Thierry Maugenest

Thierry Maugenest

Noire belladone

Livre 5'50
Thierry Maugenest, « Noire Belladone » votre actualité. C'est une suite sans en être une puisqu'on peut bien sûr prendre ce livre tel quel, mais pour ceux qui avaient déjà lu « La septième nuit de Venise », on va retrouver Carlo Goldoni mais aussi ce personnage de Zorzi Baffo qui sont des personnages authentiques. Goldoni bien sûr et puis Zorzi Baffo qui lui, était un magistrat de la Sérénissime. Qu'est-ce qui vous inspire à Venise ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'emmener votre lecteur dans ce Venise du XVIIIème siècle ?
J'ai vécu près de Venise pendant six ans, donc c'est une ville que j'ai la prétention de connaître un tout petit peu. J'ai vécu là, j'ai beaucoup travaillé sur l'histoire de Venise, et j'avais commencé avec Tintoret pour « Venise.net » qui était aussi un personnage réel. Une dizaine d'année après, j'ai voulu revenir à ses premières amours. En fait c'est l'occasion qui a fait le larron, c'est-à-dire que c'est en travaillant sur Goldoni, sur sa biographie, que je me suis aperçu qu'il avait été enquêteur. Et ensuite, quand je me suis aperçu que Zorzi Baffo, qui est le plus grand poète érotique italien, était lui-même chef de la chancelerie criminelle, je me suis dit : « Là j'ai mon couple d'enquêteur et je ne change rien ».
Le titre « Noire Belladone » on peut l'interpréter de deux façons. Belladone c'est cette plante qui est un poison mais c'est aussi une belle femme, avec tout ce que cela implique lorsqu'on est à Venise au dix-huitième siècle, une courtisane qui peut vouloir du mal. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
D'abord parce que je le trouvais beau, Belladone c'est un très joli nom, très joli nom de plante. Vous avez aussi mentionné les courtisanes, et Venise à cette époque en Europe a un surnom, aujourd'hui on parle de Sérénissime pour la cité des doges, mais au dix-huitième siècle, que ce soit en Angleterre, en Espagne ou en France, on parle de bordel de l'Europe. Le métier le plus représenté à Venise, ce ne sont pas les artisans, ce ne sont pas les pêcheurs, ce ne sont pas les soldats, ce sont les courtisanes. Et c'est un point incontournable de la Venise du dix-huitième siècle, c'est-à-dire qu'elles sont partout. Il y a même des catalogues qui circulent en ville avec toutes les courtisanes, avec leur spécialité. On les trouve encore, certains ont été conservés par les collectionneurs.
On ne va pas trop rentrer dans l'intrigue, pour ne pas déflorer l'histoire, mais personnellement, ce que j'ai apprécié, c'est ce décor que vous avez su reconstituer, cette ambiance de la Venise du dix-huitième siècle. On a donc nos deux personnages, Goldoni et Zorzi Baffo, qui ont à faire à des crimes d'une violence assez effrayante, mais qui finalement vivent tout cela avec une certaine légèreté, parce que Goldoni veut quand même continuer sa pièce, Zorzi est quand même toujours attiré par ses poèmes et par ces femmes sensuelles qu'il côtoie. Comment avez-vous construit votre histoire ? Où-êtes-vous allé chercher toute cette intrigue ?
Il y a des bases parce que Goldoni à beaucoup écrit sur son passé de lieutenant criminel et il y a plusieurs pièces, au moins cinq à ma connaissance, qui ont été directement inspirées par son passé d'enquêteur. Donc, je suis allé retrouver les préfaces d'origine, où il mentionne quelques cas d'empoisonnement notamment. Et les archives vénitiennes sont très riches, on y a même accès par certains sites et on a aussi toutes les enquêtes de Zorzi Baffo. Donc, je me suis inspiré à 80% de fait réels pour essayer de coller au plus près de la réalité. Et cet esprit dont vous parliez à l'instant, c'est l'esprit même du dix-huitième, le dix-neuvième va voir la naissance du romantisme, de la mort qui devient tragique, mais au dix-huitième on n’a pas cet esprit-là. À Venise à cette époque-là, tout est matière à rire, tout est matière à s'amuser, à faire la fête. Aujourd'hui, on a le carnaval de Venise en Février, mais à l'époque il peut durer six mois de l'année, et même, il peut être prolongé en cas d'élection de doges, il peut être anticipé aussi pour des raisons obscures, il peut durer huit mois de l'année. Donc, ce qui me plaît, c'est de faire de Venise le personnage central.
Justement lorsque vous évoquez Venise comme un personnage, c'est un Venise qui se cherche, puisque vous le disiez c'est le lieu de la luxure, de la fête permanente. Et puis vous avez en parallèle des politiciens, des sénateurs qui voudraient retrouver une Venise plus propre, plus austère, il y a ce combat entre les deux Venise et puis il y a dans l'ambiance que j'évoquais tout à l'heure, le fait que nous sommes là en pleine canicule, en pleine sécheresse et que les vénitiens n'attendent qu'une chose, qu'il pleuve enfin pour, peut-être, faire tomber cette pression.
Est-ce que cela veut dire aussi que Goldoni, avec maintenant le deuxième titre, « Noire Belladone » après « La Septième nuit de Venise », vous avez envie qu’il devienne un personnage récurent, vous avez déjà d'autres idées d'enquêtes, vous avez envie de continuer à le faire vivre ?
D'autres idées, oui, puisque le troisième je l'ai déjà bouclé. Ensuite ce sera davantage au lecteur de… Il y a quelque chose qui se passe avec les lecteurs ou qui ne se passe pas des fois, donc il y a ce lien qui existe et si ce duo d'enquêteurs, Zorzi-Goldoni est poussé par des lecteurs, c'est quelque chose qui est très flatteur et qui me portera, qui m'encouragera à en écrire d'autres.
« Noire Belladone » c'est donc votre actualité, vous êtes publié par Albin Michel. Thierry Maugenest merci beaucoup.
Merci à vous.

Philippe Chauveau : Thierry Maugenest, « Noire Belladone » votre actualité. C'est une suite sans en être une puisqu'on peut bien sûr prendre ce livre tel quel, mais pour ceux qui avaient déjà lu « La septième nuit de Venise », on va retrouver Carlo Goldoni mais aussi ce personnage de Zorzi Baffo qui sont des personnages authentiques. Goldoni bien sûr et puis Zorzi Baffo qui lui, était un magistrat de la Sérénissime. Qu'est-ce qui vous inspire à Venise ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'emmener votre lecteur dans ce Venise du XVIIIème siècle ?

Thierry Maugenest : J'ai vécu près de Venise pendant six ans, donc c'est une ville que j'ai la prétention de connaître un tout petit peu. J'ai vécu là, j'ai beaucoup travaillé sur l'histoire de Venise, et j'avais commencé avec Tintoret pour « Venise.net » qui était aussi un personnage réel. Une dizaine d'année après, j'ai voulu revenir à ses premières amours. En fait c'est l'occasion qui a fait le larron, c'est-à-dire que c'est en travaillant sur Goldoni, sur sa biographie, que je me suis aperçu qu'il avait été enquêteur. Et ensuite, quand je me suis aperçu que Zorzi Baffo, qui est le plus grand poète érotique italien, était lui-même chef de la chancelerie criminelle, je me suis dit : « Là j'ai mon couple d'enquêteur et je ne change rien ».

Philippe Chauveau : Le titre « Noire Belladone » on peut l'interpréter de deux façons. Belladone c'est cette plante qui est un poison mais c'est aussi une belle femme, avec tout ce que cela implique lorsqu'on est à Venise au dix-huitième siècle, une courtisane qui peut vouloir du mal. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Thierry Maugenest : D'abord parce que je le trouvais beau, Belladone c'est un très joli nom, très joli nom de plante. Vous avez aussi mentionné les courtisanes, et Venise à cette époque en Europe a un surnom, aujourd'hui on parle de Sérénissime pour la cité des doges, mais au dix-huitième siècle, que ce soit en Angleterre, en Espagne ou en France, on parle de bordel de l'Europe. Le métier le plus représenté à Venise, ce ne sont pas les artisans, ce ne sont pas les pêcheurs, ce ne sont pas les soldats, ce sont les courtisanes. Et c'est un point incontournable de la Venise du dix-huitième siècle, c'est-à-dire qu'elles sont partout. Il y a même des catalogues qui circulent en ville avec toutes les courtisanes, avec leur spécialité. On les trouve encore, certains ont été conservés par les collectionneurs.

Philippe Chauveau : On ne va pas trop rentrer dans l'intrigue, pour ne pas déflorer l'histoire, mais personnellement, ce que j'ai apprécié, c'est ce décor que vous avez su reconstituer, cette ambiance de la Venise du dix-huitième siècle. On a donc nos deux personnages, Goldoni et Zorzi Baffo, qui ont à faire à des crimes d'une violence assez effrayante, mais qui finalement vivent tout cela avec une certaine légèreté, parce que Goldoni veut quand même continuer sa pièce, Zorzi est quand même toujours attiré par ses poèmes et par ces femmes sensuelles qu'il côtoie. Comment avez-vous construit votre histoire ? Où-êtes-vous allé chercher toute cette intrigue ?

Thierry Maugenest : Il y a des bases parce que Goldoni à beaucoup écrit sur son passé de lieutenant criminel et il y a plusieurs pièces, au moins cinq à ma connaissance, qui ont été directement inspirées par son passé d'enquêteur. Donc, je suis allé retrouver les préfaces d'origine, où il mentionne quelques cas d'empoisonnement notamment. Et les archives vénitiennes sont très riches, on y a même accès par certains sites et on a aussi toutes les enquêtes de Zorzi Baffo. Donc, je me suis inspiré à 80% de fait réels pour essayer de coller au plus près de la réalité. Et cet esprit dont vous parliez à l'instant, c'est l'esprit même du dix-huitième, le dix-neuvième va voir la naissance du romantisme, de la mort qui devient tragique, mais au dix-huitième on n’a pas cet esprit-là. À Venise à cette époque-là, tout est matière à rire, tout est matière à s'amuser, à faire la fête. Aujourd'hui, on a le carnaval de Venise en Février, mais à l'époque il peut durer six mois de l'année, et même, il peut être prolongé en cas d'élection de doges, il peut être anticipé aussi pour des raisons obscures, il peut durer huit mois de l'année. Donc, ce qui me plaît, c'est de faire de Venise le personnage central.

Philippe Chauveau : Justement lorsque vous évoquez Venise comme un personnage, c'est un Venise qui se cherche, puisque vous le disiez c'est le lieu de la luxure, de la fête permanente. Et puis vous avez en parallèle des politiciens, des sénateurs qui voudraient retrouver une Venise plus propre, plus austère, il y a ce combat entre les deux Venise et puis il y a dans l'ambiance que j'évoquais tout à l'heure, le fait que nous sommes là en pleine canicule, en pleine sécheresse et que les vénitiens n'attendent qu'une chose, qu'il pleuve enfin pour, peut-être, faire tomber cette pression.

Est-ce que cela veut dire aussi que Goldoni, avec maintenant le deuxième titre, « Noire Belladone » après « La Septième nuit de Venise », vous avez envie qu’il devienne un personnage récurent, vous avez déjà d'autres idées d'enquêtes, vous avez envie de continuer à le faire vivre ?

Thierry Maugenest : D'autres idées, oui, puisque le troisième je l'ai déjà bouclé. Ensuite ce sera davantage au lecteur de… Il y a quelque chose qui se passe avec les lecteurs ou qui ne se passe pas des fois, donc il y a ce lien qui existe et si ce duo d'enquêteurs, Zorzi-Goldoni est poussé par des lecteurs, c'est quelque chose qui est très flatteur et qui me portera, qui m'encouragera à en écrire d'autres.

Philippe Chauveau : « Noire Belladone » c'est donc votre actualité, vous êtes publié par Albin Michel. Thierry Maugenest merci beaucoup.

Thierry Maugenest : Merci à vous.

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