Dany Laferrière, de l'Académie française

Dany Laferrière, de l'Académie française

Le cri des oiseaux fous

Portrait 6'08

Philippe Chauveau :

Bonjour Dany Laferrière, votre actualité c'est cette ré-édition aux éditions Zulma du « Cris des oiseaux fous », on va y revenir. Il y a une date important, le 28 mai 2015, lorsque vous avez fait votre entrée à l'Académie Française. Quel souvenir à chaud gardez-vous de cette journée du 28 mai 2015, lorsque vous êtes devenu Immortel ?

Dany Laferrière :

Il a fait très beau ce jour-là ! C'est la grande peur qu'il pleuve pour ce genre d'occasions. J'ai des amis qui sont venus d'Haïti, du Québec, des Etats-Unis et je n'avais pas envie qu'ils soient sous un Paris mouillé. J'ai le souvenir d'un événement où j'avais l'impression de flotter. C'est très codifié ce genre de cérémonie, et je m'attendais à une entrée unique et elle le fut puisque l'on transgressé tous les codes.

Philippe Chauveau :

Votre parcours est jalonné de récompenses mais c'est vrai qu'il y a cette entrée à l'Académie Française. Pour vous cela a-t-il été une sorte de concrétisation ? Cela vous donne une pression supplémentaire ou pas ?

Dany Laferrière :

Non pas du tout ! Puisqu'on devient académicien grâce à ce que l'on est, donc il n'y a pas de pression à avoir. C'est avant qu'il fallait avoir cette pression.

Philippe Chauveau :

Est-ce que l'art en général et l'écriture et la littérature en particulier sont des échappatoires par rapport à ce monde dont vous vous sentez un peu étranger ?

Dany Laferrière :

Non parce que je crois que lire et écrire, c'est le monde ! On ne peut pas sortir du monde et en écrivant je me sens totalement dans le monde. D'ailleurs j'ai senti dès le début qu'écrire était me rendre meilleur face au monde qui m'entoure, puisque je suis dans une petite pièce fermé et je ne fais rien de mal. C'est déjà beaucoup.

Philippe Chauveau :

Vous quittez Haïti à 23 ans, vous partez pour Montréal, vous allez vous en sortir en faisant pas mal de petits boulots et puis vous allez faire une rencontre déterminante, vous allez rencontrer une machine à écrire. En quoi cette rencontre a-t-elle été déterminante ?

Dany Laferrière :

En fait c'était pour moi la possibilité de devenir un écrivain américain, parce qu'avant, quand j'écrivais à la main, j'avais l'impression d'être encore un écrivain européen. Et il me fallait cette machine pour entrer dans le cercle de Bukowski, de Miller, d'Hemingway, de Victor-Lévy Beaulieu… De ces écrivains des grands espaces qui gardent une distance avec la page comme avec leurs émotions.

Philippe Chauveau :

En 1985 vous publiez votre premier roman, « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer ». Il y avait une sacrée provocation dans le titre ?

Dany Laferrière :

Pour moi, non ! Je voulais écrire un roman littéraire mais qui se présente comme cool, donc je voulais un titre cool, un peu comme ceux de Woody Allen « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe, sans jamais oser le demander ». Mon premier titre était « Comment faire l'amour avec un nègre quand il pleut et que vous n'avez rien d'autre à faire », mais il était un peu trop long. Pour moi, c'était un mélange de sentiments comiques cachant de la gravité.

Philippe Chauveau :

Nous sommes en 2015, votre premier roman était en 1985, c'est une sorte d'anniversaire ! Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Dany Laferrière :

Tant que cela dure ! Je ne me sens pas très bien quand je n'écris pas. A un moment donné, je ressens un malaise physique et je retrouve mon équilibre quand je recommence à écrire. Donc, soit j'invente de nouvelles histoires, soit j'estime que certaines histoires ne sont pas complètement abouties et je les réécris.

Philippe Chauveau :

Vous continuez à regarder les nuages ?

Dany Laferrière :

Totalement ! C'est la matière du rêve…

Philippe Chauveau :

Votre actualité Dany Laferrière, cette ré-édition chez Zulma « Le Cris des oiseaux fous »

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  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Il est devenu immortel en mai 2015. Dany Laferrière siège depuis sous la coupole de l'Académie française. En trente ans d'écriture, que de chemin parcouru pour le jeune haïtien contraint de fuir son pays à l'âge de 23 ans, pourchassé par les hommes de Duvalier, le dictateur en place. Fils d'une mère archiviste et d'un père engagé politiquement et opposé au régime, le jeune Dany est élevé par sa grand-mère. De ses années d'enfance, il racontera ses souvenirs dans « L'odeur du café » ou « Le charme des après-midi...12 octobre 2016 de Dany Laferrière - Présentation - Suite
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