Sophie Fontanel

Sophie Fontanel

Nobelle

Portrait 00'06'17"

Philippe Chauveau :
Bonjour Sophie Fontanel, vous êtes dans l'actualité de cette rentrée littéraire. « Nobelle » avec deux « l », aux éditions Robert Laffont.
On vous connaît bien maintenant en librairie. Votre titre prend place dans une bibliographie déjà conséquente mais on vous connaît aussi dans l'univers de la mode. Vous avez longtemps travaillé notamment pour « Elle ». Aujourd'hui vous êtes journaliste pour « L'Obs », vous êtes aussi ce que l'on appelle communément une influence. On y reviendra parce que je sais que le terme ne vous plaît pas plus que ça… Si vous deviez vous définir, que diriez-vous ? Qui êtes-vous Sophie Fontanel ?

Sophie Fontanel :
Je suis tout le temps à me demander quoi mettre quand on me demande ce que je suis… Quand j'étais enfant, je voulais être écrivain public, donc je suis peut-être écrivaine publique.

Philippe Chauveau :
Lorsqu'on connaît votre plume, on a l'impression qu'il y a Sophie Fontanel dans l'univers de la littérature et Sophie Fontanel dans l'univers des médias avec le personnage de Fonelle, avec ce compte Instagram, avec les chroniques de mode… On a l'impression qu'il y a finalement deux Sophie Fontanel en une. Est-ce une illusion ou avez-vous l'impression d'avoir une double personnalité ?

Sophie Fontanel :
Non ce n'est pas une illusion. Et puis de temps en temps dans les rencontres littéraires, les gens disent qu'ils trouvent que ça commence à se réunir. C'est intéressant mais j'ai ces deux aspects qui ont fait d'ailleurs ma spécificité dans le monde littéraire qui fait que le monde littéraire me regarde bizarrement ! Parce que moi-même, j'ai toujours regardé à la fois la personne qui écrit, son style, sa liberté, son intrépide. Je sais qu'un écrivain peut être très plombé, moi-même, je le suis parfois mais je me disais :
« Waouh, Sagan est géniale, elle roule pieds nus dans sa voiture de sport ! ».
Je voyais Marguerite Duras photographiée par Avedon soulevant un petit peu sa jupe. Toutes ces images sont beaucoup plus légères de l'écrivain ou de l'écrivaine mais me parlaient autant. J'ai eu une espèce de schizophrénie, mais j'aime bien !

Philippe Chauveau :
Il me semble qu'il y a de deux choses importantes dans votre vie, deux éléments qui vous portent et vous font avancer. Il y a la littérature, on va y revenir. Et puis, il y a la mode qui compte beaucoup aussi, et depuis longtemps. Vous l'avez racontée de façon plus ou moins romanesque ; vous êtes issue d'une famille arménienne dans laquelle la mode et la couture existaient depuis longtemps. Ce goût pour les belles choses et les beaux vêtements, vous l'avez gardé.
Influence. Vous n'aimez pas beaucoup ce terme même si c'est comme ça qu'on vous présente également aujourd'hui.

Sophie Fontanel :
C'est horrible ! Parfois, quand on me parle, on me dit :
« Vous êtes influenceuse et vous avez écrit un livre ».
Non. J'écris des livres… Je n'aime pas ce mot parce que l'influence est une chose qu'on subit. Je préfère quand les gens viennent me voir pour me parler quand ils viennent me rencontrer. Il y a quand même près de 200 000 personnes qui me suivent sur les réseaux. Ils me disent :
« Vous êtes inspirante »
Et je préfère cent fois être une inspiratrice qu'une influence. C'est quand même un peu plus noble.

Philippe Chauveau :
Qu'est-ce qui vous touche dans la mode ? Pourquoi est-ce important pour vous de raconter cet univers qui peut sembler être à des milliers de kilomètres de la littérature.

Sophie Fontanel :
Moi, je trouve que c'est tellement proche. Avec la mode, on raconte une histoire en s'habillant et pour ceux qui ne savent pas écrire, c'est la première façon de s'inventer un personnage. C'est très important parce que le vêtement est fragile. Quelqu'un qu'on ne pourrait jamais imaginer sans ses vêtements, qui serait carapaçonné dans ses vêtements, ce serait comme un mauvais livre. En fait, ça n'irait pas. Donc c'est tout un art. Je comprends tout à fait qu'il y ait des gens pas doués pour écrire et pour s'habiller mais plus doués pour autres chose ! La mode n'est pas une obligation dans la vie. Mais je sais une chose que je veux vous dire : quand ma mère était très âgée, j'avais écrit « Grandir » racontant cette fin de vie. Elle ne voulait plus s'habiller. Un jour, je suis arrivée et de nouveau elle voulait s'habiller. Ceux qui l’entouraient m'ont dit :
« Votre mère est revenue parmi nous »
Parce qu'ils savent très bien, dans ces endroits où on s'occupe des personnes âgées, que quand quelqu'un ne veut plus du tout s'occuper de vêtements, c'est qu'il est en train de mourir.

Philippe Chauveau :
On vous connaît donc par votre plume journalistique. Et on vous connaît aussi en librairie depuis 1995. Le premier titre c'était « Sacré Paul ». Depuis, lorsque l'on observe votre évolution dans le monde du livre, il y a des romans purs et parfois des choses qui sont plus teintées de l'autofiction même si le mot roman apparaît sur la couverture. Si vous deviez définir votre écriture littéraire que diriez-vous ?

Sophie Fontanel :
Mon autofiction est tellement truffée de mensonges ! Moi, ce n'est pas du tout ambiance « Yann Moix ». Quand ma famille lit mes livres, ils me disent que j’ai beaucoup d'imagination. J'invente en racontant quelque chose qui m'est personnel.

Philippe Chauveau :
Finalement, en utilisant certains moments de votre vie que vous enjolivez parfois, avez-vous l'impression de vous rendre utile pour les autres, qui vont s'identifier à ce que vous avez pu vivre ?

Sophie Fontanel :
Bien sûr ! Mais je n'écrirais absolument pas si je n'étais pas convaincue que ça va être utile.

Philippe Chauveau :
Ce qui veut dire que lorsque vous écrivez sur l'abstinence sexuelle, lorsque vous écrivez sur les cheveux blancs, il y a un jour, un matin, où vous vous réveillez en vous disant :
« Tiens ! Mais ça, ce pourrait être un bon sujet ! » ?

Sophie Fontanel :
Cela s’est passé comme ça pour l'abstinence sexuelle. Ce livre a été traduit en anglais et sur la couverture, il était écrit « international best-seller » ! Je me suis presque évanouie ! j'avais l'impression qu'on me donnait une bourse de 800 000€ !!! Effectivement, pour ce livre sur l'abstinence sexuelle, ce qui compte, c'est la voix ! Faire entendre une voix qui raconte ce que c'est que de ne pas faire l'amour pendant des années, mais c'est la voix de quelqu'un qui est heureux. On est dans une époque où on peut tout écrire, tout dire sur sa plainte. Mais écrire sur « après » la plainte, quand on a compris, c'est le pardon. En fait, c'est une sublimation.

Philippe Chauveau :
Votre actualité, Sophie Fontanel, « Nobelle » votre nouveau titre aux éditions Robert Laffont.

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  • Pétillante, c’est l’un des termes qui pourrait définir Sophie Fontanel, passionnée aussi.Journaliste à l’Obs, elle fut longtemps chroniqueuse de mode pour le magazine Elle. Elle continue d’ailleurs à prodiguer des conseils sur les réseaux sociaux. Mais à côté de cette écriture journalistique, Sophie Fontanel est aussi romancière et sa propre vie a souvent été le prétexte de ses livres. « Grandir » sur la dépendance de sa mère, « L’amour dans la vie des gens » sur la désillusion sentimentale, « La...Nobelle de Sophie Fontanel - Présentation - Suite
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