Hector Mathis

Hector Mathis

Langue morte

Portrait 00'06'58"


Philippe Chauveau :

Bonjour Hector Mathis.

Hector Mathis :

Bonjour

Philippe Chauveau :

Nous vous accueillons pour cette actualité, Langue morte, aux éditions Buchet-Chastel, c’est déjà votre 3e titre. Il y avait eu K.O. en 2018, et Carnaval en 2020 et nous démarrons cette année 2022 avec cette nouveauté. Faisons un peu plus connaissance, il y a eu la chanson pendant un moment dans votre parcours, en tout cas l’écriture de texte, comment est arrivée cette envie ?



Hector Mathis :

L’envie d’écrire des textes de chansons, c’est parce qu’il y avait ce désir de rythme et de musicalité, et puis c’est quelque chose qui s’est présenté naturellement à moi. Et puis aussi la possibilité de se réunir, parce que la chanson c’est aussi quelque chose d’assez primitif qui permet la transe. Donc on était beaucoup à s’échanger des textes et à être dans cette émulation-là. Ensuite les poumons se développent un peu, on commence à avoir plus de souffle, et moi j’ai opté pour une écriture qui ne soit pas versifiée, parce qu’elle me permettait plus de liberté, et cette mise en scène qui est celle qu’on peut adopter pour le roman. Moi j’avais envie d’aller là. Mais tout s’est fait naturellement. Le désir d’écriture, je ne sais pas si c’est un désir, il n’y a pas eu de moment décisif ou de basculement. J’ai plutôt l’impression que c’est mon inclinaison naturelle, j’ai commencé à y entrer par l’oreille et par le fait de se marmonner des histoires, de se les chantonner soi-même quand on est gamin et puis de développer ça pour soi parce qu’on n’est pas tout à fait à l’aise dans l’existence, alors on bifurque, on la remet à sa sauce.

Philippe Chauveau :

« On n’est pas tout à fait à l’aise dans l’existence » Ça veut dire que dire que l’écriture a été salvatrice ?



Hector Mathis :

Une fuite en tout cas, c’est toujours cette fuite-là. Chacun son addiction. Je pense que quand on enlève son addiction à quelqu’un, on le dépossède de lui-même, on lui enlève ce qu’il est fondamentalement. Je pense que l’écriture c’est une fuite de plus, en tout cas, c’est la mienne, c’est ma pente à moi, c’est ma mauvaise manie.



Philippe Chauveau :

C’est une fuite par rapport au monde qui vous entoure ou par rapport à vous-même ?

Hector Mathis :

Par rapport à tout, je pense que c’est la vie dans laquelle il est difficile de se retrouver complètement. Si on n’est pas, comme disait l’autre, un tout petit peu détraqué, je pense qu’on n’écrit pas, on essaie de vivre autrement, de jouir un peu de la vie.



Philippe Chauveau :

Avant d’être un auteur, vous êtes et avez été un lecteur. Alors quels sont les autres détraqués dont vous avez eu les livres à portée de main ? Vos influences ?



Hector Mathis :

Il n’y a pas que des romanciers. Il y a des moralistes, des poètes, des philosophes et il y a aussi des peintres, des compositeurs. J’aime beaucoup Bach, ce n’est pas d’une originalité folle mais le génie, c’est le génie… En peintre, il y a Caravage et Soutine. En tant qu’auteurs, il y a La Rochefoucauld, Cioran, Céline, Dotstoievski, Kafka, il y a eu des auteurs un peu plus confidentiels comme Hyvernaud, comme Calaferte. Il y a eu les poètes aussi, Baudelaire, Rimbaud. Et en chanson, j’ai beaucoup aimé Brel, Ferré, Brassens, le trio infernal. Les textes qui sont musicaux, les auteurs qui sont un peu vitupérants me plaisent beaucoup aussi, Léon Blois par exemple.

Philippe Chauveau :

2018 c’est l’année durant laquelle on fait connaissance avec le romancier que vous êtes aujourd’hui avec K.O.. A quel moment avez-vous eu envie d’écrire en vous disant je veux être lu, je veux être publié ?



Hector Mathis :

Je suis d’accord avec vous, il y a une différence entre le fait d’écrire et le fait d’être publié. Être publié, je trouve que c’est un drôle de truc, qui procède d’un besoin de crier ça au monde alors que personne ne nous attend et qu’a priori personne n’a le désir de nous lire au départ donc c’est quelque chose d’assez curieux. C’est venu naturellement parce que j’ai écrit K.O. en une semaine juste après un arrêt maladie, et j’ai eu le désir, parce que j’ai senti qu’il y avait quelque chose d’à peu près abouti, de le donner à une maison d’édition, et il m’a été conseillé de le donner aux éditions Buchet-Chastel. Mais j’en ai eu le désir parce que je sentais que j’étais arrivé à peu près à la hauteur de ce que je voulais faire, et avant ce n’était pas le cas.



Philippe Chauveau :

Dans K.O., dans Carnaval, qui sont vos deux précédents titres, on parle de beaucoup de choses, vous abordez beaucoup de sujets, la société, l’état du monde et des choses qui vous sont un peu plus personnelles mais dans lesquelles chacun peut se retrouver. Et puis vous avez été remarqué par la qualité de votre écriture : des phrases courtes, percutantes, des mots qui empruntent parfois au langage parlé. Si vous deviez définir votre écriture et ce que vous aviez envie de transmettre par cette écriture qui vous caractérise ?

Hector Mathis :

J’ai le désir qui est cette musicalité-là, encore cette affaire de rythme et surtout qu’il y ait la puissance du langage parlé mais aussi la puissance et la vélocité de la pensée qui vient toujours entrer en collision avec le monde extérieur. J’espère qu’il y a cette percussion là parce que l’idée c’est d’arriver à faire en sorte que cette matière soit vivante et c’est sans doute le plus difficile avec le langage écrit. Alors il faut essayer de tricher, de transposer, de récupérer. Il y a des choses qui ne fonctionnent pas toujours bien, il y a des argots qui sont vite désuets, il faut emprunter au langage parlé avec parcimonie. Il faut essayer de le faire en reconstituant cette matière vivante à laquelle on est confronté tous les jours, et c’est délicat parce qu’on est en concurrence avec des forces qui sont beaucoup plus puissantes que nous, c’est-à-dire Netflix, le numérique. Pour réussir à émerger là-dedans, le lecteur ne doit pas être tout à fait passif, ce qui n’est pas toujours le cas quand il est face à l’audiovisuel. Donc il faut réussir à toujours l’accrocher, l’amener dans une rêverie, une ivresse, et le délire est important pour ça, il faut beaucoup délirer.



Philippe Chauveau :

Avec ce qui est aujourd’hui votre troisième titre, avez-vous l’impression d’être un peu plus apaisé ? Est-ce que le fait d’être entré en écriture vous a révélé a vous-même et fait qu’aujourd’hui vous abordez votre vie différemment ?



Hector Mathis :

Je pense qu’aujourd’hui je réussi à ne plus m’opposer au temps mais à composer avec lui, à permettre au texte de maturer, à le reprendre plus tard, à le laisser reposer, un certain nombre de choses, et ça relève d’un certain apaisement mais apaisé complètement non je ne crois pas, je suis toujours aussi nerveux.



Philippe Chauveau :

Votre actualité Hector Mathis, ça s’appelle Langue morte, vous êtes publié chez Buchet-Chastel.




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  • Il n’a pas encore 30 ans mais il est déjà un nom reconnu dans l’univers littéraire. Dès son premier roman, « KO » en 2018, Hector Mathis a été remarqué par l’originalité de son écriture proche du langage parlé et du slam . Une écriture pleine de souffle et de musicalité pour parler de notre monde, de notre société avec une vision souvent désabusée et des personnages dans lesquels l’auteur se raconte lui-même.Après « Carnaval » en 2021, voici le nouveau titre d’Hector Mathis, « Langue morte ». Un...Langue morte de Hector Mathis - Présentation - Suite
    
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    Philippe Chauveau :   Ainsi donc, après K.O. et Carnaval, voici votre troisième roman Langue morte. Nous allons suivre un narrateur qui fait à rebours le chemin de sa vie, qui retourne sur les chemins de son enfance, de son adolescence, et qui nous fait partager des souvenirs. En parallèle ce sont aussi nos souvenirs puisqu’il y a des moments qui rappellent l’histoire de la société. Comment naît le projet de Langue morte ? Quelle a été votre envie en débutant l’écriture de ce troisième roman ?

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