René de Obaldia

René de Obaldia

Merci d'être avec nous

Portrait 4'31
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, bonjour, merci de nous accueillir chez vous à Paris à deux pas de l’église de la Trinité. Votre actualité de nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous. Et puis il y a aussi cette pièce au théâtre des Mathurins, Grasse Matinée, avec Cyrielle Clair. J’aimerais que l’on revienne un petit peu sur votre parcours. Vous êtes né en 1918 à Hong-Kong, votre père était panaméen, votre maman picarde. Vos souvenirs d’enfance et de jeunesse, c’est quoi ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je me souviens lorsque j’ai fait mon discours à l’Académie, je disais je suis ébaubi, c’est un vieux mot français, ébaubi d’être avec vous, mais ébaubi d’être né. C’est une chose tellement invraisemblable que je n’en suis encore pas revenu, même encore maintenant à mon âge. Je dois dire que d’être né en Chine d’un père panaméen, c’est une aventure dont je ne suis pas responsable. Mais je suis revenu très très vite en France, et c’est en France que j’ai été élevé, que j’ai fais mes études et que j’ai défendu la patrie.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Justement, parlons de votre engagement, de la mobilisation, en 1940, vous êtes arrêté, et puis après il y a eu aussi des faits marquants. Vos souvenirs de cette période tourmentée.

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : C’est une période qui a été à la fois très dure, ça va de soit, et en même temps enrichissante, parce que là, il n’y avait plus d’avoir, il y avait l’être. Et là j’ai fait des rencontres merveilleuses, justement, j’ai vu l’humanité de fort près à 21 ans. J’ai pu écrire le premier poème des Innocentines sur un sac d’engrais, parce qu’on n’avait pas de papier à écrire, je ne sais plus avec quoi. Nous n’avions rien nous étions livrés simplement à survivre.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : La guerre se termine et vous voici dans l’univers littéraire, comment cela s’est-il passé ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Eh bien, j’étais dans une situation difficile, je n’avais pas de moyens financiers, j’habitais une chambre de bonne et tout ce qui me préoccupait, c’était la littérature, c’était la poésie avant toute chose.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Quelles ont été les rencontres marquantes au début de votre carrière littéraire ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Comme tous les créateurs, j’ai été refusé de toutes les maisons d’édition et de toutes les revues littéraires, car on oublie que les revues littéraires, à l’époque étaient très importantes. J’ai eu la chance d’envoyer des textes à Clara Malraux, la première femme d’André Malraux, qui m’a envoyé ce qu’on appelait un petit bleu à l’époque, ça n’existe plus, c’est un télégramme. Et elle m’a publié dans Contemporain, qui était la seule revue assez importante à l’époque et qui m’a fait connaître.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Romancier, dramaturge, poète, finalement, vous aimez jouer un petit peu partout, dans tous les styles d’écriture ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Alors écoutez, c’est surtout la poésie qui m’intéressait avant tout et puis un peu le théâtre, par accident. J’ai été connu par le théâtre parce que c’est plus porteur comme on dit. Je me définirais surtout comme poète car poète, ce n’est pas simplement d’écrire des vers, aller à la ligne etc, c’est un état. Il y a des moments très difficiles et des moments d’exaltation, la grâce. Vous savez, je pense à Paul Valéry qui a dit à un moment donné autant que je m’en souvienne Tel ver nous viens des Dieux, mais après pour se mettre à la hauteur, quel boulot ! En gros, c’est un peu ça.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Votre parcours, vous l’analysez comment ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je suis dans les manuels scolaires, ce qui fait que je rencontre parfois certaines dames absolument charmantes, mères d’un petit enfant, d’une petite fille qui récite mes poèmes et lorsqu’on me présente à elle disent Ah Obaldia, je vous croyais mort, alors je m’excuse d’être vivant bien sûr, qu’est-ce que vous voulez y faire ? Mais pour moi, c’est une joie d’être dit par les enfants.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Lorsque vous êtes entré à l’Académie, quel a été votre sentiment ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : J’étais très heureux, parce que j’y rencontre des gens exceptionnels et c’est extrêmement vivant. C’est ça que je veux dire parce qu’on s’imagine parfois de l’extérieur que ce sont de très vieux messieurs qui se penchent sur le squelette d’un mot qui tombe en poussière, ce n’est pas du tout ça.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Et un jeune qui vous demanderait un conseil pour écrire aujourd’hui, quel serait-il ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je n’ai pas de conseils à donner. Il faut faire très attention à l’expérience et aux conseils. Je dirais relisez les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Vous savez, les conseils et l’expérience, ça me fait penser à Tchouang Tseu, il disait L’expérience c’est un peigne pour peigner les chauves.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci René de Obaldia de nous avoir fait naviguer pendant quelques instants. Votre actualité, ce sont ces nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous, c’est aux éditions Grasset. Et puis la pièce Grasse Matinée avec Cyrielle Clair au théâtre des Mathurins.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, bonjour, merci de nous accueillir chez vous à Paris à deux pas de l’église de la Trinité. Votre actualité de nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous. Et puis il y a aussi cette pièce au théâtre des Mathurins, Grasse Matinée, avec Cyrielle Clair. J’aimerais que l’on revienne un petit peu sur votre parcours. Vous êtes né en 1918 à Hong-Kong, votre père était panaméen, votre maman picarde. Vos souvenirs d’enfance et de jeunesse, c’est quoi ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je me souviens lorsque j’ai fait mon discours à l’Académie, je disais je suis ébaubi, c’est un vieux mot français, ébaubi d’être avec vous, mais ébaubi d’être né. C’est une chose tellement invraisemblable que je n’en suis encore pas revenu, même encore maintenant à mon âge. Je dois dire que d’être né en Chine d’un père panaméen, c’est une aventure dont je ne suis pas responsable. Mais je suis revenu très très vite en France, et c’est en France que j’ai été élevé, que j’ai fais mes études et que j’ai défendu la patrie.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Justement, parlons de votre engagement, de la mobilisation, en 1940, vous êtes arrêté, et puis après il y a eu aussi des faits marquants. Vos souvenirs de cette période tourmentée.

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : C’est une période qui a été à la fois très dure, ça va de soit, et en même temps enrichissante, parce que là, il n’y avait plus d’avoir, il y avait l’être. Et là j’ai fait des rencontres merveilleuses, justement, j’ai vu l’humanité de fort près à 21 ans. J’ai pu écrire le premier poème des Innocentines sur un sac d’engrais, parce qu’on n’avait pas de papier à écrire, je ne sais plus avec quoi. Nous n’avions rien nous étions livrés simplement à survivre.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : La guerre se termine et vous voici dans l’univers littéraire, comment cela s’est-il passé ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Eh bien, j’étais dans une situation difficile, je n’avais pas de moyens financiers, j’habitais une chambre de bonne et tout ce qui me préoccupait, c’était la littérature, c’était la poésie avant toute chose.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Quelles ont été les rencontres marquantes au début de votre carrière littéraire ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Comme tous les créateurs, j’ai été refusé de toutes les maisons d’édition et de toutes les revues littéraires, car on oublie que les revues littéraires, à l’époque étaient très importantes. J’ai eu la chance d’envoyer des textes à Clara Malraux, la première femme d’André Malraux, qui m’a envoyé ce qu’on appelait un petit bleu à l’époque, ça n’existe plus, c’est un télégramme. Et elle m’a publié dans Contemporain, qui était la seule revue assez importante à l’époque et qui m’a fait connaître.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Romancier, dramaturge, poète, finalement, vous aimez jouer un petit peu partout, dans tous les styles d’écriture ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Alors écoutez, c’est surtout la poésie qui m’intéressait avant tout et puis un peu le théâtre, par accident. J’ai été connu par le théâtre parce que c’est plus porteur comme on dit. Je me définirais surtout comme poète car poète, ce n’est pas simplement d’écrire des vers, aller à la ligne etc, c’est un état. Il y a des moments très difficiles et des moments d’exaltation, la grâce. Vous savez, je pense à Paul Valéry qui a dit à un moment donné autant que je m’en souvienne Tel ver nous viens des Dieux, mais après pour se mettre à la hauteur, quel boulot ! En gros, c’est un peu ça.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Votre parcours, vous l’analysez comment ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je suis dans les manuels scolaires, ce qui fait que je rencontre parfois certaines dames absolument charmantes, mères d’un petit enfant, d’une petite fille qui récite mes poèmes et lorsqu’on me présente à elle disent Ah Obaldia, je vous croyais mort, alors je m’excuse d’être vivant bien sûr, qu’est-ce que vous voulez y faire ? Mais pour moi, c’est une joie d’être dit par les enfants.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Lorsque vous êtes entré à l’Académie, quel a été votre sentiment ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : J’étais très heureux, parce que j’y rencontre des gens exceptionnels et c’est extrêmement vivant. C’est ça que je veux dire parce qu’on s’imagine parfois de l’extérieur que ce sont de très vieux messieurs qui se penchent sur le squelette d’un mot qui tombe en poussière, ce n’est pas du tout ça.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Et un jeune qui vous demanderait un conseil pour écrire aujourd’hui, quel serait-il ?

René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je n’ai pas de conseils à donner. Il faut faire très attention à l’expérience et aux conseils. Je dirais relisez les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Vous savez, les conseils et l’expérience, ça me fait penser à Tchouang Tseu, il disait L’expérience c’est un peigne pour peigner les chauves.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci René de Obaldia de nous avoir fait naviguer pendant quelques instants. Votre actualité, ce sont ces nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous, c’est aux éditions Grasset. Et puis la pièce Grasse Matinée avec Cyrielle Clair au théâtre des Mathurins.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • C’est un immortel que nous vous invitons à rencontrer aujourd’hui sur Web TV Culture ou plus exactement, un académicien. Depuis 1999, René de Obaldia occupe le siège numéro 22, de la prestigieuse institution, siège occupé jadis par Julien Green. Et même si vous n’avez lu aucun de ses romans, vous avez sans doute vu une de ses pièces ou en tout cas appris l’une de ses poésies sur les bancs de l’école. Né en 1918 à Hong-Kong, René de Obaldia a connu une existence parfois tragique mais toujours riche de découvertes...Merci d'être avec nous de René Obaldia (de) - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, bonjour, merci de nous accueillir chez vous à Paris à deux pas de l’église de la Trinité. Votre actualité de nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous. Et puis il y a aussi cette pièce au théâtre des Mathurins, Grasse Matinée, avec Cyrielle Clair. J’aimerais que l’on revienne un petit peu sur votre parcours. Vous êtes né en 1918 à Hong-Kong, votre père était panaméen, votre maman picarde. Vos souvenirs d’enfance et de jeunesse, c’est quoi ? René de...Merci d'être avec nous de René Obaldia (de) - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, une double actualité vous concernant. Tout d’abord chez Grasset, ces nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous et puis cette pièce au théâtre des Mathurins, jouée par Cyrielle Claire, Grasse matinée. Avant de revenir sur ces deux actualités, on a souvent tendance à parler du style obaldien. C’est quoi le style obaldien ? René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Vous savez, je suis juge et parti, c’est très difficile pour moi de me définir moi-même. J’ai...Merci d'être avec nous de René Obaldia (de) - Le livre - Suite