Marek Halter

Marek Halter

Le kabbaliste de Prague

Portrait 4'58
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Bonjour Marek Halter.

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Bonjour.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Merci beaucoup de nous recevoir, ici, dans votre bel univers. Nous sommes dans le quartier du Marais à Paris ; ’est là que vous êtes installé, c’est là que vous travaillez. Un nouveau livre, c’est votre actualité, Le Kabbaliste de Prague, aux éditions Robert Laffont, nous y reviendrons. Mais j’aimerais aussi que l’on remonte le fil du temps. Votre naissance, c’est 1936, le ghetto de Varsovie et votre famille qui est obligée de fuir.

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Deux amis catholiques, polonais, amis de mon père, syndicalistes comme lui, sont venus nous chercher dans le ghetto en disant : « C’est le moment de partir sinon, ce sera trop tard. » parce que les Nazis allaient fermer les portes du ghetto. Nous avons fui et nous sommes passés à pied dans la partie polonaise occupée par l’Armée rouge. Ces amis nous amenaient parce que mon père était syndicaliste, la solidarité des prolétaires, donc on était accepté. Staline nous a envoyés en Ouzbékistan à la frontière de l’Afghanistan où commence vraiment mon histoire.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Je crois même qu’enfant, vous avez été amené à offrir un bouquet de fleur à Staline.

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
En 1946, pour le 1er anniversaire de la victoire sur le nazisme, le parti communiste d’Ouzbékistan a ramassé quelques gosses qui avaient plutôt l’air gentil. J’étais parmi eux. On m’a mis un foulard rouge et on nous a envoyé à Moscou pour donner les fleurs à Staline. Il y a d’ailleurs encore une photo où Staline m’a dit : « Gentil garçon ».

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Votre papa était donc imprimeur, votre maman poétesse. Est-ce que finalement, ces influences liées à l’écrit, liées au livre, vous les avez ressenties ou alors est-ce que c’est dans la rue que vous a tout appris?

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Ça m’a donné un rapport presque religieux au livre. Mon père m’a appris, m’a raconté depuis que je suis tout petit, que des gens avant l’imprimerie passaient leur vie à transcrire un livre, le scribe. Si on brûle un livre, c’est comme si on brûlait une vie puisqu’un homme a passé une vie à transcrire le livre ! C’est magnifique…

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
L’écriture est arrivée à quel moment dans votre vie ? Et pourquoi avez-vous eu envie d’écrire ?

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
En arrivant en France à l’âge de 14ans, je ne connaissais pas la langue et j’avais des difficultés à apprendre le français. Il m’était difficile d’appréhender, de comprendre une société qui pour moi était très étrange, la liberté, la démocratie. J’ai mis 2 ou 3ans à apprendre la langue. Entre temps, par hasard, j’ai rencontré une fille polonaise qui m’a amené, j’avais 15 ou 16ans, chez Marcel Marceau. Mes premiers mots de français, je les ai appris avec Marcel Marceau. C’est drôle, j’en rigole moi-même !

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est surréaliste d’apprendre à parler avec le mime Marceau !

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Un muet qui a appris à un autre muet la langue. Dès que j’ai appris la langue, dès que j’ai compris que j’avais le droit de l’utiliser, j’ai mis cette langue au service de causes qui me paraissaient juste. Et il y avait un journal qui publiait mes papiers, mes coups de colère, c’était Le Monde. Il y avait quelques amis que j’avais, le directeur, le fondateur Beuve-Méry, qui m’aimait bien, je ne sais pas pourquoi. Fauvet après lui et Pierre Viansson-Pontet après. A lui, je lui dois tout puisque c’est lui qui m’a poussé et j’ai écrit mon premier livre qui était Le Fou et les rois qui est devenu un best-seller, qui a reçu le prix Aujourd’hui. Et Pierre Viansson-Pontet a sorti un livre à la une du Monde avec un titre magnifique en parlant de moi : « Un homme, un cri ». J’étais lancé.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Votre engagement pour l’autre, c’est ça votre raison d’être et de vivre ?

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
François Truffaut un jour, j’étais tout jeune, on était plusieurs à être allé le voir, et il m’a demandé d’où je sortais parce que dès que je parle, on voit que j’ai un accent. Je lui ai raconté d’où je sortais et il m’a dit : « J’aime les Juifs parce qu’ils se réveillent tous les matins en colère. » Tous les Juifs ne se réveillent pas en colère mais je suis de ceux qui se réveillent en colère et pouvoir exprimer cette colère, c’est extraordinaire.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Alors on va continuer le voyage avec vous, merci beaucoup Marek Halter. Le Kabbaliste de Prague, c’est votre nouveau roman, c’est chez Robert Laffont.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Bonjour Marek Halter.

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Bonjour.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Merci beaucoup de nous recevoir, ici, dans votre bel univers. Nous sommes dans le quartier du Marais à Paris ; ’est là que vous êtes installé, c’est là que vous travaillez. Un nouveau livre, c’est votre actualité, Le Kabbaliste de Prague, aux éditions Robert Laffont, nous y reviendrons. Mais j’aimerais aussi que l’on remonte le fil du temps. Votre naissance, c’est 1936, le ghetto de Varsovie et votre famille qui est obligée de fuir.

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Deux amis catholiques, polonais, amis de mon père, syndicalistes comme lui, sont venus nous chercher dans le ghetto en disant : « C’est le moment de partir sinon, ce sera trop tard. » parce que les Nazis allaient fermer les portes du ghetto. Nous avons fui et nous sommes passés à pied dans la partie polonaise occupée par l’Armée rouge. Ces amis nous amenaient parce que mon père était syndicaliste, la solidarité des prolétaires, donc on était accepté. Staline nous a envoyés en Ouzbékistan à la frontière de l’Afghanistan où commence vraiment mon histoire.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Je crois même qu’enfant, vous avez été amené à offrir un bouquet de fleur à Staline.

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
En 1946, pour le 1er anniversaire de la victoire sur le nazisme, le parti communiste d’Ouzbékistan a ramassé quelques gosses qui avaient plutôt l’air gentil. J’étais parmi eux. On m’a mis un foulard rouge et on nous a envoyé à Moscou pour donner les fleurs à Staline. Il y a d’ailleurs encore une photo où Staline m’a dit : « Gentil garçon ».

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Votre papa était donc imprimeur, votre maman poétesse. Est-ce que finalement, ces influences liées à l’écrit, liées au livre, vous les avez ressenties ou alors est-ce que c’est dans la rue que vous a tout appris?

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Ça m’a donné un rapport presque religieux au livre. Mon père m’a appris, m’a raconté depuis que je suis tout petit, que des gens avant l’imprimerie passaient leur vie à transcrire un livre, le scribe. Si on brûle un livre, c’est comme si on brûlait une vie puisqu’un homme a passé une vie à transcrire le livre ! C’est magnifique…

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
L’écriture est arrivée à quel moment dans votre vie ? Et pourquoi avez-vous eu envie d’écrire ?

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
En arrivant en France à l’âge de 14ans, je ne connaissais pas la langue et j’avais des difficultés à apprendre le français. Il m’était difficile d’appréhender, de comprendre une société qui pour moi était très étrange, la liberté, la démocratie. J’ai mis 2 ou 3ans à apprendre la langue. Entre temps, par hasard, j’ai rencontré une fille polonaise qui m’a amené, j’avais 15 ou 16ans, chez Marcel Marceau. Mes premiers mots de français, je les ai appris avec Marcel Marceau. C’est drôle, j’en rigole moi-même !

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est surréaliste d’apprendre à parler avec le mime Marceau !

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
Un muet qui a appris à un autre muet la langue. Dès que j’ai appris la langue, dès que j’ai compris que j’avais le droit de l’utiliser, j’ai mis cette langue au service de causes qui me paraissaient juste. Et il y avait un journal qui publiait mes papiers, mes coups de colère, c’était Le Monde. Il y avait quelques amis que j’avais, le directeur, le fondateur Beuve-Méry, qui m’aimait bien, je ne sais pas pourquoi. Fauvet après lui et Pierre Viansson-Pontet après. A lui, je lui dois tout puisque c’est lui qui m’a poussé et j’ai écrit mon premier livre qui était Le Fou et les rois qui est devenu un best-seller, qui a reçu le prix Aujourd’hui. Et Pierre Viansson-Pontet a sorti un livre à la une du Monde avec un titre magnifique en parlant de moi : « Un homme, un cri ». J’étais lancé.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Votre engagement pour l’autre, c’est ça votre raison d’être et de vivre ?

Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) :
François Truffaut un jour, j’étais tout jeune, on était plusieurs à être allé le voir, et il m’a demandé d’où je sortais parce que dès que je parle, on voit que j’ai un accent. Je lui ai raconté d’où je sortais et il m’a dit : « J’aime les Juifs parce qu’ils se réveillent tous les matins en colère. » Tous les Juifs ne se réveillent pas en colère mais je suis de ceux qui se réveillent en colère et pouvoir exprimer cette colère, c’est extraordinaire.

Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Alors on va continuer le voyage avec vous, merci beaucoup Marek Halter. Le Kabbaliste de Prague, c’est votre nouveau roman, c’est chez Robert Laffont.

Le kabbaliste de Prague Aux éditions Robbert Laffont
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Connu autant pour ses engagements que pour ses livres, Marek Halter est un homme dont la vie pourrait elle-même être le sujet d’un roman. Fils d’une mère poétesse yiddish et d’un père imprimeur, il voit le jour à Varsovie en 1936. La guerre venue, la famille se réfugie en Union Soviétique. Après de sombres années, le jeune Marek débarque à Paris. Homme aux multiples talents, on le retrouvera aussi bien sur scène aux côtés du mime Marceau que dans les galeries de peinture. Diplômé de l’école des Beaux Arts de...Le kabbaliste de Prague de Marek Halter - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (WebTVCulture) : Bonjour Marek Halter. Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) : Bonjour. Philippe Chauveau (WebTVCulture) : Merci beaucoup de nous recevoir, ici, dans votre bel univers. Nous sommes dans le quartier du Marais à Paris ; ’est là que vous êtes installé, c’est là que vous travaillez. Un nouveau livre, c’est votre actualité, Le Kabbaliste de Prague, aux éditions Robert Laffont, nous y reviendrons. Mais j’aimerais aussi que l’on remonte le fil du temps. Votre naissance, c’est 1936,...Le kabbaliste de Prague de Marek Halter - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (WebTVCulture) : Marek Halter, nous sommes ensemble pour évoquer votre actualité, votre nouveau livre qui sort chez Robert Laffont, Le Kabbaliste de Prague. Nous sommes à Prague, c’est le XVIème siècle, c’est l’époque de la Renaissance. Et puis c’est l’histoire de David Gans qui raconte, qui se raconte dans ce livre. Je vais vous laisser nous expliquer quel est le sujet de ce livre. Marek Halter (Le Kabbaliste de Prague) : Vous avez très bien dit la Renaissance. On quitte le Moyen Age, on passe à...Le kabbaliste de Prague de Marek Halter - Le livre - Suite
    Patrice Vannier Les beaux Titres 61 rue de Voltaire Levallois-Perret 01 47 57 87 23 librairie@lesbeauxtitres.com En fait j'ai aimé la découverte complète de l'histoire du Golem qui m'était totalement inconnue, à travers un personnage qui s'appelle David Gans. Il y a également le grand rabbin de Prague qui s'appelle le MaHaRal. En fait David Gans va être missioné par ce rabbin pour aller découvrir les savants de l'époque, ça va être en quelque sorte le juif errant. Il va nous entrainer vers Tycho Brahe, Copernic et tous les...Le kabbaliste de Prague de Marek Halter - L'avis du libraire - Suite