Nous sommes dans un monde envahi d’images, celles de nos téléviseurs, de nos ordinateurs, de nos tablettes et autres téléphones portables. Les marques sont omniprésentes dans nos vies, nous promettant une existence toujours plus belle. Quant à notre soif de célébrité, elle est exacerbée par les réseaux sociaux ou la télé-réalité. Mais cette société nous rend-elle heureux ? Et pourquoi cette soif de célébrité, de notoriété nous hante-t’elle ? Voilà le thème abordé par Nicolas Gaudemet, jeune auteur qui publie...
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Philippe Chauveau
Bonjour Nicolas Gaudemet
Nicolas Gaudemet
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau
La fin des idoles chez Tohu-Bohu, c'est votre premier roman. J'imagine que c'est important dans la vie d'un homme, d'un auteur, de voir son livre pour la première fois en librairie. Mais c'est quand même une grande histoire parce que finalement le monde de l'écriture, du livre, ça vous titille depuis longtemps. Qui êtes-vous ? D'où venez-vous ? Quel a été votre parcours avant d'arriver en librairie ?
Nicolas Gaudemet
Alors moi...
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Philippe Chauveau
Avec ce premier roman Nicolas Gaudemet, la fin des idoles, nous allons entrer dans un univers que nous connaissons tous finalement parce qu'il nous est imposé. C'est celui de ces images, ces images qui sont partout, ces marques, ces multimarques qui sont partout. Vous avez eu envie de dénoncer dans ce qui est votre premier roman la suprématie de l'image à travers la télévision. Et puis ensuite, il y aura une autre dénonciation que nous allons évoquer dans un instant. Mais parlons d'abord de cette envie que vous...
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Nicolas Gaudemet
La fin des idoles
Présentation 2'09Nous sommes dans un monde envahi d’images, celles de nos téléviseurs, de nos ordinateurs, de nos tablettes et autres téléphones portables. Les marques sont omniprésentes dans nos vies, nous promettant une existence toujours plus belle. Quant à notre soif de célébrité, elle est exacerbée par les réseaux sociaux ou la télé-réalité. Mais cette société nous rend-elle heureux ? Et pourquoi cette soif de célébrité, de notoriété nous hante-t’elle ? Voilà le thème abordé par Nicolas Gaudemet, jeune auteur qui publie son premier roman dans une jeune maison d’édition, Tohu Bohu.
Après avoir travaillé pour de grands groupes de communication ou de commerce culturel, Nicolas Gaudemet a choisi de se mettre un peu en retrait pour se consacrer entièrement à l’écriture de ce livre qui ne lâche rien, qui ne fait pas dans la demi-mesure et qui nous interpelle puisqu’il nous parle de cette société dans laquelle nous évoluons et dont nous sommes, sciemment ou non, des acteurs.
Prenant prétexte d’une chaine de télé qui par ses émissions soi-disant dédiées au mieux-être repousserait toujours jusqu’à l’extrême la manipulation de l’esprit, le roman de Nicolas Gaudemet nous entraine dans une danse infernale avec des personnages qui, tous, se manipulent les uns les autres mais qui tous, révèlent une fêlure : le téléspectateur accro à ses séries, la bimbo de téléréalité s’imaginant devenue star, le journaliste avide de scoops croyant dénoncer quand il ne cherche que sa propre notoriété, le patron de media qui derrière son argent cache l’échec de sa vie personnelle ou le simple quidam qui, s’abreuvant d’images quotidiennes ne sait plus qui il est, ils sont tous là et ils nous ressemblent, qu’on l’admette ou pas...
Entre fascination et révolte, à travers une intrigue bien menée et une écriture serrée, rythmée, Nicolas Gaudemet raconte l’omni présence de l’image dans nos vies et ce qu’elle engendre. Un roman qui parle de notre société et qui fait froid dans le dos.
« La fin des idoles » de Nicolas Gaudemet est publié chez Tohu Bohu
Nicolas Gaudemet
La fin des idoles
Portrait 5'41Philippe Chauveau
Bonjour Nicolas Gaudemet
Nicolas Gaudemet
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau
La fin des idoles chez Tohu-Bohu, c'est votre premier roman. J'imagine que c'est important dans la vie d'un homme, d'un auteur, de voir son livre pour la première fois en librairie. Mais c'est quand même une grande histoire parce que finalement le monde de l'écriture, du livre, ça vous titille depuis longtemps. Qui êtes-vous ? D'où venez-vous ? Quel a été votre parcours avant d'arriver en librairie ?
Nicolas Gaudemet
Alors moi je suis passionné de littérature, comme vous, comme les auditeurs de l'émission. J'ai travaillé d'ailleurs dans le monde du livre jusqu'à très récemment. Je suis aussi un passionné de médias. J'ai travaillé pour l'audiovisuel public, et chez Orange sur les chaînes de télévision d'Orange. Je me suis beaucoup intéressé aux séries aussi d'ailleurs. Et j'ai essayé de donner à La fin des idoles, un souffle qui s'inspire de l'écriture addictive des séries avec le côté chorale des personnages, et puis les rebondissements.
Philippe Chauveau
Vous n'avez jamais vu d'antinomie finalement entre la littérature, l'écriture, le livre et tout ce qui touche à l'image. Ce sont deux mondes que l'on a parfois tendance à opposer justement. Vos influences sont-elles liées aux grands romans du 19ème siècle ? Ou êtes-vous plus contemporain sans vos goûts de lecture. Qu'y a-t-il sur votre table de chevet ?
Nicolas Gaudemet
Alors mon auteur favori, c'est Mishima. D'ailleurs, j'ai prévu d'écrire un duetto, de raconter ma rencontre à travers les livres avec Mishima, ce grand auteur japonais. J'ai beaucoup lu les classiques russes également. Notamment Dostoïevski et Les possédés, avec ce combat d'idées. J'ai essayé de m'en inspirer aussi pour La fin des idoles. Côté français, j'ai lu des auteurs très contemporains comme Antoine Bello, Aurélien Bellanger, Christophe Ono-dit-Bio qui m'ont inspirés pour La fin des idoles.
Philippe Chauveau
Pourquoi l'envie d'écriture ? Alors justement parce que vous avez été influencé par ces auteurs de la nouvelle génération et vous vous êtes dits pourquoi pas moi ? Nicolas Gaudemet Alors l'envie d'écriture, elle est bien plus ancienne car je me rappelle qu'à l'âge de 9 ans, j'ai lu du Tourgueniev. J'ai commencé à lire des classiques russes assez tôt. Et j'ai lu Les mémoires d'un chasseur qui sont une série de nouvelles un peu toutes construites sur la même structure. Une partie de chasse à la campagne et j'ai eu l'envie à l'âge de 9 ans d'écrire Les mémoires d'un chasseur 2. Evidemment, c'est de l'écriture d'enfant, donc ça n'a absolument rien à voir avec l'original. Mais très tôt j'ai eu ce goût. Ensuite, je suis retourné à l'écriture à l'adolescence par l'intermédiaire de la musique et de la poésie. J'écris pas mal de poèmes influencés par ceux de Jim Morrisson, Patty Smith et puis de fil en aiguille, Rimbaud, Verlaine, Lautréamont. J'ai publié certains d'ailleurs dans la revue littéraire de l'école polytechnique où j'ai fait mes études. Et enfin, j'ai écrit des nouvelles et même, j'ai tenté d'écrire un roman. J'avais 20 ans. Ce qui était un échec monumental puisque je n'avais ni la discipline, ni la technique, mais j'ai eu l'envie très très tôt.
Philippe Chauveau
Mais alors vous qui avez évolué dans cet univers de l'image, de la télévision, des nouvelles technologies, qui êtes vous-même grand observateur si ce n'est fan des séries télévisées notamment, prendre la plume pour écrire, est-ce que ça ne fait pas un peu passéiste ? Ou est-ce que c'est une valeur refuge pour vous l'écriture ?
Nicolas Gaudemet
Je n'oppose absolument pas le roman, le cinéma et la série. J'étais passionné par le roman dès le début. En premier je dirais. Et puis, d'une certaine manière, ça donne beaucoup plus de liberté un roman parce que on est seul justement à l'écrire, alors qu'un film, une série, il faut monter un projet, il faut attraper des talents, les convaincre etc... Alors qu'un roman, on peut imaginer quelque chose de beaucoup plus fou et de beaucoup plus libre, parce qu'on est seul à l'écrire.
Philippe Chauveau
C'est un défit que vous vous êtes donné avec ce premier roman ?
Nicolas Gaudemet
Oui, c'était un peu un challenge. Je me suis surtout donné une discipline d'écriture parce que je travaillais en même temps et puis j'ai beaucoup écrit en voyage, dans les bars d'hôtel, beaucoup en Asie. J'ai eu beaucoup d'idées pour ce livre en Asie parce que, quand on va dans une grande métropole, mégalopole asiatique, on a encore plus de marques de logos, de clinquant dans tous les centres commerciaux, dans les gratte-ciels etc... et en même temps, on a des temples, des moines boudhistes qui essayent d'apaiser leurs désirs et qui méditent. Donc, il y a une espèce d'opposition que j'ai utilisée avec lesquels je me suis amusé dans la fin des idoles.
Philippe Chauveau
Vous êtes dans l'actualité du livre, Nicolas Gaudemet, La fin des Idoles chez Tohu-Bohu. C'est votre premier roman. On vous souhaite le meilleur.
Nicolas Gaudemet
La fin des idoles
Livre 5'55Philippe Chauveau
Avec ce premier roman Nicolas Gaudemet, la fin des idoles, nous allons entrer dans un univers que nous connaissons tous finalement parce qu'il nous est imposé. C'est celui de ces images, ces images qui sont partout, ces marques, ces multimarques qui sont partout. Vous avez eu envie de dénoncer dans ce qui est votre premier roman la suprématie de l'image à travers la télévision. Et puis ensuite, il y aura une autre dénonciation que nous allons évoquer dans un instant. Mais parlons d'abord de cette envie que vous avez eu pour ce premier roman finalement de vous faire plein d'ennemis, tous ces gens de la télévision, tous ces gens des médias, qui gravitent autour de nos vies et qui nous influencent sans qu'on le veuille. Pourquoi ce choix ?
Nicolas Gaudemet
Comme je le disais tout à l'heure, moi je suis passionné par les médias et j'adore les médias, qui nous permettent de nous divertir, de nous informer, de nous cultiver. C'est ce qu'on fait aujoud'hui dans une émission qui est aussi un média. Mon livre, c'est une réflexion sur un excès qu'on peut ressentir aujourd'hui dans notre société médiatique de plus en plus envahie d'écrans, de marques, de réseaux sociaux qui tentent de gouverner nos désirs. Donc il y a probablement un excès aujourd'hui que j'ai voulu explorer dans ce roman.
Philippe Chauveau
C'est plus une exploration qu'une dénonciation que vous avez eu envie de faire.
Nicolas Gaudemet
Et bien il y a un côté fascination, et il y a un côté révolté. Je pense que chacun en nous ressent ce sentiment d'ambivalence envers les médias parce qu'on adore les regarder, et puis en même temps, on adore les critiquer. Enfin je ne suis pas le seul dans cette situation. Et donc j'ai plusieurs tiraillements en moi que j'ai essayé de mettre en scène au travers des personnages que j'ai créés, de Line qui elle est complètement révoltée par la société médiatique parce qu'elle en a souffert depuis l'enfance pour des raisons qu'on découvre au fil du roman. Et puis d'autres qui eux en font leur miel en profitent, sont installés, comme mon psychanalyste, Gerhard qui a sa propre émission de télévision sur une grande chaine, et donc, ces tiraillements, je les ai diffractés d'une certaine manière dans les différents personnages de La fin des idoles
Philippe Chauveau
Alors vous évoquez quelques uns de vos personnages. Vous évoquez aussi quelques médias qui existent dans votre roman que vous n'hésitez pas à citer. Et puis il y a cette chaine que là vous avez inventée, qui s'appelle V19, c'est une chaine un peu trash même si son slogan, c'est « V19, libère l'esprit », quelque chose comme ça.
Nicolas Gaudemet
La télé qui libère l'esprit.
Philippe Chauveau
Et V19 veut lancer une émission soit disant révolutionnaire avec cette fameuse Line, Line Paradis, qui n'est pas forcément une animatrice, journaliste de télévision, qui est plutôt neuro-scientifique. Alors pourquoi ce personnage féminin et pourquoi avoir inventé cette chaine de télé complètement trash ?
Nicolas Gaudemet
En fait, Line comme je le disais, elle a souffert de la société médiatique depuis l'enfance. Et elle a essayé de comprendre pourquoi on était scotché devant des émissions dont on regrettait souvent de les avoir regardées après. Devant des vidéos de chats sur youtube, ou scotché à compter les likes que l'on avait sur notre dernière publication sur Facebook. Elle a essayé de comprendre pourquoi tout ça. Elle a fait des études approfondies de psychologie, puis de neuroscience, et elle-même s'est forgée un mécanisme de défense. Et en bonne révolutionnaire manipulatrice, elle décide d'infiltrer le système de l'intérieur pour le faire imploser.
Philippe Chauveau
Elle utilise les moyens qu'elle veut dénoncer.
Nicolas Gaudemet
Elle utilise les moyens qu'elle veut dénoncer pour montrer aussi au public comment les médias peuvent les manipuler.
Philippe Chauveau
Alors on ne va pas rentrer trop dans l'intrigue. Il y a 500 pages avec pas mal de rebondissements, de personnages qui gravitent autour de Line. Il y a ce que l'on disait en préambule, cette dénonciation des médias, de l'image qui est partout, et puis vous avez également eu envie de faire une autre dénonciation. C'est cette rivalité que l'on peut observer entre la neuroscience et la psychanalyse. Il y a Line, dont nous venons de parler, il y a Gerard, ce psychanalyste. Ce sont deux mondes que tout oppose et leur rivalité va se jouer justement sur les plateaux de télévision. Pourquoi avoir eu envie là encore de poser ces deux visions ?
Nicolas Gaudemet
J'ai d'abord créé le personnage de Line qui était justement une neuro-scientifique. Ce qui me permettait de donner un éclairage inédit sur les médias parce qu'il n'y a jamais eu de livres, en tous cas de livres grand public qui essayaient de décrypter la société médiatique au prisme des neurosciences, et ça donne des clefs assez passionnantes pour comprendre comment notre cerveau réagit aux médias. Je pense que ça peut passionner vraiment un très très large public. Donc j'avais ce personnage de neuro-scientifique, et du coup, il me fallait pour des questions romanesques, créer un antagoniste à Line et un antagoniste qui puisse d'une certaine manière clasher avec elle le plus possible sur le plus de niveaux possibles, et donc j'ai eu l'idée d'un personnage qui lui est un vieux monsieur et donc un éminent psychanalyste qui lui, fait son miel des médias, qui a sa propre émission de télévision. Pourquoi un psychanalyste ? Parce que les psychanalystes sont farouchement opposés aux neurosciences. Ce sont deux approches de l'esprit totalement en opposition. Je savais qu'elle était très très forte et qu'elle me permettrait de créer une dynamique très dramatique pour le roman.
Philippe Chauveau
On va vous suivre de très près. Félicitation pour ce premier roman, Nicolas Gaudemet, La fin des idoles, votre premier livre publié aux éditions Tohu-Bohu. Merci beaucoup.
Nicolas Gaudemet
Merci