Il est devenu immortel en mai 2015. Dany Laferrière siège depuis sous la coupole de l'Académie française. En trente ans d'écriture, que de chemin parcouru pour le jeune haïtien contraint de fuir son pays à l'âge de 23 ans, pourchassé par les hommes de Duvalier, le dictateur en place.
Fils d'une mère archiviste et d'un père engagé politiquement et opposé au régime, le jeune Dany est élevé par sa grand-mère. De ses années d'enfance, il racontera ses souvenirs dans « L'odeur du café » ou « Le charme des après-midi...
12 octobre 2016 de Dany Laferrière - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Dany Laferrière, votre actualité c'est cette ré-édition aux éditions Zulma du « Cris des oiseaux fous », on va y revenir. Il y a une date important, le 28 mai 2015, lorsque vous avez fait votre entrée à l'Académie Française. Quel souvenir à chaud gardez-vous de cette journée du 28 mai 2015, lorsque vous êtes devenu Immortel ?
Dany Laferrière :
Il a fait très beau ce jour-là ! C'est la grande peur qu'il pleuve pour ce genre d'occasions. J'ai des amis qui sont venus d'Haïti, du Québec,...
12 octobre 2016 de Dany Laferrière - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Ce livre Dany Laferrière « Le Cris des oiseaux fous » est sorti en 2000, il est ré-édité cette année aux éditions Zulma tel que vous l'aviez écrit à l'origine. C'est votre vie que vous racontez, les dernières heures que vous allez passer à Haïti. Vous avez 23 ans, votre mère vous pousse à partir parce que votre vie est en danger, la dictature est là, avec les Duvallier au pouvoir, et vous allez partir à Montréal. Curieusement, le livre est sous-titré « roman », pourquoi puisqu'il s'agit votre...
12 octobre 2016 de Dany Laferrière - Livre - Suite
« J'ai adoré ce livre de Dany Laferrière ! C'est un roman qui nous emmène dans une nuit qui précède l'exil de Dany Laferrière à Montréal. Donc, on va rencontrer ses amis, sa famille. C'est un roman qui est très bien écrit. Dany Laferrière nous a habitués à une plume très belle, très colorée. C'est un roman très rythmé puisque c'est quasiment du minute par minute, cette dernière nuit à Haïti. C'est un rythme parfois lent mais on l'accompagne vraiment dans son exil.
Pour moi, c'est une ré-édition qui s'impose...
12 octobre 2016 de Dany Laferrière - L'avis du libraire - Suite
Dany Laferrière, de l'Académie française
Le cri des oiseaux fous
Présentation 2'20Il est devenu immortel en mai 2015. Dany Laferrière siège depuis sous la coupole de l'Académie française. En trente ans d'écriture, que de chemin parcouru pour le jeune haïtien contraint de fuir son pays à l'âge de 23 ans, pourchassé par les hommes de Duvalier, le dictateur en place.
Fils d'une mère archiviste et d'un père engagé politiquement et opposé au régime, le jeune Dany est élevé par sa grand-mère. De ses années d'enfance, il racontera ses souvenirs dans « L'odeur du café » ou « Le charme des après-midi sans fin ».
Exilé au Québec, à Montréal, sans un sou en poche, Dany Laferrière fait mille petits boulots mais l'envie d'écrire est là et ne le quittera plus. En 1985, son premier livre « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer » est un succès et sera adapté au cinéma. Sous couvert d'une écriture romanesque, il raconte le monde qui l'entoure.
L'œuvre de Dany Laferrière s'articule aujourd'hui entre le cycle haïtien racontant la première partie de sa vie, dont est issu « Le cri des oiseaux fous » réédité chez Zulma et le cycle nord américian dans lequel l'auteur se pose en observateur de ce monde où il est un noir au milieu des blancs.
En 2009, il reçoit le Prix Médicis pour « L'énigme du retour ».
Présent en Haïti le 12 janvier 2010 lors du tremblement de terre dévastateur, il en tire un roman « Tout bouge autour de moi ».
Les éditions Zulma ont la bonne idée de rééditer ce titre de Dany Laferrière « Le cri des oiseaux fous », dont la première édition date de 2000. C'est le roman charnière dans l'histoire de l'auteur puisqu'il y raconte les dernières heures de sa présence à Port au Prince avant de fuir pour le Québec et d'échapper au régime de Baby Doc. Dans une ville sous tension, après l'assassinat d'un célèbre journaliste engagé, le narrateur charge sa mémoire de souvenirs, de l'enfance heureuse à la découverte de l'amour, de sa passion pour le théâtre aux premiers engagements citoyens. Un récit où alternent la violence et la poésie. Quelques heures entre deux mondes, quelques heures entre deux vies, abandonner les siens et ses racines pour se construire un avenir ailleurs, fait d'incertitudes.
« Le cri des oiseaux fous » de Dany Laferrière est publié chez Zulma
Dany Laferrière, de l'Académie française
Le cri des oiseaux fous
Portrait 6'08Philippe Chauveau :
Bonjour Dany Laferrière, votre actualité c'est cette ré-édition aux éditions Zulma du « Cris des oiseaux fous », on va y revenir. Il y a une date important, le 28 mai 2015, lorsque vous avez fait votre entrée à l'Académie Française. Quel souvenir à chaud gardez-vous de cette journée du 28 mai 2015, lorsque vous êtes devenu Immortel ?
Dany Laferrière :
Il a fait très beau ce jour-là ! C'est la grande peur qu'il pleuve pour ce genre d'occasions. J'ai des amis qui sont venus d'Haïti, du Québec, des Etats-Unis et je n'avais pas envie qu'ils soient sous un Paris mouillé. J'ai le souvenir d'un événement où j'avais l'impression de flotter. C'est très codifié ce genre de cérémonie, et je m'attendais à une entrée unique et elle le fut puisque l'on transgressé tous les codes.
Philippe Chauveau :
Votre parcours est jalonné de récompenses mais c'est vrai qu'il y a cette entrée à l'Académie Française. Pour vous cela a-t-il été une sorte de concrétisation ? Cela vous donne une pression supplémentaire ou pas ?
Dany Laferrière :
Non pas du tout ! Puisqu'on devient académicien grâce à ce que l'on est, donc il n'y a pas de pression à avoir. C'est avant qu'il fallait avoir cette pression.
Philippe Chauveau :
Est-ce que l'art en général et l'écriture et la littérature en particulier sont des échappatoires par rapport à ce monde dont vous vous sentez un peu étranger ?
Dany Laferrière :
Non parce que je crois que lire et écrire, c'est le monde ! On ne peut pas sortir du monde et en écrivant je me sens totalement dans le monde. D'ailleurs j'ai senti dès le début qu'écrire était me rendre meilleur face au monde qui m'entoure, puisque je suis dans une petite pièce fermé et je ne fais rien de mal. C'est déjà beaucoup.
Philippe Chauveau :
Vous quittez Haïti à 23 ans, vous partez pour Montréal, vous allez vous en sortir en faisant pas mal de petits boulots et puis vous allez faire une rencontre déterminante, vous allez rencontrer une machine à écrire. En quoi cette rencontre a-t-elle été déterminante ?
Dany Laferrière :
En fait c'était pour moi la possibilité de devenir un écrivain américain, parce qu'avant, quand j'écrivais à la main, j'avais l'impression d'être encore un écrivain européen. Et il me fallait cette machine pour entrer dans le cercle de Bukowski, de Miller, d'Hemingway, de Victor-Lévy Beaulieu… De ces écrivains des grands espaces qui gardent une distance avec la page comme avec leurs émotions.
Philippe Chauveau :
En 1985 vous publiez votre premier roman, « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer ». Il y avait une sacrée provocation dans le titre ?
Dany Laferrière :
Pour moi, non ! Je voulais écrire un roman littéraire mais qui se présente comme cool, donc je voulais un titre cool, un peu comme ceux de Woody Allen « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe, sans jamais oser le demander ». Mon premier titre était « Comment faire l'amour avec un nègre quand il pleut et que vous n'avez rien d'autre à faire », mais il était un peu trop long. Pour moi, c'était un mélange de sentiments comiques cachant de la gravité.
Philippe Chauveau :
Nous sommes en 2015, votre premier roman était en 1985, c'est une sorte d'anniversaire ! Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Dany Laferrière :
Tant que cela dure ! Je ne me sens pas très bien quand je n'écris pas. A un moment donné, je ressens un malaise physique et je retrouve mon équilibre quand je recommence à écrire. Donc, soit j'invente de nouvelles histoires, soit j'estime que certaines histoires ne sont pas complètement abouties et je les réécris.
Philippe Chauveau :
Vous continuez à regarder les nuages ?
Dany Laferrière :
Totalement ! C'est la matière du rêve…
Philippe Chauveau :
Votre actualité Dany Laferrière, cette ré-édition chez Zulma « Le Cris des oiseaux fous »
Dany Laferrière, de l'Académie française
Le cri des oiseaux fous
Livre 5'13Philippe Chauveau :
Ce livre Dany Laferrière « Le Cris des oiseaux fous » est sorti en 2000, il est ré-édité cette année aux éditions Zulma tel que vous l'aviez écrit à l'origine. C'est votre vie que vous racontez, les dernières heures que vous allez passer à Haïti. Vous avez 23 ans, votre mère vous pousse à partir parce que votre vie est en danger, la dictature est là, avec les Duvallier au pouvoir, et vous allez partir à Montréal. Curieusement, le livre est sous-titré « roman », pourquoi puisqu'il s'agit votre vie ?
Dany Laferrière :
Ma vie est un roman ! Parce que c'est ma vie et en même temps ce n'est pas ma vie. Je raconte des choses réelles, vraies et quotidiennes, mais avec l'art le plus artificiel qui soit. Par exemple, cette nuit qui ne dure que quelques heures, j'ai ramassé toutes les années de la dictature. Il y a les choses que j'ai vécues, d'autres que j 'ai rêvées et des choses qui sont arrivées à des amis. C'est un « je » mais c'est un « je » collectif. Et il y a assez d'artifices pour que ce soit un roman.
Philippe Chauveau :
Vous dédiez ce livre à votre ami, Gasner Raymond, journaliste engagé et qui va être assassiné par le pouvoir en place. Dans le livre, vous le dites, la mort de Gasner Raymond va vous forcer à devenir écrivain ?
Dany Laferrière :
Oui, on peut le dire comme ça. Je ne sais pas quelle est la valeur réelle de ce genre de déclaration, j'ai dit ailleurs que l'exil en était aussi la cause. Je crois qu'un écrivain n'est écrivain qu'après un certain nombre d'années et après un certain nombre de livres. Comme je sais qu'un livre n'existe que quand il est en librairie, je suis très américain à ce niveau-là, j'aime les choses concrètes.
Philippe Chauveau :
Avec le recul, comment vous souvenez-vous de l'écriture de ce roman, lorsque vous étiez face à votre page. Dans quel état d'esprit étiez-vous ?
Dany Laferrière :
Mais j'étais malade ! J'ai dû mettre cinq oreillers derrière moi parce que j'avais les reins brisés. Je ne savais pas que c'était dû à l'écriture de ce livre, c'est un livre qui m'a traversé comme un train de marchandise.
Philippe Chauveau :
Parce que les souvenirs étaient douloureux ?
Dany Laferrière :
Oui ! Ce n'était pas uniquement mes souvenirs, il y a beaucoup de choses dans ce livres. Il y a ce jeune homme qui découvre l'amour physique et l'amour « amoureux ». La chose la plus violente n'est pas la violence politique, c'est de dire adieu à des amis sans leur dire qu'on les quittés. Mais c'était ça ou la mort de ma mère, parce que ma mère n'aurait pas pu survivre si il m'arrivait malheur. Je crois que c'est la nuit la plus terrible de ma vie.
Philippe Chauveau :
Ce livre raconte votre dernière nuit avant de quitter le pays. Depuis, vous êtes revenu sur vos terres d'origine. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur Haïti ?
Dany Laferrière :
Je ne porte pas de regard sur les choses, je me glisse. Pour moi un pays est un endroit où l'on ne porte pas de regard, où il n'y a pas de distance. Quand j'entends le créole, je n'ai pas besoin de savoir ce qu'il se dit pour savoir ce qu'il se passe vraiment dans le cœur des gens. Leur manière de marcher, de me dire ce qu'il se passe. Donc, quand je suis en Haïti, j'évite de porter de regard et de tirer un bilan.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Dany Laferrière, c'est cette ré-édition, « Le Cri des oiseaux fous ». Ré-édition proposée par les éditions Zulma.
Dany Laferrière, de l'Académie française
Le cri des oiseaux fous
L'avis du libraire 1'40« J'ai adoré ce livre de Dany Laferrière ! C'est un roman qui nous emmène dans une nuit qui précède l'exil de Dany Laferrière à Montréal. Donc, on va rencontrer ses amis, sa famille. C'est un roman qui est très bien écrit. Dany Laferrière nous a habitués à une plume très belle, très colorée. C'est un roman très rythmé puisque c'est quasiment du minute par minute, cette dernière nuit à Haïti. C'est un rythme parfois lent mais on l'accompagne vraiment dans son exil.
Pour moi, c'est une ré-édition qui s'impose parce que ce livre doit être disponible dans les librairies françaises. Et puis une ré-édition, c'est l'occasion de remettre le livre en avant. Je recommanderais ce livre à des clients qui ont envie d'entendre parler d'Haïti et de lire un superbe roman tout simplement ».