Philippe Hayat

Philippe Hayat

La loi du désordre

Portrait 00'08'34"

Philippe Chauveau

Bonjour Philippe.

Philippe Hayat

Bonjour.

Philippe Chauveau

Votre actualité chez Calmann-Lévy, La loi du désordre. J'ai l'impression de recevoir deux hommes en un parce qu'on va parler de l'auteur, de l'écrivain, du romancier. Mais on rappelle aussi que Philippe Hayat, vous êtes connu en tant qu'entrepreneur. Vous êtes vous même à la tête de plusieurs entreprises, d'un fonds d'investissement et d'une association autour de l'entrepreneuriat. Quelle est la définition de votre parcours ? Qui êtes vous ? Philip Hayat.

Philippe Hayat
Je crois que je suis un entrepreneur qui aime transmettre. Il y a plusieurs façons de transmettre. Je transmets auprès des salariés de mes entreprises, je transmets auprès des jeunes, à travers mon association, 100 000 entrepreneurs puisque c'est une association qui fait témoigner des entrepreneurs dans les classes, collèges, lycées pour encourager justement les jeunes à porter un projet qui leur ressemble.
Et puis je transmets par l'écriture. Donc on pourrait dire entrepreneur et qui aime transmettre.

Philippe Chauveau
Un passeur, un passeur, finalement aussi. Le goût de l'entreprenariat pour reprendre ce terme là. D'ou vient il ? Il y a eu aussi l'Essec dans votre parcours. Et puis cette association dont vous parlez 100 000 entrepreneurs. Ce goût, justement, de la transmission. Et puis de l'entreprise. Pourquoi ?

Philippe Hayat
Le goût de l'entrepreneuriat vient, je crois, tout d'abord de racines familiales, puisque on est entrepreneur de père en fils dans la famille. Donc j'ai toujours été éduqué avec cette façon de concevoir la vie qui est de la prendre en main puisque personne ne le fera pour moi. J'ai commencé à donner des cours de création d'entreprise dans des grandes écoles comme l'Essec ou Sciences Po.
Et puis très vite, je me suis dit que c'était bien d'inoculer cette envie d'entreprendre chez les plus jeunes, notamment à partir du collège. D'ou cette association 100 000 entrepreneurs pour aller voir ces jeunes dans leurs classes là ou ils se trouvent. Et par la force du témoignage, par la force de l'exemple, leur dire vous aussi vous pouvez choisir votre vie professionnelle et donner un sens à votre vie tout court en cultivant votre envie, en en faisant un projet, en le portant.

Philippe Chauveau
Vous expliquez que vous. Finalement, le passage de relais s'est fait un peu de façon familiale, mais vous avez eu d'autres, d'autres personnes qui peut être vous ont poussé, vous ont encouragé pour qu'aujourd'hui vous ayez envie à votre tour de transmettre ce que vous avez reçu.

Philippe Hayat
Oui, j'ai rencontré beaucoup d'entrepreneurs. Quand j'ai commencé moi même, jeune entrepreneur, à faire mes premiers pas, j'ai rencontré beaucoup d'entrepreneurs qui m'ont tendu la main, qui m'ont passé les premières commandes, qui m'ont raconté leur expérience et qui m'ont appris surtout que ce n'est pas du tout linéaire. Un parcours d'entrepreneur il faut. Il faut passer par plusieurs échecs avant de réussir, il faut pouvoir accepter l'échec, ce qui n'est pas du tout dans la culture française ni dans la culture scolaire.
On n'est pas formaté non plus pour travailler sur ses forces. On nous reproche nos faiblesses et on n'a de cesse que de nous faire les améliorer à l'école. Mais. Mais l'entrepreneuriat, c'est. Je vais m'appuyer sur mes forces et je vais créer une équipe, composer une équipe qui va pallier mes faiblesses. Et l'entrepreneuriat, c'est ça ? Et finalement, c'est du long terme.
C'est de la réalisation patiente et résiliente.

Philippe Chauveau
Ce que vous nous racontez aujourd'hui brièvement, c'est ce que vous expliquez lors de conférences. Est-ce ce que vous avez appliqué dans votre vie professionnelle et aujourd'hui aussi dans l'association 100 000 entrepreneurs ? Et c'est ce que vous évoquez aussi dans certains de vos ouvrages que vous avez publiés précédemment. Il y a Philippe Hayat, l'entrepreneur.
Mais intéressons nous maintenant à Philippe Hayat, le romancier, parce que ça, c'est un peu inédit. Trois romans déjà à votre actif, Un moment idéal, Le cœur du monde, qui est plus récent, et puis aujourd'hui, La loi du désordre. A quel moment Philippe Hayat, l'entrepreneur, devient t il Philippe Hayat, le romancier ?

Philippe Hayat
Je crois que c'est d'abord à peu près tout le temps écrit, mais je le faisais vraiment comme un hobby ou en parallèle, en marge de ma vie professionnelle, j'ai commencé à écrire des poèmes. Et puis, et puis, quand j'ai monté 100 000 entrepreneurs, je me suis mis à écrire des courts essais à destination des jeunes pour leur donner envie d'entreprendre.
Et donc, en écrivant je me suis mis à écrire tous les jours et les chaque essai l'un après l'autre. Et donc il a fallu que j'apprenne à écrire en parallèle dans mon activité d'entrepreneur, ce qui est très compliqué. Finalement, j'ai trouvé une organisation qui me convient, c'est que j'écris 3 h tôt le matin, tous les matins. Voilà donc en général de 7 h à 10 h.
Et puis je commence ma vie d'entrepreneur après.

Philippe Chauveau
Alors les romans que vous avez évoqué, notamment mon modèle, ce sont des histoires qui sont souvent dures, qui sont souvent dans des périodes du temps, du temps passé, des périodes historiques. Néanmoins, est ce que cette écriture romanesque vous apporte une sorte de respiration ? Est ce que c'est un sas par rapport à votre vie professionnelle ? Est ce que ça vous permet peut être de vous donner un temps à vous ?

Philippe Hayat
Oui, c'est ça à la fois. Ça me donne un temps à moi ou je m'évader. Je tisse mes histoires, mes personnages, mes situations. Mais en même temps, c'est du labeur, c'est beaucoup de labeur, c'est 3 h de travail intense et tous les jours. Et donc c'est finalement de l'évasion, certes, mais dans un cadre de travail très contraignant. Mais ce qui est assez grisant, c'est que finalement, ce sont des cycles très différents.
L'entrepreneuriat, c'est des cycles à court terme, il y a un problème, on propose une solution, on la met en place et on en lit le résultat le lendemain quasiment. Alors que l'écriture, dans ce roman, il y a pas de problème, il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Et puis c'est un temps long. Et puis on s'engage dans une voie.
On ne sait pas vraiment ce que ça va donner. Puis au bout d'un moment, on laisse, on laisse la main aux personnages qui vivent leur propre histoire et qui nous emmène quelque part.

Philippe Chauveau
Et une question qui concerne vos vos trois, vos trois romans en l'occurrence, qui sont maintenant en librairie. Je le disais, ce sont souvent des périodes historiques, des périodes de temps passé. Vous n'avez que vous n'avez pas encore écrit de roman contemporain. Pourquoi est ce un goût pour l'histoire ? Pourquoi ce choix.

Philippe Hayat
Alors... Disons que c'est d'abord le personnage et l'histoire que j'ai envie de vivre qui me qui m'oriente vers une période moment idéal. C'est un jeune garçon dont les parents se sont arrêtés par les Allemands pendant la guerre à Paris, qui se réfugie dans le quartier des Halles, qui apprend à se débrouiller tout seul. Et qui a de onze ans et qui, la nuit, descend dans les Halles de Paris. Dans les années 40, il fait tous les métiers pour pouvoir se nourrir, nourrir sa petite sœur, lui faire l'école. Là, le thème, c'était comment un jeune garçon de quatorze ans trouve la force en lui de s'en sortir alors que tout s'effondre autour de lui dans le corps du monde.
Le thème, c'était Comment un jeune homme qui a un talent s'efforce de l'exprimer alors que tout s'oppose à ce qu'il exprime, et notamment sa maman qui lui dit que la musique, ce n'est pas un métier alors que lui n'a qu'une envie, c'est d'être un joueur de jazz. Et il est à Tunis, il a, il a perdu son père dans des conditions difficiles, il en a perdu la voix et il pense que la clarinette lui redonne une certaine forme de voix.
Et puis les Américains débarquent à Tunis pour libérer la Tunisie pendant la guerre. Là encore, parmi eux, des joueurs de jazz qui remarquent ce talent incroyable et qui l'emmènent avec eux à New York. Et il devient l'un des plus grands artistes de jazz de sa génération.

Philippe Chauveau
Puis là, c'est dans ce nouveau titre On est sur la Première Guerre mondiale, mais alors justement, la Première Guerre mondiale. Pour ce nouveau titre, moment idéal pour les années 30 et les années 40, les djihadistes américains en Tunisie, la fin de la guerre ? A contrario, lorsqu'on est chef d'entreprise, on est dans le quotidien, dans le présent et puis même on se projette dans l'avenir.
En tant que romancier, c'est plus sur le passé que vous écrivez ?

Philippe Hayat
J'écris sur le passé parce que pour moi, c'est des décors, c'est des contextes. Mais les questions que ça pose sont très actuelles.

Philippe Chauveau
Donc finalement, ce serait ça le fil rouge de vos de vos trois romans. En l'occurrence, c'est utilisons. Souvenons nous de notre passé pour construire notre présent, notre avenir.

Philippe Hayat
Absolument, et pour nous poser des questions qui nous tiraillent encore. Comment ? Comme comment s'exprimer ? Comment exprimer une confiance en l'avenir ? Comment garder sa foi ? Comment retrouver des lueurs dans un avenir qui pourrait paraître très sombre puisque, comme une certaine fatalité, la loi du désordre se rappelle à nous tout le temps.

Philippe Chauveau
Votre actualité ? Philippe Hayat, chez Calmann-Lévy. La loi du désordre.

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    Philippe ChauveauDans ce qui est donc votre troisième roman, Philip Hayat La loi du désordre. Vous nous emmenez au tout début de la Première Guerre mondiale. Les tout premiers jours, vraiment, entre fin, entre juillet et septembre 1914. Et puis on va même remonter le temps, puisqu'on va repartir dans l'enfance de Charles et de Jeanne, qui sont les deux héros que nous allons suivre.Pourquoi avoir eu envie d'écrire sur le premier conflit mondial et pourquoi vous êtes vous attardé sur cette période très précise des premiers jours...La loi du désordre de Philippe Hayat - Livre - Suite