Alexandra Lapierre

Alexandra Lapierre

Moura, la mémoire incendiée

Portrait 6'05

Philippe Chauveau : Bonjour Alexandra Lapierre.

Alexandra Lapierre : Bonjour.

Philippe Chauveau : J'ai grand plaisir à vous accueillir, nous allons évoquer un sacré personnage, une sacrée femme, Moura, la mémoire incendiée votre actualité chez Flammarion. Revenons un petit peu en arrière, avec l’écriture, avant la littérature, il y avait une autre passion c'était le cinéma, vous avez même fait des études de cinéma. Pourquoi avez-vous changé votre fusil d'épaule ou finalement est-ce la même chose pour vous littérature et cinéma ?

Alexandra Lapierre : C'est beaucoup la même chose pour moi mais au départ c'était la littérature. Et puis mon père écrivant quand j'avais 16 ans ou 17 ans, il était impossible pour moi d'écrire. Donc j'ai fait des études de lettres, et une fois que j'ai fait mes études de lettres, j'ai dit bon maintenant je pars aux États Unis et je vais faire des études de cinéma. Et là j'ai adoré écrire mes propres scénarios, j'ai réalisé mes propres courts-métrages dans une université Américaine et au terme de ses expériences je me suis dit mais enfin j'adore écrire et donc je suis retournée à ce qui avait été ma premier intuition après avoir appris beaucoup de choses grâce à l'écriture de scénario américain.

Philippe Chauveau : Mais quand vous nous dites que littérature et scénario c'est un petit peu la même chose... En quoi ?

Alexandra Lapierre : Parce que ce que j'ai appris à faire dans le cinéma c'est à raconter une histoire, et je suis une conteuse. Mon obsession c'est vous emmener dans des pays, à la suite de personnage que vous ne connaissez pas nécessairement. Et donc vous y emmenez en apportant les couleurs, les odeurs, les sons... Bon il y a pas les odeurs au cinéma, mais cette idée que vous redonnez chair à un monde disparu, c'est une idée qui pourrait être une idée cinématographique.

Philippe Chauveau : Vous avez des auteurs qui vous ont peut être influencé, qui vous ont donné envie à votre tour, décrire ces biographies romanesques ? Quels sont vos livres de chevet ?

Alexandra Lapierre : Je pense que Stefan Zweig a beaucoup... Son Magellan, c'est exactement ça, c'est à dire que c'est aussi exact que possible mais vous êtes avec Magellan. De même son Marie- Antoinette c'est ça aussi. Donc ça c'est très proche de ce que j'essaye de faire. Sauf que pour moi ce qui est intéressant c'est de raconter les histoires des oubliés de l'Histoire. Donc c'est un autre aspect, ce qui veut dire retrouver des documents qui n'ont jamais été retrouvé puisque personne ne c'est intéressé au sujet. Donc mon travail c'est un énorme travail d’enquêtrice.

Philippe Chauveau : C'est presque de l'archéologie que vous faites.

Alexandra Lapierre : Dans le cas d'Artémisia c'était de l'archéologie, parce qu'il s'agissait par exemple de retrouver son acte de naissance en 1593 sous des milliers des milliers de documents donc en ce sens vous devez faire de la paléographie, il faut pouvoir déchiffrer ces manuscrits. Alors dans le cas de Moura c'était plus simple parce que on est au 19ème siècle, au 20ème siècle donc c'est beaucoup plus simple que les lettres du 16ème siècle. Mais oui ça requiert des techniques qui sont des techniques d'historiens.

Philippe Chauveau : Vous évoquez dans votre bibliographie Artémisia mais il y avait aussi Fanny Stevenson, plus récemment Dona Isabelle Barreto avec ce titre « Je te vois reine des quatre parties du monde ». Un livre qui a eu un énorme sucés, qui a été primé à mainte reprise. Je prends volontairement ces titres là car ce sont des personnages féminins, aujourd'hui c'est Moura. Est ce qu'il y a une part de militantisme de faire ressurgir ces personnages féminins oubliées de l'Histoire.

Alexandra Lapierre : Alors en faite, oui et non. Non parce que ce qui m’intéresse sont les personnes formidables point barre, homme ou femme. J'ai écrit plusieurs livres sur des hommes.

Philippe Chauveau : Que volontairement je n'ai pas cité car ça n'allait pas avec ma question.

Alexandra Lapierre : Mais historiquement les gens qui ont été formidables et qui ont été oubliés sont souvent des femmes pour des raisons sociologique : elles n'avaient pas d'existence légal, pour la partie italienne d'Artémisia. Légalement elle n'existe pas, elle ne peut pas signer un contrat, elle ne peut pas signer un tableau, elle ne peut pas acheter ses couleurs parce qu'elle est une femme.
Donc c'est pas du militantisme mais ça finit par le devenir parce que c'est presque une équation avec lorsque vous vous intéressé à des gens fantastiques et qui n'ont pas été reconnu par l'Histoire, c'est souvent des femmes.

Philippe Chauveau : Au délà du plaisir que vous donnez à vos lecteurs et du plaisir de la littérature et du travail, vous sentez vous aussi investi d'une mission à faire ressurgir du passé ce personnes oubliés ?

Alexandra Lapierre : C'est pas conscient parce que je choisit mes personnages vraiment comme des coups de cœur, c'est totalement émotionnelle et irrationnelle. À chaque fois il y a cette colère qui consiste à dire c'est invraisemblable. Dans le cadre de Moura, c'est une femme qui a traversé la révolution russe, elle a survécu à tout, elle a été la muse de Gorki et personne ne le sait. Il faut lui rendre son destin, et c'était à chaque fois la même chose. Pour Artémisia c'était encore plus violent,, c'était une très grande peintre, qui avait laissé une œuvre inouïe et pendant trois siècle on avait donné cette œuvre à Caravage. Il y a rien de pire pour un artiste de voir son nom perdu et de voir son œuvre donné à autrui sous prétexte que c'est trop bien dans le cas d'Artémisia, pour être peint par une femme. Oui au départ mélangé à mille autres émotions il y a certainement un coté Zoro, qui consiste à rendre au personnage ce qui lui revient.

Philippe Chauveau : Je nous vous avais jamais envisagé avec la cap et le masque de Zoro. Votre très belle actualité Alexandra Lapierre. Moura, la mémoire incendiée, ce livre est publié chez Flammarion.

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  • Qui était-elle cette fameuse Moura Budberg, née sous les ors de la Russie impériale, muse de Gorki, maitresses de nombreux hommes de pouvoir, sans doute un peu espionne, ayant côtoyé Staline, Churchill et de Gaulle ? Cette femme au destin multiple est l’héroïne du nouveau roman d’Alexandra Lapierre « Moura, la mémoire incendiée ». Retracer des destins hors-norme, la plupart du temps féminin, sous couvert d’écriture romanesque, telle est la passion d’Alexandra Lapierre qui au fil des publications, a su entrainer...Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Alexandra Lapierre.Alexandra Lapierre : Bonjour. Philippe Chauveau : J'ai grand plaisir à vous accueillir, nous allons évoquer un sacré personnage, une sacrée femme, Moura, la mémoire incendiée votre actualité chez Flammarion. Revenons un petit peu en arrière, avec l’écriture, avant la littérature, il y avait une autre passion c'était le cinéma, vous avez même fait des études de cinéma. Pourquoi avez-vous changé votre fusil d'épaule ou finalement est-ce la même chose pour vous...Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Voilà un nouveau personnage que vous sortez de l'oubli, Alexandra Lapierre. Cette fameuse  Moura, dont vous nous retracé son parcours absolument incroyable. Moura c'est une femme qui est né en 1892, si mes souvenirs sont bons, morte 1974, donc on est vraiment dans notre époque contemporaine. Curieusement l'Histoire l'a un peu oublié comment l'avez vous découvert cette femme ? Alexandra Lapierre : Totalement par hasard, parce que je lisais une biographie de Romain Gary où on disait que l'éducation...Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Livre - Suite