Louise Tremblay d'Essiambre

Louise Tremblay d'Essiambre

Les années du silence

Portrait 6'31

Philippe Chauveau : Bonjour Louise Tremblay-D'Essiambre !

Louise Tremblay-D'Essiambre : Bonjour.

Philippe Chauveau : Je suis ravi de vous accueillir. Vous nous apportez un petit peu d'air frais du Québec. Vous êtes dans l'actualité littéraire en France puisque sort un livre qui a déjà quelques années pour vous. Puisque c'est l'un de vos premiers ouvrages, Les Années du silence, qui va se décliner sur trois tomes qui vont paraître en 2016. Voici pour le premier tome "Dans la tourmente". Avant d'en parler, on va faire un peu plus connaissance. Je crois que vous vouliez être infirmière. Et puis finalement...

Louise Tremblay-D'Essiambre : Je ne voulais pas être infirmière.

Philippe Chauveau : Ah bah ça commence bien...

Louise Tremblay-D'Essiambre : Je voulais devenir médecin.

Philippe Chauveau : Le milieu médical.

Louise Tremblay-D'Essiambre : Le milieu médical m'attire énormément. Mon père à l'époque me disait qu'une femme ne devenait pas médecin, à la fin des années 60. Alors il a dit : « si tu veux aller dans le monde de la médecine, tu vas faire infirmière ». Je dis : « bon d'accord papa, pas le choix, c'est toi qui paie ». Alors j'ai fait l'école d'infirmière, j'ai fait deux ans, j'ai laissé tombé, je voulais devenir chirurgien. Y'avait pas de commune mesure entre les deux.

Philippe Chauveau : Et puis finalement, il y a l'amour qu'est passé par là, il y a les enfants qui sont arrivés, et puis d'autres priorités...

Louise Tremblay-D'Essiambre : Nombreux.

Philippe Chauveau : Oui, neuf enfants ?

Louise Tremblay-D'Essiambre : Neuf enfants, oui. Mais moi le monde de la littérature, c'est un monde qui fait partie de ma vie depuis l'âge de quatre ans.

Philippe Chauveau : Bien justement, c'est ce que je voulais vous poser comme question. Je crois que déjà enfant, il y avait des livres qui vous entourait.

Louise Tremblay-D'Essiambre : Oui. Moi j'ai commencé à lire à l'âge de quatre ans. Je n'ai jamais arrêté depuis. J'ai coutume de dire chez nous que je suis comme Obélix : je suis tombé dans la potion et j'suis marquée à vie. Et pour moi l'écriture et la lecture découlent d'une même passion. Alors le lien s'est fait de lui-même. Peut-être à l'âge de huit ans, je me suis mis à griffonner toutes sortes de choses puis j'ai jamais arrêté depuis.

Philippe Chauveau : Lorsqu'on est une enfant au Québec, est-ce qu'on est lié par une double culture ? Lisiez-vous aussi bien des auteurs francophones que des auteurs anglophones ? Ou est-ce que déjà dans votre famille, c'était essentiellement des auteurs francophones ?

Louise Tremblay-D'Essiambre : On va s'entendre : je lis la langue française. J'ai lu Sherlock Holmes mais je l'ai pas lu dans la langue de Shakespeare, je l'ai lu dans la langue de Molière. Mais bon, je lis de la traduction, je lisais que du français. Il n'y a que depuis les trois ou quatre dernières années où, suite à la lecture d'un livre mal traduit, je me suis dit : « je vais aller voir dans la langue d'origine de quoi ça a l'air » et là j'avais lu de l'anglais. J'en lis à l'occasion. Je me débrouille en anglais mais je suis d'abord et avant tout francophone-francophile. Le français c'est ma langue de toujours et jusqu'à la fin.

Philippe Chauveau : Au-delà des étiquettes, des nationalités, vous parliez de Conan Doyle... Quels sont les auteurs, les livres dans lesquels vous vous retrouvez depuis votre adolescence jusqu'à aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a des livres de chevet que vous retrouvez régulièrement ?

Louise Tremblay-D'Essiambre : Oh mon dieu... Certains auteurs que j'aime particulièrement, il y a eu Gilbert Cesbron qui m'a marqué beaucoup. Autant ses nouvelles que quelques romans que j'ai eu de lui, que j'ai vraiment adoré. Tout récemment, un auteur espagnol : Carlos Ruiz Zafon, que j'ai beaucoup beaucoup aimé. Maxime Chattam que j'aime. Je suis une fan finie de romans policiers alors bon Michael Connelly. J'adore la science-fiction donc j'aime Stephen King. Et je reviens à mes classiques...

Philippe Chauveau : En 1984, il y a « Le Tournesol », c'est votre premier roman publié au Québec. Pourquoi cette envie de l'écriture ? Votre vie était construite, il y avait des enfants qui étaient là. C'était un besoin ? Ca répondait à une envie ?

Louise Tremblay-D'Essiambre : Ca répondait à un besoin depuis toujours et au moment où j'avais marié cet homme-là, qui a été le père de mes huit premiers enfants, il savait qu'un jour ça viendrait. Je le lui avais dit : « un jour je vais écrire ». Je me souviens très bien d'avoir dit à un professeur, j'étais au CEGEP, donc c'est peut-être l'équivalent de votre lycée, je ne sais pas trop... J'avais suivi un cours, c'est le seul cours d'ailleurs que j'ai suivi en création littéraire, ça s’appelait « Contes, essais, nouvelles ». Et le professeur m'avait dit suite à... J'avais pondu une nouvelle. Il m'avait fait venir à son bureau, j'étais catastrophé, je dis « ça y est, j'ai fait un conte, je pensais avoir fait une nouvelle, c'est pourri, c'est pas bon... ». Et au contraire, elle me dit : « laissez donc tomber votre cours puis écrivez, vous avez du talent ». Puis à ce moment-là, je lui avais dit « oui, un jour je vais écrire mais pas tout de suite, je ne suis pas prête ».

Philippe Chauveau : L'écriture de ce premier roman correspondait à... Vous aviez besoin de combler un manque ou au contraire...

Louise Tremblay-D'Essiambre : Ca a été un hasard. J'avais l'impression d'avoir l'écriture en latence à l'intérieur de moi. Et j'avais besoin d'un déclic, ça a été l'annonce d'un prix littéraire du Québec offert à quelqu'un qui n'a jamais écrit, pour l'écriture d'un premier roman, quelqu'un qui n'a jamais publié. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire « Le Tournesol ».

Philippe Chauveau : Les livres se sont succédés. Souvent des sagas, des histoires en plusieurs tomes. Le succès est au rendez-vous. Au Québec, vous vendez des milliers de livres. Alors, je sais que les auteurs n'aiment pas forcément que l'on parle de chiffres mais enfin... Vous avez des ventes qui sont conséquentes. Et pourtant je crois que vous doutez toujours. Vous avez toujours cette appréhension. D'ailleurs, vous l'écrivez parfois en préambule de vos romans. Vous prévenez le lecteur en lui disant : « j'ai un peu peur j'espère que... »

Louise Tremblay-D'Essiambre : Je considère que j'ai le plus beau métier du monde parce que je donne un petit peu de bonheur autour de moi, je trouve ça extraordinaire. Et en même temps, j'ai tous les matins devant mon ordinateur, j'ai cette crainte que les mots ne soient pas au rendez-vous, vraiment... Mais vraiment, vraiment, vraiment... Je me réveille puis là je me dis « je dois écrire, mais qu'est-ce que je vais écrire, je sais pas... » donc je me lève, je vais me refaire un café puis bon... Faut que je relise la veille... Puis tout doucement ça se fait. J'ai appris au fil des années d'avoir l'humilité de se fier aux personnages, de leur faire confiance, ils finissent toujours par me raconter leur histoire.

Philippe Chauveau : En France, c'est vrai qu'on ne vous connait pas encore beaucoup même si plusieurs de vos titres ont déjà été publiés aux éditions Pocket. Comment analysez-vous le fait qu'il y ait cet océan Atlantique entre nous et que des auteurs qui sont très connus au Québec ne le soient pas du tout en France ?

Louise Tremblay-D'Essiambre : Moi-même, je ne me l'explique pas. Je ne sais pas... Est-ce la différence quand même de culture ? Est-ce... Je ne sais pas, parfois j'écris certaines histoires, certains dialogues qui sont en joual comme on l'appelle chez nous. Et je me dis bon, est-ce qu'ils comprendraient ce que je veux dire en France ? Et je me dis bon, y'a un petit côté exotique, au même titre que moi lorsque je vais lire un titre qui se passe à Paris avec un petit peu d'argot, un petit peu de... Je veux dire, je trouve ça merveilleux. Je plonge là-dedans puis je décroche de ma réalité à moi. Alors bon, probablement que c'est la même chose ici. Les gens aiment ça : embarquer dans les histoires.

Philippe Chauveau : Votre actualité littéraire donc en France, Louise Tremblay-D'Essiambre, ce sont « Les Années du silence » avec le premier tome qui vient de paraître : « Dans la tourmente ».

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  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Originaire de Ste Foy, une petite ville de la banlieue de Québec, c’est là que Louise Tremblay d'Essiambre grandit, dans l'affection d'une famille unie. Et déjà, la petite fille rêveuse a le goût de la lecture. Elle se rêve infirmière, entreprend des études pour y parvenir mais l’amour en décide autrement. Un mariage, neuf enfants et la jeune Louise décide de rester au foyer pour s'occuper de ses petits. Mais les livres sont toujours là, et puisque des plages de liberté s'offrent à elle, pourquoi ne pas s'essayer à...Les années du silence de Louise Tremblay d'Essiambre - Présentation - Suite
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    On attendait la ré-édition de ce roman depuis des années, moi j'attendais de savoir ce qu'il c'était passé pour Cécile, on connaissait son histoire avec la suite « Mémoires d'un quartier ». Donc on attendait, à moins d'aller au Canada, ce qui était pas forcément pratique. Ce que j'aime dans cet univers, c'est l'ambiance chaleureuse que met en place Tremblay, elle retrace des univers familiaux, elle tient le lectorat en haleine donc ça marche vraiment. On suit des personnages sur plusieurs décennies, tout est décortiqué...Les années du silence de Louise Tremblay d'Essiambre - L'avis du libraire - Suite