Yves Viollier

Yves Viollier

Y avez-vous dansé Toinou ?

Portrait 6'23

Philippe Chauveau : Bonjour Yves Viollier !

Yves Viollier : Bonjour !

Philippe Chauveau : Merci d'avoir accepté notre invitation. Votre actualité aux éditions Presses de la Cité : « Y avez-vous dansé Toinou ? ». C'est un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente. On va refaire un peu le chemin en sens inverse. Il y au l'écriture, la littérature et puis il y a eu l'enseignement aussi.

Yves Viollier : Oui.

Philippe Chauveau : Ca, ça a été important dans votre vie.

Yves Viollier : Très important.

Philippe Chauveau : Pourquoi ? Qu'aimiez-vous dans l'enseignement ?

Yves Viollier : La transmission, d'une part, et puis être constamment en contact avec la jeunesse, ses exigences. Leur retour était considérable : ils m'apportaient une énergie... Leur curiosité m'obligeait moi-même à être curieux et à avancer ensemble. Et ça a vraiment été un réel bonheur avec eux. Et lorsque j'ai cessé d'enseigner parce que j'ai voulu me consacrer à plein temps à l'écriture, je me suis dit : « oh j'aurais pu enseigner encore une année de plus ».

Philippe Chauveau : J'aimerais vous faire réagir Yves Viollier justement sur l'enseignement du français aujourd'hui et sur l'enseignement des langues tels que le latin ou le grec, puisque vous avez été prof de latin... J'imagine que ça doit un peu vous désoler ce qu'on voit aujourd'hui.

Yves Viollier : Plus que me désoler, me désespérer. Parce que là je pense que l'on passe à côté des fondamentaux. Je dois dire que j'en rencontre beaucoup de mes anciens élèves aujourd'hui à l'occasion de signatures ici et là. Ils me disent tous – même si c'était des élèves qui considéraient le latin comme une matière quand même, pour eux, secondaire, parce qu'on avait deux heures, trois heures de latin – ils me disent tous que cela a été très important pour eux, que ce soit pour la connaissance de la langue française mais aussi pour la compréhension du monde, du monde dans lequel nous vivons. Parce que nous sommes quand même les héritiers de cette culture, de cette civilisation. Et puis quant à l'enseignement du français, nous éloigner des classiques... Moi j'ai monté avec mes élèves « Les Femmes savante », j'ai monté « Antigone » de Sophocle avec les élèves et ça a été des moments de grand bonheur. Désormais, la littérature classique, c'est vraiment la portion congrue. Je crois qu'il faut lui donner sa vraie place.

Philippe Chauveau : Comment la littérature fait-elle son entrée dans votre vie ? Y avait-il une bibliothèque à la maison ? Sont-ce vos parents ou est-ce qu'il y a eu un professeur, un instituteur qui vous a ouvert les portes du livre ?

Yves Viollier : Je suis d'une famille d'artisans.Il y avait quelques livres à la maison mais ce n'est pas chez moi... Ma mère a toujours aimé lire. Mais ça a été des rencontres, en particulier en classe de seconde, avec quelqu'un qui a mis en place à une certaine époque les Jeunesses Littéraires de France. Il est venu au lycée où j'étais élève nous faire une conférence, à cette époque-là, sur le livre de poche, qui était en pleine explosion. J'ai trouvé sa conférence passionnante. Donc il nous parlait des auteurs contemporains... Je me souviens très bien des « Désert des Tartares »... Les JLF avaient une revue qui s'appelait « Les Cahiers du JLF » qui était présente dans beaucoup de lycées de France. Donc je lui écris et je reçois deux mois après les Cahiers des Jeunesses Littéraires de France. J'avais joint à ma lettre quelques poèmes que j'écrivais comme beaucoup de jeunes à 15 ans et mes poèmes étaient publiés dans les Cahiers des JLF. Ca a été le point de départ. Et cet homme m'a accompagné jusqu'à mes vingt ans, vingt-deux ans. Il est venu me trouver, il m'a dit : « je crée ma maison, je vais publier un auteur chevronné – un normand, André Druelle, 82 ans – je veux publier un tout jeune – j'avais vingt ans – ça sera toi. Et c'est comme ça que j'ai écrit mon premier roman : « Un Tristan pour Iseult » qu'il a publié et ça y était, c'est parti...

Philippe Chauveau : Ca a été le départ d'une belle histoire, d'une belle aventure littéraire... On parlait toute à l'heure des classiques – vous aimez de temps en temps retrouver les grands classiques – mais vous êtes aussi très attentif à ce qui se passe, à ce qui se produit aujourd'hui en littérature. Quel regard portez-vous sur le monde littéraire aujourd'hui ? Quelles sont les petites pépites que vous trouvez ?

Yves Viollier : J'ai lu la semaine dernière le dernier Murakami - les deux premiers livres de Murakami. Je me suis régalé parce qu'on a la pépite d'un auteur en devenir. On a toutes les pistes de la grande œuvre de Murakami à venir. Déjà on a la musique Murakami. On a la fantaisie, le fantastique, le merveilleux qui s'installe. En entrant par ses deux premiers romans de Murakami, on peut parcourir ensuite toute l'oeuvre. Et puis je viens de lire là, hier, le Patrick Grainville, que j'ai beaucoup aimé aussi. Là, au contraire de l'oeuvre en devenir, on a un écrivain reconnu et qui continue à écrire avec une énergie, une sensualité, une...

Philippe Chauveau : Lorsque l'on suit votre parcours littéraire Yves Viollier, il y a une constante : vous travaillez beaucoup sur la mémoire, sur le souvenir, sur ce que l'on a vécu avant et qui nous construit aujourd'hui pour demain, si je schématise.

Yves Viollier : Tout à fait.

Philippe Chauveau : Si vous deviez donner une définition de votre style, de l'écriture Yves Viollier, que diriez-vous ?

Yves Viollier : Il me semble important justement de faire ce travail de mémoire pour le transmettre et pour regarder devant... Pour moi, ce qui est important, vraiment, c'est d'apporter une lumière, que ce soit porteur de lumière. Et il me semble qu'à travers ces destins de personnages contemporains ou du passé qui m'intéressent, qui m'ont parlé... A ma manière, avec une exigence : celle du détail vrai. Vraiment, tout mon travail quotidien, c'est d'aller chercher ce détail vrai qui dit, qui dit tout et donc qui permet de regarder devant et de porter cette lumière et de donner un sens.

Philippe Chauveau : La mémoire est le passage vers les générations. Il en est encore question dans votre nouveau titre, Yves Viollier : « Y avez-vous dansé Toinou ? », votre actualité, c'est aux éditions Presses de la Cité.

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