Depuis son 1er roman, « Le grenier », en 2000, Claire Castillon ne cesse de surprendre, de dérouter ou d'émouvoir.Alternant romans et récits, elle tient une place à part dans le paysage littéraire français et derrière sa discrétion, une certaine timidité, Claire Castillon a un tempérament bien trempé et une personnalité riche et attachante.Son écriture est vive, cinglante, volontairement provocatrice. Les relations hommes-femme, le mensonge, le deuil, la violence, les tabous, la perversité font partie de son univers...
Les merveilles de Claire Castillon - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Claire Castillon. Merci de nous recevoir. « Les Merveilles », c'est votre nouveau livre, le onzième, publié chez Grasset. Onzième livre, mais c'est le huitième roman puisqu'il y a eu trois recueils de nouvelles dans les années précédentes. Ce qui veut dire onze livres en une petite dizaine d'années, le parcours est plutôt pas mal. Vous avez finalement trouvé votre place dans le milieu littéraire français, vous avez tracé votre sillon. Si on faisait aujourd'hui un dictionnaire des auteurs...
Les merveilles de Claire Castillon - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Claire Castillon, « Les Merveilles », c'est vote onzième titre, c'est publié chez Grasset. On a sur cette couverture un joli petit chien qui a l'air vraiment très malheureux. Lorsque l'on découvre le « personnage » de Lulu, c'est le nom du chien, on comprend pourquoi a été fait le choix de cette couverture. Lulu, c'est le chien d'Evelyne et Evelyne c'est cette petite fille de douze ans que l'on va suivre sur plusieurs années. Le roman commence par le traumatisme causé par le père d'Evelyne.Claire...
Les merveilles de Claire Castillon - Le livre - Suite
Librairie « Les cahiers de Colette »23/25 rue Rambuteau75004 Paris
tél : 01 42 72 95 06
Claire Castillon, dans ce roman, va encore plus loin. Elle maîtrise de mieux en mieux son univers. Quand on voit cette charmante jeune femme qui a quand même un univers très dur et je trouve qu'elle s'affine de plus en plus et du coup c'est de plus en plus percutant. C'est un univers très rude. Ce qui pour moi résume un écrivain, c'est avoir un univers et une écriture et on constate qu'elle a vraiment un univers et l'écriture elle...
Les merveilles de Claire Castillon - L'avis du libraire - Suite
Claire Castillon
Les merveilles
Présentation 1'29Depuis son 1er roman, « Le grenier », en 2000, Claire Castillon ne cesse de surprendre, de dérouter ou d'émouvoir.
Alternant romans et récits, elle tient une place à part dans le paysage littéraire français et derrière sa discrétion, une certaine timidité, Claire Castillon a un tempérament bien trempé et une personnalité riche et attachante.
Son écriture est vive, cinglante, volontairement provocatrice. Les relations hommes-femme, le mensonge, le deuil, la violence, les tabous, la perversité font partie de son univers littéraire comme elle l'a montré dans ses précédents titres « La reine Claude », « Dessous, c'est l'enfer » ou « Les cris ».
Si ses recueils de nouvelles, telles « Les bulles » ou « Insectes » sont parfois plus légers, ils n'en témoignent pas moins d'une vision acerbe de notre époque, de nos modes de vie et personne n'en sort indemne.
Avec son 11ème livre, et il s'agit cette fois-ci d'un roman « Les merveilles », Claire Castillon se met dans la peau d'une gamine de 12 ans, traumatisée par son père, qui glissera lentement vers une sorte de folie où le rêve, le sexe et la violence s'associeront pour un épilogue brutal.
Librement inspiré d'un fait divers, « Les merveilles » est un roman qui ne s'interdit aucun tabou, une histoire dure, cruelle mais surtout une écriture très maîtrisée avec un langage gouailleux. Et un personnage central, Evelyne, que l'on aimera autant qu'on la détestera.
Pour nous parler de ce nouveau roman « Les merveilles » publié chez Grasset, Claire Castillon nous reçoit pour WTC.
Depuis son 1er roman, « Le grenier », en 2000, Claire Castillon ne cesse de surprendre, de dérouter ou d'émouvoir.
Alternant romans et récits, elle tient une place à part dans le paysage littéraire français et derrière sa discrétion, une certaine timidité, Claire Castillon a un tempérament bien trempé et une personnalité riche et attachante.
Son écriture est vive, cinglante, volontairement provocatrice. Les relations hommes-femme, le mensonge, le deuil, la violence, les tabous, la perversité font partie de son univers littéraire comme elle l'a montré dans ses précédents titres « La reine Claude », « Dessous, c'est l'enfer » ou « Les cris ».
Si ses recueils de nouvelles, telles « Les bulles » ou « Insectes » sont parfois plus légers, ils n'en témoignent pas moins d'une vision acerbe de notre époque, de nos modes de vie et personne n'en sort indemne.
Avec son 11ème livre, et il s'agit cette fois-ci d'un roman « Les merveilles », Claire Castillon se met dans la peau d'une gamine de 12 ans, traumatisée par son père, qui glissera lentement vers une sorte de folie où le rêve, le sexe et la violence s'associeront pour un épilogue brutal.
Librement inspiré d'un fait divers, « Les merveilles » est un roman qui ne s'interdit aucun tabou, une histoire dure, cruelle mais surtout une écriture très maîtrisée avec un langage gouailleux. Et un personnage central, Evelyne, que l'on aimera autant qu'on la détestera.
Pour nous parler de ce nouveau roman « Les merveilles » publié chez Grasset, Claire Castillon nous reçoit pour WTC.
Claire Castillon
Les merveilles
Portrait 3'44Philippe Chauveau :
Bonjour Claire Castillon. Merci de nous recevoir. « Les Merveilles », c'est votre nouveau livre, le onzième, publié chez Grasset. Onzième livre, mais c'est le huitième roman puisqu'il y a eu trois recueils de nouvelles dans les années précédentes. Ce qui veut dire onze livres en une petite dizaine d'années, le parcours est plutôt pas mal. Vous avez finalement trouvé votre place dans le milieu littéraire français, vous avez tracé votre sillon. Si on faisait aujourd'hui un dictionnaire des auteurs contemporains, quelle définition pourrait-on donner à Claire Castillon ?
Claire Castillon :
Il y a toujours une définition à laquelle je repense. C'était juste un adjectif qui m'a été donné par une lectrice suédoise... non, je dis une bêtise, hollandaise, qui m'avait dit « je pense qu'un jour on dira que votre littérature est bullaire » et je pense que ça m'avait inspiré le titre de mon recueil de nouvelles « Les bulles » et j'aime bien cette idée, j'aime bien que ce soit bullaire.
Philippe Chauveau :
Vous aimez croquer vos contemporains, vos semblables, vous aimez mettre en avant les défauts de vos contemporains. Vous êtes une observatrice ?
Claire Castillon :
Oui. Plus qu'une observatrice, je suis à longueur de temps perforée par des choses. J'ai vraiment le sentiment qu'on me poinçonne. Il y a des images amusantes qui restent en moi et puis des choses plus intenses, plus ingérables intérieurement pour moi qui du coup ressortent de mes personnages, je les habille.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous dites que l'on vous poinçonne, vous vous sentez agressée ?
Claire Castillon :
Je dirais pas agressée, ni abîmée, mais je dirais touchée, mais touchée de près. C'est comme si on me faisait un petit trou dans la peau. Quand je vois quelqu'un qui m'attire du regard parce que ça fait mal, ça m'arrive souvent d'avoir très mal, parce que quelqu'un passe et que je me dis « oh ça fait mal » et j'ai l'impression que ça me fait une espèce de bleu.
Philippe Chauveau :
L'écriture, est-ce une façon pour vous de créer un rempart entre vous et le monde extérieur ? Est-ce une façon de vous protéger ?
Claire Castillon :
C'est vraiment me protéger en transposant tout ce qui me blesse dans la vie. Je sais que ça servira à un livre et en même temps, c'est une mise en danger. Sans vouloir être pompeuse, c'est étrange quand même d'aller raconter ces choses là.
Philippe Chauveau :
Onze livres en à peu près onze années. Vous voulez essayer de tenir ce rythme là, ou c'est tout-à-fait par hasard ?
Claire Castillon :
C'est douze ans en fait. J'ai publié le premier en 2000. Je ne tiens pas un rythme. J'écris et c'est quasiment ma seule occupation, donc pour moi ce n'est pas un rythme effréné. Dans une journée, on a quand même le temps d'écrire, d'y penser dans sa tête, la nuit, le jour, de toute façon on y pense tout le temps, donc je ne pense pas que ce soit resserré comme rythme.
Philippe Chauveau :
Est-ce que l'écriture vous rend heureuse ?
Claire Castillon :
L'écriture non, mais la vie, je pense pour le coup. Je ne crois pas que ce soit l'écriture. L'écriture elle est beaucoup moins facile qu'au début, elle est beaucoup plus étrange, c'est un peu ma bête noire parfois alors qu'avant elle était ma copine, donc je ne peux pas dire qu'elle me rende heureuse, mais ce qui me rend heureuse, c'est la vie qu'elle m'offre de liberté.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Claire Castillon. Je rappelle votre actualité, votre nouveau roman « Les Merveilles » et c'est publié chez Grasset.
Philippe Chauveau :
Bonjour Claire Castillon. Merci de nous recevoir. « Les Merveilles », c'est votre nouveau livre, le onzième, publié chez Grasset. Onzième livre, mais c'est le huitième roman puisqu'il y a eu trois recueils de nouvelles dans les années précédentes. Ce qui veut dire onze livres en une petite dizaine d'années, le parcours est plutôt pas mal. Vous avez finalement trouvé votre place dans le milieu littéraire français, vous avez tracé votre sillon. Si on faisait aujourd'hui un dictionnaire des auteurs contemporains, quelle définition pourrait-on donner à Claire Castillon ?
Claire Castillon :
Il y a toujours une définition à laquelle je repense. C'était juste un adjectif qui m'a été donné par une lectrice suédoise... non, je dis une bêtise, hollandaise, qui m'avait dit « je pense qu'un jour on dira que votre littérature est bullaire » et je pense que ça m'avait inspiré le titre de mon recueil de nouvelles « Les bulles » et j'aime bien cette idée, j'aime bien que ce soit bullaire.
Philippe Chauveau :
Vous aimez croquer vos contemporains, vos semblables, vous aimez mettre en avant les défauts de vos contemporains. Vous êtes une observatrice ?
Claire Castillon :
Oui. Plus qu'une observatrice, je suis à longueur de temps perforée par des choses. J'ai vraiment le sentiment qu'on me poinçonne. Il y a des images amusantes qui restent en moi et puis des choses plus intenses, plus ingérables intérieurement pour moi qui du coup ressortent de mes personnages, je les habille.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous dites que l'on vous poinçonne, vous vous sentez agressée ?
Claire Castillon :
Je dirais pas agressée, ni abîmée, mais je dirais touchée, mais touchée de près. C'est comme si on me faisait un petit trou dans la peau. Quand je vois quelqu'un qui m'attire du regard parce que ça fait mal, ça m'arrive souvent d'avoir très mal, parce que quelqu'un passe et que je me dis « oh ça fait mal » et j'ai l'impression que ça me fait une espèce de bleu.
Philippe Chauveau :
L'écriture, est-ce une façon pour vous de créer un rempart entre vous et le monde extérieur ? Est-ce une façon de vous protéger ?
Claire Castillon :
C'est vraiment me protéger en transposant tout ce qui me blesse dans la vie. Je sais que ça servira à un livre et en même temps, c'est une mise en danger. Sans vouloir être pompeuse, c'est étrange quand même d'aller raconter ces choses là.
Philippe Chauveau :
Onze livres en à peu près onze années. Vous voulez essayer de tenir ce rythme là, ou c'est tout-à-fait par hasard ?
Claire Castillon :
C'est douze ans en fait. J'ai publié le premier en 2000. Je ne tiens pas un rythme. J'écris et c'est quasiment ma seule occupation, donc pour moi ce n'est pas un rythme effréné. Dans une journée, on a quand même le temps d'écrire, d'y penser dans sa tête, la nuit, le jour, de toute façon on y pense tout le temps, donc je ne pense pas que ce soit resserré comme rythme.
Philippe Chauveau :
Est-ce que l'écriture vous rend heureuse ?
Claire Castillon :
L'écriture non, mais la vie, je pense pour le coup. Je ne crois pas que ce soit l'écriture. L'écriture elle est beaucoup moins facile qu'au début, elle est beaucoup plus étrange, c'est un peu ma bête noire parfois alors qu'avant elle était ma copine, donc je ne peux pas dire qu'elle me rende heureuse, mais ce qui me rend heureuse, c'est la vie qu'elle m'offre de liberté.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Claire Castillon. Je rappelle votre actualité, votre nouveau roman « Les Merveilles » et c'est publié chez Grasset.
Claire Castillon
Les merveilles
Le livre 4'17Philippe Chauveau :
Claire Castillon, « Les Merveilles », c'est vote onzième titre, c'est publié chez Grasset. On a sur cette couverture un joli petit chien qui a l'air vraiment très malheureux. Lorsque l'on découvre le « personnage » de Lulu, c'est le nom du chien, on comprend pourquoi a été fait le choix de cette couverture. Lulu, c'est le chien d'Evelyne et Evelyne c'est cette petite fille de douze ans que l'on va suivre sur plusieurs années. Le roman commence par le traumatisme causé par le père d'Evelyne.
Claire Castillon :
Son père, un jour, furieux que ses voisins lui laissent des mots agressifs parce que le chien d'Evelyne fait trop de bruit, attache le chien à la boule de traction de la voiture et démarre et donc le chien court derrière la voiture et évidemment se blesse infiniment et la petite est témoin de ça.
Philippe Chauveau :
Et cela va lui causer une sorte de fêlure. C'est aussi une jeune fille et ensuite une jeune femme qui a envie d'aimer.
Claire Castillon :
Je pense qu'elle a envie d'être aimé surtout. Et elle évolue dans une famille qui ne lui convient pas, ou elle trouve tout le monde assez « bof ». Elle a un regard sur les autres qui est extrêmement méprisant, elle les déteste. Elle se dit je pense « quand je serai femme, ça va changer » parce que quand on est femme on s'en va. En effet, elle se fait dépuceler très jeune en se disant que c'est la meilleure solution, rien ne se passe, c'est toujours aussi sordide. Et puis, elle se marie avec un homme, à nouveau peut-être pour vraiment laisser la petite fille de côté et s'occuper de la femme. Et là encore, elle a beau être femme, elle a beau être mère, elle se dit « mais quel ennui ! »
Philippe Chauveau :
Elle est insatisfaite.
Claire Castillon :
Sa satisfaction, elle la trouve en décidant de rencontrer des clients et d'être prostituée à domicile en fait.
Philippe Chauveau :
Tout en disant à son mari qu'elle fait des ménages dans une usine.
Claire Castillon :
Elle s'occupe d'elle comme ça. Elle se dit c'est mieux payé, « j'aime bien l'argent ». Elle a une vraie attirance pour le luxe, le beau et avec toutes ces passes qu'elle fait, elle s'achète des choses qu'elle enferme dans le coffre de sa voiture puisqu'elle ne peut pas les ramener à la maison, car c'est louche. Parfois, elle en rapporte quand même en disant « c'est mon patron qui me les a offert », c'est du champagne, c'est cadeau. Mais elle aspire à plus grand, elle aspire à plus beau et c'est ça que je trouve touchant chez elle.
Philippe Chauveau :
Cette histoire vous a été inspirée par un fait-divers ?
Claire Castillon :
Deux fait-divers en fait car l'histoire du chien tiré sur la route est un fait-divers réel que j'avais lu sur internet et l'histoire de cette femme qui a fait croire à son mari qu'elle était femme de ménage alors qu'elle était prostituée et qui a fini par assassiner de dix-huit coups de couteau l'amant qu'elle a aimé puis assassiné puisqu'il menaçait de révéler, non seulement qu'elle était prostituée, mais qu'en plus ils étaient amants, ça c'est un fait-divers aussi.
Philippe Chauveau :
L'histoire est violente, dure, sombre, il y a certains passages qui sont très crus, puisque le sexe est très présent. Vous avez eu envie de dérouter vos lecteurs ou c'est vraiment le personnage d'Evelyne qui est comme ça ?
Claire Castillon :
Dérouter mon lecteur, ça ne m'intéresse pas. Dérouter non, l'attirer et le garder oui, parce que je pense que c'est le rapport que j'ai avec eu. C'est-à-dire avec ceux qui aiment mes livres et il y a vraiment un rapport d'attraction, j'ai besoin de les mettre dans le texte, de les amener à ne pas pouvoir le quitter. Et avec ceux avec qui c'est plus difficile, il y a vraiment un rapport d'attraction-répulsion, mais c'est vraiment très intéressant, c'es-à-dire qu'à chaque fois ça me fait plaisir quand un lecteur me dit « votre livre, j'essaie, mais c'est violent, j'ai du mal et en même temps je n'arrive pas du tout à m'en détacher », je sens que je l'agace et je me dis que ça sert à ça de lire. Bien sûr, ça sert à s'évader, mais ça sert aussi à éclairer en soi une partie qu'on ne connaissait pas et à se dire mais si ça me torture autant, si ça me choque, si ça me blesse, c'est peut-être aussi parce que ça me rappelle quelque chose.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Claire Castillon. Votre onzième livre et votre huitième roman en l'occurrence « Les Merveilles » et c'est publié chez Grasset.
Philippe Chauveau :
Claire Castillon, « Les Merveilles », c'est vote onzième titre, c'est publié chez Grasset. On a sur cette couverture un joli petit chien qui a l'air vraiment très malheureux. Lorsque l'on découvre le « personnage » de Lulu, c'est le nom du chien, on comprend pourquoi a été fait le choix de cette couverture. Lulu, c'est le chien d'Evelyne et Evelyne c'est cette petite fille de douze ans que l'on va suivre sur plusieurs années. Le roman commence par le traumatisme causé par le père d'Evelyne.
Claire Castillon :
Son père, un jour, furieux que ses voisins lui laissent des mots agressifs parce que le chien d'Evelyne fait trop de bruit, attache le chien à la boule de traction de la voiture et démarre et donc le chien court derrière la voiture et évidemment se blesse infiniment et la petite est témoin de ça.
Philippe Chauveau :
Et cela va lui causer une sorte de fêlure. C'est aussi une jeune fille et ensuite une jeune femme qui a envie d'aimer.
Claire Castillon :
Je pense qu'elle a envie d'être aimé surtout. Et elle évolue dans une famille qui ne lui convient pas, ou elle trouve tout le monde assez « bof ». Elle a un regard sur les autres qui est extrêmement méprisant, elle les déteste. Elle se dit je pense « quand je serai femme, ça va changer » parce que quand on est femme on s'en va. En effet, elle se fait dépuceler très jeune en se disant que c'est la meilleure solution, rien ne se passe, c'est toujours aussi sordide. Et puis, elle se marie avec un homme, à nouveau peut-être pour vraiment laisser la petite fille de côté et s'occuper de la femme. Et là encore, elle a beau être femme, elle a beau être mère, elle se dit « mais quel ennui ! »
Philippe Chauveau :
Elle est insatisfaite.
Claire Castillon :
Sa satisfaction, elle la trouve en décidant de rencontrer des clients et d'être prostituée à domicile en fait.
Philippe Chauveau :
Tout en disant à son mari qu'elle fait des ménages dans une usine.
Claire Castillon :
Elle s'occupe d'elle comme ça. Elle se dit c'est mieux payé, « j'aime bien l'argent ». Elle a une vraie attirance pour le luxe, le beau et avec toutes ces passes qu'elle fait, elle s'achète des choses qu'elle enferme dans le coffre de sa voiture puisqu'elle ne peut pas les ramener à la maison, car c'est louche. Parfois, elle en rapporte quand même en disant « c'est mon patron qui me les a offert », c'est du champagne, c'est cadeau. Mais elle aspire à plus grand, elle aspire à plus beau et c'est ça que je trouve touchant chez elle.
Philippe Chauveau :
Cette histoire vous a été inspirée par un fait-divers ?
Claire Castillon :
Deux fait-divers en fait car l'histoire du chien tiré sur la route est un fait-divers réel que j'avais lu sur internet et l'histoire de cette femme qui a fait croire à son mari qu'elle était femme de ménage alors qu'elle était prostituée et qui a fini par assassiner de dix-huit coups de couteau l'amant qu'elle a aimé puis assassiné puisqu'il menaçait de révéler, non seulement qu'elle était prostituée, mais qu'en plus ils étaient amants, ça c'est un fait-divers aussi.
Philippe Chauveau :
L'histoire est violente, dure, sombre, il y a certains passages qui sont très crus, puisque le sexe est très présent. Vous avez eu envie de dérouter vos lecteurs ou c'est vraiment le personnage d'Evelyne qui est comme ça ?
Claire Castillon :
Dérouter mon lecteur, ça ne m'intéresse pas. Dérouter non, l'attirer et le garder oui, parce que je pense que c'est le rapport que j'ai avec eu. C'est-à-dire avec ceux qui aiment mes livres et il y a vraiment un rapport d'attraction, j'ai besoin de les mettre dans le texte, de les amener à ne pas pouvoir le quitter. Et avec ceux avec qui c'est plus difficile, il y a vraiment un rapport d'attraction-répulsion, mais c'est vraiment très intéressant, c'es-à-dire qu'à chaque fois ça me fait plaisir quand un lecteur me dit « votre livre, j'essaie, mais c'est violent, j'ai du mal et en même temps je n'arrive pas du tout à m'en détacher », je sens que je l'agace et je me dis que ça sert à ça de lire. Bien sûr, ça sert à s'évader, mais ça sert aussi à éclairer en soi une partie qu'on ne connaissait pas et à se dire mais si ça me torture autant, si ça me choque, si ça me blesse, c'est peut-être aussi parce que ça me rappelle quelque chose.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Claire Castillon. Votre onzième livre et votre huitième roman en l'occurrence « Les Merveilles » et c'est publié chez Grasset.
Claire Castillon
Les merveilles
L'avis du libraire 1'05Librairie « Les cahiers de Colette »
23/25 rue Rambuteau
75004 Paris
tél : 01 42 72 95 06
Claire Castillon, dans ce roman, va encore plus loin. Elle maîtrise de mieux en mieux son univers. Quand on voit cette charmante jeune femme qui a quand même un univers très dur et je trouve qu'elle s'affine de plus en plus et du coup c'est de plus en plus percutant. C'est un univers très rude. Ce qui pour moi résume un écrivain, c'est avoir un univers et une écriture et on constate qu'elle a vraiment un univers et l'écriture elle la maîtrise de mieux en mieux. Elle paraît simple l'écriture, mais en fait elle est très percutante. C'est un auteur qui a un regard très incisif sur tous les travers, non pas de la société, mais des individus. Elle a un regard très acéré.
Librairie « Les cahiers de Colette »
23/25 rue Rambuteau
75004 Paris
tél : 01 42 72 95 06
Claire Castillon, dans ce roman, va encore plus loin. Elle maîtrise de mieux en mieux son univers. Quand on voit cette charmante jeune femme qui a quand même un univers très dur et je trouve qu'elle s'affine de plus en plus et du coup c'est de plus en plus percutant. C'est un univers très rude. Ce qui pour moi résume un écrivain, c'est avoir un univers et une écriture et on constate qu'elle a vraiment un univers et l'écriture elle la maîtrise de mieux en mieux. Elle paraît simple l'écriture, mais en fait elle est très percutante. C'est un auteur qui a un regard très incisif sur tous les travers, non pas de la société, mais des individus. Elle a un regard très acéré.