Philippe Besson

Philippe Besson

La trahison de Thomas Spencer

Portrait 4'18
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Philippe Besson, merci de nous recevoir pour Web Tv Culture. Votre nouveau roman, votre dixième roman, dix romans en dix ans… Cette grande aventure, vous l'avez espérée ou finalement est ce que c'est chaque jour une surprise ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Non, je ne l'ai pas espérée du tout, je ne l'avais même pas du tout envisagée. C'est-à-dire que je suis tellement venu à l'écriture des romans par hasard, que vraiment je n'aurais pas pu une seconde imaginer ce qui allait advenir. Je ne connaissais personne dans le monde de l'édition, le premier livre que j'ai écrit ça se passait pendant la guerre de 14 avec Marcel Proust, je me suis dit « qui ça peut intéresser ? ». La vraie première surprise a été d'être publié. Ce n'est pas du tout de la fausse modestie, je continue à ne pas très bien comprendre pourquoi on s'intéresse à mes livres. Ça me fait très très plaisir, je suis très très heureux ! Mais ça reste un mystère. Je ne sais pas pourquoi tout d'un coup il y a des livres qui vont atteindre le public et d'autres non. Je trouve que c'est toujours très injuste, j'ai eu de la chance d'être du bon côté de l'injustice, si je puis dire… Mais ça continue de me surprendre, oui.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a une constante chez vous ? Vous savez toujours décortiquer les âmes, aller dans la psychologie la plus profonde des personnages, est ce qu'il y a un style Philippe Besson ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Un style, je ne sais pas, des obsessions en tout cas. C'est-à-dire qu'il y a des choses récurrentes, il y a des lignes de force ou de faiblesse. Donc c'est vrai que j'écris beaucoup autour du sentiment, autour du lien, du lien qui se noue et qui se dénoue, comment on perd quelqu'un, comment on finit toujours par perdre quelqu'un. J'écris beaucoup autour de la perte, de l'absence, de la disparition… J'aime bien le non-dit, j'aime bien l'interstice, j'aime bien les ombres, j'aime bien les choses entre deux comme ça.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a beaucoup de vous-même dans vos romans ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Il y a énormément de mon intimité, il n'y a rien de ma vie. C'est-à-dire que moi je n'ai jamais écrit une seule fois une histoire qui me soit arrivée. D'ailleurs, j'ai l'impression que j'écris des livres parce que la vie ne suffit pas. J'écris des livres parce que la vie qui est la mienne n'est pas celle dont j'aurais rêvé. Pour autant on ne peut pas écrire en faisant abstraction de sa propre intimité donc on écrit avec ses névroses, ses obsessions, ses désirs, ses plaisirs, ses souvenirs...
Je ne connais aucun écrivain qui aurait suffisamment de distance ou de froideur pour s‘oublier absolument.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs, qu'ils soient classiques ou contemporains, qui vous marquent, qui vous ont marqués ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : C'est vrai que je lis abondamment la littérature actuelle. Je suis d'ailleurs de ceux qui pensent que la littérature actuelle est extrêmement riche. J'aime aussi bien Tanguy Viel, que Olivier Adam, Laurent Gaudé, Philippe Claudel, Valentine Goby… plein d'autres encore… Frédérique Clémençon. Il y a plein de gens extrêmement intéressants et j'en fais mon miel moi, je trouve d'ailleurs que c'est le retour, aujourd'hui, des gens qui ont envie de raconter des histoires. Ce qui s'était quand même un peu perdu à une époque. Ça a été l'affreuse période qui a suivi le nouveau roman où l'on pensait qu'il fallait écrire des livres en ne racontant surtout rien. Pour autant je continue de lire un peu ceux qui ne sont plus là. Alors c'est vrai que j'évoquais tout à l'heure Hervé Guibert, c'est vrai que ça m'a profondément marqué parce que j'avais vingt ans donc quand on prend Hervé Guibert comme ça dans le visage à vint ans, il en reste toujours quelque chose des années après, il reste pas mal de blessure et pas mal d'émerveillement aussi. J'ai beaucoup aimé Duras, il paraît que ça ne se fait pas du tout de dire que l'on aime Duras parce que c'est devenu plus du tout à la mode. Mais voilà, la musique de Duras me plait et puis… « Les hauts de Hurlevents » d'Émilie Brontë ça reste là aussi une sorte de chose indépassable… Comment ça a pu être écrit ça ? Je suis fasciné. J'ai relu, il y a un an, « Le rouge et le noir », c'est un peu bizarre parce que c'est quand même un classique de chez classique, mais j'avais un peu oublié. Et j'avais oublié à quel point c'est un chef d'œuvre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Dix années, dix romans, pour vous c'est un moment de bilan ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Non, ce qui est sûr en tout cas c'est que s'est passé vite. C'est-à-dire que tout d'un coup, ce chiffre-là, parce que c'est un chiffre rond, ça nous oblige un peu à réfléchir voilà. L'idée du temps qui file me fait peur, m'a toujours fait peur, déjà à quinze ans ça me faisait peur, j'en ai quarante-deux aujourd'hui donc je crois que les choses ne vont pas s'améliorer ! Mais en même temps je n'imagine pas ma vie aujourd'hui sans écriture. C'est devenu absolument identitaire.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Raison de plus pour vous remercier de nous avoir accordé tout ce temps Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer », c'est aux éditions Julliard.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Philippe Besson, merci de nous recevoir pour Web Tv Culture. Votre nouveau roman, votre dixième roman, dix romans en dix ans… Cette grande aventure, vous l'avez espérée ou finalement est ce que c'est chaque jour une surprise ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Non, je ne l'ai pas espérée du tout, je ne l'avais même pas du tout envisagée. C'est-à-dire que je suis tellement venu à l'écriture des romans par hasard, que vraiment je n'aurais pas pu une seconde imaginer ce qui allait advenir. Je ne connaissais personne dans le monde de l'édition, le premier livre que j'ai écrit ça se passait pendant la guerre de 14 avec Marcel Proust, je me suis dit « qui ça peut intéresser ? ». La vraie première surprise a été d'être publié. Ce n'est pas du tout de la fausse modestie, je continue à ne pas très bien comprendre pourquoi on s'intéresse à mes livres. Ça me fait très très plaisir, je suis très très heureux ! Mais ça reste un mystère. Je ne sais pas pourquoi tout d'un coup il y a des livres qui vont atteindre le public et d'autres non. Je trouve que c'est toujours très injuste, j'ai eu de la chance d'être du bon côté de l'injustice, si je puis dire… Mais ça continue de me surprendre, oui.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a une constante chez vous ? Vous savez toujours décortiquer les âmes, aller dans la psychologie la plus profonde des personnages, est ce qu'il y a un style Philippe Besson ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Un style, je ne sais pas, des obsessions en tout cas. C'est-à-dire qu'il y a des choses récurrentes, il y a des lignes de force ou de faiblesse. Donc c'est vrai que j'écris beaucoup autour du sentiment, autour du lien, du lien qui se noue et qui se dénoue, comment on perd quelqu'un, comment on finit toujours par perdre quelqu'un. J'écris beaucoup autour de la perte, de l'absence, de la disparition… J'aime bien le non-dit, j'aime bien l'interstice, j'aime bien les ombres, j'aime bien les choses entre deux comme ça.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a beaucoup de vous-même dans vos romans ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Il y a énormément de mon intimité, il n'y a rien de ma vie. C'est-à-dire que moi je n'ai jamais écrit une seule fois une histoire qui me soit arrivée. D'ailleurs, j'ai l'impression que j'écris des livres parce que la vie ne suffit pas. J'écris des livres parce que la vie qui est la mienne n'est pas celle dont j'aurais rêvé. Pour autant on ne peut pas écrire en faisant abstraction de sa propre intimité donc on écrit avec ses névroses, ses obsessions, ses désirs, ses plaisirs, ses souvenirs...
Je ne connais aucun écrivain qui aurait suffisamment de distance ou de froideur pour s‘oublier absolument.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs, qu'ils soient classiques ou contemporains, qui vous marquent, qui vous ont marqués ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : C'est vrai que je lis abondamment la littérature actuelle. Je suis d'ailleurs de ceux qui pensent que la littérature actuelle est extrêmement riche. J'aime aussi bien Tanguy Viel, que Olivier Adam, Laurent Gaudé, Philippe Claudel, Valentine Goby… plein d'autres encore… Frédérique Clémençon. Il y a plein de gens extrêmement intéressants et j'en fais mon miel moi, je trouve d'ailleurs que c'est le retour, aujourd'hui, des gens qui ont envie de raconter des histoires. Ce qui s'était quand même un peu perdu à une époque. Ça a été l'affreuse période qui a suivi le nouveau roman où l'on pensait qu'il fallait écrire des livres en ne racontant surtout rien. Pour autant je continue de lire un peu ceux qui ne sont plus là. Alors c'est vrai que j'évoquais tout à l'heure Hervé Guibert, c'est vrai que ça m'a profondément marqué parce que j'avais vingt ans donc quand on prend Hervé Guibert comme ça dans le visage à vint ans, il en reste toujours quelque chose des années après, il reste pas mal de blessure et pas mal d'émerveillement aussi. J'ai beaucoup aimé Duras, il paraît que ça ne se fait pas du tout de dire que l'on aime Duras parce que c'est devenu plus du tout à la mode. Mais voilà, la musique de Duras me plait et puis… « Les hauts de Hurlevents » d'Émilie Brontë ça reste là aussi une sorte de chose indépassable… Comment ça a pu être écrit ça ? Je suis fasciné. J'ai relu, il y a un an, « Le rouge et le noir », c'est un peu bizarre parce que c'est quand même un classique de chez classique, mais j'avais un peu oublié. Et j'avais oublié à quel point c'est un chef d'œuvre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Dix années, dix romans, pour vous c'est un moment de bilan ?

Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Non, ce qui est sûr en tout cas c'est que s'est passé vite. C'est-à-dire que tout d'un coup, ce chiffre-là, parce que c'est un chiffre rond, ça nous oblige un peu à réfléchir voilà. L'idée du temps qui file me fait peur, m'a toujours fait peur, déjà à quinze ans ça me faisait peur, j'en ai quarante-deux aujourd'hui donc je crois que les choses ne vont pas s'améliorer ! Mais en même temps je n'imagine pas ma vie aujourd'hui sans écriture. C'est devenu absolument identitaire.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Raison de plus pour vous remercier de nous avoir accordé tout ce temps Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer », c'est aux éditions Julliard.

La trahison de Thomas Spencer Aux Editions Julliard
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • C'est l'Amérique qui sert de cadre au nouveau roman de Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer », publié aux éditions Julliard. En 1999, Philippe Besson était un inconnu, il créée la surprise avec un premier roman « En l'absence des hommes » mettant en scène Marcel Proust sur fond de 1ère Guerre mondiale. 10 ans plus tard, Philippe Besson est devenu une valeur sûre du milieu littéraire français et chacun de ses romans est attendu comme un événement. Philippe Besson n'a pas son pareil pour aller au plus...Un soir d'été de Philippe Besson - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Philippe Besson, merci de nous recevoir pour Web Tv Culture. Votre nouveau roman, votre dixième roman, dix romans en dix ans… Cette grande aventure, vous l'avez espérée ou finalement est ce que c'est chaque jour une surprise ? Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Non, je ne l'ai pas espérée du tout, je ne l'avais même pas du tout envisagée. C'est-à-dire que je suis tellement venu à l'écriture des romans par hasard, que vraiment je n'aurais pas pu une seconde imaginer ce qui...Un soir d'été de Philippe Besson - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) Philippe Besson, nous sommes ensemble sur WebTVCulture pour parler de votre nouveau roman, votre dixième roman, qui paraît chez Julliard, "La trahison de Thomas Spencer", une belle histoire d'amitié, puis une trahison qui vient à la fois par une femme, et à la fois par la guerre. Comment est elle née cette histoire finalement ? Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Ma première volonté est de raconter ce sentiment qu'est l'amitié, et qui peut être un sentiment aussi puissant et...Un soir d'été de Philippe Besson - Le livre - Suite
    Alain Monge Librairie Sauramps Le Triangle 34967 Montpellier 04 67 06 78 78 Il y a un livre de Besson qui sort en librairie presque tous les ans et c'est souvent une histoire d'homme. Mais, ce dernier livre est différent car c'est une histoire d'amitié. Ce sont deux garçons, presque deux jumeaux qui ont grandi ensemble dans une région du Sud des États Unis près du Mississippi. Ils ont une amitié indéfectible qui va durer trente ans et qui couvre tous les grands moments de l'histoire américaine comme la guerre de Corée, celle...Un soir d'été de Philippe Besson - L'avis du libraire - Suite