Eric-Emmanuel Schmitt

Eric-Emmanuel Schmitt

Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent

Le livre 5'21
Philippe Chauveau (Web tv culture)
Eric-Emmanuel Schmitt, nous sommes ensemble dans ce Théâtre La Bruyère, ici en plein coeur de Paris, dans le 9 ème arrondissement. Une double actualité avec ce livre chez Albin Michel, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... J'ai envie de dire que c'est un livre dans lequel il y a deux livres, puisque c'est un essai sur Beethoven, et puis il y a le texte de la pièce qui est votre autre actualité, la pièce Kiki van Beethoven, interprétée ici au théâtre La Bruyère par Danièle Lebrun. C'est une bonne définition : deux livres en un ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Et même plus, puisqu'il y a un CD. Je trouve que c'est stupide de parler de la musique, sans qu'on puisse l'entendre, donc un CD avec des versions que j'ai choisies pendant des heures et des heures, accompagne la lecture comme j'avais pour Ma vie avec Mozart.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Deux textes différents, la pièce de théâtre, et puis un essai sur votre relation avec Beethoven, et on se rend compte que, finalement, Beethoven a toujours fait partie de votre existence, et vous a peut être aidé à avancer ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Oui, Beethoven, je fais croire dans l'histoire que j'ai quasiment vécu en couple avec lui pendant l'adolescence, puisque c'était quelqu'un qui m'aidé à découvrir tous les sentiments que j'avais en moi, il poussait leur intensité, il excitait ces sentiments, c'est le propre du romantisme.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Est-ce que le personnage de Beethoven est quelqu'un pour lequel vous avez de la sympathie ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Beethoven est fascinant.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Déroutant aussi.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Il est d'abord fascinant, parce qu'il a la tête de Beethoven, c'est rare qu'un musicien ait sa propre tête, qui concorde avec sa musique et sa vie, c'est-à-dire qu'il a vraiment le masque du génie. Cet immense front avec des bosses comme si la pensée donnait des coups pour sortir, ses cheveux qui sont comme des émanations de toutes ses idées, il a vraiment la tête de l'emploi. Et puis il a une vie qui, quelque part, est une illustration de la philosophie "Beethovenienne", c'est-à-dire qu'il a une vie épouvantable, avec une enfance assez misérable, il ne reçoit pas beaucoup d'amour, et pourtant cet homme-là va croire à l'amour, et va l'exprimer dans sa musique.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Dans ce livre, la première partie, c'est cet essai sur Beethoven, et ensuite le texte de Kiki van Beethoven. Alors Kiki c'est une femme qui vit dans une maison de retraite.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Elle vit dans une maison de retraite, un immeuble comme ça, dont tous les appartements sont occupés par des personnes âgées, elle a un groupe de copines, elle est un peu la cheftaine du groupe de copines, parce qu'elle a un fort caractère, c'est une râleuse, c'est une grande gueule et en apparence tout va bien.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Mais Beethoven va s'immiscer dans ces amitiés.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
C'est-à-dire qu'un jour, devant un masque de Beethoven dans une brocante, elle se rend compte qu'elle ne ressent pas les mêmes choses que lorsqu'elle était jeune. Lorsqu'elle était jeune, et qu'elle voyait un masque de Beethoven, elle avait le coeur qui battait, elle avait le poil qui se hérissait, elle entendait de la musique, elle avait des émotions extrêmes, et là : plus rien. Alors, qui a changé, elle ou Beethoven ?

(Extrait)

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Pourquoi avoir eu envie d'offrir au lecteur l'essai sur votre relation avec Beethoven, plus une pièce ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
J'ai écrit d'abord Kiki van Beethoven, parce que mon premier mode d'expression, c'est la fiction, c'est la fantaisie, ce sont les personnages. Et puis, après avoir écrit cette pièce, je me suis demandé dans mon journal, parce que je tiens un journal d'écriture que parfois je publie, pourquoi j'ai écrit cette pièce. Et ce faisant, j'ai découvert qu'il se passait quelque chose de beaucoup plus profond. C'est-à-dire du rôle important de nos émotions dans nos vies, de l'influence spirituelle de la musique sur nos comportements.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Est-ce que ce titre, d'accord c'est votre prof de musique, mais est-ce que finalement, c'est ce que vous pensez aussi ? Qu'il y a un peu trop de crétins qui vivent ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Non absolument pas, c'est vrai que mon éditeur quand je lui ai rendu le livre, il m'a dit : « ce titre, il est formidable mais il n'est pas "Schmittien". Vous êtes plus doux que ça. ». J'ai dit : « oui, mais ce n'est pas de moi, c'est ce prof de piano qui s'exclamait avec rage, après qu'on ait joué du Beethoven ». Et puis cette phrase était mystérieuse, parce qu'elle disait qu'il y a des êtres qui apportait aux autres plus que d'autres. Et c'est pour ça que j'ai écrit le livre, pour comprendre ce que Beethoven nous apporte d'unique, et qui nous aide à vivre. La force de Beethoven, c'est de se rendre compte que nous sommes tous des êtres misérables, éphémères, et d'arriver quand même, dans cette petitesse, à trouver de la grandeur.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Merci beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt, double actualité la pièce Kiki van Beethoven, ici, au Théâtre La Bruyère avec Danièle Lebrun, et puis le livre chez Albin Michel dans lequel on retrouve le texte de la pièce, et l'essai Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...
Philippe Chauveau (Web tv culture)
Eric-Emmanuel Schmitt, nous sommes ensemble dans ce Théâtre La Bruyère, ici en plein coeur de Paris, dans le 9 ème arrondissement. Une double actualité avec ce livre chez Albin Michel, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... J'ai envie de dire que c'est un livre dans lequel il y a deux livres, puisque c'est un essai sur Beethoven, et puis il y a le texte de la pièce qui est votre autre actualité, la pièce Kiki van Beethoven, interprétée ici au théâtre La Bruyère par Danièle Lebrun. C'est une bonne définition : deux livres en un ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Et même plus, puisqu'il y a un CD. Je trouve que c'est stupide de parler de la musique, sans qu'on puisse l'entendre, donc un CD avec des versions que j'ai choisies pendant des heures et des heures, accompagne la lecture comme j'avais pour Ma vie avec Mozart.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Deux textes différents, la pièce de théâtre, et puis un essai sur votre relation avec Beethoven, et on se rend compte que, finalement, Beethoven a toujours fait partie de votre existence, et vous a peut être aidé à avancer ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Oui, Beethoven, je fais croire dans l'histoire que j'ai quasiment vécu en couple avec lui pendant l'adolescence, puisque c'était quelqu'un qui m'aidé à découvrir tous les sentiments que j'avais en moi, il poussait leur intensité, il excitait ces sentiments, c'est le propre du romantisme.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Est-ce que le personnage de Beethoven est quelqu'un pour lequel vous avez de la sympathie ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Beethoven est fascinant.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Déroutant aussi.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Il est d'abord fascinant, parce qu'il a la tête de Beethoven, c'est rare qu'un musicien ait sa propre tête, qui concorde avec sa musique et sa vie, c'est-à-dire qu'il a vraiment le masque du génie. Cet immense front avec des bosses comme si la pensée donnait des coups pour sortir, ses cheveux qui sont comme des émanations de toutes ses idées, il a vraiment la tête de l'emploi. Et puis il a une vie qui, quelque part, est une illustration de la philosophie "Beethovenienne", c'est-à-dire qu'il a une vie épouvantable, avec une enfance assez misérable, il ne reçoit pas beaucoup d'amour, et pourtant cet homme-là va croire à l'amour, et va l'exprimer dans sa musique.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Dans ce livre, la première partie, c'est cet essai sur Beethoven, et ensuite le texte de Kiki van Beethoven. Alors Kiki c'est une femme qui vit dans une maison de retraite.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Elle vit dans une maison de retraite, un immeuble comme ça, dont tous les appartements sont occupés par des personnes âgées, elle a un groupe de copines, elle est un peu la cheftaine du groupe de copines, parce qu'elle a un fort caractère, c'est une râleuse, c'est une grande gueule et en apparence tout va bien.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Mais Beethoven va s'immiscer dans ces amitiés.

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
C'est-à-dire qu'un jour, devant un masque de Beethoven dans une brocante, elle se rend compte qu'elle ne ressent pas les mêmes choses que lorsqu'elle était jeune. Lorsqu'elle était jeune, et qu'elle voyait un masque de Beethoven, elle avait le coeur qui battait, elle avait le poil qui se hérissait, elle entendait de la musique, elle avait des émotions extrêmes, et là : plus rien. Alors, qui a changé, elle ou Beethoven ?

(Extrait)

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Pourquoi avoir eu envie d'offrir au lecteur l'essai sur votre relation avec Beethoven, plus une pièce ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
J'ai écrit d'abord Kiki van Beethoven, parce que mon premier mode d'expression, c'est la fiction, c'est la fantaisie, ce sont les personnages. Et puis, après avoir écrit cette pièce, je me suis demandé dans mon journal, parce que je tiens un journal d'écriture que parfois je publie, pourquoi j'ai écrit cette pièce. Et ce faisant, j'ai découvert qu'il se passait quelque chose de beaucoup plus profond. C'est-à-dire du rôle important de nos émotions dans nos vies, de l'influence spirituelle de la musique sur nos comportements.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Est-ce que ce titre, d'accord c'est votre prof de musique, mais est-ce que finalement, c'est ce que vous pensez aussi ? Qu'il y a un peu trop de crétins qui vivent ?

Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...)
Non absolument pas, c'est vrai que mon éditeur quand je lui ai rendu le livre, il m'a dit : « ce titre, il est formidable mais il n'est pas "Schmittien". Vous êtes plus doux que ça. ». J'ai dit : « oui, mais ce n'est pas de moi, c'est ce prof de piano qui s'exclamait avec rage, après qu'on ait joué du Beethoven ». Et puis cette phrase était mystérieuse, parce qu'elle disait qu'il y a des êtres qui apportait aux autres plus que d'autres. Et c'est pour ça que j'ai écrit le livre, pour comprendre ce que Beethoven nous apporte d'unique, et qui nous aide à vivre. La force de Beethoven, c'est de se rendre compte que nous sommes tous des êtres misérables, éphémères, et d'arriver quand même, dans cette petitesse, à trouver de la grandeur.

Philippe Chauveau (Web tv culture)
Merci beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt, double actualité la pièce Kiki van Beethoven, ici, au Théâtre La Bruyère avec Danièle Lebrun, et puis le livre chez Albin Michel dans lequel on retrouve le texte de la pièce, et l'essai Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...

Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent Aux éditions Albin Michel
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • C'est en 1991 que le grand public découvre Eric-Emmanuel Schmitt, alors jeune agrégé de philosophie avec sa première pièce , La nuit de Valognes.Le succès sera confirmé quelque temps plus tard avec le visiteur, qui obtiendra trois "Molières" en 1994. Suivront d'autres pièces avec par exemple Variations énigmatiques avec Francis Huster, et Alain Delon; ou encore Frédérick ou le boulevard du crime, créé au théâtre Marigny par Jean-Paul Belmondo.Parallèlement à ses écritures de théâtre, Eric-Emmanuel Schmitt propose...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web tv culture) Bonjour Eric-Emmanuel Schmitt Eric Emmanuel Schmitt ( Quand je pense que Beethoven...) Bonjour Philippe Chauveau (Web tv culture) Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... Ça c'est votre actualité, c'est chez Albin Michel, votre nouveau livre. Et puis l'autre actualité c'est une pièce, Kiki van Beethoven, qui est joué par Danièle Lebrun, ici, au théâtre La Bruyère où nous nous retrouvons. Quand vous êtes dans une salle de théâtre comme ça, est-ce que vous...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web tv culture) Eric-Emmanuel Schmitt, nous sommes ensemble dans ce Théâtre La Bruyère, ici en plein coeur de Paris, dans le 9 ème arrondissement. Une double actualité avec ce livre chez Albin Michel, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... J'ai envie de dire que c'est un livre dans lequel il y a deux livres, puisque c'est un essai sur Beethoven, et puis il y a le texte de la pièce qui est votre autre actualité, la pièce Kiki van Beethoven, interprétée ici au théâtre La...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - Le livre - Suite
    Librairie Del Duca 26 Boulevard des Italiens 75009 Paris Tél: 01.47.70.37.17 Sylviane Duchenet C'est un livre extraordinaire, parce qu'il nous parle de Beethoven; il connait parfaitement Beethoven, il l'aime, je pense que c'est pour faire redécouvrir Beethoven peut-être.Lui a du certainement le redécouvrir, c'est vrai que c'est magnifique. C'est pour tout le monde. Même les gens qui n'aiment pas la musique classique, c'est de faire découvrir la grande musique à des gens qui ne sont peut-être pas habitués.Eric-Emmanuel Schmitt...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? d'Eric-Emmanuel Schmitt - L'avis du libraire - Suite