Judith Perrignon

Judith Perrignon

Victor Hugo vient de mourir

Portrait 6'13

Philippe :
Bonjour Judith Perrignon !

Judith Perrignon :
Bonjour.

Philippe :
Merci d'avoir accepté notre invitation. « Victor Hugo vient de mourir » c'est votre actualité, vous êtes publiée chez L'iconoclaste. Avant de parler de Judith Perringon l'auteur, la romancière, la femme écrivain, j'aimerais que l'on parle plus de la journaliste parce que ça aussi, c'est l'une de vos caractéristiques. Mais finalement, est-ce qu'il y a finalement un lien entre l'écriture de romans ou d'essais et votre travail de journaliste ?

Judith Perrignon :
Ah oui. Je le fais en tout cas avec les mêmes convictions, même si l'écriture, la littérature vous emmène plus loin. Souvent dans mes livres, je fais des recherches donc... Soit je vais sur les lieux, soit je fais des recherches dans les archives, comme là pour le Victor Hugo donc quelque part il y a une démarche d'enquête au départ. Donc c'est pas le même métier mais pour moi l'un est le prolongement de l'autre.

Philippe :
L'envie de l'écriture journalistique, comment est-elle née ? D'où vient-elle ?

Judith Perrignon :
Je crois qu'elle vient... Mon père était journaliste et j'adorait l'accompagner le dimanche dans ces moments où les rédactions sont en semi-effectifs. C'était une autre époque, c'était les années 80. Et j'adorais cette ambiance, j'avais l'impression qu'il y avait une espèce de liberté et d'énergie et d'électricité dans les journaux. J'avais une vision très romantique du métier à travers mon père et les gens que je voyais autour de lui. C'était un journal qui s'appelait Le Matin de Paris. Et je crois que ça vient de là au fait.

Philippe :
Vous avez longtemps collaboré au journal Libération, il y a eu aussi Marianne, aujourd'hui vous travailler avec l'équipe du Monde, vous êtes une journaliste engagée, une journaliste militante ? C'est comme ça que vous vous définissez ?

Judith Perrignon :
Moi j'aime bien l'idée d'engagement. Moi donc j'étais 16 ans à Libération, j'étais journaliste politique pendant huit ans donc pendant huit ans moi j'ai suivi les élections, les présidents, les assemblées, les partis. Donc j'ai vu la politique au sommet et j'en ai retenu quelques leçons. J'ai eu besoin d'en partir, je ne voulais pas vieillir avec eux. Après je suis devenu journaliste portraitiste, j'étais la page « Portrait » de Libération, où là j'ai élargi un peu le spectre et j'aimais rentrer dans la vie et les clés des gens, raconter des histoires... Voilà et moi j'ai quitté Libération en 2007, maintenant je suis journaliste pigiste. Mais c'est vrai que pour moi le journaliste, il a une fonction... On parle beaucoup du mot « objectivité » en journalisme et c'est un mot important parce qu'il faut enquêter, il faut peser les pours, les contres et les points de vue, mais pour moi l'engagement du journaliste, c'est un lien entre les gens et le reste du monde, c'est une question importante. Donc je crois aussi à la subjectivité du journaliste.

Philippe :
Pourquoi alors ce besoin d'entrer dans le monde de la littérature ? Il y a eu des essais bien sûr, puis il y a eu des romans, il y eu « Les Chagrins », « Les Faibles et les forts ». Dans les essais, il y a eu l'an dernier, ce très bel ouvrage « Et tu n'es pas revenu » que vous avez écrit en collaboration avec Marceline Loridan-Ivens. Pourquoi ce besoin au delà de l'écriture journalistique, ce besoin d'entrer en littérature ?

Judith Perrignon :
Parce que ça aussi c'était en moi depuis j'étais petite. J'aimais l'écriture, vraiment le bruit, la musique de l'écriture. Et le journalisme, on peut écrire en journalisme mais à un moment, il y a une limite, il y a un cadre là où en terme littéraire il n'y en a pas. On peut s'impliquer encore davantage, on peut aller plus loin, on peut tout à coup basculer, faire un flashback cent-cinquante ans plus tôt, on peut expliquer les choses et vraiment rentrer en profondeur dans les sujets.

Philippe :
Quel regard portez vous aujourd'hui sur la vie littéraire française ?

Judith Perrignon :
Quand on est journaliste, j'ai été journaliste politique je vous disais, on observe énormément les vanités des sommets et donc j'observe ça de très loin. Vraiment la vie littéraire parisienne, je l'observe comme journaliste même si aujourd'hui je publie. Je ne me sens faire partie d'une famille. Après j'aime écrire donc entre auteurs on peut partager des goûts communs, des passions communes mais sinon un écrivain, c'est quelqu'un qui travaille seul. On est seul quand on écrit.

Philippe :
On est seul lorsque l'on écrit. C'est-à-dire que lorsque vous écrivez, vous le faites avant tout pour vous ou pensez-vous déjà au lecteur ?

Judith Perrignon :
Non, je le fais pour moi. Je le fais pour moi. Le lecteur, j'y pense pas, je sais pas qui il est encore. Si je pense à lui, c'est que je ne voudrais pas être ennuyeuse. Je fais jamais des livres très longs. Là où je pense à moi, c'est que je cherche une musique du style et de l'écriture qui je pense m'est personnelle. Là peut-être où je me prépare rencontrer le lecteur, c'est dans la construction, la narration. Je n'ai pas envie de m'imposer entre les mains de quelqu'un, je n'ai pas envie de prendre trop de place, donc je cherche un mode de récit qui peut-être sera agréable et empoignera le lecteur. Mais ce n'est pas par calcul, le lecteur il n'est pas encore là au fait et écrire un livre, c'est s'engager pour deux ans, c'est un défi, c'est un face-à-face avec soi-même d'abord.

Philippe :
Vous qui observez notre société, vous qui observez vos contemporains, est-ce que l'écriture, et notamment l'écriture romanesque, est-ce une façon peut-être de vous isoler, de vous mettre à part justement pendant le temps d'écriture, pendant deux ans ? Est-ce une façon de vous isoler du reste du monde ?

Judith Perrignon :
Oui et de prendre le temps d'y réfléchir aussi. C'est-à-dire que le livre dont on va parler toute à l'heure « Victor Hugo vient de mourir », moi je m'enfermais dans mes archives, je basculais dans des dossiers jaunis, je basculais 130 ans en arrière et c'était comme une bulle. C'était comme une bulle qui me protégeait des débats ambiants, qui me protégeait de la réalité du moment et je m'y sentais très très bien. Effectivement, on est avec ses personnages, on pense à eux comme on pense à ses amis, à ses proches. Pendant deux ans, on les a en tête même quand on écrit pas. On est ailleurs dans un train, en famille, entre amis et ils sont avec vous. Ils sont avec vous, ils vous accompagnent et c'est une douce compagnie parce que vos personnages ils sont pas contre vous, ils sont avec vous.

Philippe :
Votre actualité Judith Perrignon : « Victor Hugo vient de mourir ». Vous êtes publiée par L'iconoclaste.

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  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Nous sommes à Paris, le 22 mai 1885. Victor Hugo rend le dernier soupir. La France est orpheline du grand homme. L'hommage sera national. Mais derrière la pompe que cette république naissante offre au défunt, quels sont les enjeux, quels sont les risques que cet événement peut provoquer pour le pouvoir en place alors qu'Hugo a toujours été du côté des plus humbles? C’est ce que raconte Judith Perrignon dans ce passionnant roman « Victor Hugo vient de mourir » paru chez L'iconoclaste. Ecrivant au présent, multipliant les...Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon - Présentation - Suite
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    J'ai trouvé le roman de Judith Perrignon vraiment très intéressant, c'est un roman historique qui nous parle subtilement de notre époque d'aujourd'hui. Elle réussi à donner la parole à des personnes qui ne l'ont pas forcément, dans ce roman elle nous parle de la mort de Victor Hugo donc à priori on pourrait penser qu'elle ne va nous parler que de Victor Hugo,. Or elle nous parle bien plus de ses proches, du peuple et de toutes ces personnes politiques qui veulent récupérer la mort d'Hugo pour servir leur cause. Je pense que...Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon - L'avis du libraire - Suite