Donc c'est une forme d'hommage.
Vous avez choisi une écriture qui est presque un long poème avec des phrases très courtes, beaucoup de retour à la ligne. Pourquoi ce changement d'écriture ?
Pour moi on est pas du tout dans un long poème même si visuellement, évidemment ça peut se rapprocher esthétiquement à l'idée de la poésie. Mais je n'ai pas du tout écrit le livre avec une ambition poétique.
J'ai voulu expliquer dans le livre d'ailleurs pourquoi j'avais voulu l'écrire comme ça. Puisque c'est un livre que j'ai abandonné pleins de fois. Charlotte Salomon est présente dans d'autres de mes livres,
j'ai déjà annoncé à maintes reprises que j'allais écrire ce livre là avant de l'abandonner. Au bout d'un moment après des années de tatonnement et d'errance, j'ai compris que la seule possibilité d'écrire ce roman c'était d'aller à la ligne, de respirer en permanence.
Peut être que j'arrivais pas à l'écrire autrement tout simplement parce que c'était trop lourd, trop difficile. J'ai mis des années à trouver le rythme et la justesse et la distance nécessaire pour pouvoir m'approcher d'elle.
Puis ça donne aussi un rapport de légèreté je pense. Un rapport de douceur. C'est pour ça que j'ai voulu que le titre s'appelle « Charlotte » parce qu'on est dans le tutoiement, on est dans la rencontre émotionnelle quelque part dans ce livre.
J'avais besoin que la forme allège aussi. A l'image de l'oeuvre de Charlotte, qui est pleine de fantaisie, de légèreté alors que lorsque l'on voit ce qu'elle raconte, quand on voit les conditions de création de cette œuvre là. On est plus qu'effrayés, on est attrapés par la nuque.
David Foenkinos, votre actualité « Charlotte », c'est aux éditions Gallimard, merci beaucoup.

Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau roman David Foenkinos, le 13ème livre que vous nous offrez, vous nous parlez de Charlotte et derrière ce joli prénom se cache le destin d'une femme. Elle s'appelle Charlotte Salomon. Présentez nous ce personnage et comment l'avez vous découverte cette femme ?

David Foenkinos :
Je l'ai découverte lors d'une exposition à Paris il y a 8 ans et pour moi ça a été un grand bouleversement dans ma vie, d'abord ça a été sur un rapport esthétique majeur. Tous les gens qui découvrent l'oeuvre de Charlotte Salomon sont frappés par l'inventivité, la fantaisie, la beauté visuelle que représente son œuvre.
On est vraiment, ou en tout cas c'est mon cas, attrapé au corps. C'est une œuvre autobiographique, des centaines de gouaches qui se lisent comme un roman, comme l'histoire de son histoire. On est a la fois, en ce qui me concerne, frappé par la beauté esthétique et en même tenu, bouleversé par ce qu'elle raconte, c'est à dire sa vie, la vie d'une jeune femme dans les années 30 à Berlin avec la montée de l'antisémitisme et du nazisme.
Evidemment c'est une femme juive mais le judaïsme n'a pas d'importance dans sa vie. C'est toute cette génération des allemands laïcs, intégrés, la grande domination intellectuelle artistique de l'Allemagne qui est assez fascinante pour cette puissance là.
C'est toute une génération d'hommes et de femmes qui vont être progressivement anéantis, broyés, asphyxiés socialement. Et Charlotte Salomon, une jeune femme n'a plus le droit d'aller à l'école. Par son talent, elle arrive à intégrer les beaux arts, ce qui est exceptionnel.

Philippe Chauveau :
Elle ne peut même pas aller récupérer sa récompense lorsqu'elle est primée parce qu'elle est juive.

David Foenkinos :
Oui tout à fait. Non seulement, c'était déjà un exploit d'intégrer les beaux arts de Berlin vu sa condition et en plus elle obtient le premier prix. Elle ne peut pas aller le chercher et on envoie une de ses amies, une jeune aryenne, Barabara à sa place. C'est une humiliation suprême et à ce moment là elle va quitter l'Allemagne et se retrouver en exil à Villefranche Sur Mer et St Jean de Cap Ferrat, là ou elle va composer cette œuvre fabuleuse et d'une si grande richesse visuelle avant d'être dénoncée et déportée.

Philippe Chauveau :
Une œuvre visuelle et littéraire à la fois à laquelle elle va donner un titre tout à fait étonnant : « Vie, Théâtre ? »

David Foenkinos :
Son œuvre s'appelle « Vie ou Théâtre ? » oui. Symboliquement, c'est très fort parce que c'est vrai que c'est un livre difficile que j'ai voulu écrire d'une manière légère et pas trop écrasé sous le poids de la destinée que traverse Charlotte mais justement elle est un exemple de résurrection par la création.

Philippe Chauveau :
L'oeuvre de Charlotte, c'est une sorte d'hommage que vous avez eu envie de lui rendre ? Aussi bien à la femme qu'à l'artiste ? Est ce que le mot est bien choisi quand je dis hommage ?

David Foenkinos :
A vrai dire oui. Parce que c'est vrai qu'il y a une dimension qui est de l'ordre de vouloir faire partager mon amour et mon admiration. Donc c'est une forme d'hommage.

Philippe Chauveau :
Vous avez choisi une écriture qui est presque un long poème avec des phrases très courtes, beaucoup de retour à la ligne. Pourquoi ce changement d'écriture ?

David Foenkinos :
Pour moi on est pas du tout dans un long poème même si visuellement, évidemment ça peut se rapprocher esthétiquement à l'idée de la poésie. Mais je n'ai pas du tout écrit le livre avec une ambition poétique. J'ai voulu expliquer dans le livre d'ailleurs pourquoi j'avais voulu l'écrire comme ça. Puisque c'est un livre que j'ai abandonné pleins de fois. Charlotte Salomon est présente dans d'autres de mes livres, j'ai déjà annoncé à maintes reprises que j'allais écrire ce livre là avant de l'abandonner. Au bout d'un moment après des années de tatonnement et d'errance, j'ai compris que la seule possibilité d'écrire ce roman c'était d'aller à la ligne, de respirer en permanence. Peut être que j'arrivais pas à l'écrire autrement tout simplement parce que c'était trop lourd, trop difficile. J'ai mis des années à trouver le rythme et la justesse et la distance nécessaire pour pouvoir m'approcher d'elle. Puis ça donne aussi un rapport de légèreté je pense. Un rapport de douceur.
C'est pour ça que j'ai voulu que le titre s'appelle « Charlotte » parce qu'on est dans le tutoiement, on est dans la rencontre émotionnelle quelque part dans ce livre.
J'avais besoin que la forme allège aussi. A l'image de l'oeuvre de Charlotte, qui est pleine de fantaisie, de légèreté alors que lorsque l'on voit ce qu'elle raconte, quand on voit les conditions de création de cette œuvre là. On est plus qu'effrayés, on est attrapés par la nuque.

Philippe Chauveau :
David Foenkinos, votre actualité « Charlotte », c'est aux éditions Gallimard, merci beaucoup.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
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    Philippe Chauveau :Bonjour David Foenkinos.David Foenkinos :Bonjour.Philippe Chauveau :« Charlotte » c'est ce prénom qui illustre votre 13ème livre, votre 13ème roman. On va quand même remonter un peu l'histoire. Vous n'êtes pas d'une famille littéraire, il n'y avait pas beaucoup de livres chez vous, c'est ce que vous m'aviez confié lors d'une précédente rencontre. Finalement, la découverte de la lecture, de la littérature, s'est faite comment ?David Foenkinos :Oui c'est vrai que c'est arrivé plus tard dans ma vie....Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de David Foenkinos - Portrait - Suite
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    Le nouveau Foenkinos est une très bonne surprise de cette rentrée littéraire, je trouve qu'il a un ton, une finesse d'analyse de portrait qui fond ses comédies extrêmement touchantes et je trouve qu'il ne tombe jamais dans le gnan-gnan,Sans jamais être méchant non plus, donc dans cet équilibre là il a une place à part à mon avis dans la littérature française.Il y a beaucoup de points fort dans ce roman, d'abord c'est un livre qui se lit d'une traite, vous tombé dedans à la première page, vous ne le lâchez pas, il vous...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de David Foenkinos - L'avis du libraire - Suite