Romancier, dramaturge, metteur en scène, Eric-Emmanuel Schmitt a connu le succès dès le début des années 90 ; Variations énigmatiques, La Tectonique des sentiments, ou Petits crimes conjugaux sont désormais joués dans le monde entier.
Le roman est venu un tout petit peu plus tard mais avec le même talent. La Part de l'autre, Ma vie avec Mozart, ou plus récemment Lorsque j'étais une œuvre d'art sont aujourd'hui traduits dans une quinzaine de langues. Certains de ses romans sont adaptés au cinéma, Monsieur Ibrahim et les...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Eric-Emmanuel Schmitt bonjour et merci de nous rejoindre sur Web TV Culture. Double actualité chez Albin Michel avec Ulysse From Bagdad qui est sorti il y a quelques semaines et puis aujourd'hui sort Le sumo Qui Ne Pouvait Pas Grossir. On y reviendra dans quelques instants car j'aimerais bien qu'on s'attarde sur votre parcours. Comment avez-vous découvert le théâtre et pourquoi cette envie d'écriture théâtrale?
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai découvert le théâtre quand j'avais dix ans en voyant Cyrano de Bergerac...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Portrait - Suite
Philippe Chauveau
Eric-Emmanuel Schmitt, sur Web TV Culture, merci d'être avec nous. Double actualité chez Albin Michel, avec Ulysse from Bagdad qui est sorti il y a quelques semaines maintenant, et puis Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, c'est un petit livre, qui n'est pas épais du tout, mais alors quelle histoire !
Eric-Emmanuel Schmitt
Donc là j'ai écrit l'histoire vraiment d'un garçon qui est en rupture, en rupture avec sa famille, en rupture avec la société, il erre dans les rues de Tokyo, il gagne sa vie avec des petites...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Le livre - Suite
Agnès Gateff
L'attrape-Mots
212 rue de Paradis
13006 MARSEILLE
04 91 57 08 34
Eric-Emmanuel Schmitt, il vient du théâtre. Il a écrit un certain nombre de livres à succès, dont Oscar et la Dame en rose, Milarepa, Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar a d'ailleurs été adapté au théâtre avec Danielle Darrieux. Pourquoi il a autant de succès auprès du public ? Je pense que c'est quelqu'un qui a une écriture éminemment humaine, il parle d'humanité, donc forcément ça parle aux gens.
Il va s'intéresser au destin, au destin...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - L'avis du libraire - Suite
Eric-Emmanuel Schmitt
Le sumo qui ne pouvait pas grossir
Présentation 1'21Romancier, dramaturge, metteur en scène, Eric-Emmanuel Schmitt a connu le succès dès le début des années 90 ; Variations énigmatiques, La Tectonique des sentiments, ou Petits crimes conjugaux sont désormais joués dans le monde entier.
Le roman est venu un tout petit peu plus tard mais avec le même talent. La Part de l'autre, Ma vie avec Mozart, ou plus récemment Lorsque j'étais une oeuvre d'art sont aujourd'hui traduits dans une quinzaine de langues. Certains de ses romans sont adaptés au cinéma, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Odette Toulemonde, et bientôt Oscar et la Dame en rose.
Eric-Emmanuel Schmitt est un homme discret, mais il me pardonnera de rappeler qu'il est depuis plusieurs années déjà dans le top 10 des meilleures ventes de livres en France. Dans ses pièces, comme ans ses romans, il fait montre d'un style fluide, élégant, inventif, où aucun des mots choisis n'est anodin. Sous couvert de fables, de paraboles, parfois teintées d'humour, Eric-Emmanuel Schmitt regarde notre société sans concession mais avec clairvoyance.
Eric-Emmanuel Schmitt est avec nous aujourd'hui sur Web TV Culture pour une double actualité chez Albin Michel. Ulysse from Bagdad, ou l'épopée picaresque d'un jeun Irakien qui tente de fuir son pays pour une vie meilleure, et puis Le Sumo qui ne voulait pas grossir, un petit roman très court, mais superbe, sur les difficultés de l'adolescence.
Deux romans donc, signés Eric-Emmanuel Schmitt, à découvrir ensemble sur Web TV Culture.
Le roman est venu un tout petit peu plus tard mais avec le même talent. La Part de l'autre, Ma vie avec Mozart, ou plus récemment Lorsque j'étais une œuvre d'art sont aujourd'hui traduits dans une quinzaine de langues. Certains de ses romans sont adaptés au cinéma, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Odette Toulemonde, et bientôt Oscar et la Dame en rose.
Eric-Emmanuel Schmitt est un homme discret, mais il me pardonnera de rappeler qu'il est depuis plusieurs années déjà dans le top 10 des meilleures ventes de livres en France. Dans ses pièces, comme ans ses romans, il fait montre d'un style fluide, élégant, inventif, où aucun des mots choisis n'est anodin. Sous couvert de fables, de paraboles, parfois teintées d'humour, Eric-Emmanuel Schmitt regarde notre société sans concession mais avec clairvoyance.
Eric-Emmanuel Schmitt est avec nous aujourd'hui sur Web TV Culture pour une double actualité chez Albin Michel. Ulysse from Bagdad, ou l'épopée picaresque d'un jeun Irakien qui tente de fuir son pays pour une vie meilleure, et puis Le Sumo qui ne voulait pas grossir, un petit roman très court, mais superbe, sur les difficultés de l'adolescence.
Deux romans donc, signés Eric-Emmanuel Schmitt, à découvrir ensemble sur Web TV Culture.
Eric-Emmanuel Schmitt
Le sumo qui ne pouvait pas grossir
Portrait 4'19Philippe Chauveau
Eric-Emmanuel Schmitt bonjour et merci de nous rejoindre sur Web TV Culture. Double actualité chez Albin Michel avec Ulysse From Bagdad qui est sorti il y a quelques semaines et puis aujourd'hui sort Le sumo Qui Ne Pouvait Pas Grossir. On y reviendra dans quelques instants car j'aimerais bien qu'on s'attarde sur votre parcours. Comment avez-vous découvert le théâtre et pourquoi cette envie d'écriture théâtrale?
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai découvert le théâtre quand j'avais dix ans en voyant Cyrano de Bergerac et j'ai été bouleversé. J'étais un petit garçon aimé et je n'imaginais pas qu'on puisse ne pas croire à l'amour des autres. Donc j'ai été bouleversé par Cyrano. Et en sortant du théâtre, j'ai dit à ma mère: "je veux faire ça plus tard et être le monsieur qui fait pleurer tout le monde". Elle me dit: "Ah Bon? Tu veux être acteur?" Et je me tourne vers l'affiche et je lui dis: "Non, Edmond Rostand" car j'avais compris que c'était le dramaturge qui organisait tout cet organisme d'émotion.
Philippe Chauveau
Justement en 1995, et 4 ans après la première pièce, vous vous mettez au roman. Est-ce que l'écriture théâtrale et l'écriture du roman sont deux mêmes choses ou est-ce différent?
Eric-Emmanuel Schmitt
Pas du tout. Quand il s'agit d'une crise, c'est une pièce de théâtre. Quand il s'agit d'un parcours initiatique, avec le temps qui transforme les personnages, c'est un roman. Le théâtre existe sans la durée. C'est le temps tragique ou comique mais c'est un temps hors du temps. Le roman me permet plutôt de montrer comment l'épaisseur des jours permet au personnage d'évoluer et de maturer. Ce qui fait d'ailleurs que mes romans ou mes nouvelles sont plus optimistes que mon théâtre qui est plus aigu.
Philippe Chauveau
Est-ce que le plaisir d'écrire est le même?
Eric-Emmanuel Schmitt
Oui. Parce que moi je n'écris pas mais j'écoute. C'est à dire que mes personnages me parlent. Mais ce n'est pas moi qui les fait parler. Mais quand tout d'un coup, je sens que c'est juste, c'est à dire que ce n'est que le personnage qui parle et je ne suis que le scribe, je suis profondément heureux car je sais que je suis juste. Je ne suis là que pour noter l'histoire sur le papier. Je ne sais pas d`où elle vient mais je sais qu'elle finit sur le papier et que j'y mets mon nom.
Philippe Chauveau
Le cinéma parlons en aussi parce qu'il y a eu M. Ibrahim et Les Fleurs Du Coran qui a valu un césar du meilleur acteur à Omar Shariff. Puis, vous avez mis en scène Odette Toulemonde et bientôt Oscar et La Dame en Rose. Le cinéma est-il une nouvelle aventure? Comment le vivez-vous?
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai peut-être rêvé de cinéma avant de rêver d'écrire...Quand j'avais dix ou onze ans et qu'on me disait ce que je voulais faire plus tard, je faisais toujours le geste de la caméra à manivelle, parce que j'avais vu des reportages sur les premières caméras à manivelle et que mon père en avais une.
Philippe Chauveau
Quels sont les auteurs contemporains ou classiques qui vous accompagnent et que vous aimez avoir en livre de chevet?
Eric-Emmanuel Schmitt
Je vais vous dire ce que je lisais hier soir: c'était Colette, comme très souvent. Je suis un fou de Colette et je trouve que c'est un des plus grands écrivains et une des plus belles proses. C'est écrit avec l'intelligence la moins idéologique, la plus terrienne et terrestre qui existe. J'adore donc Colette, j'adore Proust, Laclos et beaucoup d'écrivains du 18e siècle.
Philippe Chauveau
Et la littérature d'aujourd'hui? Est-ce qu'il y a des auteurs que vous aimez suivre?
Eric-Emmanuel Schmitt
Oui Bien sûr ! Dans ma génération?
Philippe Chauveau
oui.
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai une grande tendresse pour Amélie Nothomb qui ne réussit pas toujours tout ses livres mais quand elle en réussit un c'est tellement formidable. J'aime beaucoup Philippe Claudel, j'aime bien Philippe Besson pour prendre des gens qui sont plus jeunes que moi.
Philippe Chauveau
Bien plus tard, quand on vous mettra dans un dictionnaire des grands noms, vous voudriez qu'on dise écrivain, dramaturge, cinéaste, raconteur d'histoire, poète ?
Eric-Emmanuel Schmitt
Écrivain. J'ai toujours aimé ce nom. J'écris pour la scène, j'écris pour l'écran et j'écris sur les pages des livres. J'imprime...
Philippe Chauveau
Un petit bonheur du quotidien pour Eric-Emmanuel Schmitt c'est quoi?
Eric-Emmanuel Schmitt
Un échange de sourire avec un inconnu ou une inconnue dans la rue. Vous savez, il y a des sourires où on a l'impression que le ciel se découvre...
Philippe Chauveau
Eric-Emmanuel Schmitt Merci. Double actualité chez Albin Michel: Le Sumo Qui Ne Pouvait Pas Grossir et Ulysse From Bagdad
Eric-Emmanuel Schmitt bonjour et merci de nous rejoindre sur Web TV Culture. Double actualité chez Albin Michel avec Ulysse From Bagdad qui est sorti il y a quelques semaines et puis aujourd'hui sort Le sumo Qui Ne Pouvait Pas Grossir. On y reviendra dans quelques instants car j'aimerais bien qu'on s'attarde sur votre parcours. Comment avez-vous découvert le théâtre et pourquoi cette envie d'écriture théâtrale?
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai découvert le théâtre quand j'avais dix ans en voyant Cyrano de Bergerac et j'ai été bouleversé. J'étais un petit garçon aimé et je n'imaginais pas qu'on puisse ne pas croire à l'amour des autres. Donc j'ai été bouleversé par Cyrano. Et en sortant du théâtre, j'ai dit à ma mère: "je veux faire ça plus tard et être le monsieur qui fait pleurer tout le monde". Elle me dit: "Ah Bon? Tu veux être acteur?" Et je me tourne vers l'affiche et je lui dis: "Non, Edmond Rostand" car j'avais compris que c'était le dramaturge qui organisait tout cet organisme d'émotion.
Philippe Chauveau
Justement en 1995, et 4 ans après la première pièce, vous vous mettez au roman. Est-ce que l'écriture théâtrale et l'écriture du roman sont deux mêmes choses ou est-ce différent?
Eric-Emmanuel Schmitt
Pas du tout. Quand il s'agit d'une crise, c'est une pièce de théâtre. Quand il s'agit d'un parcours initiatique, avec le temps qui transforme les personnages, c'est un roman. Le théâtre existe sans la durée. C'est le temps tragique ou comique mais c'est un temps hors du temps. Le roman me permet plutôt de montrer comment l'épaisseur des jours permet au personnage d'évoluer et de maturer. Ce qui fait d'ailleurs que mes romans ou mes nouvelles sont plus optimistes que mon théâtre qui est plus aigu.
Philippe Chauveau
Est-ce que le plaisir d'écrire est le même?
Eric-Emmanuel Schmitt
Oui. Parce que moi je n'écris pas mais j'écoute. C'est à dire que mes personnages me parlent. Mais ce n'est pas moi qui les fait parler. Mais quand tout d'un coup, je sens que c'est juste, c'est à dire que ce n'est que le personnage qui parle et je ne suis que le scribe, je suis profondément heureux car je sais que je suis juste. Je ne suis là que pour noter l'histoire sur le papier. Je ne sais pas d`où elle vient mais je sais qu'elle finit sur le papier et que j'y mets mon nom.
Philippe Chauveau
Le cinéma parlons en aussi parce qu'il y a eu M. Ibrahim et Les Fleurs Du Coran qui a valu un césar du meilleur acteur à Omar Shariff. Puis, vous avez mis en scène Odette Toulemonde et bientôt Oscar et La Dame en Rose. Le cinéma est-il une nouvelle aventure? Comment le vivez-vous?
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai peut-être rêvé de cinéma avant de rêver d'écrire...Quand j'avais dix ou onze ans et qu'on me disait ce que je voulais faire plus tard, je faisais toujours le geste de la caméra à manivelle, parce que j'avais vu des reportages sur les premières caméras à manivelle et que mon père en avais une.
Philippe Chauveau
Quels sont les auteurs contemporains ou classiques qui vous accompagnent et que vous aimez avoir en livre de chevet?
Eric-Emmanuel Schmitt
Je vais vous dire ce que je lisais hier soir: c'était Colette, comme très souvent. Je suis un fou de Colette et je trouve que c'est un des plus grands écrivains et une des plus belles proses. C'est écrit avec l'intelligence la moins idéologique, la plus terrienne et terrestre qui existe. J'adore donc Colette, j'adore Proust, Laclos et beaucoup d'écrivains du 18e siècle.
Philippe Chauveau
Et la littérature d'aujourd'hui? Est-ce qu'il y a des auteurs que vous aimez suivre?
Eric-Emmanuel Schmitt
Oui Bien sûr ! Dans ma génération?
Philippe Chauveau
oui.
Eric-Emmanuel Schmitt
J'ai une grande tendresse pour Amélie Nothomb qui ne réussit pas toujours tout ses livres mais quand elle en réussit un c'est tellement formidable. J'aime beaucoup Philippe Claudel, j'aime bien Philippe Besson pour prendre des gens qui sont plus jeunes que moi.
Philippe Chauveau
Bien plus tard, quand on vous mettra dans un dictionnaire des grands noms, vous voudriez qu'on dise écrivain, dramaturge, cinéaste, raconteur d'histoire, poète ?
Eric-Emmanuel Schmitt
Écrivain. J'ai toujours aimé ce nom. J'écris pour la scène, j'écris pour l'écran et j'écris sur les pages des livres. J'imprime...
Philippe Chauveau
Un petit bonheur du quotidien pour Eric-Emmanuel Schmitt c'est quoi?
Eric-Emmanuel Schmitt
Un échange de sourire avec un inconnu ou une inconnue dans la rue. Vous savez, il y a des sourires où on a l'impression que le ciel se découvre...
Philippe Chauveau
Eric-Emmanuel Schmitt Merci. Double actualité chez Albin Michel: Le Sumo Qui Ne Pouvait Pas Grossir et Ulysse From Bagdad
Eric-Emmanuel Schmitt
Le sumo qui ne pouvait pas grossir
Le livre 4'18Philippe Chauveau
Eric-Emmanuel Schmitt, sur Web TV Culture, merci d'être avec nous. Double actualité chez Albin Michel, avec Ulysse from Bagdad qui est sorti il y a quelques semaines maintenant, et puis Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, c'est un petit livre, qui n'est pas épais du tout, mais alors quelle histoire !
Eric-Emmanuel Schmitt
Donc là j'ai écrit l'histoire vraiment d'un garçon qui est en rupture, en rupture avec sa famille, en rupture avec la société, il erre dans les rues de Tokyo, il gagne sa vie avec des petites contrebandes, des petites fraudes, il a perdu toute idée de construire son avenir, et puis il va rencontrer un homme qui va lui dire : "je vois un gros en toi." Et ça c'est absurde parce qu'il est maigre comme tout, il est famélique. Pris de toute une série d'aventures, on va comprendre que ce vieil homme dirige une école de sumos et est persuadé qu'il y a un futur lutteur, c'est-à-dire un futur gros, un futur champion en June. Et June va, presque à son corps défendant se prêter au jeu, et tout d'un coup, faire l'apprentissage de cet art martial très étrange qui est le sumo et puis tenter de gagner en force, en puissance, en poids, en astuce, en concentration, et ce n'est pas si facile que ça.
Philippe Chauveau
Le décor c'est Tokyo, le Japon, mais un Japon sur lequel vous émettez quelques réserves. Les professions, la difficulté de travailler...
Eric-Emmanuel Schmitt
J'aurais pu dire pire, parce qu'en ce moment il y a beaucoup de personnes qui sont sous des tentes bleues dans Tokyo, c'est-à-dire qui sont vraiment sans abri et qui se battent pour chiper la tente bleue de quelqu'un d'autre, etc. etc.
Philippe Chauveau
Revenons sur le personnage de June. C'est donc un adolescent, il y a des difficultés relationnelles avec sa mère. Le personnage du père aussi, qui est un personnage absent. Et justement j'ai envie de rebondir sur Ulysse, Ulysse from Bagdad où la encore le père est absent, différemment--
Eric-Emmanuel Schmitt
Quoi que...
Philippe Chauveau
Quoi que... mais différemment, le père meurt lui aussi...
Eric-Emmanuel Schmitt
Je raconte cette difficulté de passer d'une génération à une autre, et comment parfois ça se reconstruit à côté, parce qu'il y a quand même, toutes mes histoires sont des histoires de transmissions réussies, mais pas forcément dans le sang.
Philippe Chauveau
Ulysse from Bagdad, donc là, comme le titre l'indique nous sommes à Bagdad avec un jeune qui est un peu plus âgé que June--
Eric-Emmanuel Schmitt
Oui.
Philippe Chauveau
--puisque c'est un jeune adulte. Il s'appelle Saad, ce qui veut dire "espoir" en arabe, et "triste", "tristesse" en anglais, évidemment ce n'est pas innocent le prénom de ce héros.
Eric-Emmanuel Schmitt
Ben non parce qu'il est entre ces deux sentiments, entre l'espoir, ce que signifie son nom en arabe, et la tristesse, parce qu'il naît dans une ville qui est au moment de Saddam Hussein, qu'il a vingt ans quand les Américains arrivent pour libérer l'Irak de Saddam Hussein et en même temps installer un chaos, et ce garçon, qui lui a une cellule familiale dans laquelle il est très heureux, c'est parce que ce qu'il y a autour rend impossible toute maîtrise de sa vie, toute expansion, même l'apprentissage d'un quelconque métier, etc., lui va être obligé de partir à la demande de sa mère, car souvent les gens qui partent c'est à la demande de la mère, qui dit au fils, va, sauve-nous, va à l'étranger, travaille et envoie-nous de l'argent. Comme il devient un sans-papiers, un migrant, un clandestin, eh bien il va vivre une odyssée contemporaine. Je me sers d'Ulysse pour donner son statut de héros à ce clandestin et aussi pour m'amuser parce qu'il y a quand même toujours chez moi la volonté de ne pas rajouter du tragique au tragique. Le tragique est déjà là, alors c'est essayer de voir qui est devenue Circé aujourd'hui, le cyclope, etc., je pense que c'est un facteur aussi d'embellissement de la lecture, de travail sur le mythe et une façon de mettre notre monde au miroir du monde ancien et de montrer la différence entre le voyage d'Ulysse et le voyage de Saad. Le voyage d'Ulysse est un voyage de retour et le voyage de Saad est un voyage d'aller.
Philippe Chauveau
Que ce soit dans Le Sumo où là on parle de l'adolescence, les difficultés de l'adolescence ou dans Ulysse où là on parle de la guerre, on parle des clandestins, c'est l'actualité, mais avec toujours cette poésie.
Eric-Emmanuel Schmitt
Je crois à ça, moi je suis ému par la beauté des gens, la beauté, je parle pas de la beauté physique seulement, d'ailleurs même de ça, je parle assez peu, je parle de la beauté des regards, la beauté des sentiments, de la fragilité des êtres, moi c'est une chose qui me bouleverse...
Philippe Chauveau
Merci beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt. Je rappelle les titres de ces deux ouvrages chez Albin Michel, Le Sumo qui ne pouvait pas grossir et Ulysse from Bagdad.
Eric-Emmanuel Schmitt, sur Web TV Culture, merci d'être avec nous. Double actualité chez Albin Michel, avec Ulysse from Bagdad qui est sorti il y a quelques semaines maintenant, et puis Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, c'est un petit livre, qui n'est pas épais du tout, mais alors quelle histoire !
Eric-Emmanuel Schmitt
Donc là j'ai écrit l'histoire vraiment d'un garçon qui est en rupture, en rupture avec sa famille, en rupture avec la société, il erre dans les rues de Tokyo, il gagne sa vie avec des petites contrebandes, des petites fraudes, il a perdu toute idée de construire son avenir, et puis il va rencontrer un homme qui va lui dire : "je vois un gros en toi." Et ça c'est absurde parce qu'il est maigre comme tout, il est famélique. Pris de toute une série d'aventures, on va comprendre que ce vieil homme dirige une école de sumos et est persuadé qu'il y a un futur lutteur, c'est-à-dire un futur gros, un futur champion en June. Et June va, presque à son corps défendant se prêter au jeu, et tout d'un coup, faire l'apprentissage de cet art martial très étrange qui est le sumo et puis tenter de gagner en force, en puissance, en poids, en astuce, en concentration, et ce n'est pas si facile que ça.
Philippe Chauveau
Le décor c'est Tokyo, le Japon, mais un Japon sur lequel vous émettez quelques réserves. Les professions, la difficulté de travailler...
Eric-Emmanuel Schmitt
J'aurais pu dire pire, parce qu'en ce moment il y a beaucoup de personnes qui sont sous des tentes bleues dans Tokyo, c'est-à-dire qui sont vraiment sans abri et qui se battent pour chiper la tente bleue de quelqu'un d'autre, etc. etc.
Philippe Chauveau
Revenons sur le personnage de June. C'est donc un adolescent, il y a des difficultés relationnelles avec sa mère. Le personnage du père aussi, qui est un personnage absent. Et justement j'ai envie de rebondir sur Ulysse, Ulysse from Bagdad où la encore le père est absent, différemment—
Eric-Emmanuel Schmitt
Quoi que...
Philippe Chauveau
Quoi que... mais différemment, le père meurt lui aussi...
Eric-Emmanuel Schmitt
Je raconte cette difficulté de passer d'une génération à une autre, et comment parfois ça se reconstruit à côté, parce qu'il y a quand même, toutes mes histoires sont des histoires de transmissions réussies, mais pas forcément dans le sang.
Philippe Chauveau
Ulysse from Bagdad, donc là, comme le titre l'indique nous sommes à Bagdad avec un jeune qui est un peu plus âgé que June--
Eric-Emmanuel Schmitt
Oui.
Philippe Chauveau
--puisque c'est un jeune adulte. Il s'appelle Saad, ce qui veut dire "espoir" en arabe, et "triste", "tristesse" en anglais, évidemment ce n'est pas innocent le prénom de ce héros.
Eric-Emmanuel Schmitt
Ben non parce qu'il est entre ces deux sentiments, entre l'espoir, ce que signifie son nom en arabe, et la tristesse, parce qu'il naît dans une ville qui est au moment de Saddam Hussein, qu'il a vingt ans quand les Américains arrivent pour libérer l'Irak de Saddam Hussein et en même temps installer un chaos, et ce garçon, qui lui a une cellule familiale dans laquelle il est très heureux, c'est parce que ce qu'il y a autour rend impossible toute maîtrise de sa vie, toute expansion, même l'apprentissage d'un quelconque métier, etc., lui va être obligé de partir à la demande de sa mère, car souvent les gens qui partent c'est à la demande de la mère, qui dit au fils, va, sauve-nous, va à l'étranger, travaille et envoie-nous de l'argent. Comme il devient un sans-papiers, un migrant, un clandestin, eh bien il va vivre une odyssée contemporaine. Je me sers d'Ulysse pour donner son statut de héros à ce clandestin et aussi pour m'amuser parce qu'il y a quand même toujours chez moi la volonté de ne pas rajouter du tragique au tragique. Le tragique est déjà là, alors c'est essayer de voir qui est devenue Circé aujourd'hui, le cyclope, etc., je pense que c'est un facteur aussi d'embellissement de la lecture, de travail sur le mythe et une façon de mettre notre monde au miroir du monde ancien et de montrer la différence entre le voyage d'Ulysse et le voyage de Saad. Le voyage d'Ulysse est un voyage de retour et le voyage de Saad est un voyage d'aller.
Philippe Chauveau
Que ce soit dans Le Sumo où là on parle de l'adolescence, les difficultés de l'adolescence ou dans Ulysse où là on parle de la guerre, on parle des clandestins, c'est l'actualité, mais avec toujours cette poésie.
Eric-Emmanuel Schmitt
Je crois à ça, moi je suis ému par la beauté des gens, la beauté, je parle pas de la beauté physique seulement, d'ailleurs même de ça, je parle assez peu, je parle de la beauté des regards, la beauté des sentiments, de la fragilité des êtres, moi c'est une chose qui me bouleverse...
Philippe Chauveau
Merci beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt. Je rappelle les titres de ces deux ouvrages chez Albin Michel, Le Sumo qui ne pouvait pas grossir et Ulysse from Bagdad.
Eric-Emmanuel Schmitt
Le sumo qui ne pouvait pas grossir
L'avis du libraire 1'39Agnès Gateff
L'attrape-Mots
212 rue de Paradis
13006 MARSEILLE
04 91 57 08 34
Eric-Emmanuel Schmitt, il vient du théâtre. Il a écrit un certain nombre de livres à succès, dont Oscar et la Dame en rose, Milarepa, Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar a d'ailleurs été adapté au théâtre avec Danielle Darrieux. Pourquoi il a autant de succès auprès du public ? Je pense que c'est quelqu'un qui a une écriture éminemment humaine, il parle d'humanité, donc forcément ça parle aux gens.
Il va s'intéresser au destin, au destin d'un homme et il va le pousser jusqu'à l'ultime point où il peut l'accompagner. Il lui fait suivre presque le parcours d'Ulysse, c'est-à-dire qu'on va retrouver des choses qui appartiennent à L'Odyssée. On a des sirènes, on a un cyclope. Peut-être que ça permet à Eric-Emmanuel Schmitt de prendre un petit peu de distance par rapport à ce personnage qui va quand même de difficulté et difficulté, mais ça lui permet aussi de s'interroger sur ce que c'est que les frontières, pourquoi on quitte un pays, et ça lui permet de poser des questions qui sont quand même des questions très contemporaines.
Moi ce qui m'a peut-être gênée à certains moments et qui est peut-être justement la limite de l'idée d'Eric-Emmanuel Schmitt, c'est que justement à certains moments on sait plus s'il est dans la parabole ou dans une histoire concrète. Mais là ou par contre c'est très touchant, c'est je pense qu'il nous décrit bien cette difficulté pour ces hommes qui sont sans-papiers, ça reste une épopée humaine, voilà. Il va traverser des pays, c'est une aventure. Donc la restriction m'est personnelle ; je pense que d'autres lecteurs d'Eric-Emmanuel Schmitt y trouveront complètement leur plaisir.
Agnès Gateff
L'attrape-Mots
212 rue de Paradis
13006 MARSEILLE
04 91 57 08 34
Eric-Emmanuel Schmitt, il vient du théâtre. Il a écrit un certain nombre de livres à succès, dont Oscar et la Dame en rose, Milarepa, Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar a d'ailleurs été adapté au théâtre avec Danielle Darrieux. Pourquoi il a autant de succès auprès du public ? Je pense que c'est quelqu'un qui a une écriture éminemment humaine, il parle d'humanité, donc forcément ça parle aux gens.
Il va s'intéresser au destin, au destin d'un homme et il va le pousser jusqu'à l'ultime point où il peut l'accompagner. Il lui fait suivre presque le parcours d'Ulysse, c'est-à-dire qu'on va retrouver des choses qui appartiennent à L'Odyssée. On a des sirènes, on a un cyclope. Peut-être que ça permet à Eric-Emmanuel Schmitt de prendre un petit peu de distance par rapport à ce personnage qui va quand même de difficulté et difficulté, mais ça lui permet aussi de s'interroger sur ce que c'est que les frontières, pourquoi on quitte un pays, et ça lui permet de poser des questions qui sont quand même des questions très contemporaines.
Moi ce qui m'a peut-être gênée à certains moments et qui est peut-être justement la limite de l'idée d'Eric-Emmanuel Schmitt, c'est que justement à certains moments on sait plus s'il est dans la parabole ou dans une histoire concrète. Mais là ou par contre c'est très touchant, c'est je pense qu'il nous décrit bien cette difficulté pour ces hommes qui sont sans-papiers, ça reste une épopée humaine, voilà. Il va traverser des pays, c'est une aventure. Donc la restriction m'est personnelle ; je pense que d'autres lecteurs d'Eric-Emmanuel Schmitt y trouveront complètement leur plaisir.