Renaud Santa Maria est né au Sénégal en 1972. Très jeune, il revient en France, à Reims avec sa mère, d'origine italienne. Ce mélange des cultures se retrouve dans son parcours personnel et professionnel. Après des études d'histoire de l'art, de philosophie et de théologie, c'est finalement vers le journalisme que s'oriente Renaud Santa Maria. En 2001, il rencontre Thierry Ardisson qui lui ouvre les portes de la télévision. Au fil des années, devant ou derrière la caméra, il collabore à plusieurs émissions, il a notamment...
Du 28 au 29 Mai 2016 de Renaud Santa Maria - Présentation - Suite
Philippe ChauveauBonjour Renaud Santa Maria.Renaud Santa MariaBonjour.Philippe ChauveauVotre actualité aux éditions Belfond, Le malheur sera ta chance. Avant de parler du livre, avant de parler de votre activité d'auteur, on va faire un petit peu plus connaissance. Depuis une quinzaine d'années maintenant, vous travaillez dans la production télévisuelle. Vous avez été devant la caméra. Maintenant, vous êtes plus derrière. Si vous deviez définir votre « activité professionnelle », que faites-vous ? Renaud Santa...
Du 28 au 29 Mai 2016 de Renaud Santa Maria - Portrait - Suite
Philippe ChauveauIl y avait eu précédemment, Renaud Sant Maria, un recueil de poésies, La mort est une nuit sans lune. Ca c'était votre premier roman qui était paru en 2011. La mort est une nuit sans lune, on faisait déjà connaissance avec un personnage, Augustin. Il avait entre 30 et 40 ans, il racontait un peu ses désillusions face à l'amour. Le malheur sera ta chance, on retrouve un personnage qui s'appelle Augustin, et j'imagine qu'il y a quelques parallèle entre ces deux personnages de roman. Mais Augustin est-il vraiment...
Du 28 au 29 Mai 2016 de Renaud Santa Maria - Livre - Suite
Renaud Santa Maria
Le malheur sera ta chance
Présentation 2'06Renaud Santa Maria est né au Sénégal en 1972. Très jeune, il revient en France, à Reims avec sa mère, d'origine italienne. Ce mélange des cultures se retrouve dans son parcours personnel et professionnel. Après des études d'histoire de l'art, de philosophie et de théologie, c'est finalement vers le journalisme que s'oriente Renaud Santa Maria. En 2001, il rencontre Thierry Ardisson qui lui ouvre les portes de la télévision. Au fil des années, devant ou derrière la caméra, il collabore à plusieurs émissions, il a notamment tenu une chronique culturelle sur ITélé. La musique et l'art pictural font partie de son quotidien mais c'est dans la littérature, entre autre la poésie que Renaud Santa Maria se sent le plus à l'aise. Grand admirateur d'Arthur Rimbaud, il est aussi fortement influencé par le romantisme et le symbolisme du XIXème siècle, avec Lautréamont, Vigny, Huysmans ou Chateaubriand, il publie un recueil de nouvelles et poèmes en 2010 « Le cœur en berne » puis un premier roman en 2012 « La mort est une nuit sans lune ». Dans cette histoire, nous faisions connaissance avec Augustin, jeune adulte à l'âge des premières désillusions, cherchant l'amour dans un monde apparemment pas fait pour lui. Dans le nouveau roman de Renaud Santa Maria, «Le malheur sera ta chance », on retrouve un certain Augustin qui semble très proche de notre auteur. Il est ici question d'un homme de 40ans confronté à la mort de sa mère qui demeurait, malgré les années, son rempart, sa protectrice. « Un fils qui a perdu sa mère n'est plus un enfant mais un homme qui vient d'éclore ». Un beau roman à l'écriture audacieuse, exigeante, dans lequel Renaud Santa Maria sème de nombreux petits cailloux pour se dévoiler pudiquement. Une histoire sur la perte d'un être cher, sur la religion, l'amitié, l'ouverture aux autres, une histoire à laquelle chacun pourra confronter sa propre expérience. Un auteur à découvrir, assurément « Le malheur sera ta chance » de Renaud Santa Maria est publié chez Belfond.
Renaud Santa Maria
Le malheur sera ta chance
Portrait 5'11Philippe Chauveau
Bonjour Renaud Santa Maria.
Renaud Santa Maria
Bonjour.
Philippe Chauveau
Votre actualité aux éditions Belfond, Le malheur sera ta chance. Avant de parler du livre, avant de parler de votre activité d'auteur, on va faire un petit peu plus connaissance. Depuis une quinzaine d'années maintenant, vous travaillez dans la production télévisuelle. Vous avez été devant la caméra. Maintenant, vous êtes plus derrière. Si vous deviez définir votre « activité professionnelle », que faites-vous ?
Renaud Santa Maria
Actuellement, ce que je suis surtout, c'est un homme de l'ombre, et c'est ce qui m'intéresse parce que je crois que, travaillant justement comme vous me l'avez dit, dans la production télévisuelle, j'ai par expérience la conviction que tout ce qui est rapport à la lumière, dans ces corporations là, pour perdurer, il vaut mieux rester dans l'ombre. Donc là je suis toujours journaliste. Je travaille toujours pour la même boîte de production qui s'appelle Téléparis qui produit beaucoup de très beaux programmes chez divers diffuseurs, et pour ma part, depuis maintenant, ça va être ma 6ème saison, je travaille pour Salut les terriens, donc avec Thierry Ardisson sur Canal+.
Philippe Chauveau
Dans votre vie, il y a aussi la musique, votre attachement à l'art, pictural notamment, la poésie, vous êtes un grand admirateur de Rimbaud. Et puis il y a l'écriture depuis 2010 avec votre 1er ouvrage. L'amour des mots, comment naît-il ? Est-ce qu'il y avait chez vous une bibliothèque familiale dans laquelle vous avez peut-être puisé votre inspiration ? Comment découvrez-vous les livres ?
Renaud Santa Maria
C'est une super question. Parce qu'en plus, ça raccorde très justement avec ce présent roman, Le malheur sera ta chance. C'est la mère. C'est ma mère qui m'a vraiment initié à cette culture des mots, à cette culture du livre. Il y a toujours eu une surabondance de livres à la maison, quand bien même parfois le frigo était vide. Parce qu'on a eu des périodes difficiles. Elle qui nous a élevés, mes deux frères et moi, toute seule. J'ai eu une éducation où le soir à neuf heures, c'était au lit avec une bonne pomme et un livre. Mais moi, je n'en ai pas été dégoûté. Ca a été formidable, ca a été des voyages dès l'enfance.
Philippe Chauveau
Vous avez un souvenir d'une première émotion littéraire. Est-ce que c'est Rimbaud avec la poésie ?
Renaud Santa Maria
Alors Rimbaud, ça a été à 12 ans. On ne va pas se mentir. Rimbaud, à 12 ans, quand je l'ai lu, ça été une telle claque que je crois que je suis tombé de ma chaise. Ca a été très fort. Mais ma première peut-être révélation littéraire, c'était quand même Arsène Lupin. Maurice Leblanc. Et notamment vraiment, l'île aux trente cercueils.
Philippe Chauveau
On est dans 2 univers complètement différents, Maurice Leblanc, Arthur Rimbaud.
Renaud Santa Maria
Exactement, mais ce personnage d'Arsène Lupin me transportait. Evidemment, il y a eu aussi Jack London qui a été quelque chose d'assez important dans ma vie de garçonnet. Et par la suite, très rapidement, ça a été la poésie. Et pour le coup, je dirais qu'entre l'âge de 12 ans et l'âge de 25 ans, je n'ai pas dû toucher à beaucoup d'autres livres que des livres de poésie. Donc Rimbaud, bien évidemment, Lautréamont, Nerval ont été vraiment des figures très importantes.
Philippe Chauveau
Vous êtes très marqué par le 19ème siècle.
Renaud Santa Maria
Oui, très marqué par le 19ème siècle. D'ailleurs, les quelques romans que je pouvais dévorer, n'ont été que des romans du 19ème siècle. Donc vraiment le courant romantique. Chateaubriand, Sénancour ont été des personnes très importantes pour moi.
Philippe Chauveau
Et d'ailleurs, ça se ressent dans votre écriture. Voilà votre 2ème roman. Il y a eu aussi un recueil de nouvelles et de poésies. Justement, pour vous est-ce la même chose, lorsque vous écrivez des nouvelles, lorsque vous écrivez de la poésie que lorsque vous écrivez un roman, même si, il faut le reconnaître, votre écriture recèle beaucoup de techniques poétiques.
Renaud Santa Maria
Oui, ça je crois que ce sera toujours le maître mot dans n'importe lequel de mes écrits, que ce soit pour de la prose ou du poème, mais effectivement, ce sera de toutes façons toujours ce trait d'union dans mon écriture, même entre la nouvelle ou le roman.
Philippe Chauveau
Dans vos deux romans... Ce sont des romans, mais l'on comprend que vous êtes très présent dans l'histoire que vous nous racontez. Ecrivez-vous avant tout pour vous même parce que vous ressentez le besoin d'exprimer quelque chose, ou pensez-vous déjà au lecteur qui va vous lire et qui va partager votre histoire ?
Renaud Santa Maria
C'est une très bonne question, et je pense que c'est la question que parfois peut-être, tout écrivain redoute.
Philippe Chauveau
Parce que parfois, on a un peu l'impression qu'il y a une sorte de thérapie dans votre écriture.
Renaud Santa Maria
Oui. Et pour le coup, je ne suis pas certain que le terme de thérapie soit quelque chose qui me convienne parfaitement, dans le sens où je ne vois pas la chose de cette manière là. Ce qui est certain en tous cas, c'est qu'il me paraît très compliqué d'écrire le roman du voisin. On reste victime de notre expérience, de notre sensibilité et de nos fantasmes aussi.
Philippe Chauveau
Votre actualité, votre nouveau roman, Renaud Santa Maria, Le malheur sera ta chance. Vous êtes publié chez Belfond.
Renaud Santa Maria
Le malheur sera ta chance
Livre 6'40Philippe Chauveau
Il y avait eu précédemment, Renaud Sant Maria, un recueil de poésies, La mort est une nuit sans lune. Ca c'était votre premier roman qui était paru en 2011. La mort est une nuit sans lune, on faisait déjà connaissance avec un personnage, Augustin. Il avait entre 30 et 40 ans, il racontait un peu ses désillusions face à l'amour. Le malheur sera ta chance, on retrouve un personnage qui s'appelle Augustin, et j'imagine qu'il y a quelques parallèle entre ces deux personnages de roman. Mais Augustin est-il vraiment un personnage de fiction ? Je crois qu'il y a beaucoup de vous-même dans l'histoire que vous nous racontez dans Le malheur sera ta chance.
Renaud Santa Maria
Oui, évidemment. Comme je le disais précédemment, c'est difficile de parler du voisin. Et puis surtout, quand on a peut-être été confronté à des choses qui nous ont particulièrement marqué. Et sur des thématiques qui sont universelles, et que l'on a envie, dans notre singularité, d'exploiter. Moi par exemple, le lien entre Une nuit sans lune et Le malheur sera ta chance, c'est évidemment le rapport à l'abandon. C'est aussi cette belle liberté de l'auteur de pouvoir exorciser en l'esthétisant les torpeurs qu'il a pu subir.
Philippe Chauveau
Je me permets de planter rapidement le décor. Augustin a donc une quarantaine d'années. Il a perdu sa mère, Palma. Ca fait déjà près d'un an que ce deuil a eu lieu, mais il n'arrive pas à remonter à la surface. Il est très entouré, il a beaucoup d'amis. Il y a Mathilde qui est son ancienne petite amie, mais ils sont restés très proches. Il y a Pierre qui est ce curé qui a quitté la prêtrise. Il y a une vraie relation père-fils entre eux deux. Bref, Augustin est très entouré, mais il a vraiment du mal, on comprendra qu'il y a eu un amour fusionnel entre cette mère et son fils. C'est une relation mère-fils qui n'est pas habituelle j'ai envie de dire. Parce qu'à 40 ans, perdre sa mère, c'est quelque chose qui peut arriver à tout un chacun.
Renaud Santa Maria
Oui, très clairement. Il paraît logique que l'on soit, à un moment donné, dans l'acceptation que les parents partent avant les enfants. Et puis d'un autre côté, on est en droit de s'interroger, de savoir pourquoi, à 40 ans, un fils peut être autant en fusion avec sa mère. Alors, pour ma part, indépendamment du fait que dans ma real life, ma mère était une héroïne absolue, qui a été un modèle pour moi, c'est vrai que dans le roman, il y a toujours un petit peu ce clin d'oeil pour moi au romantisme du 21ème siècle, l'idéalisation. Au travers de la figure de la mère dans Le malheur sera ta chance, il y a une héroïne contemporaine. Et cette héroïne contemporaine, elle lutte contre quoi, contre ce cancer. Alors évidemment, quand le fils tient la main à la mère, jusqu'à son dernier souffle, et qu'il voit à quel point, elle aura lutté d'une manière admirable, sans jamais gémir, en rassurant son propre fils, qui était en parfaite santé, en lui disant, ne te fais pas de soucis, je vais juste passer de l'ombre à la lumière, moi, je vais être là haut, animée par cette foi qui a fait d'elle une personne d'exception, parce que rien n'était inquiétant dans sa vie, à cette femme. Alors évidemment, le rapport mère-fils est un peu biaisé de la normalité. Mais là où la boucle est bouclée, la mère est victime de quelque chose de pas très classique. Mourrir aussi rapidement pour une femme, c'est forcément un rapport à l'injustice. Ce rapport à l'injustice, ça a été sa maladie, qui a recollé le rapport mère-fils sur quelque chose de tragique, qui amène à la disparition. Elle lui a dit, presque pour le soulager, presque pour qu'il ne s'inquiète pas...
Philippe Chauveau
Lorsque je serai partie, je te ferai un signe.
Renaud Santa Maria
Exactement.
Philippe Chauveau
Et depuis un an, il attend un signe.
Renaud Santa Maria
Et depuis un an, il attend ce signe.
Philippe Chauveau
Ou peut-être y a-t-il eu déjà un signe qu'il n'a pas vu.
Renaud Santa Maria
Peut-être... Maintenant, n'oublions pas que la trame du Malheur sera ta chance, c'est la reconstruction. Il attend des signes. Est-ce que ces signes, vont avoir lieu ?
Philippe Chauveau
Alors bien sûr, il y a cette histoire entre cette mère et son fils, mais il y a beaucoup d'autres choses dans le roman. Il y a aussi, vous le disiez, l'art qui est présent, la poésie, la musique, la place de la religion.
Renaud Santa Maria
Oui, c'est vrai, c'est très juste.
Philippe Chauveau
Ce n'est pas très au goût du jour dans le milieu littéraire.
Renaud Santa Maria
Non, c'est totalement casse-gueule aujourd'hui de faire ça. On n'est pas dans l'air du temps. Cela dit, ça n'a jamais été une vraie grande préoccupation pour moi d'être dans l'air du temps. La foi aujourd'hui, mais bon dieu ! Pardonnez-moi, c'est le cas de le dire, mais elle a son importance.
Philippe Chauveau
On l'a dit en préambule, vous êtes très proche de votre héros Augustin. Ce livre raconte donc l'histoire d'une année de deuil, depuis la disparition du personnage de la mère. Le temps a passé depuis. Ce livre vous a-t-il apaisé ? A-t-il été douloureux à écrire ? Etait-ce finalement une façon de mettre un point final, de boucler la boucle en quelque sorte ?
Renaud Santa Maria
Ce livre, plus que les autres, je l'ai considéré comme un devoir, une obligation. Sans sa réalisation, je ne me sentais pas la possibilité de pouvoir évoluer, continuer... C'est une empreinte aussi dans le temps. Il ne faut pas oublier que beaucoup d'écrivains écrivent parce qu'ils n'ont pas beaucoup de mémoire, en tous cas, c'est aussi mon cas, et qu'au moins, de laisser cette trace dans le temps, nous permet de nous dire, « tiens, cette époque là, c'était aussi ça, un certain pan de ma vie ».
Philippe Chauveau
Lorsqu'un fils perd sa mère, il n'est plus un enfant, mais un homme qui vient d'éclore. C'est une jolie phrase que l'on retrouve dans votre livre, Renaud Sant Maria. Le malheur sera ta chance, c'est un titre qui prend tout son sens au fil des pages. Voilà un auteur que je vous invite vivement à découvrir. Vous êtes publié chez Belfond. Merci beaucoup.
Renaud Santa Maria
Merci infiniment à vous. Merci beaucoup.