Yoan Smadja

Yoan Smadja

J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

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Philippe Chauveau : Bonjour Yoan Smadja. Vous êtes dans l'actualité avec ce livre publié chez Belfond « J'ai cru qu'il enlevait toute trace de toi ». C'est votre premier roman, un roman dont on parle beaucoup. Un roman fort qui nous emmène au Rwanda en 1994. On va y revenir bien sûr mais faisons un petit peu plus connaissance. Vous êtes né en France, il y a quelques années maintenant. Vous êtes aujourd'hui et depuis plusieurs années maintenant installé en Israël mais vous faites régulièrement la navette entre les deux pays. Vous avez une vie tout à fait classique. Vous menez votre vie professionnelle. Et puis il y a aussi la littérature qui fait partie de votre existence et l'envie d'écrire. Vos influences littéraires quelles sont-elles ? Quels sont les livres qui vous ont fait grandir dans la vie ?

Yoan Smadja : Tout d'abord, je vous remercie de m'inviter. Je pense que les ouvrages qui m'ont le plus marqué, c'est d'abord « Belle du Seigneur ». J'imagine que vous devez entendre cela régulièrement mais malgré tout « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen m'a énormément marqué. « Le soleil des Scorta » de Laurent Gaudé m'a semblé être un roman lumineux, bref et intense, passionnant. Enfin, je dirais, dans un tout autre registre, « L’idiot » de Dostoïevski. Voilà donc trois registres légèrement différents mais avec, à chaque fois, beaucoup de passion et, selon moi, un rythme et une urgence qui sont restés gravés en moi.

Philippe Chauveau : Je l'ai dit, vous êtes né en France puis, à l'âge de 20 ans ou 25 ans, vous êtes parti vivre en Israël mais vous avez ces deux cultures. Vous nous avez parlé des livres qui vous ont fait grandir dans la vie. Quelle est la place aujourd'hui de la littérature française en Israël ? Dans les librairies, trouve t-on des auteurs des auteurs français. Y-a-t’il une bonne présence de notre littérature là-bas ?

Yoan Smadja : Il y a en Israël, à Tel-Aviv, une importante librairie française, « La librairie du foyer » et une autre à Jérusalem. Et puis vous avez aussi la médiathèque extrêmement bien fournie de l'Institut français de Tel-Aviv et de l'Institut français de Jérusalem. Avec, à chaque fois, des responsables référents qui font extrêmement bien leur travail. La venue pour des conférences d'auteurs français se fait aussi de manière extrêmement régulière. Lorsqu'on a cette petite fibre, on est entre bonnes mains, il y a de quoi faire !

Philippe Chauveau : Pourquoi l'envie de l'écriture ?

Yoan Smadja : Cela n'a jamais été une évidence. C'est venu à la suite d'un voyage bouleversant que j'ai que j'ai fait au Rwanda et je dirais que c’est par les personnes que nous y avons rencontrées. C'était un voyage consacré aux thématiques de la mémoire et de la reconstruction après le génocide des Tutsis, une dizaine d'années après le génocide des Tutsi de 1994. L'envie d'écrire est venue presque comme une obligation, comme une urgence et voilà d'où ce texte est sorti.

Philippe Chauveau : Vous aviez besoin d'extérioriser le choc que fut ce que fut ce voyage ?

Yoan Smadja : Quand on parle de l'assassinat d'un million de personnes en trois mois on parle en réalité d’un million de parcours différents, d’un million de quotidiens différents, de gens qui se lèvent le matin et tentent d'échapper à leurs bourreaux, qui tentent de protéger leurs enfants. J'ai voulu retranscrire cela parce que je crois que la fiction a ce pouvoir, cette capacité, cette force. Je l'avais lu évidemment chez d'autres, sur d'autres thèmes, dans d'autres sujets. Et à ma petite mesure, j'ai eu envie de faire ça, de me lancer dans cet exercice.

Philippe Chauveau : C'est un sacré challenge de décider de prendre la plume alors qu'on ne s'était jamais imaginé écrivain ou romancier. Comment avez-vous relevé ce défi ? Comment avez-vous travaillé pour retranscrire justement ce que vous aviez envie d'exprimer ?

Yoan Smadja : D'abord, ça a pris du temps. Je me suis mis à écrire immédiatement après mon voyage, en 2007. Mais je me suis rendu compte que je n'avais pas le recul ou la maturité nécessaire. J'avais écrit environ 10 à 15% de ce qu'il y a aujourd'hui dans le roman et puis tout ça s'est tassé. Je l’ai mis ça dans un coin de ma tête et de mon ordinateur. J'imagine qu’inconsciemment l'histoire a infusé pendant une dizaine d'années et je me suis réveillé un matin avec l'envie furieuse d'écrire et de terminer l'exercice. Ce que j'ai fait en l'espace de quelques semaines. Donc, je ne dirais pas que l'exercice en lui-même a été difficile mais je crois que tenter d'y donner corps, tenter de construire des personnages qui soient authentiques, suffisamment proches de la réalité de 1994 et qui donne au lecteur l'envie de mieux comprendre les événements de ce printemps là, c'était ça le défi.

Philippe Chauveau : Vous nous l'avez fait comprendre, vous êtes un lecteur, vous aimez la littérature mais en revanche vous ne vous étiez jamais imaginé auteur et romancier vous-même. Vous êtes-vous découvert différemment en prenant la plume, en prenant le temps de travailler votre écriture, en inventant des personnages et en leur donnant chair ? Est-ce un autre Yoann Smadja qui est né devant vous ?

Yoan Smadja : Pour tout vous dire, je n'ai jamais réfléchi à la question en ces termes là mais je peux dire que j'ai pris beaucoup de plaisir malgré les difficultés de la thématique que j'ai retenue pour me lancer dans cet exercice là. J'y ai pris beaucoup de plaisir et j'ai donc déjà commencé à écrire de nouveaux textes. Mais je dois dire que pour le petit auteur que je suis, cela procure une sorte de bouleversement. C'est assez touchant et j'ai beaucoup aimé l'exercice

Philippe Chauveau : Ce qui fait plaisir, c'est de savoir que le virus de l'écriture est pris et qu'il y aura d'autres titres signés Yoan Smadja. En tout cas, voilà un premier roman très réussi, « J'ai cru qu'il enlevait toute trace de toi » aux éditions Belfond.

J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi Belfond
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  • Il y a des livres qui sont comme des rencontres, des livres qui vous élèvent, vous émeuvent, vous ouvrent les yeux, des livres qui restent en vous bien après avoir lu la dernière page. Le livre de Yoan Smadja fait partie de ces livres. Retenez ce joli titre « J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi ».C’est un premier roman, mais quelle réussite. Pourtant, rien ne prédestinait Yoan Smadja à prendre la plume. Naviguant entre la France et Israël, Yoan Smadja a travaillé dans une ONG avant d’avoir aujourd’hui une...1ère édition ! d'Yoan Smadja - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Yoan Smadja. Vous êtes dans l'actualité avec ce livre publié chez Belfond « J'ai cru qu'il enlevait toute trace de toi ». C'est votre premier roman, un roman dont on parle beaucoup. Un roman fort qui nous emmène au Rwanda en 1994. On va y revenir bien sûr mais faisons un petit peu plus connaissance. Vous êtes né en France, il y a quelques années maintenant. Vous êtes aujourd'hui et depuis plusieurs années maintenant installé en Israël mais vous faites régulièrement la navette entre les deux...1ère édition ! d'Yoan Smadja - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Avec ce qui est donc votre premier roman Yoan Smadja, vous nous emmenez au Rwanda. Je laisse de côté les toutes premières pages mais le sujet c'est vraiment le Rwanda de 1994 avec trois personnages clés. Il y a Sacha, une journaliste reporter. Elle a bourlingué un peu partout dans le monde. Et puis on l'envoie en Afrique du Sud parce qu'il y a des élections qui se préparent. Mais lorsqu'elle est là-bas au printemps 1994, elle se rend compte qu'il se trame aussi des choses un peu surprenantes au Rwanda et en...1ère édition ! d'Yoan Smadja - Livre - Suite