Philippe Chauveau :Vous ne connaissez pas encore Thierry Maugenest ? N'hésitez pas à rejoindre le cercle fidèle de ses lecteurs qui le suivent depuis ses premiers romans « La poudre des rois », « Audimat circus » ou « Venise.net ». Primé à plusieurs reprises, Thierry Maugenest a su aussi conquérir de nombreux lecteurs à l'étranger, notamment en Espagne, en Amérique du Sud, aux Etats Unis ou dans les pays de l'Est.Après avoir voyagé autour du monde pendant une dizaine d'années, Thierry Maugenest s'est installé...
Noire belladone de Thierry Maugenest - Présentation - Suite
Philippe Chauveau : Bonjour Thierry Maugenest.Thierry Maugenest : Bonjour.Philippe Chauveau : Vous publiez chez Albin Michel votre nouveau titre « Noire belladone » où l'on va retrouver avec bonheur Carlo Goldoni, on y reviendra dans un instant. J'aimerais que l'on fasse un peu plus connaissance. Vous êtes installé dans le sud de la France, c'est une région qui vous plait bien. Est-ce difficile, quand on est un auteur, de vivre dans le sud, parce qu'on sait que le monde littéraire vit beaucoup à Paris ? Peut-on être un...
Noire belladone de Thierry Maugenest - Portrait - Suite
Philippe Chauveau : Thierry Maugenest, « Noire Belladone » votre actualité. C'est une suite sans en être une puisqu'on peut bien sûr prendre ce livre tel quel, mais pour ceux qui avaient déjà lu « La septième nuit de Venise », on va retrouver Carlo Goldoni mais aussi ce personnage de Zorzi Baffo qui sont des personnages authentiques. Goldoni bien sûr et puis Zorzi Baffo qui lui, était un magistrat de la Sérénissime. Qu'est-ce qui vous inspire à Venise ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'emmener votre lecteur dans ce...
Noire belladone de Thierry Maugenest - Livre - Suite
Thierry Maugenest
Noire belladone
Présentation 2'06Philippe Chauveau :
Vous ne connaissez pas encore Thierry Maugenest ? N'hésitez pas à rejoindre le cercle fidèle de ses lecteurs qui le suivent depuis ses premiers romans « La poudre des rois », « Audimat circus » ou « Venise.net ». Primé à plusieurs reprises, Thierry Maugenest a su aussi conquérir de nombreux lecteurs à l'étranger, notamment en Espagne, en Amérique du Sud, aux Etats Unis ou dans les pays de l'Est.
Après avoir voyagé autour du monde pendant une dizaine d'années, Thierry Maugenest s'est installé dans le Sud, à Aix en Provence. Là, à l'ombre de la montagne Ste Victoire, il puise l'inspiration. Ecrivain et traducteur, il n'hésite pas à casser les codes du genre littéraire dans certains de ses romans.
La série des enquêtes de Goldoni entamée avec « La septième nuit de Venise » le ramène à une écriture plus classique mais particulièrement bien construite. Fasciné par la Sérénissime, Thierry Maugenest situe encore ce nouveau roman à Venise et l'on y retrouve Carlo Goldoni qui, non content d'écrire pour le théâtre travaille aussi pour la police vénitienne, ce qui est parfaitement authentique, tout comme le duo qu'il forme avec Zorzi Baffo, lui-même magistrat et chef de la police criminelle.
Dans « Noire Belladone », tous deux vont devoir déjouer les pièges de personnages particulièrement retors dans une Venise de dépravation où les courtisanes sont toutes plus belles et plus mystérieuses les unes que les autres. Mais au milieu de cette débauche, un sénateur puritain veut prendre le pouvoir. Non sans une certaine légèreté, et tout en continuant à travailler sur ses pièces, Goldoni mène l'enquête.
On suit avec beaucoup de bonheur les péripéties de notre enquêteur dans cette histoire où libertinage, cabotinage et espionnage font bon ménage. Quant à Venise, la Sérénissime elle est un personnage à part entière et Thierry Maugenest restitue parfaitement l'ambiance de ce milieu de XVIIIème siècle.
Vous aussi, embarquez sur la gondole et voguez vers les nouvelles aventures de Goldoni imaginées par Thierry Maugenest. « Noire Belladone » est publié chez Albin Michel et Thierry Maugenest est sur WTC.
Thierry Maugenest
Noire belladone
Portrait 5'26Philippe Chauveau : Bonjour Thierry Maugenest.
Thierry Maugenest : Bonjour.
Philippe Chauveau : Vous publiez chez Albin Michel votre nouveau titre « Noire belladone » où l'on va retrouver avec bonheur Carlo Goldoni, on y reviendra dans un instant. J'aimerais que l'on fasse un peu plus connaissance. Vous êtes installé dans le sud de la France, c'est une région qui vous plait bien. Est-ce difficile, quand on est un auteur, de vivre dans le sud, parce qu'on sait que le monde littéraire vit beaucoup à Paris ? Peut-on être un auteur en province ?
Thierry Maugenest : Oui, on peut être un auteur en province pour deux raisons. La première, c'est que je ne suis pas invité si souvent que cela sur les plateaux télé. Et surtout parce qu’on a le calme et on est pas tellement sollicité par énormément de soirées, de rencontres, de cocktails... Moi je vis au pied de la Sainte-Victoire et ce sont des conditions idéales pour écrire.
Philippe Chauveau : Comment l'écriture et la lecture ont elles faites leur entrée dans votre vie ? Peut-être par atavisme familiale ? Vos parents étaient enseignants, vous ont-ils poussé à la lecture ?
Thierry Maugenest : Oui totalement. Vous avez parlé d'atavisme, oui, c'est à dire que nous n’avions pas la télé, donc j'ai grandi sans télé mais avec de grandes bibliothèques tout autour de moi, dans le salon, dans la chambre... De fil en aiguilles, on finit par lire, lire, lire énormément. Et petite anecdote : mes parents me donnaient de l'argent de poche seulement quand j'avais fini mes livres. Il y avait des petites livres à l'époque qui valaient deux ou trois francs. Il y avait des gros livres qui valaient quinze francs. Et avec mon frère, on avait toujours besoin d'argent. Si on projetait d'acheter un télescope, on regardait les livres et on se disait « Bon, va falloir beaucoup lire maintenant »
Philipe Chauveau : Il y a eu « Audimat circus », « La poudre des rois » et aujourd'hui « Noire belladone » Est-ce qu'il y a un fil conducteur dans votre écriture ? Si je vous demande quel est le style de Thierry Maugenest, que me répondez-vous ?
Thierry Maugenest : C'est vraiment la question la plus difficile…
Philipe Chauveau : C'est pour ça que je vous la pose d'ailleurs.
Thierry Maugenest : Oui, oui c'est une très bonne question, parce que...
Philippe Chauveau : Quand on connait votre travail, on sent qu'il y a parfois des ruptures dans votre écriture.
Thierry Maugenest : Oui, ce sont des ruptures. Je parlais de randonnées, j'aime beaucoup l’athlétisme, je l'ai beaucoup pratiqué… Voilà, j'aime beaucoup le décathlon, alors je pourrais me comparer à un décathlonien, c'est à dire qu'il passe du lancer de poids au cent-dix mètre haies, à la perche, au saut en hauteur… C'est vrai que je change énormément de style, c'est à dire que j'ai peur de m'ennuyer ou de rester figé dans un sujet ou un style de littérature.
Philipe Chauveau : Au risque parfois de dérouter vos lecteurs, parce que c'est vrai que vous avez un lectorat fidèle, plusieurs de vos titres ont été primés et justement j'aimerais aborder ce point, assez surprenant, pour reprendre le dicton « Nul n'est prophète en son pays ». Aujourd'hui vous êtes reconnu, en librairie on vous connaît, les aventures de Carlo Goldoni ont trouvé leur public, mais curieusement, c'est à l'étranger que vous êtes le plus reconnu, que ce soit en Espagne ou en Amérique du Sud, certains de vos titres sont sortis dans les pays de l'est et en Russie. Comment vivez-vous d’être un auteur parmi beaucoup d'autres en France et à l'étranger d'avoir une certaine notoriété ?
Thierry Maugenest : Je le vis bien, je le vis bien… Vous savez les auteurs, ils sont tous un peu nombrilistes quand même, si on fait ce métier c'est aussi parce qu’on a envie d’être lus, on a envie qu'on parle de nous. Alors bon, je le vis bien. Des fois, lorsqu'on a un livre qui ne marche pas très bien en France, quelque part il y a aussi un regret, on se demande pourquoi il ne marche pas alors que dans tel pays et tel pays, comme aux États-Unis, il y a des ventes, des articles, des émissions télés. Je n'essaie pas de me l'expliquer, il y a quelque chose d'irrationnel et tant mieux. Si dans la littérature le succès devenait de l'artisanat, ou simplement comme dans le football ou il suffit de mettre le plus d'argent sur le table pour acheter les meilleurs joueurs et qu'on gagne, ce serait beaucoup moins drôle. Donc, ce côté un peu magique de l'édition, du succès, fait aussi le charme, je ne le vis pas mal, je m'interroge des fois, mais je ne le vis pas mal.
Philippe Chauveau : Etes-vous un de ces auteurs qui ont besoin d'un laps de temps entre la fin d'un roman et le début d'un autre, qui ont besoin d'un certain répit ? Ou, au contraire, avez-vous besoin très vite de retrouver l'écriture, de retrouver des personnages, même si vous changez de registre ?
Thierry Maugenest : Oui, je me sens mal si je n'ai pas un livre sur le feu, comme on dit : je ne me sens pas bien, cela m'angoisse. D’abord parce-que je n'ai pas d'autres activités, c'est mon seul métier, et il faut avancer, mais de toutes façons, cela n’arrive pas puisque je suis toujours en train de penser. Après, le plus dur, c'est de choisir ce que je vais vraiment écrire, il arrive un moment où j'ai du mal à choisir. Là, effectivement, je commence à voir les semaines passer, et je me dis que ça ne va pas, qu’effectivement il faut qu'il y ait quelque chose qui se mette en place, ne serait-ce que dans l'esprit, il faut que ça se mettent en place.
Philippe Chauveau : Cela veut dire que la Sainte-Victoire n'a pas fini de vous inspirer, et de vous voir vous balader pour être inspiré par les paysages. Thierry Maugenest « Noire belladone » c'est votre actualité chez Albin Michel.
Thierry Maugenest
Noire belladone
Livre 5'50Philippe Chauveau : Thierry Maugenest, « Noire Belladone » votre actualité. C'est une suite sans en être une puisqu'on peut bien sûr prendre ce livre tel quel, mais pour ceux qui avaient déjà lu « La septième nuit de Venise », on va retrouver Carlo Goldoni mais aussi ce personnage de Zorzi Baffo qui sont des personnages authentiques. Goldoni bien sûr et puis Zorzi Baffo qui lui, était un magistrat de la Sérénissime. Qu'est-ce qui vous inspire à Venise ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'emmener votre lecteur dans ce Venise du XVIIIème siècle ?
Thierry Maugenest : J'ai vécu près de Venise pendant six ans, donc c'est une ville que j'ai la prétention de connaître un tout petit peu. J'ai vécu là, j'ai beaucoup travaillé sur l'histoire de Venise, et j'avais commencé avec Tintoret pour « Venise.net » qui était aussi un personnage réel. Une dizaine d'année après, j'ai voulu revenir à ses premières amours. En fait c'est l'occasion qui a fait le larron, c'est-à-dire que c'est en travaillant sur Goldoni, sur sa biographie, que je me suis aperçu qu'il avait été enquêteur. Et ensuite, quand je me suis aperçu que Zorzi Baffo, qui est le plus grand poète érotique italien, était lui-même chef de la chancelerie criminelle, je me suis dit : « Là j'ai mon couple d'enquêteur et je ne change rien ».
Philippe Chauveau : Le titre « Noire Belladone » on peut l'interpréter de deux façons. Belladone c'est cette plante qui est un poison mais c'est aussi une belle femme, avec tout ce que cela implique lorsqu'on est à Venise au dix-huitième siècle, une courtisane qui peut vouloir du mal. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Thierry Maugenest : D'abord parce que je le trouvais beau, Belladone c'est un très joli nom, très joli nom de plante. Vous avez aussi mentionné les courtisanes, et Venise à cette époque en Europe a un surnom, aujourd'hui on parle de Sérénissime pour la cité des doges, mais au dix-huitième siècle, que ce soit en Angleterre, en Espagne ou en France, on parle de bordel de l'Europe. Le métier le plus représenté à Venise, ce ne sont pas les artisans, ce ne sont pas les pêcheurs, ce ne sont pas les soldats, ce sont les courtisanes. Et c'est un point incontournable de la Venise du dix-huitième siècle, c'est-à-dire qu'elles sont partout. Il y a même des catalogues qui circulent en ville avec toutes les courtisanes, avec leur spécialité. On les trouve encore, certains ont été conservés par les collectionneurs.
Philippe Chauveau : On ne va pas trop rentrer dans l'intrigue, pour ne pas déflorer l'histoire, mais personnellement, ce que j'ai apprécié, c'est ce décor que vous avez su reconstituer, cette ambiance de la Venise du dix-huitième siècle. On a donc nos deux personnages, Goldoni et Zorzi Baffo, qui ont à faire à des crimes d'une violence assez effrayante, mais qui finalement vivent tout cela avec une certaine légèreté, parce que Goldoni veut quand même continuer sa pièce, Zorzi est quand même toujours attiré par ses poèmes et par ces femmes sensuelles qu'il côtoie. Comment avez-vous construit votre histoire ? Où-êtes-vous allé chercher toute cette intrigue ?
Thierry Maugenest : Il y a des bases parce que Goldoni à beaucoup écrit sur son passé de lieutenant criminel et il y a plusieurs pièces, au moins cinq à ma connaissance, qui ont été directement inspirées par son passé d'enquêteur. Donc, je suis allé retrouver les préfaces d'origine, où il mentionne quelques cas d'empoisonnement notamment. Et les archives vénitiennes sont très riches, on y a même accès par certains sites et on a aussi toutes les enquêtes de Zorzi Baffo. Donc, je me suis inspiré à 80% de fait réels pour essayer de coller au plus près de la réalité. Et cet esprit dont vous parliez à l'instant, c'est l'esprit même du dix-huitième, le dix-neuvième va voir la naissance du romantisme, de la mort qui devient tragique, mais au dix-huitième on n’a pas cet esprit-là. À Venise à cette époque-là, tout est matière à rire, tout est matière à s'amuser, à faire la fête. Aujourd'hui, on a le carnaval de Venise en Février, mais à l'époque il peut durer six mois de l'année, et même, il peut être prolongé en cas d'élection de doges, il peut être anticipé aussi pour des raisons obscures, il peut durer huit mois de l'année. Donc, ce qui me plaît, c'est de faire de Venise le personnage central.
Philippe Chauveau : Justement lorsque vous évoquez Venise comme un personnage, c'est un Venise qui se cherche, puisque vous le disiez c'est le lieu de la luxure, de la fête permanente. Et puis vous avez en parallèle des politiciens, des sénateurs qui voudraient retrouver une Venise plus propre, plus austère, il y a ce combat entre les deux Venise et puis il y a dans l'ambiance que j'évoquais tout à l'heure, le fait que nous sommes là en pleine canicule, en pleine sécheresse et que les vénitiens n'attendent qu'une chose, qu'il pleuve enfin pour, peut-être, faire tomber cette pression.
Est-ce que cela veut dire aussi que Goldoni, avec maintenant le deuxième titre, « Noire Belladone » après « La Septième nuit de Venise », vous avez envie qu’il devienne un personnage récurent, vous avez déjà d'autres idées d'enquêtes, vous avez envie de continuer à le faire vivre ?
Thierry Maugenest : D'autres idées, oui, puisque le troisième je l'ai déjà bouclé. Ensuite ce sera davantage au lecteur de… Il y a quelque chose qui se passe avec les lecteurs ou qui ne se passe pas des fois, donc il y a ce lien qui existe et si ce duo d'enquêteurs, Zorzi-Goldoni est poussé par des lecteurs, c'est quelque chose qui est très flatteur et qui me portera, qui m'encouragera à en écrire d'autres.
Philippe Chauveau : « Noire Belladone » c'est donc votre actualité, vous êtes publié par Albin Michel. Thierry Maugenest merci beaucoup.
Thierry Maugenest : Merci à vous.