Stéphanie Pérez

Stéphanie Pérez

Le gardien de Téhéran

Portrait 00'08'05"

Philippe Chauveau
Bonjour Stéphanie Perez, vous êtes dans l'actualité avec ce qui est votre premier livre. C'est aux éditions Plon. Ça s'appelle Le gardien de Téhéran. Vous êtes un visage bien connu des téléspectateurs puisque vous êtes journaliste, journaliste reporter. Vous êtes souvent sur tous les fronts, là où ça bouge, là où le monde est en ébullition.
Qu'est ce qui vous a donné envie de transmettre l'information et d'aller à l'autre bout du monde ?

Stéphanie Pérez
Je crois que, fondamentalement, j'ai envie d'être témoin de l'histoire et de partager justement, de faire comprendre l'histoire en marche. En fait, j'ai envie d'être là où ça se passe depuis toute petite. Une vocation, c'est une vocation depuis que j'écoutais la radio. J'étais fascinée d'entendre les journalistes à l'autre bout du monde et de savoir que on pouvait travailler., on pouvait voyager pour travailler, se lever le matin et ne pas savoir où on allait dormir le soir pour suivre le cours du monde.
Je trouvais ça fascinant et je suis toujours fascinée par ce métier qui me passionne toujours autant.

Philippe Chauveau
Vous auriez pu choisir la presse écrite, mais non, vous faites le choix de l'audiovisuel et de l'image précisément. Pourquoi ?

Stéphanie Pérez
Alors, il y a plusieurs choses. Déjà, il y a le côté instantané qui m'a toujours séduite dans la télévision. Parce que c'est vrai que quand on tourne, on envoie immédiatement alors que la presse écrite, il y a ce délai du bouclage. Il faut envoyer pour le soir l'article publié le lendemain. A l'époque où j'ai commencé, parce que maintenant c'est vrai que ça peut changer avec le web et donc la télévision, il y a aussi l'image.
Et moi, j'aime bien m'appuyer sur l'image pour raconter l'histoire. Et puis aussi, c'est un travail d'équipe. Et moi, j'aime bien travailler en équipe. Je n'aime pas travailler trop tout seule et j'aime bien justement pouvoir travailler à plusieurs pour échanger nos points de vue, pour avancer ensemble. C'est ce qui fait une meilleure histoire.

Philippe Chauveau
Même si c'est la romancière que nous accueillons aujourd'hui. C'est vrai que ce métier de journaliste fascine et interpelle. À France Télévisions, ça se passe comment lorsque l'on vous envoie sur une zone de guerre, par exemple ? Est ce vous qui demandez à partir ? Est ce votre rédacteur en chef qui vous impose ? À combien partez vous ? Ce sont des missions, de combien de jours ça s'organise comment tout cela ?

Stéphanie Pérez
Alors l'Ukraine, par exemple ? Parce que c'est le dernier conflit que je couvre. Je suis volontaire depuis le départ. Et à France Télévisions, on n'est pas obligé de partir sur un conflit, il faut déjà être volontaire. Et après ? La rédaction en chef estime si oui ou non on a les les compétences pour pouvoir y aller et l'expérience pour y aller.
Donc moi, dès le déclenchement de la guerre et même avant, quand on commençait à sentir vraiment les frémissements, j'ai tout de suite signalé que j'étais partante parce que c'est un conflit qui est à nos portes, un conflit qui a des conséquences, qui aura des conséquences sur notre vie quotidienne, sur toute notre géopolitique, sur toute l'Union européenne.
Et j'avais envie d'être témoin de ça, de le raconter, de le décrypter, de l'analyser pour aussi moi même le comprendre directement.

Philippe Chauveau
Et vous partez à combien dans ces cas là ?

Stéphanie Pérez
En équipe ? Alors nous, on part à trois, moi rédactrice, on appelle ça le rédacteur dans notre jargon, le journaliste reporteur d'images, JRI, caméraman. Le monteur est sur place. On va travailler avec ce que nous, on appelle un fixeur, c'est à dire un journaliste local ou plus, en tous les cas un guide local et un chauffeur qui qui va nos transporter.

Philippe Chauveau
Vous avez été primée déjà à plusieurs reprises pour la qualité de votre travail. Vous avez notamment reçu le prix Patrick Bourrat et on se souvient que Patrick Bourrat est décédé en faisant son métier. Ce qui amène à cette question dans quel état d'esprit êtes vous lorsque vous êtes sur une zone de conflit ? Stéphanie Perez, La femme. Quelle est sa position à ce moment là ?
Votre vie personnelle ? Votre vie privée, qu'en faites vous ? Comment travaillez vous dans ces cas là ?

Stéphanie Pérez
Forcément, c'est difficile parce que moi, je suis passionnée par ce que je fais. Donc je suis satisfaite, satisfaite d'être sur ce terrain là. Je sais qu'il y a des risques, mais on va les mesurer, alors Il n'y a pas de risque zéro, même si on le fait, même si on a l'expérience, même si on fait le plus attention possible, on n'est pas à l'abri d’un missile, on n'est pas à l'abri du pire, mais quelque part, on a.
Moi, j'ai apprivoisé la peur, elle est constante, mais on la prévoit. Ce qui est le plus dur, c'est quelque part d'imposer ça aux proches. Moi, je sais que mes parents le vivent très mal. Mon fils n'est pas tranquille. Quand on part comme ça trois semaines, ça, peut être parfois difficile, difficile à gérer parce que c'est un peu égoïste quelque part.
Moi, je vais aller décrypter le monde en marche et c'est ma passion. Mais cette passion là, elle n'est pas forcément partagée par les gens qui sont autour de moi.

Philippe Chauveau
Alors j'entends les mots passion, vocation, mission. Peut être aussi. Et en même temps, on sait que le journalisme est un métier qui est aujourd'hui souvent décrié. Comment vivez vous cette évolution du journalisme et comprenez vous que parfois le grand public nous pointe du doigt, nous les journalistes ?

Stéphanie Pérez
Oui, je peux comprendre parce qu'il y a beaucoup d'informations. Il y a beaucoup plus maintenant avec les réseaux sociaux, tout le monde peut devenir un peu journaliste à sa façon, donc ça peut être assez compliqué. C'est pour ça que nous et surtout nous. Pour le coup, à France Télévisions, on essaye vraiment de se démarquer et d'être le plus rigoureux possible.
Et notamment surtout, pour reprendre l'exemple de ce conflit en Ukraine depuis le début du conflit. Et nous, on y est en permanence, c'est à dire qu'il y a toujours une équipe sur place qui va toujours vérifier, qui est sur place, qui va témoigner et le principe ? Et moi, c'est vraiment comme ça que je conçois ma mission, c'est de témoigner.
Je parle de ce que je sais, de ce que je vois, de ce que j'essaie de comprendre. Je ne pars pas dans des conjonctures, des conjectures, des voilà. J'essaye vraiment de rester fidèle aux faits et ce qui peut effectivement être un travers de notre profession. Sur sur certains canaux, c'est sur ces analyses un peu à l'emporte pièce, les sachants qui savent tout sur tout, qui sont un jour spécialistes du COVID et le lendemain un spécialiste des retraites.
Ça forcément, on s'y perd un peu. Je comprends que le spectateur puisse s'y perdre, mais moi, j'appartiens à la catégorie des gens qui vont sur le terrain, pas de ceux qui commentent, pas de ceux qui ont des avis. Je vais voir et je rapporte ce que je vois.

Philippe Chauveau
Et donc votre enthousiasme n'est pas entamé. Il y a aussi dans votre travail parfois des petites bulles et c'est ce qui se passera au mois de mai puisque vous allez être missionné pour partir en Grande-Bretagne sur le couronnement du roi Charles III. Ça, ça fait partie des charmes du métier. C'est qu’un jour vous racontez les soubresauts du monde.
Et puis le lendemain, vous racontez des choses plus légères.

Stéphanie Pérez
C'est ça qui est passionnant dans notre métier, c'est qu'effectivement, on peut parler à la fois de la guerre à la fois se retrouver sur le couronnement d'un roi. Dans ma carrière, j'ai couvert des attentats, des moments très graves, mais j'ai couvert aussi la victoire, l'équipe de France de football. Donc, à chaque fois, on fait le grand écart.
Et quelque part, moi, j'ai besoin de ça aussi. Parce que si vous ne faites que des reportages qui sont durs, si vous n'êtes pas au contact de la souffrance humaine, moralement c'est très. C'est très dur parce que tout ça, on le reçoit et on a forcément beaucoup d'empathie. Moi, quand je vais en Ukraine, que je rencontre des familles qui sont brisées par la guerre, je me mets à leur place, forcément.
Donc, moralement, c'est parce que ce n'est pas toujours facile. Heureusement d'ailleurs qu'on est plusieurs pour justement se soutenir. Et c'est pour ça que de temps en temps, effectivement, s'échapper et aller voir le couronnement d'un roi ou le jubilé d'une reine, voilà quelque chose de plus léger avec un peuple qui est heureux pour quelques heures, qui va oublier ses soucis pour quelques heures.
Ça nous fait du bien à nous aussi, ça nous donne la pêche aussi et du coup on peut repartir après d'aplomb pour se replonger dans des actualités plus dramatiques.

Philippe Chauveau
Et c'est aussi l'actualité. Stéphanie Perez, témoin d'un monde en marche, c'est votre actualité : Le gardien de Téhéran, c'est ce premier livre que vous publiez aux éditions Plon.

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  • Elle a fait de son métier une vocation ou inversement. Stéphanie Pérez est un visage bien connu des téléspectateurs de France Télévision où elle est reporter. Elle sillonne le monde pour raconter l’actualité. L’Iran, la Turquie, la Syrie et aujourd’hui l’Ukraine, elle est là où la planète est en ébullition et ne se lasse pas de cette effervescence.La voici aujourd’hui en librairie avec un livre passionnant, « Le gardien de Téhéran » aux éditions Plon, livre né de ses nombreux reportages sur place. Elle aurait...Le gardien de Téhéran de Stéphanie Pérez - Présentation - Suite
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    Philippe ChauveauC'est votre premier livre, Stéphanie Perez. Effectivement, dans votre activité de journaliste, jusqu'à présent, vous n'aviez pas pris la plume, que ce soit pour un roman ou pour un essai ou un récit. Premier livre donc, aux éditions Plon. Et cette couverture qui est parlante Le gardien de Téhéran. Vous nous emmenez en Iran, un pays que vous connaissez bien puisque vous y avez souvent été en reportage, mais vous nous emmenez il y a 45 ans.Nous sommes en 1977. C'est la grandeur du royaume des Pahlavi. Le Shah...Le gardien de Téhéran de Stéphanie Pérez - Livre - Suite