Bonjour et bienvenue sur Web Tv Culture. Nous sommes à Blois, dans le Loir-et-Cher, Blois, ville largement associée à l’Histoire de France, avec entre autres – le souvenir de François 1er ou de Catherine de Médicis. Blois où se déroulera le 6 juin prochain la 18ème édition du Prix Emmanuel Roblès, qui récompense chaque année un premier roman français.

Alors, petit retour en arrière : en 1990, l’Académie Goncourt décernait ici même, à Blois sa 1ère bourse du premier roman. Stimulés par l’événement, quelques bibliothécaires de la ville décidèrent de décerner leur propre prix du 1er roman, selon la sélection de l’Académie Goncourt. Ainsi naquit le Prix 1537, 1537 étant la date du premier dépôt légal en France par François 1er, le prix 1537, qui quelques années plus tard, devint le Prix Emmanuel Roblès.

Elu à l’Académie Goncourt en 1973, on doit à Emmanuel Roblès de nombreux ouvrages, et entre autres, « Les hauteurs de la ville » roman pour lequel il obtint le Prix Femina en 1948. Emmanuel Roblès travailla aussi beaucoup dans le cinéma avec avec Luis Bunuel ou encore Luchino Visconti. Passionné par la découverte et la promotion de jeunes auteurs littéraires, il s’impliqua énormément dans ce prix du premier roman et c’est tout naturellement qu’à sa mort, en 1995, le prix 1537 devint le prix Emmanuel Roblès.

Pour la 18ème édition de ce Prix Emmanuel Roblès du 1er roman, 6 candidats sont en compétition. Alors concrètement, le Prix Emmanuel Roblès, comment ça fonctionne ? Explications.

« C’est un rendez-vous que j’attends, je me dis, chouette, a arrive »
« Le partage, l’échange avec les autres »
« Convivialité »
« C’est du bonheur »
« Débats, discussions, échanges »…

Voilà en quelques mots l’esprit du prix Roblès….
6 premiers romans – pas d’autobiographie, ni de polars, et près de de 500 lecteurs passionnés…
Depuis 3 mois, même des lycéens scientifiques ont trouvé le temps, chaque semaine, de défendre leurs ouvrages préférés…

- on est surpris parfois de la qualité de lecture des adolescents, de leur capacité de lecture.Pour nous , c’est quelque chose d’encourageant.
- c’est vrai que le côté, on lit des livres, on peut donner notre avis, c’est prenant, c’est sympa de pouvoir donner d’autres aspects que les autres nous ont donnés, on se sent le petit grain de sel…voilà.

Depuis 18 ans, le cœur du Roblès bat dans les bibliothèques , ou dans les bars…152 comités de lecture se sont créés cette année…
des comités formés parfois là ou on ne les attendait pas … derrière les barreaux de la maison d’arret….par exemple

- Les réactions de certains lecteurs qui –personnellement, leur histoire, ont raisonné parmi certains ouvrages, ils ont découvert que le livre pouvait être très fort, pour eux, c’était émotionnellement très fort, très enrichissant.

A l’hôpital ou dans les industries blésoises…le Roblès a rapproché deux mondes : celui de l’entreprise et celui de la culture..

- J’ai très envie de fédérer deux mondes, c’est mon état d’esprit, j’ai trouvé intéréssant de réunir du personnel d’une même société pour pouvoir échanger sur les romans, et sur autre chose que le quotidien du travail.

Le prix du premier roman français est donc devenu un vrai lien social dans la cité blésoise.

-ça créée surtout des ouvertures au niveau de l’esprit, on défend pas les mêmes choses, on est des gens très différents.Il y a un livre que j’ai bien aimé, j’ai trouvé que c’était très original, on est pas beaucoup à l’aimer.

-ce qu’on voit, c’est que des mamans qui sont venus ici dans le cadre du Roblès reviennent au cours de l’année dans l’espace parents, se voient entre mamans et continuent à se fréquenter. C’est sûr qu’il y a des amitiés et des relations qui sont nées depuis ce comité.

En comité restreint, ou dans l’amphi tout juste assez grand pour les réunions hebdomadaires de tous les comités…

les lecteurs ont donc échangé passionnément, pendant deux mois…
Du coup cette 18ème édition est déjà un succès pour les bibliothécaires, initiateurs de cette manifestation populaire..

-pour nous bibliothécaires, c’est important , c’est une sorte de relation à égalité, ou on échange sur quelque chose qui nous a touché, sur de la littérature, de la création, de l’art, c’est du bonheur parce qu’on a l’impression que on n’a pas choisi ce métier par hasard, qu’il y a quelque chose qui se passe.

Le 6 juin, pendant 2 heures et demi….chaque comité votera pour son roman préféré…le prix sera attribué…
Enfin, ultime privilège pour les lecteurs, ils auront l’après-midi pour rencontrer les auteurs de ces 6 romans qu’ils viennent de dévorer.

Le prix Emmanuel Roblès, c’est l’occasion de découvrir de jeunes auteurs mais c’est aussi une belle rencontre entre de simples amoureux de la littérature, des professionnels du livre comme des libraires ou des bibliothécaires, et des auteurs reconnus. Pour l’Académie Goncourt, le Prix Emmanuel Roblès est devenu un rendez-vous annuel incontournable comme nous l’explique l’écrivain Didier DECOIN, secrétaire général de l'Académie Goncourt

-Le lien affectif est très fort, parce que la façon dont c’est organisé à Blois, c’est unique en France, c’est un jury formidable.Et la façon dont le prix est remis, proclamé,organisé, c’est aussi un moment très fort,pour les auteurs, pour le public qui est là, c’est une salle comble.
Pour nous académiciens Goncourt, ceux qui ont la possibilité de s’y rendre,c’est quelque chose qui a un bouquet très sympathique.C’est un prix très chaleureux, très à l’image de Roblès.Et puis Roblès a marqué l’Académie Goncourt, ce n’était pas quelqu’un d’effacé,c’est quelqu’un qui était profond.Donc il y a ce lien sentimental qui se perpétue.L’autre raison, ça va peut-être paraître idiot parce qu’on n’est pas un jury chez les Goncourt, très jeune, mais c’est la passion quon a pour la littérature émergeante.pouquoi ? Parce qu’on a tous été à un certain moment de jeunes auteurs, on a tous fait un premier roman.Et puis parce que le lectorat jeune c’est le lectorat de demain.

Sur Blois et l’agglomération blésoise, sans oublier les partenaires de l’étranger, ce sont aujourd’hui plus de 400 lecteurs qui sont invités, dans leurs comités de lecture respectifs, à voter pour leur roman préféré. Pour les libraires blésois, le Prix Emmanuel Roblès est un formidable coup de projecteur sur l’actualité littéraire qui leur permet de tisser des liens très étroits avec leur clientèle.

-Il y a une passion de tous les gens qui lisent, qui participent au Roblès et on a cette passion partagée.Ce qui fait que ça enracine encore plus notre relation avec ces gens-là parce qu’on a lu les mêmes choses, on a débattu des mêmes choses.Quant on est libraire, on ne fait pas ça pour le chiffre de demain, on est en train de planter un arbre et on se dit un jour ça va donner des pommes…

L’organisation du Prix Emmanuel Roblès implique évidemment un engagement total des structures institutionnelles. Depuis 1990, tous les élus blésois, toutes tendances politiques confondues, ont eu à cœur de promouvoir cet événement culturel important dans la vie locale, conscients du rôle que joue la littérature dans notre société.

-C’est d’abord une passion de la littérature, une passion du livre, une passion de l’écrit, et c’est une manière de montrer, que avec le livre , on peut aussi avoir des manifestations grand public qui rassemblent des centaines de lecteurs. Alors on en attend d’abord de la passion, de la passion pour le livre, de la passion pour les lecteurs et on en attend un mieux-vivre dans la ville à travers la découverte d’une pratique artistique car il ne faut jamais l’oublier, la littérature, c’est aussi une pratique artistique, une pratique de création.

Depuis 1991, de nombreux auteurs ont concouru pour ce Prix Emmanuel Roblès et la plupart d’entre eux ont confirmé leur talent comme, par exemple, Nicolas Michel, Anna Gavalda, Yann Moix ou Philippe Besson. Le Prix Emmanuel Roblès permet de découvrir mais aussi de récompenser de jeunes auteurs puisque chaque année, le lauréat se voit attribuer une bourse de 5000 euros. L’an passé, Carole Martinez reçu le prix emmanuel Roblès pour son roman « Le cœur cousu » chez Gallimard, et pour elle, le prix Emmanuel Roblès reste un très joli souvenir. Rencontre…

Dans son appartement parisien, Carole Martinez boucle son 2ème roman ..
Boostée par le prix Roblès, l’enthousiasme des lecteurs,le soutien des académiciens, et les 5000 euros de récompense, cette prof de français a lâché pour l’instant l’éducation nationale pour se consacrer à l’écriture…

- C’était la première fois que je rencontrais des lecteurs, et ça, c’était merveilleux, il y a une salle avec 400 personnes, je ne savais même pas ce que c’était rencontrer un lecteur, et 400 d’un coup, c’était émouvant, c’est impossible à décrire l’émotion, et en plus des gens très différents, des gens chaleureux qui donnent énormément. Donc un don incroyable, on cadeau merveilleux le Roblès, un de mes plus beaux souvenirs.

Son roman, primé à Blois, raconte l’histoire d’une couturière espagnole, magicienne ou sorcière, perdue au jeu par son mari…
Le cœur cousuen plus du Roblès, a reçu dans l’année 8 autres prix dont le Renaudot des lycéens… Alors forcément, à 41 ans, Carole Martinez n’a qu’une obsession : écrire…

-Maintenant, l’écriture devient, non plus quelque chose qui me permet de réguler mes humeurs, et de bien vivre.J’ai envie d’écrire d’autres romans, j’ai d’autres histoires qui demandent à sortir.

En attendant la sortie de son prochain roman, Carole Martinez sera à Blois le 6 juin…c’est elle qui parrainera le prix Roblès 2008 à la maison de la magie….

Qui succèdera à Carole Martinez ? 6 auteurs sont en lice pour le Prix Emmanuel Roblès du premier roman, édition 2008.Les organisateurs ont sélectionné

Karine Fougeray avec « Ker Violette » aux Editions Delphine Montalant. Un roman plein de vie, de gaieté, de fraîcheur avec des personnages très attachants.

Minh Tran Huy « La princesse et le pêcheur » aux Editions Actes Sud. Et sous ce titre de conte des 1001 nuits, voici la quête d’un amour, mais aussi la quête de ses propres racines parcours d’une jeune femme en quête de l’amour mais aussi de ses propres racines dans un roman ou le Vietnam est peut-être finalement le personnage central.

En sélection également cette année l’espagnol Antoni Casa Ros avec « Le théorème d’Almodovar » chez Gallimard, il s’agit là d’un univers fantasmagorique avec des personnages ét onnants, un livre dont on parle beaucoup actuellement à Blois.

Marc Lepape avec « Vasilsca » aux Editions Galaade. Marc Lepape qui nous dresse le portrait d’un homme bouleversé par la vie et qui part en Roumanie, dans une province perdue et abandonnée ou coule une rivière la Vasilsca pour essayer de redécouvrir ses propres origines.

Gilbert Gatoré « Le passé devant soi » c’est un roman aux Editions Phébus. Nous voici en Afrique, avec deux personnages, aux destins parallèles mais avec une même blessure : le Rwanda.

Enfin, « Jeanne Labrune, que l’on connaissait au cinéma mais qui fait une parenthèse dans sa carrière de réalisatrice pour se lancer en littérature., avec l »Obscur » aux éditions Grasset. Ce sont des personnages étonnants, que vous n’oublierez pas, comme Anna, Traquette, des personnages qui vont essayer de se reconstruire.

Voilà donc les six romans en compétition pour cette édition 2008 du prix Emmanuel Roblès. Nous nous retrouverons le 6 juin prochain, juste en face du château de Blois, à la Maison de la magie qui célèbre le souvenir du fameux illusionniste Houdin, originaire de Blois, pour connaître le lauréat du 18ème Prix Emmanuel Roblès du Premier Roman.
À bientôt sur Web TV Culture.