Avant même sa sortie fin août 2013, le roman de Pierre Lemaître « Au revoir là-haut » avait été remarqué par les journalistes, les critiques et les libraires. Déjà, on en parlait comme un livre susceptible d'être primé.Une fois n'est pas coutume, les jurés du Goncourt auront confirmé la rumeur et Pierre Lemaître a donc reçu le plus célèbre des prix littéraires français. Et pourtant, l'auteur n'a rien du profil type du goncourable. Pierre Lemaître est effectivement bien connu des amateurs de roman noir. Depuis «...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre : Bonjour
Philippe Chauveau :Votre actualité chez Albin Michel c'est ce nouveau roman dont on parle beaucoup, « Au revoir là-haut », mais c'est vrai qu'on vous connait aussi beaucoup en tant qu'auteur de romans noirs, de polars : « Sacrifice », « Alex », »Robe de Mariée ». Vous avez commencé l'écriture, en tout cas vos premiers livres en 2006, quelque chose comme ça ?
Pierre Lemaitre : Oui, 2005, paru en 2006 tout à fait .
Philippe Chauveau : Mais avant il y...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :On parle beaucoup Pierre Lemaître de votre nouveau titre, « Au revoir là-haut» que vous publiez chez Albin Michel. Alors je rappelle que vous étiez plutôt un habitué du roman noir, là vous sortez un petit peu de ce genre et vous nous emmenez au lendemain de la première guerre mondiale, avec deux hommes que tout oppose puisqu'ils ne sont pas du même milieu qui se sont rencontrés dans les horreurs de la guerre. Et cette histoire d'amitié va se transformer au fil des années. Pourquoi cette histoire et pourquoi...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - Le livre - Suite
Transcription libraire« Au revoir là-haut », le nouveau roman de Pierre Lemaître… Je découvrais Pierre Lemaître à cette occasion-là. C'est un très très grand roman, romanesque, plein de souffle, plein de bruit, de fureur. C'est un roman qu'on ne lâche pas du tout. Il y a une scène initiale de guerre fantastique et qui déjoue tous les pièges du genre. Pierre Lemaître ne fait pas semblant de nous faire découvrir la guerre de 14. Il sait très bien qu'on a en tête une bibliothèque de lectures autour de la guerre de 14,...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - L'avis du libraire - Suite
Pierre Lemaitre
Au revoir là-haut - Prix Goncourt 2013
Présentation 1'52Avant même sa sortie fin août 2013, le roman de Pierre Lemaître « Au revoir là-haut » avait été remarqué par les journalistes, les critiques et les libraires. Déjà, on en parlait comme un livre susceptible d'être primé.
Une fois n'est pas coutume, les jurés du Goncourt auront confirmé la rumeur et Pierre Lemaître a donc reçu le plus célèbre des prix littéraires français. Et pourtant, l'auteur n'a rien du profil type du goncourable.
Pierre Lemaître est effectivement bien connu des amateurs de roman noir. Depuis « Travail soigné » en 2006, il est passé maître dans l'art de nous entraîner dans nos frayeurs les plus inavouables
Un talent confirmé au fil des années, avec « Robe de marié », « Sacrifices » ou encore « Alex ».
Scénariste pour la télévision, passionné de littérature et avouant même un faible pour Alexandre Dumas, Pierre Lemaître a brouillé les pistes et nous offrant un roman qui ne ressemble, à première vue, à rien de ce qu'il avait déjà signé.
Avec « Au revoir là-haut », l'auteur nous entraîne dans la grande guerre, celle de 14 et dans les mois qui suivirent l'Armistice, quand les rescapés devenaient des gêneurs.
Histoire d'amitié entre deux hommes de milieu opposé, Albert et Edouard, dont l'un est une gueule cassée, « Au revoir là-haut » est un formidable roman sur l'horreur de la guerre, sur la revanche, la vengeance, le patriotisme.
C'est aussi une grande fresque historique, une saga familiale, doublée d'un suspens quasi policier. Mais surtout, on saluera la construction du roman, l'écriture puissante, la maîtrise de l'intrigue, et là, Pierre Lemaître apparaît comme un virtuose
« Au revoir là-haut », publié chez Albin Michel, une grande tragédie romanesque belle et cruelle à la fois, qui remporte donc le Goncourt 2013, prix amplement mérité, qui récompense aussi un homme d'une grande gentillesse et d'une vraie simplicité.
Et ça aussi, c'est important de le souligner... Pierre Lemaître est avec nous sur WebTvCulture.
Avant même sa sortie fin août 2013, le roman de Pierre Lemaître « Au revoir là-haut » avait été remarqué par les journalistes, les critiques et les libraires. Déjà, on en parlait comme un livre susceptible d'être primé.
Une fois n'est pas coutume, les jurés du Goncourt auront confirmé la rumeur et Pierre Lemaître a donc reçu le plus célèbre des prix littéraires français. Et pourtant, l'auteur n'a rien du profil type du goncourable.
Pierre Lemaître est effectivement bien connu des amateurs de roman noir. Depuis « Travail soigné » en 2006, il est passé maître dans l'art de nous entraîner dans nos frayeurs les plus inavouables
Un talent confirmé au fil des années, avec « Robe de marié », « Sacrifices » ou encore « Alex ».
Scénariste pour la télévision, passionné de littérature et avouant même un faible pour Alexandre Dumas, Pierre Lemaître a brouillé les pistes et nous offrant un roman qui ne ressemble, à première vue, à rien de ce qu'il avait déjà signé.
Avec « Au revoir là-haut », l'auteur nous entraîne dans la grande guerre, celle de 14 et dans les mois qui suivirent l'Armistice, quand les rescapés devenaient des gêneurs.
Histoire d'amitié entre deux hommes de milieu opposé, Albert et Edouard, dont l'un est une gueule cassée, « Au revoir là-haut » est un formidable roman sur l'horreur de la guerre, sur la revanche, la vengeance, le patriotisme.
C'est aussi une grande fresque historique, une saga familiale, doublée d'un suspens quasi policier. Mais surtout, on saluera la construction du roman, l'écriture puissante, la maîtrise de l'intrigue, et là, Pierre Lemaître apparaît comme un virtuose
« Au revoir là-haut », publié chez Albin Michel, une grande tragédie romanesque belle et cruelle à la fois, qui remporte donc le Goncourt 2013, prix amplement mérité, qui récompense aussi un homme d'une grande gentillesse et d'une vraie simplicité.
Et ça aussi, c'est important de le souligner... Pierre Lemaître est avec nous sur WebTvCulture.
Pierre Lemaitre
Au revoir là-haut - Prix Goncourt 2013
Portrait 4'14Bonjour Pierre Lemaitre. Votre actualité chez Albin Michel c'est ce nouveau roman dont on parle beaucoup, « Au revoir là-haut », mais c'est vrai qu'on vous connait aussi beaucoup en tant qu'auteur de romans noirs, de polars : « Sacrifice », « Alex », »Robe de Mariée ».
Vous avez commencé l'écriture, en tout cas vos premiers livres en 2006, quelque chose comme ça ?
Oui, 2005, paru en 2006 tout à fait .
Mais avant il y a eu une autre vie j'imagine ? Une vie dans laquelle le livre était déjà présent, la littérature était déjà présente ?
Oui, tout à fait. J'enseignais….je faisais de la formation continue et dans ce cadre là, j'ai enseigné la littérature à des adultes, principalement à des bibliothécaires
Ce qui fait que ça m'a donné, je dirais un bagage qui m'a été bien utile quand je suis passé de l'autre côté de la table.
Et vous-même, ce goût pour la littérature, vous l'expliquez ? Vous savez l'expliquer ?
Oui. Mes parents étaient des gens assez modestes, des ouvriers de la banlieue parisienne. Mais les livres ont toujours fait partie de notre univers. Ma mère avait tous les livres de poche qui sont parus dans les années 60….
Je devais être je crois, à 17 ans à peu près, le seul français-ou peut-être y en avait-il au Livre de Poche- capable de réciter le catalogue du Livre de Poche, du premier au centième numéro sans quasiment me tromper.
En 2006 vous publiez donc votre premier titre, pourquoi avoir choisi le roman noir, le polar ?
Parce que je viens du roman le plus populaire qui est le roman feuilleton du XIXeme Siècle, je suis tombé dans Dumas étant petit et c'est comme Obélix, on n'en sort pas, une fois qu'on est tombé dedans…
Ma famille littéraire pourrais-je dire, étant un jeune lecteur, c'était le roman d'aventure et au fond, le roman policier est au XXème et au XXIème Siècle ce qu'a été le roman feuilleton ou le grand roman d'aventure au XIXème.
Donc, il est assez normal que je me dirige d'emblée vers ce genre littéraire qui est le plus proche de celui qui m'avait fait lecteur, donc, je le suis en devenant auteur.
Est-ce rai que vous avez une grande admiration pour Alexandre Dumas ?
Oui elle est immense, ma dette est immense- j'ai des dettes vis-à-vis de beaucoup de gens-mais en plus de la dette, j'ai de la tendresse pour lui.
D'autres influences littéraires, d'autres noms comme ça qui vous viennent à l'esprit ?
Oui, beaucoup…Tolstoï, qui est une grande influence. Alors je ne veux pas être prétentieux, mais Proust quand même, qui est ma lecture de chevet depuis 40 ans , et puis beaucoup d'auteurs
Je pense notamment à Louis Guillou pour le livre pour lequel vous m'invitez,- qui est, pour moi, l'un des grands, grands auteurs du XXème Siècle, un petit peu méconnu peut-être.
Il y a donc eu plusieurs titres, plusieurs romans noirs, plusieurs polars. Sans entrer dans le sujet d' « Au revoir là-haut », on est dans un autre univers, puisque là, nous quittons le polar, nous quittons le policier. Pourquoi cette envie de changement ?
D'abord, toutes les histoires que j'ai envie de raconter ne sont pas forcément des histoires policières, des histoires criminelles. La deuxième raison, c'est que le genre policier est un genre à fortes contraintes.Le plaisir, il est également dans la navigation entre les contraintes.
Mais c'est bon aussi de temps en temps de s'en libérer et de raconter une histoire avec un cahier des charges un peu moins lourd, et c'est vrai qu'en écrivant ce livre j'ai trouvé une liberté, une respiration que je ne connaissais pas et que j'ai beaucoup appréciée.
Que ressentez vous lorsque vous êtes à votre table de travail ? Dans quel état de fébrilité êtes-vous ?
Alors, d'abord je ne suis pas fébrile du tout, je ne suis pas fébrile du tout …je suis un écrivain heureux, c'est-à-dire que je suis un homme plutôt jubilatoire. Ca m'amuse beaucoup de faire ce travail.
Ce n'est pas rigolo tous les jours, comme tous les métiers, mais je ne vais pas me plaindre. J'ai un métier magnifique, raconter des histoires c'est quand même un métier superbe - mais je suis plutôt jubilatoire. J'aime mes personnages, j'aime…
D'ailleurs, je dis souvent, en parlant d'un chapitre, que je décris la scène, vous voyez, comme si j'étais au cinéma, et peut-être que cette jubilation et ce plaisir passent un peu dans le style en tout cas, c'est ça que j'ai envie de transmettre au lecteur.
Comment voyez-vous vos lendemains Pierre Lemaitre ? Allez-vous continuer à vous balader entre le roman noir et la littérature blanche ?
Je vois deux actes : le premier acte c'est de poursuivre ce que je viens de commencer avec « Au revoir là-haut » qui est une tentative de faire une petite fresque du XXème Siècle en plusieurs livres,
mais en même temps, un deuxième acte qui serait « si je trouve une bonne histoire policière je vais y revenir » et j'y reviendrais d'autant plus que j'aurais à ce moment là l'impression d'une autre respiration,
vous voyez, comme des vacances, donc je reprendrais certainement des vacances dans le polar à la première occasion
Merci Pierre Lemaitre. Votre actualité ça s'appelle « Au revoir là-haut » et c'est chez Albin Michel
Philippe Chauveau :
Bonjour Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre : Bonjour
Philippe Chauveau :
Votre actualité chez Albin Michel c'est ce nouveau roman dont on parle beaucoup, « Au revoir là-haut », mais c'est vrai qu'on vous connait aussi beaucoup en tant qu'auteur de romans noirs, de polars : « Sacrifice », « Alex », »Robe de Mariée ». Vous avez commencé l'écriture, en tout cas vos premiers livres en 2006, quelque chose comme ça ?
Pierre Lemaitre : Oui, 2005, paru en 2006 tout à fait .
Philippe Chauveau : Mais avant il y a eu une autre vie j'imagine ?.
Pierre Lemaitre : Oui, oui…
Philippe Chauveau :…Une vie dans laquelle le livre était déjà présent, la littérature était déjà présente ?
Pierre Lemaitre : Oui, tout à fait. J'enseignais….je faisais de la formation continue et dans ce cadre là, j'ai enseigné la littérature à des adultes, principalement à des bibliothécaires, ce qui fait que ça m'a donné, je dirais un bagage qui m'a été bien utile quand je suis passé de l'autre côté de la table.
Philippe Chauveau : Et vous-même, ce goût pour la littérature, vous l'expliquez ? Vous savez l'expliquer ?
Pierre Lemaitre : Oui. Mes parents étaient des gens assez modestes, des ouvriers de la banlieue parisienne, mais les livres ont toujours fait partie de notre univers. Ma mère avait tous les livres de poche qui sont parus dans les années 60….je devais être je crois, à 17 ans à peu près, le seul français-ou peut-être y en avait-il au Livre de Poche- capable de réciter le catalogue du Livre de Poche, du premier au centième numéro sans quasiment me tromper.
Philippe Chauveau : En 2006 vous publiez donc votre premier titre, pourquoi avoir choisi le roman noir, le polar ?
Pierre Lemaitre : Parce que je viens du roman le plus populaire qui est le roman feuilleton du XIXeme Siècle, je suis tombé dans Dumas étant petit et c'est comme Obélix, on n'en sort pas, une fois qu'on est tombé dedans…ma famille littéraire pourrais-je dire, étant un jeune lecteur, c'était le roman d'aventure et au fond, le roman policier est au XXème et au XXIème Siècle ce qu'a été le roman feuilleton ou le grand roman d'aventure au XIXème, donc, il est assez normal que je me dirige d'emblée vers ce genre littéraire qui est le plus proche de celui qui m'avait fait lecteur, donc, je le suis en devenant auteur.
Philippe Chauveau : Est-ce rai que vous avez une grande admiration pour Alexandre Dumas ?
Pierre Lemaitre : Oui elle est immense, ma dette est immense- j'ai des dettes vis-à-vis de beaucoup de gens-mais en plus de la dette, j'ai de la tendresse pour lui.
Philippe Chauveau : D'autres influences littéraires, d'autres noms comme ça qui vous viennent à l'esprit ?
Pierre Lemaitre : Oui, beaucoup…Tolstoï, qui est une grande influence. Alors je ne veux pas être prétentieux, mais Proust quand même, qui est ma lecture de chevet depuis 40 ans , et puis beaucoup d'auteurs - je pense notamment à Louis Guillou pour le livre pour lequel vous m'invitez - qui est, pour moi, l'un des grands, grands auteurs du XXème Siècle, un petit peu méconnu peut-être.
Philippe Chauveau : Il y a donc eu plusieurs titres, plusieurs romans noirs, plusieurs polars. Sans entrer dans le sujet d' « Au revoir là-haut », on est dans un autre univers, puisque là, nous quittons le polar, nous quittons le policier. Pourquoi cette envie de changement ?
Pierre Lemaitre : D'abord, toutes les histoires que j'ai envie de raconter ne sont pas forcément des histoires policières, des histoires criminelles. La deuxième raison, c'est que le genre policier est un genre à fortes contraintes. Le plaisir, il est également dans la navigation entre les contraintes, mais c'est bon aussi de temps en temps de s'en libérer et de raconter une histoire avec un cahier des charges un peu moins lourd, et c'est vrai qu'en écrivant ce livre j'ai trouvé une liberté, une respiration que je ne connaissais pas et que j'ai beaucoup appréciée.
Philippe Chauveau : Que ressentez vous lorsque vous êtes à votre table de travail ? Dans quel état de fébrilité êtes-vous ?
Pierre Lemaitre : Alors, d'abord je ne suis pas fébrile du tout, je ne suis pas fébrile du tout …je suis un écrivain heureux, c'est-à-dire que je suis un homme plutôt jubilatoire. Ca m'amuse beaucoup de faire ce travail - c'est pas rigolo tous les jours, comme tous les métiers, mais je ne vais pas me plaindre, j'ai un métier magnifique, raconter des histoires c'est quand même un métier superbe - mais je suis plutôt jubilatoire. J'aime mes personnages, j'aime…d'ailleurs, je dis souvent, en parlant d'un chapitre, que je décris la scène, vous voyez, comme si j'étais au cinéma, et peut-être que cette jubilation et ce plaisir passent un peu dans le style en tout cas, c'est ça que j'ai envie de transmettre au lecteur.
Philippe Chauveau : Comment voyez-vous vos lendemains Pierre Lemaitre ? Allez-vous continuer à vous balader entre le roman noir et la littérature blanche ?
Pierre Lemaitre : Je vois deux actes : le premier acte c'est de poursuivre ce que je viens de commencer avec « Au revoir là-haut » qui est une tentative de faire une petite fresque du XXème Siècle en plusieurs livres, mais en même temps, un deuxième acte qui serait « si je trouve une bonne histoire policière je vas y revenir » et j'y reviendrais d'autant plus que j'aurais à ce moment là l'impression d'une autre respiration, vous voyez, comme des vacances, donc je reprendrais certainement des vacances dans le polar à la première occasion
Philippe Chauveau : Merci Pierre Lemaitre. Votre actualité ça s'appelle « Au revoir là-haut » et c'est chez Albin Michel
Pierre Lemaitre
Au revoir là-haut - Prix Goncourt 2013
Le livre 4'07On parle beaucoup Pierre Lemaître de votre nouveau titre, « Au revoir là-haut» que vous publiez chez Albin Michel. Alors je rappelle que vous étiez plutôt un habitué du roman noir, là vous sortez un petit peu de ce genre et vous nous emmenez au lendemain de la première guerre mondiale,
avec deux hommes que tout oppose puisqu'ils ne sont pas du même milieu qui se sont rencontrés dans les horreurs de la guerre. Et cette histoire d'amitié va se transformer au fil des années.
Pourquoi cette histoire et pourquoi avoir eu envie d'emmener votre lecteur justement dans l'immédiate après-guerre ?
L'immédiate après-guerre, c'est-à-dire les années 1918, 1923-24, c'est une très courte période qui semble presque, un angle mort de l'histoire. On connaît très bien la guerre, on connaît les années folles et au milieu, il y a un tout petit trou qui correspond au retour des vétérans.
Le mot de vétéran, dans notre esprit, dans notre imaginaire, est lié à des gens âgés… Mais en 1918, les vétérans, ce sont des jeunes hommes qui ont fait quatre ans et demi de guerre et qui vont revenir dans une France qui est bien en peine pour les accueillir.
Et il m'a semblé, moi qui avais envie de travailler sur la première guerre mondiale, que c'était une manière de leur rendre hommage que de travailler sur ce retour de guerre qui a été pour eux assez douloureux.
Vous aviez envie aussi de délivrer une sorte de message, parce que finalement même si on est dans l'immédiate après-guerre, je trouve que ce roman est très contemporain, très actuel. On y parle des exclus on y parle de tout un tas de choses qui nous rappelle l'actualité.
C'est absolument vrai. Ce qui a frappé… Alors la France d'aujourd'hui n'est pas la France des années vingt… Je pense que le parallèle ne peut pas être établi stricto sensu.
En revanche, on a des gens qui sont en situation de précarité, maux d'aujourd'hui, qui sont à la limite de l'exclusion, maux d'aujourd'hui, ils sont les ancêtres de nos nouveaux pauvres en quelque sorte. Et donc dans les années vingt, qu'est-ce qu'il se passe ?
Un système social en panne, incapable de faire de la place à tout le monde. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui.
Nous allons entrer dans une grande période, une grande et longue période de commémoration, de la première guerre mondiale et là vous nous parlez justement de tous ceux qui sont revenus,
et finalement, si la France a honoré ses morts, les revenants, les survivants étaient plutôt des gêneurs. Le message n'est pas très politiquement correct ?
Le message n'est pas très politiquement correct mais je ne fais pas exprès d'être politiquement incorrect. Il se trouve simplement que le propos que j'ai envie de tenir est de rendre hommage à ces jeunes hommes qui ont survécu à quelque chose d'à peu près inimaginable.
Juste une image : pendant la bataille de Verdun, il est tombé dans l'espace qui sépare votre fauteuil du mien environ huit obus. Et ces gens-là ont survécu à ça et quand ils reviennent, on leur propose cinquante-deux francs ou un manteau. C'est ça qui est politiquement incorrect.
Un mot sur Jean Blanchard dont vous placez une petite phrase, une citation en ouverture du roman.
Jean Blanchard va être fusillé pour insoumission. Il écrit à son épouse une lettre absolument déchirante dans laquelle il lui dit : « Au revoir là-haut », sous-entendu « Au revoir là-haut au ciel, au revoir là-haut ma chère épouse ».
Je l'ai utilisé pour lui rendre hommage comme titre de ce livre, et à la fin du livre, je rends à nouveau hommage à Jean Blanchard en rappelant qu'il a été en plus fusillé inutilement puisqu'il a été réhabilité deux années plus tard.
Je le disais en préambule, Pierre Lemaitre, vous êtes auteur de polars, c'est avant tout comme cela que vous êtes fait connaître. Que peut-on retrouver dans « Au revoir là-haut » qui rappelle un petit peu votre écriture de romans policiers ?
J'espère qu'on y retrouve ma musique. J'aime bien si vous voulez essayer de faire des romans dans lesquels le lecteur a l'impression qu'on lui raconte l'histoire à voix haute. Outre cette tonalité, j'espère qu'il va y trouver des rebondissements, du suspens.
Il me semble que la meilleure des recettes du polar pouvait tout à fait être réintégrée là, c'est en tous cas ce que j'ai essayé de faire.
Albert et Edouard, ce sont deux personnages que l'on garde bien présent à l'esprit après avoir refermé le roman. J'ai l'impression que c'est surtout un très beau roman sur l'amitié.
Ce sont deux hommes qui sont très dépendants l'un de l'autre et donc qui sont dans une grande fraternité mais elle ne va pas sans rugosité. Ils finissent même par se battre, par s'opposer, par se séparer, se retrouver. Donc, je voulais aussi que ce soit une histoire digne d'amitié, telle qu'elle existe dans la vraie vie.
Merci Pierre Lemaître et bravo pour ce très beau roman, « Au revoir là-haut ». C'est un vrai coup de coeur et c'est chez Albin Michel.
Philippe Chauveau :
On parle beaucoup Pierre Lemaître de votre nouveau titre, « Au revoir là-haut» que vous publiez chez Albin Michel. Alors je rappelle que vous étiez plutôt un habitué du roman noir, là vous sortez un petit peu de ce genre et vous nous emmenez au lendemain de la première guerre mondiale, avec deux hommes que tout oppose puisqu'ils ne sont pas du même milieu qui se sont rencontrés dans les horreurs de la guerre. Et cette histoire d'amitié va se transformer au fil des années. Pourquoi cette histoire et pourquoi avoir eu envie d'emmener votre lecteur justement dans l'immédiate après-guerre ?
Pierre Lemaître :
L'immédiate après-guerre, c'est-à-dire les années 1918, 1923-24, c'est une très courte période qui semble presque, un angle mort de l'histoire. On connaît très bien la guerre, on connaît les années folles et au milieu, il y a un tout petit trou qui correspond au retour des vétérans. Le mot de vétéran, dans notre esprit, dans notre imaginaire, est lié à des gens âgés… Mais en 1918, les vétérans, ce sont des jeunes hommes qui ont fait quatre ans et demi de guerre et qui vont revenir dans une France qui est bien en peine pour les accueillir, et il m'a semblé, moi qui avais envie de travailler sur la première guerre mondiale, que c'était une manière de leur rendre hommage que de travailler sur ce retour de guerre qui a été pour eux assez douloureux.
Philippe Chauveau :
Vous aviez envie aussi de délivrer une sorte de message, parce que finalement même si on est dans dans l'immédiate après-guerre, je trouve que ce roman est très contemporain, très actuel.
On y parle des exclus on y parle de tout un tas de choses qui nous rappelle l'actualité.
Pierre Lemaître :
C'est absolument vrai. Ce qui a frappé… Alors la France d'aujourd'hui n'est pas la France des années vingt… Je pense que le parallèle ne peut pas être établi stricto sensu. En revanche, on a des gens qui sont en situation de précarité, maux d'aujourd'hui, qui sont à la limite de l'exclusion, maux d'aujourd'hui, ils sont les ancêtres de nos nouveaux pauvres en quelque sorte. Et donc dans les années vingt, qu'est-ce qu'il se passe ? Un système social en panne, incapable de faire de la place à tout le monde. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
Nous allons entrer dans une grande période, une grande et longue période de commémoration, de la première guerre mondiale et là vous nous parlez justement de tous ceux qui sont revenus, et finalement, si la France a honoré ses morts, les revenants, les survivants étaient plutôt des gêneurs. Le message n'est pas très politiquement correct ?
Pierre Lemaître :
Le message n'est pas très politiquement correct mais je ne fais pas exprès d'être politiquement incorrect. Il se trouve simplement que le propos que j'ai envie de tenir est de rendre hommage à ces jeunes hommes qui ont survécu à quelque chose d'à peu près inimaginable. Juste une image : pendant la bataille de Verdun, il est tombé dans l'espace qui sépare votre fauteuil du mien environ huit obus. Et ces gens-là ont survécu à ça et quand ils reviennent, on leur propose cinquante-deux francs ou un manteau. C'est ça qui est politiquement incorrect.
Philippe Chauveau :
Un mot sur Jean Blanchard dont vous placez une petite phrase, une citation en ouverture du roman.
Pierre Lemaître :
Jean Blanchard va être fusillé pour insoumission. Il écrit à son épouse une lettre absolument déchirante dans laquelle il lui dit : « Au revoir là-haut », sous-entendu « Au revoir là-haut au ciel, au revoir là-haut ma chère épouse ». Je l'ai utilisé pour lui rendre hommage comme titre de ce livre, et à la fin du livre, je rends à nouveau hommage à Jean Blanchard en rappelant qu'il a été en plus fusillé inutilement puisqu'il a été réhabilité deux années plus tard.
Philippe Chauveau :
Je le disais en préambule, Pierre Lemaitre, vous êtes auteur de polars, c'est avant tout comme cela que vous êtes fait connaître. Que peut-on retrouver dans « Au revoir là-haut » qui rappelle un petit peu votre écriture de romans policiers ?
Pierre Lemaître :
J'espère qu'on y retrouve ma musique. J'aime bien si vous voulez essayer de faire des romans dans lesquels le lecteur a l'impression qu'on lui raconte l'histoire à voix haute. Outre cette tonalité, j'espère qu'il va y trouver des rebondissements, du suspense. Il me semble que la meilleure des recettes du polar pouvait tout à fait être réintégrée là, c'est en tous cas ce que j'ai essayé de faire.
Philippe Chauveau :
Albert et Edouard, ce sont deux personnages que l'on garde bien présent à l'esprit après avoir refermé le roman. J'ai l'impression que c'est surtout un très beau roman sur l'amitié.
Pierre Lemaître :
Ce sont deux hommes qui sont très dépendants l'un de l'autre et donc qui sont dans une grande fraternité mais elle ne va pas sans rugosité. Ils finissent même par se battre, par s'opposer, par se séparer, se retrouver. Donc, je voulais aussi que ce soit une histoire digne d'amitié, telle qu'elle existe dans la vraie vie.
Philippe Chauveau :
Merci Pierre Lemaître et bravo pour ce très beau roman, « Au revoir là-haut ». C'est un vrai coup de coeur et c'est chez Albin Michel.
Pierre Lemaitre
Au revoir là-haut - Prix Goncourt 2013
L'avis du libraire 1'43« Au revoir là-haut », le nouveau roman de Pierre Lemaître… Je découvrais Pierre Lemaître à cette occasion-là. C'est un très très grand roman, romanesque, plein de souffle, plein de bruit, de fureur. C'est un roman qu'on ne lâche pas du tout.
Il y a une scène initiale de guerre fantastique et qui déjoue tous les pièges du genre. Pierre Lemaître ne fait pas semblant de nous faire découvrir la guerre de 14. Il sait très bien qu'on a en tête une bibliothèque de lectures autour de la guerre de 14, des films etc…
Néanmoins, il arrive à ramener quelque chose de nouveau sur le sujet. Dans le corps du roman, il nous entraîne sur un angle mort de la guerre qui est la démobilisation, le retour à la vie civile.
Donc on va suivre deux poilus, dont une gueule cassée, qui, dans une trame presque policière, vont monter une arnaque. Et ça c'est tout à fait nouveau dans cette littérature de cette période là. On a beaucoup de choses sur la guerre, on a lu beaucoup de choses.
Mais là, il y a une vraie nouveauté sur le retour à la vie civile de gens qui sont brisés par la guerre et qui sont néanmoins sensés être des vainqueurs. C'est un livre sur un sujet dur, difficile, mais que l'on peut recommander absolument au tout public.
Il peut être proposé à de très très gros lecteurs, ou à des néophytes. On peut très bien imaginer que ça puisse être un prix Goncourt des Lycéens. Je dis cela à tout hasard. Mais c'est une lecture qui n'est pas déceptive.
C'est vraiment le livre idéal pour un libraire. Il est très facile à conseiller.
Transcription libraire
« Au revoir là-haut », le nouveau roman de Pierre Lemaître… Je découvrais Pierre Lemaître à cette occasion-là. C'est un très très grand roman, romanesque, plein de souffle, plein de bruit, de fureur. C'est un roman qu'on ne lâche pas du tout. Il y a une scène initiale de guerre fantastique et qui déjoue tous les pièges du genre. Pierre Lemaître ne fait pas semblant de nous faire découvrir la guerre de 14. Il sait très bien qu'on a en tête une bibliothèque de lectures autour de la guerre de 14, des films etc… Néanmoins, il arrive à ramener quelque chose de nouveau sur le sujet. Dans le corps du roman, il nous entraîne sur un angle mort de la guerre qui est la démobilisation, le retour à la vie civile. Donc on va suivre deux poilus, dont une gueule cassée, qui, dans une trame presque policière, vont monter une arnaque. Et ça c'est tout à fait nouveau dans cette littérature de cette période là. On a beaucoup de choses sur la guerre, on a lu beaucoup de choses. Mais là, il y a une vraie nouveauté sur le retour à la vie civile de gens qui sont brisés par la guerre et qui sont néanmoins sensés être des vainqueurs.
C'est un livre sur un sujet dur, difficile, mais que l'on peut recommander absolument au tout public. Il peut être proposé à de très très gros lecteurs, ou à des néophytes. On peut très bien imaginer que ça puisse être un prix Goncourt des Lycéens. Je dis cela à tout hasard. Mais c'est une lecture qui n'est pas déceptive. C'est vraiment le livre idéal pour un libraire. Il est très facile à conseiller.