Daniel Picouly

Daniel Picouly

La nuit de Lampedusa

Portrait 4'31
Philippe Chauveau :
Bonjour Daniel Picouly.

Daniel Picouly :
Bonjour.

Philippe Chauveau :
Merci de nous accueillir ici, au café Charbon. C'est un endroit que vous connaissez bien...

Daniel Picouly :
C'est l'endroit où l'on tourne « Café Picouly ».

Philippe Chauveau :
Voilà ! Où l'on vous retrouve chaque semaine. Et puis votre actualité littéraire, c'est un nouveau roman chez Albin Michel, La nuit de Lampedusa, qui vient clore en quelque sorte la trilogie initiée avec L'enfant Léopard.
Mais revenons un petit peu sur votre parcours, parce qu'avant le livre, avant la littérature, vous avez été enseignant. Vous avez fait des études de gestion, mais es-ce que le livre, l'envie d'écrire était déjà présente en vous ?

Daniel Picouly :
Moi j'écris depuis que je suis gamin, depuis l'âge de 10 ans. Comme je dis souvent, moi, je suis le 11ème d'une famille de 13. J'avais deux petites sœurs et pour m'en débarrasser, je leur racontais des histoires. Donc c'est grâce à elles que le goût des histoires m'est venu très tôt parce que je me suis aperçu que ça ne faisait pas seulement office de baguette magique qui faisait disparaître mes sœurs, parce que je devais les emmener à l'école, comme tous les grands frères, j'avais horreur de ça. Alors je leur racontais une histoire et elles faisaient semblant que je les accompagne et elles ne disaient rien à ma mère ! Petit accord sympa… Donc grâce à mes histoires, je me fabriquais la liberté de pouvoir jouer avec mes copains, au football, enfin tout ce qu'on fait avant l'école. Donc, ça se passait bien. Et puis un jour, elles m'ont demandé une histoire que j'avais oubliée et comme elles m'ont menacé de dire à ma mère que je ne les emmenais pas à l'école, là je me suis aperçu qu'effectivement, les histoires, ça fabriquait de la liberté, donc j'ai dit : « OK, je vais vous les écrire » et j'ai commencé à écrire sur des morceaux de papier. Donc, ma vocation littéraire est uniquement la vocation d'un gosse qui veut se débarrasser de ses sœurs. Je les remercie régulièrement...

Philippe Chauveau :
On en arrive à la publication de vos premiers ouvrages. On est dans les années 90 ?

Daniel Picouly :
La lumière des fous, un polar très noir qui était dans la lignée de la mort de mes parents. C'était un polar un peu dur. Après, j'ai écrit des choses très solaires comme on dit, mais j'ai commencé par le plus dur en terme de ton, mais c'est le plus facile à écrire. La violence, c'est ce qu'il y a de plus facile à écrire, la tendresse, c'est un boulot terrible.

Philippe Chauveau :
Quand on repense aux romans autobiographiques que vous avez proposés aux lecteurs, c'était un besoin pour vous d'utiliser votre propre essence pour écrire ?

Daniel Picouly :
C'était surtout le besoin de rendre hommage à mes parents disparus, qui n'ont jamais lu une ligne de moi. J'ai édité après qu'ils soient disparus. Donc je voulais leur rendre hommage et faire comprendre aux gens quel était ce mystère. Voilà un couple qui peut élever 13 gosses; je trouve cela sidérant ! Et les élever sans que personne ne finisse à Fleury-Mérogis ou Fresnes mais plutôt chez Gallimard ou Grasset. C'est pas mal… C'est plutôt un petit miracle ! Donc, j'ai voulu leur rendre hommage et puis aussi, vivre avec eux. Quand on écrit ses souvenirs d'enfance, quand on écrit des souvenirs concernant ses parents, on revit les souvenirs avec eux, on peut même en inventer ; on peut même leur faire vivre des choses qu'ils n'ont pas vécu mais dont eux-mêmes auraient rêvé. Ca, c'est un grand bonheur et puis un jour, vous vous retrouvez au Japon, à Tokyo, et puis vous avez un monsieur, un Japonais, qui a lu votre livre en japonais, et qui vous dit : « Vous avez des parents formidables ! ». Là, vous vous sentez un vrai fils, vous avez fait le boulot !

Philippe Chauveau :
Est-ce que vous sous-entendez aussi que chaque vie peut être un roman ?

Daniel Picouly :
Ce n'est même pas que chaque vie peut être un roman ; chaque vie est plusieurs romans ! La vraie question n'est pas de savoir si chaque vie est un roman mais bien de savoir si l'on va être capable de la raconter. La règle est simple : il n'arrive d'histoires qu'à ceux qui savent les raconter. Si quelqu'un, il lui arrive quelque chose mais il ne sait pas le dire aux autres, ça n'a pas existé et ça n'existera jamais. Les gens vivent des choses extraordinaires mais ne sont pas capables de les raconter. D'autres vivent des choses éminemment simples, banales mais sont capables d'en faire des histoires. C'est la seule différence et ce ne sont pas ceux qui ont vécu le plus de choses qui racontent les plus belles histoires. Ce sont simplement ceux qui les écrivent le mieux, cet art étrange qui est de raconter, c'est tout !

Philippe Chauveau :
Et la littérature jeunesse dans votre parcours, pourquoi ?

Daniel Picouly :
Un jour on fait une fille, elle a 3 ans, elle a une petite tortue, elle la perd. Je lui dis « Ne t'inquiète pas, elles est partie vivre des aventures » et elle me dit « Bah, raconte les moi ! ».

Philippe Chauveau :
Et là, on se retrouve comme avec vos sœurs...

Daniel Picouly :
Absolument, on se retrouve avec ma fille qui veut des histoires et quand ma fille me demande quelque chose, je le fais, comme tous les pères, sauf que moi je suis écrivain et je peux lui écrire ses histoires. On est à 13 volumes de Lulu et un dessin animé qui fonctionne formidablement bien sur la 5 mais c'est une aventure qui commence avec pour seul et unique spectateur, ma fille et puis se sont greffées des dizaines de milliers de gens, et des centaines de milliers maintenant, sur cette histoire. C'est la magie des histoires...

Philippe Chauveau :
Continuons cette magie avec vous Daniel Picouly. La nuit de Lampedusa, votre nouveau titre, aux éditions Albin Michel.
Philippe Chauveau :
Bonjour Daniel Picouly.

Daniel Picouly :
Bonjour.

Philippe Chauveau :
Merci de nous accueillir ici, au café Charbon. C'est un endroit que vous connaissez bien...

Daniel Picouly :
C'est l'endroit où l'on tourne « Café Picouly ».

Philippe Chauveau :
Voilà ! Où l'on vous retrouve chaque semaine. Et puis votre actualité littéraire, c'est un nouveau roman chez Albin Michel, La nuit de Lampedusa, qui vient clore en quelque sorte la trilogie initiée avec L'enfant Léopard.
Mais revenons un petit peu sur votre parcours, parce qu'avant le livre, avant la littérature, vous avez été enseignant. Vous avez fait des études de gestion, mais es-ce que le livre, l'envie d'écrire était déjà présente en vous ?

Daniel Picouly :
Moi j'écris depuis que je suis gamin, depuis l'âge de 10 ans. Comme je dis souvent, moi, je suis le 11ème d'une famille de 13. J'avais deux petites sœurs et pour m'en débarrasser, je leur racontais des histoires. Donc c'est grâce à elles que le goût des histoires m'est venu très tôt parce que je me suis aperçu que ça ne faisait pas seulement office de baguette magique qui faisait disparaître mes sœurs, parce que je devais les emmener à l'école, comme tous les grands frères, j'avais horreur de ça. Alors je leur racontais une histoire et elles faisaient semblant que je les accompagne et elles ne disaient rien à ma mère ! Petit accord sympa… Donc grâce à mes histoires, je me fabriquais la liberté de pouvoir jouer avec mes copains, au football, enfin tout ce qu'on fait avant l'école. Donc, ça se passait bien. Et puis un jour, elles m'ont demandé une histoire que j'avais oubliée et comme elles m'ont menacé de dire à ma mère que je ne les emmenais pas à l'école, là je me suis aperçu qu'effectivement, les histoires, ça fabriquait de la liberté, donc j'ai dit : « OK, je vais vous les écrire » et j'ai commencé à écrire sur des morceaux de papier. Donc, ma vocation littéraire est uniquement la vocation d'un gosse qui veut se débarrasser de ses sœurs. Je les remercie régulièrement...

Philippe Chauveau :
On en arrive à la publication de vos premiers ouvrages. On est dans les années 90 ?

Daniel Picouly :
La lumière des fous, un polar très noir qui était dans la lignée de la mort de mes parents. C'était un polar un peu dur. Après, j'ai écrit des choses très solaires comme on dit, mais j'ai commencé par le plus dur en terme de ton, mais c'est le plus facile à écrire. La violence, c'est ce qu'il y a de plus facile à écrire, la tendresse, c'est un boulot terrible.

Philippe Chauveau :
Quand on repense aux romans autobiographiques que vous avez proposés aux lecteurs, c'était un besoin pour vous d'utiliser votre propre essence pour écrire ?

Daniel Picouly :
C'était surtout le besoin de rendre hommage à mes parents disparus, qui n'ont jamais lu une ligne de moi. J'ai édité après qu'ils soient disparus. Donc je voulais leur rendre hommage et faire comprendre aux gens quel était ce mystère. Voilà un couple qui peut élever 13 gosses; je trouve cela sidérant ! Et les élever sans que personne ne finisse à Fleury-Mérogis ou Fresnes mais plutôt chez Gallimard ou Grasset. C'est pas mal… C'est plutôt un petit miracle ! Donc, j'ai voulu leur rendre hommage et puis aussi, vivre avec eux. Quand on écrit ses souvenirs d'enfance, quand on écrit des souvenirs concernant ses parents, on revit les souvenirs avec eux, on peut même en inventer ; on peut même leur faire vivre des choses qu'ils n'ont pas vécu mais dont eux-mêmes auraient rêvé. Ca, c'est un grand bonheur et puis un jour, vous vous retrouvez au Japon, à Tokyo, et puis vous avez un monsieur, un Japonais, qui a lu votre livre en japonais, et qui vous dit : « Vous avez des parents formidables ! ». Là, vous vous sentez un vrai fils, vous avez fait le boulot !

Philippe Chauveau :
Est-ce que vous sous-entendez aussi que chaque vie peut être un roman ?

Daniel Picouly :
Ce n'est même pas que chaque vie peut être un roman ; chaque vie est plusieurs romans ! La vraie question n'est pas de savoir si chaque vie est un roman mais bien de savoir si l'on va être capable de la raconter. La règle est simple : il n'arrive d'histoires qu'à ceux qui savent les raconter. Si quelqu'un, il lui arrive quelque chose mais il ne sait pas le dire aux autres, ça n'a pas existé et ça n'existera jamais. Les gens vivent des choses extraordinaires mais ne sont pas capables de les raconter. D'autres vivent des choses éminemment simples, banales mais sont capables d'en faire des histoires. C'est la seule différence et ce ne sont pas ceux qui ont vécu le plus de choses qui racontent les plus belles histoires. Ce sont simplement ceux qui les écrivent le mieux, cet art étrange qui est de raconter, c'est tout !

Philippe Chauveau :
Et la littérature jeunesse dans votre parcours, pourquoi ?

Daniel Picouly :
Un jour on fait une fille, elle a 3 ans, elle a une petite tortue, elle la perd. Je lui dis « Ne t'inquiète pas, elles est partie vivre des aventures » et elle me dit « Bah, raconte les moi ! ».

Philippe Chauveau :
Et là, on se retrouve comme avec vos sœurs...

Daniel Picouly :
Absolument, on se retrouve avec ma fille qui veut des histoires et quand ma fille me demande quelque chose, je le fais, comme tous les pères, sauf que moi je suis écrivain et je peux lui écrire ses histoires. On est à 13 volumes de Lulu et un dessin animé qui fonctionne formidablement bien sur la 5 mais c'est une aventure qui commence avec pour seul et unique spectateur, ma fille et puis se sont greffées des dizaines de milliers de gens, et des centaines de milliers maintenant, sur cette histoire. C'est la magie des histoires...

Philippe Chauveau :
Continuons cette magie avec vous Daniel Picouly. La nuit de Lampedusa, votre nouveau titre, aux éditions Albin Michel.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Daniel Picouly est aujourd'hui bien connu du grand public, à la fois pour ses romans, ses bd, ses livres jeunesse mais aussi parce qu'il présente chaque semaine un magazine culturel, Café Picouly, sur France 5. Si les années de scolarité n'ont pas laissé le meilleur des souvenirs à Daniel Picouly, c'est pourtant durent cette période qu'il découvre le plaisir des mots et de la lecture en inventant des histoires à ses petites sœurs. Après des études d'économie, il devient prof de gestion, plus par nécessité que par réel...Le livre, cadeau idéal ? de Daniel Picouly - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Daniel Picouly. Daniel Picouly : Bonjour. Philippe Chauveau : Merci de nous accueillir ici, au café Charbon. C'est un endroit que vous connaissez bien... Daniel Picouly : C'est l'endroit où l'on tourne « Café Picouly ». Philippe Chauveau : Voilà ! Où l'on vous retrouve chaque semaine. Et puis votre actualité littéraire, c'est un nouveau roman chez Albin Michel, La nuit de Lampedusa, qui vient clore en quelque sorte la trilogie initiée avec L'enfant Léopard. Mais revenons un petit peu sur votre...Le livre, cadeau idéal ? de Daniel Picouly - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Daniel Picouly, nous sommes ensemble au café Charbon, lieu de tournage de vos émissions, « Café Picouly », à l'occasion de la sortie chez Albin Michel de La nuit de Lampedusa, c'est votre actualité. C'est en quelque sorte la fin de la trilogie initiée avec L'enfant Léopard mais on peut dire que les trois livres peuvent se lire séparément. Quelle aventure ! Nous sommes à l'époque du Directoire. Bonaparte est en Egypte en train d'essayer de faire quelques conquêtes pour revenir triomphant. Joséphine...Le livre, cadeau idéal ? de Daniel Picouly - Le livre - Suite
    Libraire La Colomberie 7 rue de Condé 75006 Paris www.lacolomberie.fr Jean-Denys Tétier « Daniel Picouly nous offre ce nouveau roman historique où effectivement, il prend quelques libertés avec l’Histoire mais il en ressort un livre très passionnant à lire. C’est un pavé qui peut-être faire peur à quelques lecteurs mais on est pris très vite dans l’histoire, tellement bien pris qu’on en oublie qu’il prend ses libertés et on découvre le personnage de Bonaparte aux prises avec des histoires d’amour et des histoires...Le livre, cadeau idéal ? de Daniel Picouly - L'avis du libraire - Suite