Le poète Joë Bousquet a écrit « le bonheur passe souvent tous feux éteints ».
Pour les livres, c'est parfois la même chose. Ce ne sont pas forcément ceux qui sont le plus médiatisés, ceux dont on parle le plus, qui sont les plus émouvants, les plus attachants.
La preuve avec ce titre de Pierre Gagnon, Mon vieux et moi, publié il y a déjà plusieurs mois au Québec aux éditions Hurtubise et aujourd'hui en France aux éditions Autrement. L'histoire d'une rencontre entre deux hommes, l'un d'une soixantaine d'années et l'autre...
Mon vieux et moi de Pierre Gagnon - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Pierre Gagnon. Nous sommes ensemble à l'occasion de la sortie aux éditions Autrement de votre livre « Mon vieux et moi ». C'est déjà le 4ème titre. Il y avait eu en 2005, le premier « 5-FU », on en reparlera. Mais avant l'écrit, avant le livre, votre passion, votre univers, c'était la musique.
Pierre Gagnon :
J'avais l'oreille je crois ! Alors je pianotais chez nous. J'avais une guitare jeune, et puis je suis allé au conservatoire. Et puis, je me suis « tanné » du conservatoire, je me suis...
Mon vieux et moi de Pierre Gagnon - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Pierre Gagnon, nous sommes ensemble chez vous au Québec à Montréal. Nous sommes précisément dans les salons de l'Hôtel Hilton Bonaventure à l'occasion de la sortie de votre nouveau titre, c'est déjà le 4ème, « Mon vieux et moi » publié en France aux éditions Autrement. C'est l'histoire d'une rencontre entre deux personnages, le narrateur, qui est un jeune retraité, on va dire ça comme cela et puis Léo qui lui est un homme de 99 ans. Et cette rencontre qui se fait tout à fait bizarrement...
Pierre...
Mon vieux et moi de Pierre Gagnon - Le livre - Suite
librairie Notre temps – Valence – Jean-Louis Jaudon
C’est l’histoire d’une personne qui part à la retraite, à la soixantaine, et qui rencontre une personne plus âgée. Le sujet est passionnant, deux personnes qui se rencontrent comme ça, qui ont trente ans de différence, mais dont le plus jeune à déjà 60 ans.
Les deux personnes se rencontrent et il se passe des relations un peu particulières. C’est une écriture assez franche, assez généreuse, pas d’une poésie extrême, belle écriture mais qui amène bien sur...
Mon vieux et moi de Pierre Gagnon - L'avis du libraire - Suite
Pierre Gagnon
Mon vieux et moi
Présentation 1'02Pour les livres, c'est parfois la même chose. Ce ne sont pas forcément ceux qui sont le plus médiatisés, ceux dont on parle le plus, qui sont les plus émouvants, les plus attachants.
La preuve avec ce titre de Pierre Gagnon, Mon vieux et moi, publié il y a déjà plusieurs mois au Québec aux éditions Hurtubise et aujourd'hui en France aux éditions Autrement. L'histoire d'une rencontre entre deux hommes, l'un d'une soixantaine d'années et l'autre de 99 ans, dans l'univers des maisons de retraite. Histoire d'amitié mais aussi histoire de solitude, de culpabilité, d'affection, histoire de vie et de mort. Tendre, cruel, brutal, ce court roman de Pierre Gagnon est un petit bijou auquel on adhère aussi bien pour la qualité de l'écriture que pour l'universalité et la difficulté du sujet, à savoir la vieillesse.
Musicien dans l'âme, Pierre Gagnon a publié son premier titre en 2005, 5-FU, nom d'un traitement anticancéreux, livre dans lequel il retraçait son combat contre la maladie. Suivront deux autres ouvrages avant ce nouveau titre.
Direction le Québec, et plus précisément Montréal, pour aller à la rencontre de Pierre Gagnon, pour son livre Mon vieux et moi, publié en France aux éditions Autrement. Pierre Gagnon est sur WTC
Pour les livres, c'est parfois la même chose. Ce ne sont pas forcément ceux qui sont le plus médiatisés, ceux dont on parle le plus, qui sont les plus émouvants, les plus attachants.
La preuve avec ce titre de Pierre Gagnon, Mon vieux et moi, publié il y a déjà plusieurs mois au Québec aux éditions Hurtubise et aujourd'hui en France aux éditions Autrement. L'histoire d'une rencontre entre deux hommes, l'un d'une soixantaine d'années et l'autre de 99 ans, dans l'univers des maisons de retraite. Histoire d'amitié mais aussi histoire de solitude, de culpabilité, d'affection, histoire de vie et de mort. Tendre, cruel, brutal, ce court roman de Pierre Gagnon est un petit bijou auquel on adhère aussi bien pour la qualité de l'écriture que pour l'universalité et la difficulté du sujet, à savoir la vieillesse.
Musicien dans l'âme, Pierre Gagnon a publié son premier titre en 2005, 5-FU, nom d'un traitement anticancéreux, livre dans lequel il retraçait son combat contre la maladie. Suivront deux autres ouvrages avant ce nouveau titre.
Direction le Québec, et plus précisément Montréal, pour aller à la rencontre de Pierre Gagnon, pour son livre Mon vieux et moi, publié en France aux éditions Autrement. Pierre Gagnon est sur WTC
Pierre Gagnon
Mon vieux et moi
Portrait 3'43Bonjour Pierre Gagnon. Nous sommes ensemble à l'occasion de la sortie aux éditions Autrement de votre livre « Mon vieux et moi ». C'est déjà le 4ème titre. Il y avait eu en 2005, le premier « 5-FU », on en reparlera. Mais avant l'écrit, avant le livre, votre passion, votre univers, c'était la musique.
Pierre Gagnon :
J'avais l'oreille je crois ! Alors je pianotais chez nous. J'avais une guitare jeune, et puis je suis allé au conservatoire. Et puis, je me suis « tanné » du conservatoire, je me suis sauvé et j'ai formé un groupe, comme bien des musiciens, avec un comédien qui joue beaucoup chez vous, qui s'appelle Yves Jacques. On avait une troupe qui était un peu théâtre et un peu musique. Ensuite, je me suis intéressé à l'enregistrement, donc j'ai travaillé en studio et j'ai fait des trucs pour la pub. Alors c'est ce qui a fait que j'ai gagné ma vie en faisant de la musique surtout.
Philippe Chauveau :
En 2004-2005, il y a un coup de tonnerre dans votre existence ; il y a la maladie qui arrive et l'envie d'écrire...
Pierre Gagnon :
Oui. En fait, j'ai eu le cancer en 2002 et je fais un petit journal de bord. Je me dis que si je survis, parce que je ne savais pas que je serais avec vous aujourd'hui, que dans 10 ans dans 20 ans, je voudrais, car on oublie toujours, me plonger là-dedans, voir comment c'était. Alors je me suis fait ce carnet de bord qui n'était pas destiné à être publié, pas du tout. C'est un accident de parcours ! C'est un ami qui est venu chez moi, qui a vu mon carnet de bord et qui m'a dit : « Tu me le laisses, je veux le lire ». Ensuite, il m'a dit : « Ca te dérange si je le prête à un éditeur ? ». L'éditeur a dit qu'il aimerait le publier et c'est comme ça que A, j'ai été publié, et B, j'ai aimé l'écriture.
Philippe Chauveau :
Que vous a apporté le sentiment de l'écriture ? De la plénitude ? Une fois que le livre est sorti, vous êtes vous dit que c'était un combat qui avait servi à quelque chose ? Avez-vous pensé à cela ou finalement, vous étiez tellement surpris d'être publié que vous ne saviez pas trop ce qui vous arrivait ?
Pierre Gagnon :
Je ne savais pas ce qui m'arrivait et je ne sais toujours pas ce qui m'arrive ! Mais j'ai toujours ce même plaisir solitaire d'écrire, et je dois vous dire qu'en pub, en musique, ce sont des commandes ; alors j'ai toujours des gens de l'agence de publicité, des clients, tout le monde autour de moi qui me dit : « Un p'tit peu plus à gauche, un p'tit peu plus à droite, un p'tit peu plus de violon, un p'tit peu plus de piano… ». Si bien qu'en écriture, il n'y a personne, je fais ce que j'aime, ce que je veux, c'est mon petit jardin secret ! C'est devenu quelque chose de précieux pour moi.
Philippe Chauveau :
Ce premier livre aurait pu être le compte-rendu de votre maladie et cela aurait pu s'arrêter là. Pourquoi avoir eu envie de continuer à écrire ?
Pierre Gagnon :
C'est ce plaisir que j'ai découvert, c'est quelque chose de nouveau. Je suis comme quelqu'un qui se met au jogging à 40 ans et qui finalement se dit qu'il aime ça et que ça fait partie de sa vie ! J'ai continué tout bonnement en me disant que c'était peut-être l'histoire d'un bouquin, peut-être c'est l'histoire de « 5-FU » et ça s'arrêtera. J'ai écrit autre chose, ça s'appelle « C'est la faute à Bono » et j'ai eu la chance d'être publié une deuxième fois. Ensuite, un recueil de nouvelles qui s'appelle « Je veux cette guitare », encore une fois et jusqu'à « Mon vieux ». Tant mieux, je suis chanceux...
Philippe Chauveau :
Finalement, après les épreuves que vous avez traversées, l'écriture est une sorte de cadeau ?
Pierre Gagnon :
C'est un cadeau ! Des gens me disent que c'est une thérapie d'écrire. J'aime pas ! Moi, non, elle est faite ma thérapie. C'est un plaisir, un réel plaisir. Je me conte des histoires à moi-même et je les écris en me disant que peut-être, cela intéressera les autres.
Philippe Chauveau :
Merci Pierre Gagnon. Je rappelle le titre de votre nouvel ouvrage « Mon vieux et moi » distribué en France par les éditions Autrement.
Bonjour Pierre Gagnon. Nous sommes ensemble à l'occasion de la sortie aux éditions Autrement de votre livre « Mon vieux et moi ». C'est déjà le 4ème titre. Il y avait eu en 2005, le premier « 5-FU », on en reparlera. Mais avant l'écrit, avant le livre, votre passion, votre univers, c'était la musique.
Pierre Gagnon :
J'avais l'oreille je crois ! Alors je pianotais chez nous. J'avais une guitare jeune, et puis je suis allé au conservatoire. Et puis, je me suis « tanné » du conservatoire, je me suis sauvé et j'ai formé un groupe, comme bien des musiciens, avec un comédien qui joue beaucoup chez vous, qui s'appelle Yves Jacques. On avait une troupe qui était un peu théâtre et un peu musique. Ensuite, je me suis intéressé à l'enregistrement, donc j'ai travaillé en studio et j'ai fait des trucs pour la pub. Alors c'est ce qui a fait que j'ai gagné ma vie en faisant de la musique surtout.
Philippe Chauveau :
En 2004-2005, il y a un coup de tonnerre dans votre existence ; il y a la maladie qui arrive et l'envie d'écrire...
Pierre Gagnon :
Oui. En fait, j'ai eu le cancer en 2002 et je fais un petit journal de bord. Je me dis que si je survis, parce que je ne savais pas que je serais avec vous aujourd'hui, que dans 10 ans dans 20 ans, je voudrais, car on oublie toujours, me plonger là-dedans, voir comment c'était. Alors je me suis fait ce carnet de bord qui n'était pas destiné à être publié, pas du tout. C'est un accident de parcours ! C'est un ami qui est venu chez moi, qui a vu mon carnet de bord et qui m'a dit : « Tu me le laisses, je veux le lire ». Ensuite, il m'a dit : « Ca te dérange si je le prête à un éditeur ? ». L'éditeur a dit qu'il aimerait le publier et c'est comme ça que A, j'ai été publié, et B, j'ai aimé l'écriture.
Philippe Chauveau :
Que vous a apporté le sentiment de l'écriture ? De la plénitude ? Une fois que le livre est sorti, vous êtes vous dit que c'était un combat qui avait servi à quelque chose ? Avez-vous pensé à cela ou finalement, vous étiez tellement surpris d'être publié que vous ne saviez pas trop ce qui vous arrivait ?
Pierre Gagnon :
Je ne savais pas ce qui m'arrivait et je ne sais toujours pas ce qui m'arrive ! Mais j'ai toujours ce même plaisir solitaire d'écrire, et je dois vous dire qu'en pub, en musique, ce sont des commandes ; alors j'ai toujours des gens de l'agence de publicité, des clients, tout le monde autour de moi qui me dit : « Un p'tit peu plus à gauche, un p'tit peu plus à droite, un p'tit peu plus de violon, un p'tit peu plus de piano… ». Si bien qu'en écriture, il n'y a personne, je fais ce que j'aime, ce que je veux, c'est mon petit jardin secret ! C'est devenu quelque chose de précieux pour moi.
Philippe Chauveau :
Ce premier livre aurait pu être le compte-rendu de votre maladie et cela aurait pu s'arrêter là. Pourquoi avoir eu envie de continuer à écrire ?
Pierre Gagnon :
C'est ce plaisir que j'ai découvert, c'est quelque chose de nouveau. Je suis comme quelqu'un qui se met au jogging à 40 ans et qui finalement se dit qu'il aime ça et que ça fait partie de sa vie ! J'ai continué tout bonnement en me disant que c'était peut-être l'histoire d'un bouquin, peut-être c'est l'histoire de « 5-FU » et ça s'arrêtera. J'ai écrit autre chose, ça s'appelle « C'est la faute à Bono » et j'ai eu la chance d'être publié une deuxième fois. Ensuite, un recueil de nouvelles qui s'appelle « Je veux cette guitare », encore une fois et jusqu'à « Mon vieux ». Tant mieux, je suis chanceux...
Philippe Chauveau :
Finalement, après les épreuves que vous avez traversées, l'écriture est une sorte de cadeau ?
Pierre Gagnon :
C'est un cadeau ! Des gens me disent que c'est une thérapie d'écrire. J'aime pas ! Moi, non, elle est faite ma thérapie. C'est un plaisir, un réel plaisir. Je me conte des histoires à moi-même et je les écris en me disant que peut-être, cela intéressera les autres.
Philippe Chauveau :
Merci Pierre Gagnon. Je rappelle le titre de votre nouvel ouvrage « Mon vieux et moi » distribué en France par les éditions Autrement.
Pierre Gagnon
Mon vieux et moi
Le livre 4'00Pierre Gagnon, nous sommes ensemble chez vous au Québec à Montréal. Nous sommes précisément dans les salons de l'Hôtel Hilton Bonaventure à l'occasion de la sortie de votre nouveau titre, c'est déjà le 4ème, « Mon vieux et moi » publié en France aux éditions Autrement. C'est l'histoire d'une rencontre entre deux personnages, le narrateur, qui est un jeune retraité, on va dire ça comme cela et puis Léo qui lui est un homme de 99 ans. Et cette rencontre qui se fait tout à fait bizarrement...
Pierre Gagnon :
Bizarrement, c'est vrai ! Le narrateur visite sa vieille tante régulièrement et elle décède. Mais tout en visitant sa vieille tante, il y avait toujours ce personnage qui était là, un ami de sa vieille tante dans ce centre d'hébergement, qui était Léo. Il se dit : « Est-ce que je laisse Léo tout seul maintenant ? ». Alors il propose à Léo : « Pourquoi tu t'en viens pas chez moi ? ».
Philippe Chauveau :
Ce narrateur, on pourrait croire qu'il avait un manque, un vide à combler. Mais il a une vie bien construite, une vie sociale, des amis, etc.
Pierre Gagnon :
Oui mais je suis content que vous en parliez parce que souvent, les gens me parlent de Léo, de Léo, de Léo mais le narrateur effectivement, est en fin de carrière, si on peut dire. Et la question qu'il se pose est « Est-ce que j'ai aimé ? Est-ce que j'ai été capable d'aimer ? Est-ce que je serais capable d'aimer quelqu'un de 99 ans, de le prendre avec moi, de partager sa vie et qu'il partage la mienne ». C'est beaucoup cela.
Philippe Chauveau :
C'est une amitié intergénérationnelle puisque finalement, Léo pourrait être le père du narrateur au niveau des âges. Léo accepte. On lui propose d'aller s'installer chez le narrateur et il accepte sans trop savoir ce que ça va changer à sa vie ?
Pierre Gagnon :
Sans trop savoir. On peut penser, que Léo était bien en centre d'hébergement mais qu'il pourrait très bien aussi penser être avec un pote en disant : « Ouaih, il va y avoir moins de monde, ça va être chouette ! ». C'est ce qu'on doit s'imaginer.
Philippe Chauveau :
Votre livre est à la fois une histoire très tendre, très triste parfois, brutale aussi. C'est un regard sans complaisance sur la vieillesse, sur le regard que nous portons sur ces personnes âgées qui nous entourent et sur cette vieillesse qui nous fait à tous sans doute un peu peur.
Pierre Gagnon :
Bien sûr que cela fait peur ! Mais vous savez, je me suis occupé de ma mère, je me suis occupé d'autres personnes. J'ai eu une expérience de centres d'hébergement et je dois dire que la vieillesse peut nous faire peur mais il se passe aussi des choses extraordinaires entre eux, même une fois qu'ils sont dans leur société que sont les centres d'hébergement. Il peut y avoir des moments extraordinaires... Sans dévoiler la fin, c'est un peu cela, c'est-à-dire qu'ils peuvent même faire des rencontres. J'ai vu des gens qui avaient 90 ans rencontrer quelqu'un. Et ce monsieur venait dans la chambre chaque jour saluer la dame et il s'était créée une chose qui ressemblait drôlement à de l'amour, si vous voulez mon avis… Je l'ai vu !
Philippe Chauveau :
Est-ce que ce roman peut aussi déculpabiliser certaines personnes qui voudraient donner plus aux personnes âgées, aux personnes atteintes d'Alzheimer par exemple, et qui se rendent compte que physiquement, psychologiquement, ce n'est pas possible.
Pierre Gagnon :
Personnellement, c'est ce que j'ai vécu avec ma mère. Je me suis acharné à être là, à la laisser dans sa maison pour la rendre heureuse mais à un moment, ça ne se peut plus. C'est impossible. On a besoin de l'aide des autres, on a besoin du cadre et tout ça. C'est assez angoissant comme idée aussi. A partir de quand… On laisse aller ?
Philippe Chauveau :
A l'écriture, ça a été douloureux ? Cela vous a rappelé des souvenirs personnels ?
Pierre Gagnon :
Bien sûr que ça a été douloureux. Sinon, j'aurais écrit une histoire banale. Oui, c'est douloureux et il le faut. Sans se poignarder ou s'arracher l'âme, il faut qu'on soit ému. J'ai tenté de l'écrire de cette façon là et j'espère qu'il va être compris de cette façon là.
Philippe Chauveau :
Merci Pierre Gagnon. « Mon vieux et moi », c'est votre nouveau titre, publié aux éditions Autrement.
Pierre Gagnon, nous sommes ensemble chez vous au Québec à Montréal. Nous sommes précisément dans les salons de l'Hôtel Hilton Bonaventure à l'occasion de la sortie de votre nouveau titre, c'est déjà le 4ème, « Mon vieux et moi » publié en France aux éditions Autrement. C'est l'histoire d'une rencontre entre deux personnages, le narrateur, qui est un jeune retraité, on va dire ça comme cela et puis Léo qui lui est un homme de 99 ans. Et cette rencontre qui se fait tout à fait bizarrement...
Pierre Gagnon :
Bizarrement, c'est vrai ! Le narrateur visite sa vieille tante régulièrement et elle décède. Mais tout en visitant sa vieille tante, il y avait toujours ce personnage qui était là, un ami de sa vieille tante dans ce centre d'hébergement, qui était Léo. Il se dit : « Est-ce que je laisse Léo tout seul maintenant ? ». Alors il propose à Léo : « Pourquoi tu t'en viens pas chez moi ? ».
Philippe Chauveau :
Ce narrateur, on pourrait croire qu'il avait un manque, un vide à combler. Mais il a une vie bien construite, une vie sociale, des amis, etc.
Pierre Gagnon :
Oui mais je suis content que vous en parliez parce que souvent, les gens me parlent de Léo, de Léo, de Léo mais le narrateur effectivement, est en fin de carrière, si on peut dire. Et la question qu'il se pose est « Est-ce que j'ai aimé ? Est-ce que j'ai été capable d'aimer ? Est-ce que je serais capable d'aimer quelqu'un de 99 ans, de le prendre avec moi, de partager sa vie et qu'il partage la mienne ». C'est beaucoup cela.
Philippe Chauveau :
C'est une amitié intergénérationnelle puisque finalement, Léo pourrait être le père du narrateur au niveau des âges. Léo accepte. On lui propose d'aller s'installer chez le narrateur et il accepte sans trop savoir ce que ça va changer à sa vie ?
Pierre Gagnon :
Sans trop savoir. On peut penser, que Léo était bien en centre d'hébergement mais qu'il pourrait très bien aussi penser être avec un pote en disant : « Ouaih, il va y avoir moins de monde, ça va être chouette ! ». C'est ce qu'on doit s'imaginer.
Philippe Chauveau :
Votre livre est à la fois une histoire très tendre, très triste parfois, brutale aussi. C'est un regard sans complaisance sur la vieillesse, sur le regard que nous portons sur ces personnes âgées qui nous entourent et sur cette vieillesse qui nous fait à tous sans doute un peu peur.
Pierre Gagnon :
Bien sûr que cela fait peur ! Mais vous savez, je me suis occupé de ma mère, je me suis occupé d'autres personnes. J'ai eu une expérience de centres d'hébergement et je dois dire que la vieillesse peut nous faire peur mais il se passe aussi des choses extraordinaires entre eux, même une fois qu'ils sont dans leur société que sont les centres d'hébergement. Il peut y avoir des moments extraordinaires... Sans dévoiler la fin, c'est un peu cela, c'est-à-dire qu'ils peuvent même faire des rencontres. J'ai vu des gens qui avaient 90 ans rencontrer quelqu'un. Et ce monsieur venait dans la chambre chaque jour saluer la dame et il s'était créée une chose qui ressemblait drôlement à de l'amour, si vous voulez mon avis… Je l'ai vu !
Philippe Chauveau :
Est-ce que ce roman peut aussi déculpabiliser certaines personnes qui voudraient donner plus aux personnes âgées, aux personnes atteintes d'Alzheimer par exemple, et qui se rendent compte que physiquement, psychologiquement, ce n'est pas possible.
Pierre Gagnon :
Personnellement, c'est ce que j'ai vécu avec ma mère. Je me suis acharné à être là, à la laisser dans sa maison pour la rendre heureuse mais à un moment, ça ne se peut plus. C'est impossible. On a besoin de l'aide des autres, on a besoin du cadre et tout ça. C'est assez angoissant comme idée aussi. A partir de quand… On laisse aller ?
Philippe Chauveau :
A l'écriture, ça a été douloureux ? Cela vous a rappelé des souvenirs personnels ?
Pierre Gagnon :
Bien sûr que ça a été douloureux. Sinon, j'aurais écrit une histoire banale. Oui, c'est douloureux et il le faut. Sans se poignarder ou s'arracher l'âme, il faut qu'on soit ému. J'ai tenté de l'écrire de cette façon là et j'espère qu'il va être compris de cette façon là.
Philippe Chauveau :
Merci Pierre Gagnon. « Mon vieux et moi », c'est votre nouveau titre, publié aux éditions Autrement.
Pierre Gagnon
Mon vieux et moi
L'avis du libraire 0'59C’est l’histoire d’une personne qui part à la retraite, à la soixantaine, et qui rencontre une personne plus âgée. Le sujet est passionnant, deux personnes qui se rencontrent comme ça, qui ont trente ans de différence, mais dont le plus jeune à déjà 60 ans.
Les deux personnes se rencontrent et il se passe des relations un peu particulières. C’est une écriture assez franche, assez généreuse, pas d’une poésie extrême, belle écriture mais qui amène bien sur le côté nostalgique de la chose aussi des personnes âgées. On va vers ce genre de situation.
C’est l’histoire d’une personne qui part à la retraite, à la soixantaine, et qui rencontre une personne plus âgée. Le sujet est passionnant, deux personnes qui se rencontrent comme ça, qui ont trente ans de différence, mais dont le plus jeune à déjà 60 ans.
Les deux personnes se rencontrent et il se passe des relations un peu particulières. C’est une écriture assez franche, assez généreuse, pas d’une poésie extrême, belle écriture mais qui amène bien sur le côté nostalgique de la chose aussi des personnes âgées. On va vers ce genre de situation.