C’est un immortel que nous vous invitons à rencontrer aujourd’hui sur Web TV Culture ou plus exactement, un académicien. Depuis 1999, René de Obaldia occupe le siège numéro 22, de la prestigieuse institution, siège occupé jadis par Julien Green. Et même si vous n’avez lu aucun de ses romans, vous avez sans doute vu une de ses pièces ou en tout cas appris l’une de ses poésies sur les bancs de l’école.
Né en 1918 à Hong-Kong, René de Obaldia a connu une existence parfois tragique mais toujours riche de découvertes...
Merci d'être avec nous de René Obaldia (de) - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, bonjour, merci de nous accueillir chez vous à Paris à deux pas de l’église de la Trinité. Votre actualité de nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous. Et puis il y a aussi cette pièce au théâtre des Mathurins, Grasse Matinée, avec Cyrielle Clair. J’aimerais que l’on revienne un petit peu sur votre parcours. Vous êtes né en 1918 à Hong-Kong, votre père était panaméen, votre maman picarde. Vos souvenirs d’enfance et de jeunesse, c’est quoi ?
René de...
Merci d'être avec nous de René Obaldia (de) - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, une double actualité vous concernant. Tout d’abord chez Grasset, ces nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous et puis cette pièce au théâtre des Mathurins, jouée par Cyrielle Claire, Grasse matinée. Avant de revenir sur ces deux actualités, on a souvent tendance à parler du style obaldien. C’est quoi le style obaldien ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Vous savez, je suis juge et parti, c’est très difficile pour moi de me définir moi-même. J’ai...
Merci d'être avec nous de René Obaldia (de) - Le livre - Suite
René de Obaldia
Merci d'être avec nous
Présentation 1'09Né en 1918 à Hong-Kong, René de Obaldia a connu une existence parfois tragique mais toujours riche de découvertes et de rencontres. Très tôt, l’écriture est entrée dans sa vie pour ne plus jamais le quitter.
On lui doit des romans traduits dans une trentaine de langues. Ses pièces jouées dans le monde entier, sont à l’image de son tempérament, à la fois drôle et profond, on parle même d’une écriture obaldienne.
L’actualité de René de Obaldia, c’est une pièce de théâtre Grasse Matinée, jouée actuellement au théâtre des Mathurins avec la comédienne Cyrielle Clair et puis de nouveaux impromptus publiés chez Grasset, réunis sous le titre de Merci d’être avec nous.
Rencontre avec un immortel, sur Web TV Culture, René de Obaldia.
Né en 1918 à Hong-Kong, René de Obaldia a connu une existence parfois tragique mais toujours riche de découvertes et de rencontres. Très tôt, l’écriture est entrée dans sa vie pour ne plus jamais le quitter.
On lui doit des romans traduits dans une trentaine de langues. Ses pièces jouées dans le monde entier, sont à l’image de son tempérament, à la fois drôle et profond, on parle même d’une écriture obaldienne.
L’actualité de René de Obaldia, c’est une pièce de théâtre Grasse Matinée, jouée actuellement au théâtre des Mathurins avec la comédienne Cyrielle Clair et puis de nouveaux impromptus publiés chez Grasset, réunis sous le titre de Merci d’être avec nous.
Rencontre avec un immortel, sur Web TV Culture, René de Obaldia.
René de Obaldia
Merci d'être avec nous
Portrait 4'31René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je me souviens lorsque j’ai fait mon discours à l’Académie, je disais je suis ébaubi, c’est un vieux mot français, ébaubi d’être avec vous, mais ébaubi d’être né. C’est une chose tellement invraisemblable que je n’en suis encore pas revenu, même encore maintenant à mon âge. Je dois dire que d’être né en Chine d’un père panaméen, c’est une aventure dont je ne suis pas responsable. Mais je suis revenu très très vite en France, et c’est en France que j’ai été élevé, que j’ai fais mes études et que j’ai défendu la patrie.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Justement, parlons de votre engagement, de la mobilisation, en 1940, vous êtes arrêté, et puis après il y a eu aussi des faits marquants. Vos souvenirs de cette période tourmentée.
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : C’est une période qui a été à la fois très dure, ça va de soit, et en même temps enrichissante, parce que là, il n’y avait plus d’avoir, il y avait l’être. Et là j’ai fait des rencontres merveilleuses, justement, j’ai vu l’humanité de fort près à 21 ans. J’ai pu écrire le premier poème des Innocentines sur un sac d’engrais, parce qu’on n’avait pas de papier à écrire, je ne sais plus avec quoi. Nous n’avions rien nous étions livrés simplement à survivre.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : La guerre se termine et vous voici dans l’univers littéraire, comment cela s’est-il passé ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Eh bien, j’étais dans une situation difficile, je n’avais pas de moyens financiers, j’habitais une chambre de bonne et tout ce qui me préoccupait, c’était la littérature, c’était la poésie avant toute chose.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Quelles ont été les rencontres marquantes au début de votre carrière littéraire ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Comme tous les créateurs, j’ai été refusé de toutes les maisons d’édition et de toutes les revues littéraires, car on oublie que les revues littéraires, à l’époque étaient très importantes. J’ai eu la chance d’envoyer des textes à Clara Malraux, la première femme d’André Malraux, qui m’a envoyé ce qu’on appelait un petit bleu à l’époque, ça n’existe plus, c’est un télégramme. Et elle m’a publié dans Contemporain, qui était la seule revue assez importante à l’époque et qui m’a fait connaître.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Romancier, dramaturge, poète, finalement, vous aimez jouer un petit peu partout, dans tous les styles d’écriture ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Alors écoutez, c’est surtout la poésie qui m’intéressait avant tout et puis un peu le théâtre, par accident. J’ai été connu par le théâtre parce que c’est plus porteur comme on dit. Je me définirais surtout comme poète car poète, ce n’est pas simplement d’écrire des vers, aller à la ligne etc, c’est un état. Il y a des moments très difficiles et des moments d’exaltation, la grâce. Vous savez, je pense à Paul Valéry qui a dit à un moment donné autant que je m’en souvienne Tel ver nous viens des Dieux, mais après pour se mettre à la hauteur, quel boulot ! En gros, c’est un peu ça.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Votre parcours, vous l’analysez comment ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je suis dans les manuels scolaires, ce qui fait que je rencontre parfois certaines dames absolument charmantes, mères d’un petit enfant, d’une petite fille qui récite mes poèmes et lorsqu’on me présente à elle disent Ah Obaldia, je vous croyais mort, alors je m’excuse d’être vivant bien sûr, qu’est-ce que vous voulez y faire ? Mais pour moi, c’est une joie d’être dit par les enfants.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Lorsque vous êtes entré à l’Académie, quel a été votre sentiment ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : J’étais très heureux, parce que j’y rencontre des gens exceptionnels et c’est extrêmement vivant. C’est ça que je veux dire parce qu’on s’imagine parfois de l’extérieur que ce sont de très vieux messieurs qui se penchent sur le squelette d’un mot qui tombe en poussière, ce n’est pas du tout ça.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Et un jeune qui vous demanderait un conseil pour écrire aujourd’hui, quel serait-il ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je n’ai pas de conseils à donner. Il faut faire très attention à l’expérience et aux conseils. Je dirais relisez les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Vous savez, les conseils et l’expérience, ça me fait penser à Tchouang Tseu, il disait L’expérience c’est un peigne pour peigner les chauves.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci René de Obaldia de nous avoir fait naviguer pendant quelques instants. Votre actualité, ce sont ces nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous, c’est aux éditions Grasset. Et puis la pièce Grasse Matinée avec Cyrielle Clair au théâtre des Mathurins.
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je me souviens lorsque j’ai fait mon discours à l’Académie, je disais je suis ébaubi, c’est un vieux mot français, ébaubi d’être avec vous, mais ébaubi d’être né. C’est une chose tellement invraisemblable que je n’en suis encore pas revenu, même encore maintenant à mon âge. Je dois dire que d’être né en Chine d’un père panaméen, c’est une aventure dont je ne suis pas responsable. Mais je suis revenu très très vite en France, et c’est en France que j’ai été élevé, que j’ai fais mes études et que j’ai défendu la patrie.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Justement, parlons de votre engagement, de la mobilisation, en 1940, vous êtes arrêté, et puis après il y a eu aussi des faits marquants. Vos souvenirs de cette période tourmentée.
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : C’est une période qui a été à la fois très dure, ça va de soit, et en même temps enrichissante, parce que là, il n’y avait plus d’avoir, il y avait l’être. Et là j’ai fait des rencontres merveilleuses, justement, j’ai vu l’humanité de fort près à 21 ans. J’ai pu écrire le premier poème des Innocentines sur un sac d’engrais, parce qu’on n’avait pas de papier à écrire, je ne sais plus avec quoi. Nous n’avions rien nous étions livrés simplement à survivre.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : La guerre se termine et vous voici dans l’univers littéraire, comment cela s’est-il passé ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Eh bien, j’étais dans une situation difficile, je n’avais pas de moyens financiers, j’habitais une chambre de bonne et tout ce qui me préoccupait, c’était la littérature, c’était la poésie avant toute chose.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Quelles ont été les rencontres marquantes au début de votre carrière littéraire ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Comme tous les créateurs, j’ai été refusé de toutes les maisons d’édition et de toutes les revues littéraires, car on oublie que les revues littéraires, à l’époque étaient très importantes. J’ai eu la chance d’envoyer des textes à Clara Malraux, la première femme d’André Malraux, qui m’a envoyé ce qu’on appelait un petit bleu à l’époque, ça n’existe plus, c’est un télégramme. Et elle m’a publié dans Contemporain, qui était la seule revue assez importante à l’époque et qui m’a fait connaître.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Romancier, dramaturge, poète, finalement, vous aimez jouer un petit peu partout, dans tous les styles d’écriture ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Alors écoutez, c’est surtout la poésie qui m’intéressait avant tout et puis un peu le théâtre, par accident. J’ai été connu par le théâtre parce que c’est plus porteur comme on dit. Je me définirais surtout comme poète car poète, ce n’est pas simplement d’écrire des vers, aller à la ligne etc, c’est un état. Il y a des moments très difficiles et des moments d’exaltation, la grâce. Vous savez, je pense à Paul Valéry qui a dit à un moment donné autant que je m’en souvienne Tel ver nous viens des Dieux, mais après pour se mettre à la hauteur, quel boulot ! En gros, c’est un peu ça.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Votre parcours, vous l’analysez comment ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je suis dans les manuels scolaires, ce qui fait que je rencontre parfois certaines dames absolument charmantes, mères d’un petit enfant, d’une petite fille qui récite mes poèmes et lorsqu’on me présente à elle disent Ah Obaldia, je vous croyais mort, alors je m’excuse d’être vivant bien sûr, qu’est-ce que vous voulez y faire ? Mais pour moi, c’est une joie d’être dit par les enfants.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Lorsque vous êtes entré à l’Académie, quel a été votre sentiment ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : J’étais très heureux, parce que j’y rencontre des gens exceptionnels et c’est extrêmement vivant. C’est ça que je veux dire parce qu’on s’imagine parfois de l’extérieur que ce sont de très vieux messieurs qui se penchent sur le squelette d’un mot qui tombe en poussière, ce n’est pas du tout ça.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Et un jeune qui vous demanderait un conseil pour écrire aujourd’hui, quel serait-il ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Je n’ai pas de conseils à donner. Il faut faire très attention à l’expérience et aux conseils. Je dirais relisez les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Vous savez, les conseils et l’expérience, ça me fait penser à Tchouang Tseu, il disait L’expérience c’est un peigne pour peigner les chauves.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci René de Obaldia de nous avoir fait naviguer pendant quelques instants. Votre actualité, ce sont ces nouveaux impromptus, Merci d’être avec nous, c’est aux éditions Grasset. Et puis la pièce Grasse Matinée avec Cyrielle Clair au théâtre des Mathurins.
René de Obaldia
Merci d'être avec nous
Le livre 4'34René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Vous savez, je suis juge et parti, c’est très difficile pour moi de me définir moi-même. J’ai beaucoup de critiques, beaucoup d’articles qui ont parlé sur moi. Disons qu’il y a un sentiment tragique de la vie, bizarrement comme disait Miguel Unamuno, un grand auteur espagnol que j’aime beaucoup, Un sentiment tragique de la vie, mais un humour qui le transcende. C’est un peu pompeux ce que je vous dis là, je suis d’accord, mais c’est quand même cela. J’ai quand même ce sentiment tragique de la vie, si bien que mes pièces sont très gaies, en général, et font beaucoup rire.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Est-ce que cet humour est pour vous une façon de vous cacher de la réalité ou est-ce que c’est pour le public ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Vous savez la fameuse formule, L’humour, c’est la politesse du désespoir qui est une très belle formule d’ailleurs. Mais pour moi je dirai que c’est une surabondance de gravité. Un certain recul sur les évènements, sur la vie même, qui me donne la force de ne pas me suicider.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Revenons sur Grasse matinée, cette pièce a déjà quelques années. Pourquoi Cyrielle Clair a-t-elle eu envie de reprendre cette pièce ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Eh bien tout simplement, c’est très amusant de la part de Cyrielle Clair parce que c’est une pièce qui parle de la mort. Ce sont deux voisines de cercueil, n’est-ce pas, qui se retrouvent, qui batifolent, qui prennent l’air etc, une pièce gaie mais en même temps sur fond tragique, j’en reviens là. Dans ce rôle qui est un peu particulier pour elle, elle est remarquable et ainsi que sa partenaire d’ailleurs, je reviens à sa partenaire Marie Le Cam, qui fait un très bon équilibre, une très bonne balance.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Lorsque l’on écrit des pièces et que l’on peut voir différentes mises en scène, est-ce que des fois, on peut être un peu déçu, être un peu frustré, parce qu’on a l’impression que le metteur en scène n’a pas vraiment compris le message ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Une seule fois, je me suis ennuyé à ma propre pièce… Bon voilà, ça arrive, mais dans l’ensemble j’ai été merveilleusement servi, comme on dit. Alors à l’étranger, bien sûr, je ne pouvais pas savoir qui était mon metteur en scène, souvent. Mais quand j’ai été par exemple à Prague, quand on a vu Du vent dans les branches de Sassafras à Prague, j’avais des metteurs en scène tchèques, des metteurs en scène polonais etc, mais remarquables.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci d’être avec nous, ces nouveaux impromptus, pourquoi avoir eut envie de faire de nouveaux impromptus, justement ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Tout simplement mes premiers textes de théâtre, c’était des Impromptus, qui ont été faits un peu, vraiment sans le faire exprès, si je puis dire. C’était pour divertir des hôtes et j’avais écrit ça, c’était Le Défunt, Le Sacrifice du bourreau et d’autres Impromptus qui depuis ont une carrière incroyable, puisque Le Défunt, par exemple, a été traduit en une vingtaine de langues. C’est l’histoire d’une jeune veuve et de son ami, que grâce à cet impromptu, j’ai des veuves dans chaque port. Et je suis revenu aux premières amours, si je puis dire, je suis revenu aux Impromptus et j’ai donc écrit tout dernièrement c’est cinq nouveaux impromptus, renouant la boucle.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Vous aimez mettre le doigt là où ça fait mal pour vos contemporains ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : C’est-à-dire que, vous savez, ça fait mal un peu partout, de nos jours. Je veux dire, ce ne sont pas les sujets qui manquent, mais effectivement, j’ai pris certains sujets et je les dis mais d’une façon également qui fait rire, quand même, il vaut mieux en rire.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Les projets pour demain ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Les projets pour demain ? Ah mais vous me posait une question là, je n’y aie pas songé. Je ne peux pas vous dire, je n’y songe pas. J’ai la chance d’avoir cet âge-là, d’avoir ma tête qui fonctionne, mes jambes encore, et de remercier Dieu chaque matin, je ne sais pas trop lequel, mais tous les matins, je le remercie. Simplement peut-être de faire partager, de faire partager aux autres et peut-être encore d’écrire certaines choses qui rendent la vie plus acceptable, enfin qui soit quand même… Comment dire ça, c’est très difficile, une sorte de joie d’être, de communiquer une joie d’être.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, merci beaucoup pour ce moment de convivialité et de sincérité. Merci d’avoir été avec nous sur Web TV Culture, les nouveaux impromptus publiés chez Grasset et puis la pièce avec Cyrielle Claire, Grasse matinée, c’est au théâtre des Mathurins à Paris.
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Vous savez, je suis juge et parti, c’est très difficile pour moi de me définir moi-même. J’ai beaucoup de critiques, beaucoup d’articles qui ont parlé sur moi. Disons qu’il y a un sentiment tragique de la vie, bizarrement comme disait Miguel Unamuno, un grand auteur espagnol que j’aime beaucoup, Un sentiment tragique de la vie, mais un humour qui le transcende. C’est un peu pompeux ce que je vous dis là, je suis d’accord, mais c’est quand même cela. J’ai quand même ce sentiment tragique de la vie, si bien que mes pièces sont très gaies, en général, et font beaucoup rire.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Est-ce que cet humour est pour vous une façon de vous cacher de la réalité ou est-ce que c’est pour le public ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Vous savez la fameuse formule, L’humour, c’est la politesse du désespoir qui est une très belle formule d’ailleurs. Mais pour moi je dirai que c’est une surabondance de gravité. Un certain recul sur les évènements, sur la vie même, qui me donne la force de ne pas me suicider.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Revenons sur Grasse matinée, cette pièce a déjà quelques années. Pourquoi Cyrielle Clair a-t-elle eu envie de reprendre cette pièce ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Eh bien tout simplement, c’est très amusant de la part de Cyrielle Clair parce que c’est une pièce qui parle de la mort. Ce sont deux voisines de cercueil, n’est-ce pas, qui se retrouvent, qui batifolent, qui prennent l’air etc, une pièce gaie mais en même temps sur fond tragique, j’en reviens là. Dans ce rôle qui est un peu particulier pour elle, elle est remarquable et ainsi que sa partenaire d’ailleurs, je reviens à sa partenaire Marie Le Cam, qui fait un très bon équilibre, une très bonne balance.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Lorsque l’on écrit des pièces et que l’on peut voir différentes mises en scène, est-ce que des fois, on peut être un peu déçu, être un peu frustré, parce qu’on a l’impression que le metteur en scène n’a pas vraiment compris le message ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Une seule fois, je me suis ennuyé à ma propre pièce… Bon voilà, ça arrive, mais dans l’ensemble j’ai été merveilleusement servi, comme on dit. Alors à l’étranger, bien sûr, je ne pouvais pas savoir qui était mon metteur en scène, souvent. Mais quand j’ai été par exemple à Prague, quand on a vu Du vent dans les branches de Sassafras à Prague, j’avais des metteurs en scène tchèques, des metteurs en scène polonais etc, mais remarquables.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci d’être avec nous, ces nouveaux impromptus, pourquoi avoir eut envie de faire de nouveaux impromptus, justement ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Tout simplement mes premiers textes de théâtre, c’était des Impromptus, qui ont été faits un peu, vraiment sans le faire exprès, si je puis dire. C’était pour divertir des hôtes et j’avais écrit ça, c’était Le Défunt, Le Sacrifice du bourreau et d’autres Impromptus qui depuis ont une carrière incroyable, puisque Le Défunt, par exemple, a été traduit en une vingtaine de langues. C’est l’histoire d’une jeune veuve et de son ami, que grâce à cet impromptu, j’ai des veuves dans chaque port. Et je suis revenu aux premières amours, si je puis dire, je suis revenu aux Impromptus et j’ai donc écrit tout dernièrement c’est cinq nouveaux impromptus, renouant la boucle.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Vous aimez mettre le doigt là où ça fait mal pour vos contemporains ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : C’est-à-dire que, vous savez, ça fait mal un peu partout, de nos jours. Je veux dire, ce ne sont pas les sujets qui manquent, mais effectivement, j’ai pris certains sujets et je les dis mais d’une façon également qui fait rire, quand même, il vaut mieux en rire.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Les projets pour demain ?
René de Obaldia (Merci d’être avec nous) : Les projets pour demain ? Ah mais vous me posait une question là, je n’y aie pas songé. Je ne peux pas vous dire, je n’y songe pas. J’ai la chance d’avoir cet âge-là, d’avoir ma tête qui fonctionne, mes jambes encore, et de remercier Dieu chaque matin, je ne sais pas trop lequel, mais tous les matins, je le remercie. Simplement peut-être de faire partager, de faire partager aux autres et peut-être encore d’écrire certaines choses qui rendent la vie plus acceptable, enfin qui soit quand même… Comment dire ça, c’est très difficile, une sorte de joie d’être, de communiquer une joie d’être.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : René de Obaldia, merci beaucoup pour ce moment de convivialité et de sincérité. Merci d’avoir été avec nous sur Web TV Culture, les nouveaux impromptus publiés chez Grasset et puis la pièce avec Cyrielle Claire, Grasse matinée, c’est au théâtre des Mathurins à Paris.