Dominique Fernandez

Dominique Fernandez

Pise 1951

Portrait 4'57
Philippe Chauveau :
Bonjour Dominique Fernandez. Merci beaucoup de nous recevoir. Votre actualité chez Grasset, un nouveau roman, Pise 1951. Pise, l'Italie, et forcément, on ne peut pas évoquer votre parcours sans évoquer l'Italie. Quand et comment avez-vous « rencontré » l'Italie ?

Dominique Fernandez :
Moi, je faisais des études de grec et de latin ; je préparais l'agrégation de lettres classiques et puis j'ai fait un voyage en Italie à 20 ans, un voyage avec des étudiants pour connaître l'Italie et j'ai eu un coup de cœur tel, je me souviens très bien ! Gênes... C'est la première fois que je voyais la Méditerranée, je ne connaissais que les plages horribles de la Manche où on grelotte et là, tout à coup, la douceur, la gentillesse des gens, la beauté, l'atmosphère de l'Italie. J'ai eu un tel coup de cœur que j'ai décidé de vivre en Italie, d'apprendre l'italien et de changer mes études même ; j'ai passé l'agrégation d'italien pour vivre en Italie. J'avais une bourse pour deux ans d'études en Italie. Là j'ai appris l'italien, je ne savais pas un seul mot et puis la moitié de ma vie, j'ai vécu en Italie.

Philippe Chauveau :
Nous sommes ici chez vous et ce qui frappe lorsque l'on arrive, c'est cette bibliothèque magnifique où l'on retrouve d'ailleurs beaucoup de livres qui ont trait à l'Italie. L'écriture, comment fait-elle son entrée dans votre vie ?

Dominique Fernandez
J'ai écrit mon premier roman à l'âge de 11 ans. Ça s'appelait Œil de feu, c'était un roman d'indiens. J'étais un enfant malheureux parce que mes parents étaient divorcés très tôt, mon père etc... Je crois qu'on se met à écrire très jeune ou autre parce qu'on a besoin d'un espace à soi, libre, où on ne peut pas vous attaquer. J'étais malheureux chez moi, sauf devant ma feuille de papier. Déjà enfant, à 11 ans, j'étais sûr d'avoir un espace à moi que rien ne pouvait entamer.

Philippe Chauveau :
L'écriture est-elle toujours un rempart aujourd'hui ?

Dominique Fernandez
Oui, oui, je trouve que c'est la liberté ! On est assailli de choses désagréables partout mais là, on est chez soi, on est maître à bord, absolument. C'est ça qui est formidable quand on écrit.

Philippe Chauveau :
Le livre, l'écriture seraient un rempart mais curieusement, vous êtes assez libre dans votre façon de penser, de dire les choses. Vous n'hésitez pas à mettre un coup de pied dans la fourmilière et vous-même, vous avez parlé librement de votre vie personnelle. C'est un petit peu paradoxal cette envie de se protéger derrière l'écriture et puis quand même de faire partager ce que vous êtes.

Dominique Fernandez
Non, non, justement. C'est la liberté, on dit librement ce que l'on est, ses goûts et tout... Mais il y a une invulnérabilité liée au livre. Le livre est là, vous dîtes ce que vous voulez dedans. C'est ça qui est formidable dans la création.

Philippe Chauveau :
1974, c'est le Prix Médicis pour Porporino ou les mystères de Naples. Ensuite, il y a le Goncourt en 1982, pour La main de l'ange. En 2007, vous entrez à l'Académie française. Est-ce que ça aussi, comme le fait de savoir que l'écriture ferait partie de votre vie, ce sont des choses que vous aviez imaginées ou bien ce sont des cadeaux ?

Dominique Fernandez
J'aime beaucoup votre mot. Pour moi, les prix, ce sont des cadeaux. Moi, je n'ai jamais rien demandé à personne. Ce sont des gens qui m'ont apprécié et qui m'ont fait des cadeaux. J'étais très content mais je n'aurais pas eu ces cadeaux, j'aurais continué la même chose.

Philippe Chauveau :
Lorsque vous entreprenez la rédaction d'un livre, d'un roman, d'un essai ou d'un ouvrage de voyage par exemple, écrivez vous d'abord pour vous-même ou pensez vous déjà au lecteur qui parcourra le livre ?

Dominique Fernandez :
Cela dépend justement. Quand c'est un roman, c'est pour moi-même. Il ne faut pas penser au lecteur, c'est fatal. Beaucoup d'écrivains pensent plaire au lecteur. Ça veut dire quoi ? Plaire à tout le monde. C'est rien du tout. Plaire à tout le monde n'existe pas dans l'Art ! C'est du commerce... Ce sont des romans de gare, qui marchent très bien d'ailleurs ! Je ne vais pas citer de noms mais vous les voyez... Quant aux livres de voyage, c'est différent. J'ai une boulimie de voyage et là, j'essaie de transmettre mes impressions donc j'essaie forcément d'être clair pour que, si je parle de la Sicile, du Brésil ou de la Russie, le lecteur sache où il est. Là, il ne faut pas être obscur. Sinon, il faut être obscur ou plus mystérieux car c'est plus personnel comme engagement.

Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous sur le lecteur, une fois que votre roman est disponible ? Vous avez envie de le séduire ou bien son avis vous importe peu. Quelle relation avez-vous ?

Dominique Fernandez :
J'aime bien mais moi vous savez, je suis sensible à la qualité du livre et non pas à la quantité. Je préfère avoir 10000 lecteurs qui aiment mes livres, qui réfléchissent, auxquels le livre apporte quelque chose, plutôt que 100 000 lecteurs qui achètent ça parce que c'est la mode. C'est ça le problème, je trouve. C'est idiot de juger un livre d'après ses ventes.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Dominique Fernandez. Pise, 1951, votre nouveau roman, aux éditions Grasset.
Philippe Chauveau :
Bonjour Dominique Fernandez. Merci beaucoup de nous recevoir. Votre actualité chez Grasset, un nouveau roman, Pise 1951. Pise, l'Italie, et forcément, on ne peut pas évoquer votre parcours sans évoquer l'Italie. Quand et comment avez-vous « rencontré » l'Italie ?

Dominique Fernandez :
Moi, je faisais des études de grec et de latin ; je préparais l'agrégation de lettres classiques et puis j'ai fait un voyage en Italie à 20 ans, un voyage avec des étudiants pour connaître l'Italie et j'ai eu un coup de cœur tel, je me souviens très bien ! Gênes... C'est la première fois que je voyais la Méditerranée, je ne connaissais que les plages horribles de la Manche où on grelotte et là, tout à coup, la douceur, la gentillesse des gens, la beauté, l'atmosphère de l'Italie. J'ai eu un tel coup de cœur que j'ai décidé de vivre en Italie, d'apprendre l'italien et de changer mes études même ; j'ai passé l'agrégation d'italien pour vivre en Italie. J'avais une bourse pour deux ans d'études en Italie. Là j'ai appris l'italien, je ne savais pas un seul mot et puis la moitié de ma vie, j'ai vécu en Italie.

Philippe Chauveau :
Nous sommes ici chez vous et ce qui frappe lorsque l'on arrive, c'est cette bibliothèque magnifique où l'on retrouve d'ailleurs beaucoup de livres qui ont trait à l'Italie. L'écriture, comment fait-elle son entrée dans votre vie ?

Dominique Fernandez
J'ai écrit mon premier roman à l'âge de 11 ans. Ça s'appelait Œil de feu, c'était un roman d'indiens. J'étais un enfant malheureux parce que mes parents étaient divorcés très tôt, mon père etc... Je crois qu'on se met à écrire très jeune ou autre parce qu'on a besoin d'un espace à soi, libre, où on ne peut pas vous attaquer. J'étais malheureux chez moi, sauf devant ma feuille de papier. Déjà enfant, à 11 ans, j'étais sûr d'avoir un espace à moi que rien ne pouvait entamer.

Philippe Chauveau :
L'écriture est-elle toujours un rempart aujourd'hui ?

Dominique Fernandez
Oui, oui, je trouve que c'est la liberté ! On est assailli de choses désagréables partout mais là, on est chez soi, on est maître à bord, absolument. C'est ça qui est formidable quand on écrit.

Philippe Chauveau :
Le livre, l'écriture seraient un rempart mais curieusement, vous êtes assez libre dans votre façon de penser, de dire les choses. Vous n'hésitez pas à mettre un coup de pied dans la fourmilière et vous-même, vous avez parlé librement de votre vie personnelle. C'est un petit peu paradoxal cette envie de se protéger derrière l'écriture et puis quand même de faire partager ce que vous êtes.

Dominique Fernandez
Non, non, justement. C'est la liberté, on dit librement ce que l'on est, ses goûts et tout... Mais il y a une invulnérabilité liée au livre. Le livre est là, vous dîtes ce que vous voulez dedans. C'est ça qui est formidable dans la création.

Philippe Chauveau :
1974, c'est le Prix Médicis pour Porporino ou les mystères de Naples. Ensuite, il y a le Goncourt en 1982, pour La main de l'ange. En 2007, vous entrez à l'Académie française. Est-ce que ça aussi, comme le fait de savoir que l'écriture ferait partie de votre vie, ce sont des choses que vous aviez imaginées ou bien ce sont des cadeaux ?

Dominique Fernandez
J'aime beaucoup votre mot. Pour moi, les prix, ce sont des cadeaux. Moi, je n'ai jamais rien demandé à personne. Ce sont des gens qui m'ont apprécié et qui m'ont fait des cadeaux. J'étais très content mais je n'aurais pas eu ces cadeaux, j'aurais continué la même chose.

Philippe Chauveau :
Lorsque vous entreprenez la rédaction d'un livre, d'un roman, d'un essai ou d'un ouvrage de voyage par exemple, écrivez vous d'abord pour vous-même ou pensez vous déjà au lecteur qui parcourra le livre ?

Dominique Fernandez :
Cela dépend justement. Quand c'est un roman, c'est pour moi-même. Il ne faut pas penser au lecteur, c'est fatal. Beaucoup d'écrivains pensent plaire au lecteur. Ça veut dire quoi ? Plaire à tout le monde. C'est rien du tout. Plaire à tout le monde n'existe pas dans l'Art ! C'est du commerce... Ce sont des romans de gare, qui marchent très bien d'ailleurs ! Je ne vais pas citer de noms mais vous les voyez... Quant aux livres de voyage, c'est différent. J'ai une boulimie de voyage et là, j'essaie de transmettre mes impressions donc j'essaie forcément d'être clair pour que, si je parle de la Sicile, du Brésil ou de la Russie, le lecteur sache où il est. Là, il ne faut pas être obscur. Sinon, il faut être obscur ou plus mystérieux car c'est plus personnel comme engagement.

Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous sur le lecteur, une fois que votre roman est disponible ? Vous avez envie de le séduire ou bien son avis vous importe peu. Quelle relation avez-vous ?

Dominique Fernandez :
J'aime bien mais moi vous savez, je suis sensible à la qualité du livre et non pas à la quantité. Je préfère avoir 10000 lecteurs qui aiment mes livres, qui réfléchissent, auxquels le livre apporte quelque chose, plutôt que 100 000 lecteurs qui achètent ça parce que c'est la mode. C'est ça le problème, je trouve. C'est idiot de juger un livre d'après ses ventes.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Dominique Fernandez. Pise, 1951, votre nouveau roman, aux éditions Grasset.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Le nouveau roman de Dominique Fernandez s'intitule Pise 1951. Et dans l'énoncé de ce titre, tout est dit. L'auteur suit le parcours de ces deux héros, Octave et Robert, jeunes normaliens français suivant leurs études dans la belle ville de Toscane, alors que l'Italie peine à sortir des difficultés économiques de l'après-guerre. Avec Pise 1951, on retrouve des thèmes chers à Dominique Fernandez, l'Italie bien sûr dont il est passionné, mais aussi l'Art, la nostalgie du passé, la rébellion contre l'ordre établi. Prix...Pise 1951 de Dominique Fernandez - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : Dominique Fernandez, vous nous recevez à l'occasion de la sortie chez Grasset de votre nouveau roman, Pise, 1951. Quelque part dans le titre, tout est dit. Nous sommes en Italie, au début des années 50. La couverture aussi est très significative avec ce jeune couple sur un scooter. Deux héros, Octave et Robert, qui vont poursuivre leurs études dans la belle ville de Pise, qui vont faire une rencontre féminine. Mais derrière ce trio, il se passe beaucoup de choses. Pourquoi avoir eu envie de nous emmener, à...Pise 1951 de Dominique Fernandez - Le livre - Suite
    L’escale littéraire 120, bld Montparnasse 75014 Paris Tél : 01-43-20-63-70 www.lescalelitteraire.fr contact@lescalelitteraire.fr Diane Schittenhel « Dominique Fernandez, c'est de l'érudition, chaque roman est vraiment travaillé dans le détail et j'aime beaucoup ce genre de lecture. Sur celui-ci plus précisément, « Pise 1951 », ce sont deux adolescents qui vont se rendre en Italie et là-bas, ça va être l'émerveillement. Ça va être une ode à l'amour, à la beauté, à la littérature, au théâtre, à tous les arts en...Pise 1951 de Dominique Fernandez - L'avis du libraire - Suite