Francesco Rapazzini

Francesco Rapazzini

Un été vénitien

Portrait 6'21"

Philippe Chauveau : Bonjour Francesco Rapazzini.

Francesco Rapazzini : Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau : Vous êtes dans l'actualité avec ce roman, votre troisième roman chez Bartillat, « Un été vénitien ». Je précise, troisième roman même si vous avez une bibliographie plus conséquente puisqu'il y a eu des biographies et des ouvrages collectifs. Vous êtes installé en France depuis une vingtaine d'années mais vous êtes toujours en lien avec l'Italie puisque vous travaillez pour une agence de presse et pour la presse magazine italienne. Si vous deviez définir votre parcours, pourquoi la France aujourd’hui ? Pourquoi depuis 20 ans êtes-vous installé ici ? Le hasard ou l'envie ?

Francesco Rapazzini : L'amour !

Philippe Chauveau : C'est bien aussi !

Francesco Rapazzini : C'est l'amour qui m'a fait venir en France mais c'était un amour pour quelqu'un et ce n'était pas la langue, et pas tellement la culture. Même si j'ai fui la culture italienne ou la non culture italienne actuelle… Quand je suis venu ici, en France, je savais dire « bonjour », « bonsoir » et « je vous aime ». Avec ça, on peut aller partout ! Puis, j'ai appris la langue que j'ai adorée et j'ai voulu m'exprimer directement dans cette langue.

Philippe Chauveau : Mais précisons le, vous n'avez jamais coupé les liens avec l'Italie où vous retournez régulièrement.

Francesco Rapazzini : Non, je n'ai pas coupé les liens avec l'Italie parce que j'ai ma famille là-bas. J'ai ma mère à Venise, mon frère, des neveux et des amis.

Philippe Chauveau : Venise et Milan sont les deux points forts pour vous de l'Italie. C'est là-bas que vous avez vos racines. Vous parliez de la non-culture italienne d'aujourd'hui, précisez.

Francesco Rapazzini : En Italie, aujourd’hui, ceux qui publient, à part quelques rares exceptions qui sont formidables, ce sont les comiques de la télé, les journalistes télé, je n'ai rien contre les journalistes télé, ce sont les footballeurs, les comédiens... C'est ça aujourd’hui la littérature italienne et c'est un peu pauvre.

Philippe Chauveau : Paradoxalement, il y a de plus en plus d'écrivains italiens qui ont la côte, si je parle d'Elena Ferrante par exemple.

Francesco Rapazzini : Oui, c'est vrai mais ce sont les dernières générations. Moi, je suis arrivé ici il y a vingt-deux ans, et c'était une catastrophe. Aujourd’hui, c’est vrai, il y a des auteurs qui sont très bons mais pas assez nombreux.

Philippe Chauveau : Je le disais en préambule, vous avez trois romans à votre actif, il y a aussi eu des biographies sur la chanteuse Damia, ou Elisabeth de Gramont. Vous avez aussi fait un très beau livre sur les femmes du Moulin Rouge. La femme est très présente, l'univers féminin est toujours très présent dans votre écriture, pourquoi ?

Francesco Rapazzini : J'ai grandi entre Venise et Milan mais ma famille est une famille d'artistes, d'artistes femmes. Depuis toujours, depuis le XIXe siècle il y a eu des femmes peintres, des femmes dramaturges, des femmes écrivaines ou romancières, des historiennes. Toujours des femmes. Celles que j'ai connues, je les ai fait parler quand j'étais gamin et celles que je n'ai pas connues, je me suis intéressé à leur art ou à leur œuvre. C'est pour cela que le monde féminin m'intéresse.

Philippe Chauveau : Etait-ce difficile de grandir dans l'ombre de ces femmes de la famille ?

Francesco Rapazzini : Non c'était un grand plaisir ! C'était une joie de voir des tableaux et savoir que ces tableaux étaient peints par votre arrière-grand-mère, voir des sculptures qui sont très belles, qui sont dans des musées et qui ont été sculptées par une grande tante ou encore avoir une cousine qui était la scénographe et costumière de Visconti ou Antonioni... Et qui était peintre elle-même. C'est très réjouissant, ce n'est pas du tout lourd ni pesant.

Philippe Chauveau : Cela ne vous a jamais empêché de prendre la plume, au contraire, cela vous a peut-être stimulé aussi ? Francesco Rapazzini : Oui, cela m'a stimulé et m'a donné envie de montrer que les hommes aussi, dans cette famille, savent faire quelque chose !

Philippe Chauveau : Une revanche ?

Francesco Rapazzini : Oui…

Philippe Chauveau : Que vous apporte l'écriture dans votre vie ?

Francesco Rapazzini : L'écriture, c'est un univers magnifique, on s'y jette, comme sur la couverture de mon roman. C'est l'air, c'est l'univers qu'on a dans la tête, on a envie de le partager, on en a besoin. Je me souviens, quand je parlais avec une grande tante sculptrice, je lui ai demandé ce qui l'a poussée à sculpter et elle disait « une force dans mon estomac, et si je ne la fais pas sortir, je meurs ». C'est un peu pareil pour moi l'écriture, c'est un besoin physique.

Philippe Chauveau : Aujourd'hui vous écrivez en italien, et vous traduisez vous-même vos écrits ? Francesco Rapazzini : Cela dépend. Ou bien, j'écris en italien, ou j'écris directement en français. En l'occurrence, pour ce roman, j'ai d'abord écrit en italien parce que ça raconte Venise, où j'ai grandi, donc il y a les sons, les bruits, les voix, la parole, les dialectes vénitiens et donc évidemment je l'ai écrit en italien et après je l'ai traduit en français.

Philippe Chauveau : Vous avez vous-même traduit en français ce que vous avez écrit en italien ? Francesco Rapazzini : Oui, c'est un exercice que j'ai déjà fait autrefois avec les autres romans et la version française est toujours un peu différente de la version italienne.

Philippe Chauveau : Je tenais à le préciser parce que cette traduction est un petit bijou de perfection, on a l'impression que vous maniez la langue française avec une telle facilité, une telle poésie, une telle élégance. C'était important de le dire. Votre actualité Francesco Rapazzini, « Un été vénitien », vous êtes publié chez Bartillat.

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  • LIVRE
  • Francesco Rapazzini a grandi entre Venise et Milan. Installé en France depuis plus de vingt ans, il est aujourd’hui journaliste correspondant pour des magazines et la radio italienne. En librairie, on connait Francesco Rapazzini pour son ouvrage sur le Moulin Rouge ou encore des biographies consacrées à Elisabeth de Grammont ou à chanteuse réaliste Damia. L’univers littéraire de Francesco Rapazzini est d’ailleurs très féminin. On ne s’en étonne pas quand on sait combien les femmes de sa famille ont été actives en Italie...Un été vénitien de Francesco Rapazzini - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : Votre troisième roman Francesco Rapazzini, « Un été vénitien », est publié chez Bartillat, avec cette belle couverture qui est tout à fait symbolique de ce que vous nous racontez dans cet ouvrage. Nous rencontrons Francesco, nous sommes à l'été 1978, nous sommes à Venise, il fait chaud. Nous sommes très loin de la Venise touristique, vous nous parlez vraiment d'une Venise authentique, celle que vous avez bien connue. Pourquoi avoir eu envie de nous emmener sur les pas de ce Francesco qui vous ressemble...Un été vénitien de Francesco Rapazzini - Livre - Suite