Yves Duteil

Yves Duteil

Profondeur de chants

Portrait 3'59

Bonjour Yves Duteil. Merci de nous recevoir chez vous, à Precy-sur-Marne, commune dont vous êtes maire, en Seine-et-Marne. Il y a une double activité vous concernant.
Un nouvel album qui vient de sortir « Flagrant délice » et puis un livre, aux éditions de l'Archipel « Profondeur de chant ». C'est un livre que vous avez écrit avec la complicité d'Alain Wodrascka.
Lorsque vous étiez enfant, y-avait-il dans votre famille une bibliothèque ? Y-avait-il des livres ? Avez-vous été nourri de lecture ou est-ce venu un peu plus tard ?
Il n'y avait pas énormément de livres, mais énormément d'encyclopédies. Il y avait des dictionnaires, des lexiques. Ma mère jaillissait de la table quand on avait un mot dont on doutait un peu, elle allait chercher la définition, elle nous expliquait la racine, l'évolution etc...
et on ne pouvait pas y échapper. On partait faire des rallys avec ma maman et on avait le Larousse en vingt volumes dans le coffre. Ma mère me faisait lire. Elle me faisait aussi apprendre l'anglais, ce qui m'a beaucoup aidé à aimer le français.
En utilisant les mots comme vous le faites dans vos chansons, est-ce parfois une façon de se cacher aussi ? De dire les choses que l'on arriverait peut-être pas à dire de façon plus simple, on les met en chanson pour pouvoir dire qui l'on est.
Je dirais que c'est plus une façon de les révéler. Mais les révéler à travers ce mur de la pudeur qu'on est obligé de traverser pour sortir de la brume et arrêter de masquer nos émotions d'avoir l'air d'être les plus forts, les plus résistants,
les plus solides alors qu'en fait on est les plus fragiles, les plus émotifs et les plus détruits par l'émotion qui nous traverse à un moment, qui nous fait perdre tout nos moyens. Ca, on le cache ! On n'a jamais le trac, on n'a jamais peur, on n'est jamais triste,
on n'est jamais ému aux larmes, on va serrer les poings et passer le cap. La chanson pour moi c'est au-delà de ce mur invisible qui nous cache et qui nous révèle en même temps. La chanson c'est ce qui reste quand on a tout oublié !
Vous avez utilisé un terme que je vais reprendre, c'est « fragile ». Ca a d'ailleurs été le titre d'un album. Avez-vous été fragilisé lorsqu'au moment de votre engagement pour la francophonie, votre engagement pour la défense de la langue française,
on vous a un peu raillé et du coup l'image d'Yves Duteil a été un peu écornée. Est-ce que ça, ça a été fragilisant et déstructurant pour l'artiste, le poète, le chanteur que vous êtes ?
Bien sûr, c'est difficile. Au moment où j'ai commencé à parler de francophonie où j'ai écrit « La langue de chez nous », je l'ai fait parce que j'ai rencontré Félix Leclerc. Il m'a parlé de la francophonie au Québec
et de ce combat incroyable qu'ils ont dû mener au milieu d'une marée d'anglophones, pour qu'une poignée de francophones survive. Alors lui, il s'est battu. Il 'est mis en colère. « L'alouette en colère » c'était une chanson de révolte.
Et lui disait « un poète qui ne dérange pas, ne sert à rien ». Et j'ai l'impression qu'à ce moment là, j'ai vraiment dérangé.
Sans en avoir conscience sur le coup, j'avais écrit quelque chose qui pouvait servir de rassemblement virtuel, il y avait une place de la langue française. C'était « la langue de chez nous ».
extrait « La langue de chez nous » - Yves Duteil
Pour moi, c'est une grande fierté, mais en même temps, c'est une piste ouverte pour les chansons suivantes. Je crois que c'est pour ça que j'ai écrit « Dreyfus » après, c'est pour ça que j'ai écrit des chansons qui pouvaient cristalliser des révoltes et des espérances.
Ca veut dire qu'Yves Duteil est un combattant ?
Oui. Aussi curieux que cela puisse paraître, c'est comme ça que je me vois. Plus rebelle qu'il n'y paraît, parce que justement je dis des choses qui gênent, qui dérangent.
Les artistes sont là pour rêver le monde et si on laisse ça aux technocrates et aux hommes politiques, on n'est pas sorti.
Merci Yves Duteil. Votre actualité c'est donc un nouvel album « Flagrant délice » et puis cet ouvrage aux éditions de l'Archipel co-écrit avec Alain Wodrascka, « Profondeur de chant ».

Philippe Chauveau :
Bonjour Yves Duteil. Merci de nous recevoir chez vous, à Precy-sur-Marne, commune dont vous êtes maire, en Seine-et-Marne. Il y a une double activité vous concernant. Un nouvel album qui vient de sortir « Flagrant délice » et puis un livre, aux éditions de l'Archipel « Profondeur de chant ». C'est un livre que vous avez écrit avec la complicité d'Alain Wodrascka. Lorsque vous étiez enfant, y-avait-il dans votre famille une bibliothèque ? Y-avait-il des livres ? Avez-vous été nourri de lecture ou est-ce venu un peu plus tard ?

Yves Duteil :
Il n'y avait pas énormément de livres, mais énormément d'encyclopédies. Il y avait des dictionnaires, des lexiques. Ma mère jaillissait de la table quand on avait un mot dont on doutait un peu, elle allait chercher la définition, elle nous expliquait la racine, l'évolution etc... et on ne pouvait pas y échapper. On partait faire des rallys avec ma maman et on avait le Larousse en vingt volume dans le coffre. Ma mère me faisait lire. Elle me faisait aussi apprendre l'anglais, ce qui m'a beaucoup aidé à aimer le français.

Philippe Chauveau :
En utilisant les mots comme vous le faites dans vos chansons, est-ce parfois une façon de se cacher aussi ? De dire les choses que l'on arriverait peut-être pas à dire de façon plus simple, on les met en chanson pour pouvoir dire qui l'on est.

Yves Duteil :
Je dirais que c'est plus une façon de les révéler. Mais les révéler à travers ce mur de la pudeur qu'on est obligé de traverser pour sortir de la brume et arrêter de masquer nos émotions d'avoir l'air d'être les plus forts, les plus résistants, les plus solides alors qu'en fait on est les plus fragiles, les plus émotifs et les plus détruits par l'émotion qui nous traverse à un moment, qui nous fait perdre tout nos moyens. Ca, on le cache ! On n'a jamais le trac, on n'a jamais peur, on n'est jamais triste, on n'est jamais ému aux larmes, on va serrer les poings et passer le cap. La chanson pour moi c'est au-delà de ce mur invisible qui nous cache et qui nous révèle en même temps. La chanson c'est ce qui reste quand on a tout oublié !

Philippe Chauveau :
Vous avez utilisé un terme que je vais reprendre, c'est « fragile ». Ca a d'ailleurs été le titre d'un album. Avez-vous été fragilisé lorsqu'au moment de votre engagement pour la francophonie, votre engagement pour la défense de la langue française, on vous a un peu raillé et du coup l'image d'Yves Duteil a été un peu écornée. Est-ce que ça, ça a été fragilisant et déstructurant pour l'artiste, le poète, le chanteur que vous êtes ?

Yves Duteil :
Bien sûr, c'est difficile. Au moment où j'ai commencé à parler de francophonie où j'ai écrit « la langue de chez nous », je l'ai fait parce que j'ai rencontré Félix Leclerc. Il m'a parlé de la francophonie au Québec et de ce combat incroyable qu'ils ont dû mener au milieu d'une marée d'anglophones, pour qu'une poignée de francophones survive. Alors lui, il s'est battu. Il 'est mis en colère. « L'alouette en colère » c'était une chanson de révolte. Et lui disait « un poète qui ne dérange pas, ne sert à rien ». Et j'ai l'impression qu'à ce moment là, j'ai vraiment dérangé. Sans en avoir conscience sur le coup, j'avais écrit quelque chose qui pouvait servir de rassemblement virtuel, il y avait une place de la langue française. C'était « la langue de chez nous ».

Pour moi, c'est une grande fierté, mais en même temps, c'est une piste ouverte pour les chansons suivantes. Je crois que c'est pour ça que j'ai écrit « Dreyfus » après, c'est pour ça que j'ai écrit des chansons qui pouvaient cristalliser des révoltes et des espérances.

Philippe Chauveau :
Ca veut dire qu'Yves Duteil est un combattant ?

Yves Duteil :
Oui. Aussi curieux que cela puisse paraître, c'est comme ça que je me vois. Plus rebelle qu'il n'y paraît, parce que justement je dis des choses qui gênent, qui dérangent. Les artistes sont là pour rêver le monde et si on laisse ça aux technocrates et aux hommes politiques, on n'est pas sorti.

Philippe Chauveau :
Merci Yves Duteil. Votre actualité c'est donc un nouvel album « Flagrant délice » et puis cet ouvrage aux éditions de l'Archipel co-écrit avec Alain Wodrascka, « Profondeur de chant ».

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • C'est un poète chanteur qui nous accueille pour WTC.Si je vous dis « Prendre un enfant par la main » ou « La langue de chez nous », vous penserez évidemment à Yves Duteil et certains d'entre vous, goguenards, en viendront peut-être à fredonner « La tarentelle » ou « Le petit pont de bois ». C'est vrai que l'étiquette du gentil baladin avec sa guitare colle à la peau d'Yves Duteil depuis les années 70. Et pourtant, pour ceux qui veulent bien aller au-delà des clichés, Yves Duteil est un véritable poète, amoureux...Chemins de liberté d'Yves Duteil - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Yves Duteil. Merci de nous recevoir chez vous, à Precy-sur-Marne, commune dont vous êtes maire, en Seine-et-Marne. Il y a une double activité vous concernant. Un nouvel album qui vient de sortir « Flagrant délice » et puis un livre, aux éditions de l'Archipel « Profondeur de chant ». C'est un livre que vous avez écrit avec la complicité d'Alain Wodrascka. Lorsque vous étiez enfant, y-avait-il dans votre famille une bibliothèque ? Y-avait-il des livres ? Avez-vous été nourri de lecture ou...Chemins de liberté d'Yves Duteil - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Yves Duteil, nous sommes ensemble pour parler de votre actualité. Il y a un nouvel album « Flagrant délice » et puis cet ouvrage que vous avez co-écrit avec Alain Wodrascka « Profondeur de chant » aux éditions de l'Archipel. Pourquoi une biographie maintenant, à ce moment de votre parcours professionnel et à ce moment de votre vie personnelle ? Était-ce une nécessité ce livre ?Yves Duteil :Ce n'est pas une nécessité. Je ne me l'impose pas comme étant la nécessité du moment. C'est Alain qui a...Chemins de liberté d'Yves Duteil - Le livre - Suite