Eric-Emmanuel Schmitt

Eric-Emmanuel Schmitt

Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent

Portrait 4'23
Philippe Chauveau (Web tv culture)
Bonjour Eric-Emmanuel Schmitt

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Bonjour

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... Ça c'est votre actualité, c'est chez Albin Michel, votre nouveau livre. Et puis l'autre actualité c'est une pièce, Kiki van Beethoven, qui est joué par Danièle Lebrun, ici, au théâtre La Bruyère où nous nous retrouvons. Quand vous êtes dans une salle de théâtre comme ça, est-ce que vous revoyez le petit garçon qui avait découvert Cyrano de Bergerac ? Vous avez toujours ce même ressenti.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
J'ai toujours un frisson dans une salle de théâtre, parce que j'ai l'impression que tout est possible, tout peut arriver, qu'on peut aimer, qu'on peut vivre, qu'on peut mourir, qu'on peut se lever après être mort. C'est un endroit, pour moi, qui est le miroir de la vie, mais un miroir ludique où au fond, les choses n'ont pas trop d'importance. La première fois, c'était Cyrano de Bergerac; c'était Jean Marais qui jouait, et je me suis assis dans mon fauteuil, très près de la scène, et après j'ai plongé dans l'histoire. Je me suis mis a aimer cet homme, Cyrano, qui ne croit pas qu'on l'aime parce qu'il a le complexe de son nez. Ca m'a bouleversé, et donc j'ai pleuré, et c'était les premières larmes philanthropiques de mon existence. La première larme altruiste, je ne pleurais pas sur moi, le petit garçon, mais sur ce grand bonhomme, ce Cyrano, si brillant et j'avais honte de mes larmes parce que je croyais que j'étais le seul. Et la lumière est revenu, et j'ai regardé autour de moi, et tous les adultes étaient en larmes. Et là, je me suis dit, c'est génial cet endroit, et en sortant j'ai dit à ma mère : « je veux faire ça plus tard ». Elle me fait : « quoi ? », « être le Monsieur qui fait pleurer tout le monde »; « Tu veux être acteur comme Jean Marais »; « Non, Edmond Rostand ». Il me semblait que si Jean Marais était capable de faire pleurer, c'est parce que Edmond Rostand avait écrit une histoire qui remportait l'émotion.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
L'adolescence ensuite, on lit parfois que vous étiez un adolescent rebelle, voire violent. C'est vrai, ou c'est une légende ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
C'est très banal d'être violent à l'adolescence, surtout chez les garçons, j'avais besoin de me poser en m'opposant, donc je remettais tout en question. J'avais beaucoup de force physique qui poussait en moi, je ne savais pas quoi faire de cette force, je testais la résistance des autres, je pense que j'ai été vraiment odieux. Une partie de cette violence, je l'extériorisais, mais une partie je la retournais contre moi-même, j'avais des envies de suicides, c'était une période extrêmement douloureuse et je me sens toujours en grande empathie, et sympathie, lorsque je rencontre des adolescents.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Est-ce que déjà à cette époque, les textes , que se soit au théâtre, au cinéma ou la littérature, est-ce que ça vous a aidé a avancer ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Oui, oui. A l'adolescence, la musique et la littérature me permettent de supporter la vie parce que je l'ai trouvée terne et sans intérêt, ma vie; et j'avais des jugements très sévères sur tout ce qui m'entourait. Comme souvent chez les adolescents. Et grâce à la littérature, je me rendais compte qu'il y avait des êtres complexes, des vies passionnantes. Et grâce à la musique, je me construisais spirituellement, j'explorais mes émotions avec Beethoven et Mozart entre autres. La musique me faisait sentir que la vie était belle, qu'il y avait des belles choses à découvrir sur cette terre.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Aujourd'hui, lorsque vous écrivez, lorsque vous offrez au public un livre, que se soit un roman, un essai, une nouvelle, une pièce de théâtre. Est-ce que vous êtes conscient du bien être que vous pouvez apporter à certains lecteurs ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Non, moi je n'en suis pas conscient du tout, quand on me le dit, ça me bouleverse, parce que je pense que c'est la plus belle chose que l'on peut apporter aux autres. Moi quand les gens me disent « merci », et pas « bravo », je trouve ça merveilleux, parce qu'on se dit « j'ai une petite utilité ». L'intérêt des livres et des spectacles, c'est d'aider les gens à vivre. C'est de rendre la vie plus belle, meilleure, plus généreuse, plus fantaisiste.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Merci beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt, une double actualité donc Danièle Lebrun dans Kiki van Beethoven, ici au Théâtre La Bruyère où nous sommes installés, et puis un nouveau titre chez Albin Michel, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...
Philippe Chauveau (Web tv culture)
Bonjour Eric-Emmanuel Schmitt

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Bonjour

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... Ça c'est votre actualité, c'est chez Albin Michel, votre nouveau livre. Et puis l'autre actualité c'est une pièce, Kiki van Beethoven, qui est joué par Danièle Lebrun, ici, au théâtre La Bruyère où nous nous retrouvons. Quand vous êtes dans une salle de théâtre comme ça, est-ce que vous revoyez le petit garçon qui avait découvert Cyrano de Bergerac ? Vous avez toujours ce même ressenti.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
J'ai toujours un frisson dans une salle de théâtre, parce que j'ai l'impression que tout est possible, tout peut arriver, qu'on peut aimer, qu'on peut vivre, qu'on peut mourir, qu'on peut se lever après être mort. C'est un endroit, pour moi, qui est le miroir de la vie, mais un miroir ludique où au fond, les choses n'ont pas trop d'importance. La première fois, c'était Cyrano de Bergerac; c'était Jean Marais qui jouait, et je me suis assis dans mon fauteuil, très près de la scène, et après j'ai plongé dans l'histoire. Je me suis mis a aimer cet homme, Cyrano, qui ne croit pas qu'on l'aime parce qu'il a le complexe de son nez. Ca m'a bouleversé, et donc j'ai pleuré, et c'était les premières larmes philanthropiques de mon existence. La première larme altruiste, je ne pleurais pas sur moi, le petit garçon, mais sur ce grand bonhomme, ce Cyrano, si brillant et j'avais honte de mes larmes parce que je croyais que j'étais le seul. Et la lumière est revenu, et j'ai regardé autour de moi, et tous les adultes étaient en larmes. Et là, je me suis dit, c'est génial cet endroit, et en sortant j'ai dit à ma mère : « je veux faire ça plus tard ». Elle me fait : « quoi ? », « être le Monsieur qui fait pleurer tout le monde »; « Tu veux être acteur comme Jean Marais »; « Non, Edmond Rostand ». Il me semblait que si Jean Marais était capable de faire pleurer, c'est parce que Edmond Rostand avait écrit une histoire qui remportait l'émotion.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
L'adolescence ensuite, on lit parfois que vous étiez un adolescent rebelle, voire violent. C'est vrai, ou c'est une légende ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
C'est très banal d'être violent à l'adolescence, surtout chez les garçons, j'avais besoin de me poser en m'opposant, donc je remettais tout en question. J'avais beaucoup de force physique qui poussait en moi, je ne savais pas quoi faire de cette force, je testais la résistance des autres, je pense que j'ai été vraiment odieux. Une partie de cette violence, je l'extériorisais, mais une partie je la retournais contre moi-même, j'avais des envies de suicides, c'était une période extrêmement douloureuse et je me sens toujours en grande empathie, et sympathie, lorsque je rencontre des adolescents.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Est-ce que déjà à cette époque, les textes , que se soit au théâtre, au cinéma ou la littérature, est-ce que ça vous a aidé a avancer ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Oui, oui. A l'adolescence, la musique et la littérature me permettent de supporter la vie parce que je l'ai trouvée terne et sans intérêt, ma vie; et j'avais des jugements très sévères sur tout ce qui m'entourait. Comme souvent chez les adolescents. Et grâce à la littérature, je me rendais compte qu'il y avait des êtres complexes, des vies passionnantes. Et grâce à la musique, je me construisais spirituellement, j'explorais mes émotions avec Beethoven et Mozart entre autres. La musique me faisait sentir que la vie était belle, qu'il y avait des belles choses à découvrir sur cette terre.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Aujourd'hui, lorsque vous écrivez, lorsque vous offrez au public un livre, que se soit un roman, un essai, une nouvelle, une pièce de théâtre. Est-ce que vous êtes conscient du bien être que vous pouvez apporter à certains lecteurs ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Non, moi je n'en suis pas conscient du tout, quand on me le dit, ça me bouleverse, parce que je pense que c'est la plus belle chose que l'on peut apporter aux autres. Moi quand les gens me disent « merci », et pas « bravo », je trouve ça merveilleux, parce qu'on se dit « j'ai une petite utilité ». L'intérêt des livres et des spectacles, c'est d'aider les gens à vivre. C'est de rendre la vie plus belle, meilleure, plus généreuse, plus fantaisiste.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Merci beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt, une double actualité donc Danièle Lebrun dans Kiki van Beethoven, ici au Théâtre La Bruyère où nous sommes installés, et puis un nouveau titre chez Albin Michel, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...

Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent Aux éditions Albin Michel
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • C'est en 1991 que le grand public découvre Eric-Emmanuel Schmitt, alors jeune agrégé de philosophie avec sa première pièce , La nuit de Valognes.Le succès sera confirmé quelque temps plus tard avec le visiteur, qui obtiendra trois "Molières" en 1994. Suivront d'autres pièces avec par exemple Variations énigmatiques avec Francis Huster, et Alain Delon; ou encore Frédérick ou le boulevard du crime, créé au théâtre Marigny par Jean-Paul Belmondo.Parallèlement à ses écritures de théâtre, Eric-Emmanuel Schmitt propose...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web tv culture) Bonjour Eric-Emmanuel Schmitt Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...) Bonjour Philippe Chauveau (Web tv culture) Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... Ça c'est votre actualité, c'est chez Albin Michel, votre nouveau livre. Et puis l'autre actualité c'est une pièce, Kiki van Beethoven, qui est joué par Danièle Lebrun, ici, au théâtre La Bruyère où nous nous retrouvons. Quand vous êtes dans une salle de théâtre comme ça, est-ce que vous...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web tv culture) Eric-Emmanuel Schmitt, nous sommes ensemble dans ce Théâtre La Bruyère, ici en plein coeur de Paris, dans le 9 ème arrondissement. Une double actualité avec ce livre chez Albin Michel, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... J'ai envie de dire que c'est un livre dans lequel il y a deux livres, puisque c'est un essai sur Beethoven, et puis il y a le texte de la pièce qui est votre autre actualité, la pièce Kiki van Beethoven, interprétée ici au théâtre La...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Le livre - Suite
    Librairie Del Duca 26 Boulevard des Italiens 75009 Paris Tél: 01.47.70.37.17 Sylviane Duchenet C'est un livre extraordinaire, parce qu'il nous parle de Beethoven; il connait parfaitement Beethoven, il l'aime, je pense que c'est pour faire redécouvrir Beethoven peut-être.Lui a du certainement le redécouvrir, c'est vrai que c'est magnifique. C'est pour tout le monde. Même les gens qui n'aiment pas la musique classique, c'est de faire découvrir la grande musique à des gens qui ne sont peut-être pas habitués.Eric-Emmanuel Schmitt...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - L'avis du libraire - Suite