Nicolas Delesalle

Nicolas Delesalle

Un parfum d'herbe coupée

Portrait 6'17

Est-ce un roman, est-ce un livre de souvenirs, est-ce une autobiographie ? Parce que ce n'est pas précisé sur la couverture. Vous-même, comment le voyez-vous ?
Je crois qu'aujourd'hui, c'est un roman ! Je ne pense pas qu'il ait été écrit au départ comme un roman, je suis dedans de la première à la dernière page, mais je ne sais plus exactement ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas à l'intérieur.
J'ai suivi avec modestie les préceptes de Romain Gary concernant le roman, qui disait qu'il faut transformer la réalité en mythe. Je ne suis pas sûr que tout ce que raconte Gary sur sa mère soit tout à fait exact…
Mais je me suis inspiré de cette méthode de déformer le réel pour en faire quelque chose de frappant même quand il ne se passe rien. Il y a évidemment beaucoup de choses vraies. C'est difficile de définir ce livre.
Ce ne sont pas des mémoires, ce n'est pas vraiment un recueil de nouvelles, ni tout à fait un roman. Je pense qu'en 2015, on peut s'affranchir des grandes catégories littéraires.
En tout cas c'est un livre dans lequel chacun peut se retrouver, c'est ce que vous disiez, peu importe la génération et la vie que l'on a menée. Chacun peut être présent dans certaines de vos pages.
Si j'essaie de résumer, vous racontez vos souvenirs d'enfance, d'adolescence, de jeune adulte. Tous ces petits moments qui font une vie, des moments joyeux, des moments plus difficiles. Pourquoi avoir voulu écrire ce livre à ce moment de votre vie ?
Il y a évidemment l'envie de laisser quelque chose, un héritage. Tout s'efface si vite que j'avais envie que mon arrière-petite-fille connaisse deux trois détails. C'est un prétexte aussi pour soigner ma crise de la quarantaine j'imagine,
parce que c'est l'âge où l'on se retourne pour la première fois. Je n'ai pas de regrets, pas d'enfance perdu, pas de paradis perdu, il y a juste l'envie de disséquer des instants qui transforment la personnalité, et ces instants me fascinent car ils se jouent à la seconde près.
Par exemple, le chapitre titre « L'herbe coupée », c'est un instant où il ne passe absolument rien, mon père écoute les Bee Gees et là, il y a un moment d'éternité, je me dis « je suis heureux, je suis bien ».
Je n'y repense pas pendant 30 ans et un jour, je ré-écoute les Bee Gees dans un taxi en reportage à Budapest et cette instant s'imprègne tellement en moi que le soir même j'écris. Cet instant où il ne se passe rien, je me dis juste « je me sens bien », mais j'en ai conscience.
Vous nous racontez des moments qui sont assez doux comme celui-ci, vous évoquez beaucoup de membres de votre famille, puis il y a aussi des moments plus difficiles, lorsque vous prenez conscience qu'un jour tout peut s'arrêter net.
Oui, c'est assez fidèle à ce que nous vivons tous, c'est à dire des moments de félicités pures et des moments tragiques, y compris lorsqu'il ne se passe rien, que l'on prend conscience que la vie est difficile à appréhender dans son ensemble.
Est-ce qu'écrire vous apaise ?
Peut-être que dans dix ans je vous dirais, « vous aviez raison, c'est évident que ça m'a apaisé de l'écrire », mais je n'ai pas eu l'impression que cela m'apaisait de l'écrire, ni que cela me rendait joyeux, c'était juste une évidence de l'écrire.
Pourrait-on parler d'une douce mélancolie à travers ces pages ? Dans votre livre, vous insistez sur le fait qu'une partie de vos origines est russe. Est-ce cette fameuse âme slave qui coule dans vos veines, avec cette douce mélancolie ?
C'est une bonne question, je suis pas sûr d'être le mieux placé pour y répondre, je ne sais pas à quel point on est libre, à quel point on recopie les schémas, en l'occurrence parce que j'ai des origines russes.
Est-ce que cela explique le fait que je sois plus sensible ou plus excessif, à quel moment on essaie de devenir nous-mêmes… Je ne sais pas. Je n'ai pas fait un travail psychologique dans ce livre, j'ai juste raconté des instants.
Avez-vous eu l'impression de remercier toutes les personnes que vous avez côtoyés, votre famille, vos profs, vos amis ?
Oui clairement, tous les gens qui autour de moi m'ont donné sans que je m'en rende compte. Ceux qui vous font grandir, qui vous enrichissent, qui vous font devenir un tout petit peu moins con !
Comme dans le livre, lorsque vous êtes en voiture la nuit, que vous revenez de vacances avec votre épouse et vos deux filles, certaines images vous reviennent encore, vous dites-vous « tiens ! Cette pensée apparaitra dans un futur roman » ?
Systématiquement ! Les autoroutes la nuit, quand tout le monde dors, ce sont des machines à remonter le temps.
Ce livre a t-il changé le regard de votre entourage sur vous ?
Les gens sont très pudiques, je sais pas trop ce qu'ils pensent en fait.
En tout cas, je confirme ce que nous disions en préambule, ce sont vos souvenirs, certes, mais des souvenirs que chacun peut reprendre pour soi et interpréter. Juste en conclusion, je vais me permettre de lire une phrase qui à mon sens résume bien le propos de votre livre.
C'est une phrase que dit votre grand-père la dernière fois que vous le voyez : « Tout passe, tout casse, tout lasse, à la réflexion ce n'est pas une catastrophe, heureusement qu'on a le droit à l'oubli, heureusement que l'on meurt, c'est comme ça qu'on sait que l'on existe.»
Est-ce un bon résumé de votre livre ?
Tout à fait !
Merci Nicolas Delesalle, « Un parfum d'herbe coupée » c'est aux éditions Préludes.

Philippe Chauveau :
Est-ce un roman, est-ce un livre de souvenirs, est-ce une autobiographie ? Parce que ce n'est pas précisé sur la couverture. Vous-même, comment le voyez-vous ?

Nicolas Delesalle :
Je crois qu'aujourd'hui, c'est un roman ! Je ne pense pas qu'il ait été écrit au départ comme un roman, je suis dedans de la première à la dernière page, mais je ne sais plus exactement ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas à l'intérieur.
J'ai suivi avec modestie les préceptes de Romain Gary concernant le roman, qui disait qu'il faut transformer la réalité en mythe. Je ne suis pas sûr que tout ce que raconte Gary sur sa mère soit tout à fait exact…
Mais je me suis inspiré de cette méthode de déformer le réel pour en faire quelque chose de frappant même quand il ne se passe rien. Il y a évidemment beaucoup de choses vraies. C'est difficile de définir ce livre.
Ce ne sont pas des mémoires, ce n'est pas vraiment un recueil de nouvelles, ni tout à fait un roman. Je pense qu'en 2015, on peut s'affranchir des grandes catégories littéraires.

Philippe Chauveau :
En tout cas c'est un livre dans lequel chacun peut se retrouver, c'est ce que vous disiez, peu importe la génération et la vie que l'on a menée. Chacun peut être présent dans certaines de vos pages.
Si j'essaie de résumer, vous racontez vos souvenirs d'enfance, d'adolescence, de jeune adulte. Tous ces petits moments qui font une vie, des moments joyeux, des moments plus difficiles. Pourquoi avoir voulu écrire ce livre à ce moment de votre vie ?

Nicolas Delesalle :
Il y a évidemment l'envie de laisser quelque chose, un héritage. Tout s'efface si vite que j'avais envie que mon arrière-petite-fille connaisse deux trois détails. C'est un prétexte aussi pour soigner ma crise de la quarantaine j'imagine,
parce que c'est l'âge où l'on se retourne pour la première fois. Je n'ai pas de regrets, pas d'enfance perdu, pas de paradis perdu, il y a juste l'envie de disséquer des instants qui transforment la personnalité, et ces instants me fascinent car ils se jouent à la seconde près.
Par exemple, le chapitre titre « L'herbe coupée », c'est un instant où il ne passe absolument rien, mon père écoute les Bee Gees et là, il y a un moment d'éternité, je me dis « je suis heureux, je suis bien ». Je n'y repense pas pendant 30 ans et un jour, je ré-écoute les Bee Gees dans un taxi en reportage à Budapest et cette instant s'imprègne tellement en moi que le soir même j'écris. Cet instant où il ne se passe rien, je me dis juste « je me sens bien », mais j'en ai conscience.

Philippe Chauveau :
Vous nous racontez des moments qui sont assez doux comme celui-ci, vous évoquez beaucoup de membres de votre famille, puis il y a aussi des moments plus difficiles, lorsque vous prenez conscience qu'un jour tout peut s'arrêter net.

Nicolas Delesalle :
Oui, c'est assez fidèle à ce que nous vivons tous, c'est à dire des moments de félicités pures et des moments tragiques, y compris lorsqu'il ne se passe rien, que l'on prend conscience que la vie est difficile à appréhender dans son ensemble.

Philippe Chauveau :
Est-ce qu'écrire vous apaise ?

Nicolas Delesalle :
Peut-être que dans dix ans je vous dirais, « vous aviez raison, c'est évident que ça m'a apaisé de l'écrire », mais je n'ai pas eu l'impression que cela m'apaisait de l'écrire, ni que cela me rendait joyeux, c'était juste une évidence de l'écrire.

Philippe Chauveau :
Pourrait-on parler d'une douce mélancolie à travers ces pages ? Dans votre livre, vous insistez sur le fait qu'une partie de vos origines est russe. Est-ce cette fameuse âme slave qui coule dans vos veines, avec cette douce mélancolie ?

Nicolas Delesalle :
C'est une bonne question, je suis pas sûr d'être le mieux placé pour y répondre, je ne sais pas à quel point on est libre, à quel point on recopie les schémas, en l'occurrence parce que j'ai des origines russes.
Est-ce que cela explique le fait que je sois plus sensible ou plus excessif, à quel moment on essaie de devenir nous-mêmes… Je ne sais pas. Je n'ai pas fait un travail psychologique dans ce livre, j'ai juste raconté des instants.

Philippe Chauveau :
Avez-vous eu l'impression de remercier toutes les personnes que vous avez côtoyés, votre famille, vos profs, vos amis ?

Nicolas Delesalle :
Oui clairement, tous les gens qui autour de moi m'ont donné sans que je m'en rende compte. Ceux qui vous font grandir, qui vous enrichissent, qui vous font devenir un tout petit peu moins con !

Philippe Chauveau :
Comme dans le livre, lorsque vous êtes en voiture la nuit, que vous revenez de vacances avec votre épouse et vos deux filles, certaines images vous reviennent encore, vous dites-vous « tiens ! Cette pensée apparaîtra dans un futur roman » ?

Nicolas Delesalle :
Systématiquement !Les autoroutes la nuit, quand tout le monde dort, ce sont des machines à remonter le temps.

Philippe Chauveau :
Ce livre a-t-il changé le regard de votre entourage sur vous ?

Nicolas Delesalle :
Les gens sont très pudiques, je ne sais pas trop ce qu'ils pensent en fait.

Philippe Chauveau :
En tout cas, je confirme ce que nous disions en préambule, ce sont vos souvenirs, certes, mais des souvenirs que chacun peut reprendre pour soi et interpréter. Juste en conclusion, je vais me permettre de lire une phrase qui à mon sens résume bien le propos de votre livre.
C'est une phrase que dit votre grand-père la dernière fois que vous le voyez : « Tout passe, tout casse, tout lasse, à la réflexion ce n'est pas une catastrophe, heureusement qu'on a le droit à l'oubli, heureusement que l'on meurt, c'est comme ça qu'on sait que l'on existe.»
Est-ce un bon résumé de votre livre ?

Nicolas Delesalle :
Tout à fait !

Philippe Chauveau :
Merci Nicolas Delesalle, « Un parfum d'herbe coupée » c'est aux éditions Préludes.

  • PRÉSENTATION
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Préludes est une nouvelle maison d'édition qui a vu le jour en janvier dernier avec l'ambition de promouvoir de nouveaux auteurs en publiant leurs premiers romans.Parmi eux, Nicolas Delesalle dont la plume est toutefois déjà connue des lecteurs de Télérama où il est grand reporter. Un métier qui l'amène à arpenter la planète dans les endroits souvent les plus sensibles, l'Égypte, l'Afghanistan, le Niger notamment. Mais le premier roman de Nicolas Delesalle est finalement très éloigné de son quotidien professionnel....Rediffusion - Dimanche 21 avril de Nicolas Delesalle - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Est-ce un roman, est-ce un livre de souvenirs, est-ce une autobiographie ? Parce que ce n'est pas précisé sur la couverture. Vous-même, comment le voyez-vous ?Nicolas Delesalle :Je crois qu'aujourd'hui, c'est un roman ! Je ne pense pas qu'il ait été écrit au départ comme un roman, je suis dedans de la première à la dernière page, mais je ne sais plus exactement ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas à l'intérieur.J'ai suivi avec modestie les préceptes de Romain Gary concernant le roman, qui disait qu'il...Rediffusion - Dimanche 21 avril de Nicolas Delesalle - Le livre - Suite
    Aurélie DurandalL'œil au vert59 Rue de l'Amiral Mouchez75013 Paristél : 01 45 88 67 96Là où c'est très agréable à lire, c'est que même si on n'a pas eu la même enfance ou la même adolescence que le personnage, il y a toujours des petits instants où on se retrouve. Où on a l'impression de revivre nous-mêmes des moments qui ne sont pas forcément des moments marquants.Il n'y a pas de drame, ou de situation complètement ahurissante dans le livre. C'est justement ça qui fait la force du livre. C'est de pouvoir nous dire par...Rediffusion - Dimanche 21 avril de Nicolas Delesalle - L'avis du libraire - Suite