Que serait devenu Guillaume Musso s’il n’avait pas été écrivain ? Question intéressante quand on sait qu’il suivit des études de sciences économiques à Nice, sa région d’origine. Il fut même un temps enseignant. Mais décidément, le goût de la lecture et de l’écriture était le plus fort, motivé sans doute par une maman bibliothécaire. L’Amérique a longtemps fasciné le jeune Guillaume. Quittant le cocon familial, il s’y installe au début de sa vie d’adulte, au milieu des années 90, s’enivrant de la...
La jeune fille et la nuit de Guillaume Musso - Présentation - Suite
Philippe Chauveau : Bonjour Guillaume Musso
Guillaume Musso : Bonjour
Philippe Chauveau : Votre actualité : « la jeune fille et la nuit », votre 16e roman. ous publiez chez Calmann-Lévy. C'est un belle et grande aventure… S'il n'y avait pas eu l'aventure littéraire, pensez-vous que vous seriez resté professeur comme vous l'avez été ?
Guillaume Musso : Oui, je le pense et j'en aurais été très heureux. Je l’ai été pendant 10 ans c'était un choix, j'avais réussi beaucoup de concours administratifs à l'époque et...
La jeune fille et la nuit de Guillaume Musso - Portrait - Suite
Philippe Chauveau : Dans ce nouveau roman Guillaume Musso, « La jeune fille et la nuit », voilà une drôle d'intrigue qui va se dérouler sur deux périodes. Nous démarrons en 1992 dans le sud de la France, dans un grand collège, une sorte d'université, avec cette jeune femme, Vinca, qui un jour va disparaître. On sait qu'elle a une grande liaison avec l'un de ses professeurs. Et 25 ans après, l'établissement fête son anniversaire. Plusieurs élèves qui étaient amis de Vinca vont se retrouver et des mystères vont...
La jeune fille et la nuit de Guillaume Musso - Livre - Suite
Guillaume Musso
La jeune fille et la nuit
Présentation 2'56"Que serait devenu Guillaume Musso s’il n’avait pas été écrivain ? Question intéressante quand on sait qu’il suivit des études de sciences économiques à Nice, sa région d’origine. Il fut même un temps enseignant. Mais décidément, le goût de la lecture et de l’écriture était le plus fort, motivé sans doute par une maman bibliothécaire. L’Amérique a longtemps fasciné le jeune Guillaume. Quittant le cocon familial, il s’y installe au début de sa vie d’adulte, au milieu des années 90, s’enivrant de la frénésie urbaine et de l’immensité des paysages naturels. Devenu l’auteur à succès que l’on sait, il y séjourna plusieurs années. Les Etats-Unis servent d’ailleurs de toile de fond à certains de ses romans, notamment « Et après » en 2004, qui le fit connaître du grand public, « Sauve moi », « L’appel de l’ange » ou plus récemment « Central Park » et « La fille de Brooklin ». Avec un livre publié par an et un succès jamais démenti, Guillaume Musso est aujourd’hui l’un des auteurs les plus lus et les plus vendus et traduit en une quarantaine de langues. Après cette longue parenthèse américaine, Guillaume Musso est revenu vivre en France, depuis près de cinq ans. Ce retour aux sources se vérifie aussi dans son travail d’auteur puisque c’est dans le sud de la France, à Nice, qu’il entraine le lecteur. Voici « La jeune fille et la nuit » publié chez Calmann Lévy. Nous sommes à l’hiver 1992, dans le prestigieux campus St Exupéry. Un soir glacial, en pleine tempête de neige, la jeune Vinca a disparu. On suppose qu’elle s’est enfuie avec son prof de philo avec qui elle vivait une passion flamboyante. 25 ans plus tard, au printemps 2017, le lycée est en fête. Les anciens élèves sont invités à célébrer le 50ème anniversaire de l’établissement. Mais pour Maxime, Thomas et Fanny, les amis de Vinca, ses retrouvailles ont un goût amer car bien des vérités risquent de resurgir. Que s’est-il vraiment passé à l’hiver 1992, quand ils ont vu Vinca pour la dernière fois ? Quel lien les unit? Que savent-ils de cette troublante disparition ? Avec une intrigue très hitchcockienne, Guillaume Musso lève le voile petit à petit et son écriture addictive nous empêche de poser le livre, tant on est embarqué dans l’histoire. Quant au narrateur, Thomas Degallais, il ressemble étrangement à Guillaume Musso, étant lui-même romancier à succès, originaire de la Côte d’Azur et vivant aux Etats-Unis. Souhaitons que les comparaisons s’arrêtent là tant ce héros de papier cache des failles et des secrets. Décidément, ce 16ème roman de Guillaume Musso est une réussite, un excellent polar à savourer sans modération. « Le jeune fille et la nuit » de Guillaume Musso est publié chez Calmann Lévy.
Guillaume Musso
La jeune fille et la nuit
Portrait 7'52"Philippe Chauveau : Bonjour Guillaume Musso
Guillaume Musso : Bonjour
Philippe Chauveau : Votre actualité : « la jeune fille et la nuit », votre 16e roman. ous publiez chez Calmann-Lévy. C'est un belle et grande aventure… S'il n'y avait pas eu l'aventure littéraire, pensez-vous que vous seriez resté professeur comme vous l'avez été ?
Guillaume Musso : Oui, je le pense et j'en aurais été très heureux. Je l’ai été pendant 10 ans c'était un choix, j'avais réussi beaucoup de concours administratifs à l'époque et j'avais vraiment choisi cette voie parce que c'est quelque chose que j'aimais faire. J'aurais peut-être été dirigeant d'établissement mais je serais resté dans ce milieu. Cela me plaisait... A tel point que mon nouveau roman se passe dans un lycée !
Philippe Chauveau : Lorsque vous vous penchez un peu en arrière, que vous repensez à tous ces petits boulots aux Etats-Unis, lorsque vous avez été enseignant... Comment voyez-vous cela ? Avec une pointe de nostalgie ? Avec le sourire ? Quelles sont les images qui reviennent ?
Guillaume Musso : C'est le parcours d'une vie et ses différentes étapes. J'ai aimé toutes ces périodes parce qu'elles avaient toutes du sens et j'ai toujours avancé comme ça. C'est important de toujours savoir pourquoi on fait les choses.
Philippe Chauveau : Puisque je vous amène dans les années passées, avez-vous le souvenir du premier livre qui vous ait marqué ?
Guillaume Musso : Absolument ! Ce premier livre, c'est à 11 ans et demi, vacances de Noël, je suis chez mes grands-parents, panne d'électricité, on ne plus regarder la télé, il fait trop froid pour aller jouer dehors et dans la bibliothèque de mon grand-père il y a, entre autres, les Mémoires du général de Gaulle et un roman qui s'appelle « Les Hauts de Hurlevent ». J'ouvre ce livre et c'était un roman qui avait appartenu à ma mère. J'ai commencé à lire ce roman qui est assez violent, assez gothique, assez tourmenté, et le choc c'est d'être à l'intérieur de personnages un peu barrés. Il y avait presque un sentiment de faire quelque chose d'interdit. Le fait de se dire que ces phrases qui ont été écrites par une jeune anglaise un siècle et demi avant, comment cette femme arrive à écrire des choses aussi fortes qui me touchent aussi, moi, un siècle et demi après, le pré adolescent que j'étais à l'époque. A partir de là je n'ai plus cessé de lire. Cette sensation reste magique !
Philippe Chauveau : Vous citez « Les Hauts de Hurlevent », on y retrouve le drame, la passion, l'intrigue, la mort aussi qui est très présente, finalement ce sont un peu les recettes de votre écriture, ce livre aurait-il été le déclic ?
Guillaume Musso : Oui, il y a les livres un peu comme ça, romantiques au sens noble et après il y a eu la période Stephen King, avec le plaisir de voir le quotidien de ces petites villes américaines bouleversées d'un seul coup par un événement extérieur, surnaturel parfois. Après il y a eu la découverte de la littérature américaine.
Philippe Chauveau : Pourquoi y a-t-il eu ce besoin des Etats-Unis ? Ce besoin d'aventure ? Guillaume Musso : A 19ans, il y a eu cette envie de me prouver à moi et à mes parents que je pouvais vivre seul, que je pouvais gagner ma vie, être autonome dans un pays qui n'était pas le mien, dans une langue qui n'était pas la mienne. C'est le besoin d'un rite initiatique pour marquer de façon symbolique le passage à l'âge adulte.
Philippe Chauveau : Très souvent, dans vos précédents romans, l'action se passe au Etats-Unis, même si dans ce dernier, vous revenez en France. Est-ce parce qu'on a plus d'imagination lorsqu'on est aux Etats-Unis ? Les paysages, les situations sont plus imaginatives ?
Guillaume Musso : C'est parce que je me suis toujours situé à l'opposé de l'autofiction, raconter des histoires et l'assumer, je suis un amoureux de la fiction. C'est ce besoin de mise à distance qui m’a incité à situer mon premier roman à New York. Cela avait l'avantage d'être à la fois loin de moi et à la fois une ville que je connaissais bien. Je pense que c'est une époque qui est derrière moi maintenant.
Philippe Chauveau : Il y a un moment où vous êtes seul face à votre page blanche, y a-t-il des moments où vous avez peur que l'imagination se tarisse ? Sont-ce les personnages qui viennent vous taper sur l'épaule ou est-ce vous qui allez les chercher ?
Guillaume Musso : Il n'y a pas de syndrome de la page blanche, j'ai une dizaine d'histoires scénarisées parce que depuis que j'ai 15 ans je me lève tous les matins en me disant « qu'est-ce que tu pourrais bien inventer ? ». Donc, ce n'est pas un manque d'imagination mais c'est plus subtil que ça. Je cherche toujours à me remettre dans le même état d'esprit qui était celui que j'avais quand j'écrivais mon premier roman, sans même savoir si j'allais être publié ou pas. Cela m'est déjà arrivé plusieurs fois de jeter à la poubelle quatre-vingt ou cent pages parce que je voyais qu'il n'y avait pas la petite étincelle, la petite magie qui fait qu'à un moment, vos personnages vont se mettre à être autonomes et à s'émanciper de ce que vous aviez prévu pour eux.
Philippe Chauveau : Si vous deviez définir ce que représente pour vous le plaisir de l'écriture, que diriez-vous ?
Guillaume Musso : Le plaisir de l'écriture c'est le même que celui de la lecture : c'est d'abord une échappatoire, une façon de s'évader. C'est aussi une façon, Bernard Pivot le dit assez bien, de « rentrer dans le monde par d'autres portes ». C'est s'échapper du monde transitoirement pour y revenir par une autre porte en étant plus riche de ce que vous avez pu apprendre, comprendre, parce que vous vous êtes frotté à des idées qui n'étaient pas forcement les vôtres et parce que vous avez vécu des bouts de vies de personnages que vous ne croiserez jamais dans la vie réelle. Pour moi c'est le miracle de la lecture et de l'écriture.
Philippe Chauveau : Votre actualité Guillaume Musso, « La jeune fille et la nuit », vous êtes publié chez Calmann-Lévy.
Guillaume Musso
La jeune fille et la nuit
Livre 6'14"Philippe Chauveau : Dans ce nouveau roman Guillaume Musso, « La jeune fille et la nuit », voilà une drôle d'intrigue qui va se dérouler sur deux périodes. Nous démarrons en 1992 dans le sud de la France, dans un grand collège, une sorte d'université, avec cette jeune femme, Vinca, qui un jour va disparaître. On sait qu'elle a une grande liaison avec l'un de ses professeurs. Et 25 ans après, l'établissement fête son anniversaire. Plusieurs élèves qui étaient amis de Vinca vont se retrouver et des mystères vont ressurgir. Pourquoi avez-vous eu envie de nous emmener sur la Côte d'Azur dans ce collège qui a un esprit très anglo-saxon?
Guillaume Musso : Oui, j'ai d'abord voulu mettre en scène une réunion d'anciens élèves parce que cela m'a toujours fasciné de retrouver vingt ou vingt-cinq ans après des gens que vous avez connus à 18 ou à 20 ans, dans une période assez intense de votre vie. Et donc, on a trois amis qui ne se sont plus vus depuis vingt-cinq ans et qui vont au cinquantième anniversaire de leur ancien lycée. Lors de la cérémonie on annonce que l’on va construire un bâtiment et pour cela, détruire l'ancien gymnase. Le problème c'est que vingt-cinq ans plus tôt ces trois amis ont emmuré un cadavre dans le gymnase et ils savent que dans quarante-huit heures, on va retrouver le corps de la victime et l'arme du crime avec leurs empreintes puisqu'ils ont fait ça à la va-vite. Au début, on ne sait pas qui c'est. Au départ, l'histoire se passait aux Etats-Unis et je n'arrivais pas vraiment à l'écrire justement parce qu'il n'y avait pas l'étincelle bien que l'histoire policière soit efficace.
Philippe Chauveau : Et le fait d'avoir des personnages français plutôt qu'américains, est-ce que cela change la complexité, la psychologie de vos personnages ?
Guillaume Musso : Oui parce que ce livre-là, à partir du moment où j'ai décidé de le transférer sur la Côte d'Azur, j'ai ouvert les vannes aux souvenirs. C'est mon roman le plus personnel bien qu'il ne soit pas autobiographique.
Philippe Chauveau : Le narrateur Thomas Degalais est romancier, il vit aux Etats-Unis comme ce fut votre cas et il revient dans sa région d'origine, la vôtre. Il y a quand même une sacrée mise en abîme ! Vous avez voulu jouer avec les codes ?
Guillaume Musso : Oui jouer bien sûr, même un peu d'autodérision parfois, et cela a amené quelque chose de plus au livre. Je me sers du fait que le personnage principal soit romancier pour densifier mon intrigue. On a un polar sans policier, c'est un polar dans lequel l'enquête est menée par un journaliste qui veut faire éclater la vérité et un romancier qui pense que la vérité n'existe pas et qu'il n’y a que des morceaux de vérité. Chacun raconte sa vérité avec Vinca, la jeune femme disparue. A la fin, il y a un kaléidoscope de vérités très différentes. Mais la dernière pièce du puzzle nous échappera toujours.
Philippe Chauveau : Comment avez-vous créé ce personnage de Vinca ? Finalement, elle est très présente mais on ne la voit quasiment jamais. Guillaume Musso : C'est une sorte personnage qu'on a tous connu dans notre vie. Vinca, c'est cette fille à qui tout réussi, qui est à la fois intelligente, gracieuse, belle et qui fascine à la fois les garçons et les filles.
Philippe Chauveau : Et qui a aussi des zones d'ombres ?
Guillaume Musso : Absolument. Elle a des zones d'ombres. Je l'ai construit comme une sorte de Laura Palmer azuréenne !
Philippe Chauveau : On parle de Vinca, mais il y a aussi Fanny, Thomas, Maxime. On les découvre lorsqu'ils sont à la fin de l'adolescence, on sent qu'ils ont déjà quelques mystères. Eux aussi ont leurs zones d'ombre et leurs failles, et vingt-cinq ans après, les failles sont toujours là.
Guillaume Musso : Oui, j'amène ces personnages dans un lieu qui est pour eux le lieu de tous les dangers et aussi d'une possible réparation, d'une possible expiation. Ce sont des gens qui sont devenus assassins malgré eux, ce sont des gens bien, porteurs de bonnes valeurs, qui se sont bien comportés dans leur vie mais qui, à travers un engrenage fatal, sont devenus l'espace d'un instant assassins par accident ou presque. Ce qui m'intéresse, ce sont les zones d'ombres qu'on porte tous en nous. Je cite dans le livre la phrase de Gabriel Garcia Marquez qui a dit « tout homme a trois vies, une vie publique, une vie privée et une vie secrète » et c'est cette vie secrète qui m'intéresse. On a tous connu ces moments où l’on a besoin pour continuer à avancer de se mettre un peu en paix avec notre passé, de l'affronter de face pour pouvoir mieux le laisser derrière nous.
Philippe Chauveau : Toute la force de votre roman est là, on s'intéresse aussi bien à l'intrigue qu'à la complexité des personnalités auxquels on s'attache. C'est votre seizième roman et c'est un vrai plaisir de lecture. On a du mal à le lâcher avant la dernière page ! « La jeune fille et la nuit » c'est votre actualité Guillaume Musso et vous êtes publié chez Calmann-Levy. Merci beaucoup.
Guillaume Musso : Merci beaucoup.