Didier Van Cauwelaert

Didier Van Cauwelaert

La femme de nos vies

Portrait 4'44

Bonjour Didier Van Cauwelaert.
Bonjour.
Votre actualité, « La femme de nos vies » chez Albin Michel. Lorsque l'on regarde un peu votre bibliographie, il y a une constante, c'est le regard. Le regard sur l'autre.
Comment une rencontre peut changer un destin, ça a été un petit peu le cas lorsque vous étiez enfant, lorsque vous étiez adolescent, il y a des gens qui vous ont accompagnés, qui vous ont fait découvrir que l'écriture serait votre vie ?
Pourquoi à 8 ans, cette envie, ce besoin d'écrire ? Il y avait une plaie à penser ? Il y avait un besoin d'extérioriser ?
Il y avait une urgence et un enjeu à affronter. Les moyens que j'avais pour affronter ces enjeux, c'était par ce que m'avait passé mon père qui était le virus de l'imaginaire, de l'humour, de l'histoire qu'on raconte et qui modifie la réalité.
Il le faisait à l'oral et moi je l'ai fais à l'écrit, avec l'urgence de me dire parce que je pensais que j'allais perdre mon père très vite. Je me dis, il faut que je fasse un truc énorme qui lui donne envie de vivre, même en fauteuil roulant.
Donc devenir le plus jeune écrivain publié au monde. Comme j'écrivais déjà, j'avais plus qu'a passer en phase active, professionnel, ne plus rien faire d'autre que ça et puis envoyer aux éditeurs. Donc c'est cet enjeu là qui s'est greffé sur l'envie préexistante et le travail déjà entamé.
Recevoir le prix Goncourt pour « Un aller simple » en 1994, vous étiez alors un jeune romancier. Est ce que ça a été, au delà de la satisfaction et de l'encouragement, est ce que ça a pu parfois être aussi un handicap pour la poursuite de votre carrière ?
Alors ça jamais. Ça a été un très beau cadeau, j'ai eu la chance que ça ne m'arrive pas trop tôt. J'avais déjà un public fidèle bien installé, ce qu'il fait qu'il ne m'est pas arrivé le séisme du Goncourt avec les ventes associés,
et après on se retrouve comme avant, et l'année d'après c'est comme Miss France, on a perdu son titre et il y en a d'autres à votre place et vous, vous ne vous retrouvez plus.
C'est arrivé à certains Goncourt qui en ont fait des dépressions réelles, c'est pour ça que mon instinct de conservation m'a dit, dès le lendemain du prix, ça a fini à 3 heures du matin,
j'avais une radio en direct à 7 heures et demie mais je me suis quand même réveillé une demie heure plus tôt que l'heure limite de manière à écrire au moins une page. C'était symbolique et j'ai bien fait.
Plus tard, bien plus tard lorsque l'on fera un livre sur la littérature française des Xxème et XXIème siècle, qu'aimeriez vous que l'on dise de Didier Van Cauwelaert ? Comment pourrait on traduire votre travail ? Votre écriture ?
Quand j'ai l'impression de me surprendre, de faire du neuf, d'autres qui écrivent des thèses sur moi ou font des papiers, se chargent de me prouver que non.
C'est en fait toujours la même thématique mais dans des milieux très différents, des époques variées, des problématiques qui ne sont pas les mêmes parce que je n'ai pas envie de lasser les gens, je n'ai pas envie de me recopier, à chaque fois je cherche la prise de risque.
J'explore des nouveaux territoires mais j'explore ces territoires avec l'homme que je suis même si je dis souvent « je » dans des époques très différentes d'un roman à l'autre. Il y a quand même une vision du monde, une vision des mondes qui est quand même la même.
Vous avez l'impression que vous essayez d'embellir votre monde avec l'écriture ?
Pas de le repeindre dans des couleurs plus chatoyantes, au contraire j'aime bien noircir encore le décor, il n'y a pas besoin de se donner beaucoup de mal d'ailleurs, de manière à montrer comment des forces lumineuses peuvent reprendre le pouvoir sur la noirceur, l'effondrement.
C'est pas du tout une vision angélique ou neuneu des rapports humains et du devenir du monde. C'est simplement que dans les pires époques et dans les pires situations, c'est là que ce qu'il y a de meilleur en nous peut s'exprimer et peut être efficace et en tout cas indispensable.
Puis j'aime bien prendre les gens au fond du gouffre et montrer comment il remonte. Ce en quoi je suis assez marginal parce que la tendance est plus dans cette complaisance à l'effondrement, à la perte d'illusion, à la déchéance et tout ça qui est un matériau plus facile.
Pour les romanciers, disons les choses telle qu'elle sont, il est plus facile d'enfoncer les gens un peu plus au fond du gouffre en racontant des histoires de chutes, de déchéance que de rmontrer comment on remonte ou comment on refait monter les autres.
Ce qui est parfois le meilleur moyen de remonter soi-même.
Merci Didier Van Cauwelaert. Votre actualité chez Albin Michel, ça s'appelle « La femme de nos vies ».

Philippe Chauveau :
Bonjour Didier Van Cauwelaert.

Didier Van Cauwelaert :
Bonjour.

Philippe Chauveau :
Votre actualité, « La femme de nos vies » chez Albin Michel. Lorsque l'on regarde un peu votre bibliographie, il y a une constante, c'est le regard. Le regard sur l'autre. Comment une rencontre peut changer un destin, ça a été un petit peu le cas lorsque vous étiez enfant, lorsque vous étiez adolescent, il y a des gens qui vous ont accompagnés, qui vous ont fait découvrir que l'écriture serait votre vie ? Pourquoi à 8 ans, cette envie, ce besoin d'écrire ? Il y avait une plaie à penser ? Il y avait un besoin d'extérioriser ?

Didier Van Cauwelaert :
Il y avait une urgence et un enjeu à affronter. Les moyens que j'avais pour affronter ces enjeux, c'était par ce que m'avait passé mon père qui était le virus de l'imaginaire, de l'humour, de l'histoire qu'on raconte et qui modifie la réalité. Il le faisait à l'oral et moi je l'ai fais à l'écrit, avec l'urgence de me dire parce que je pensais que j'allais perdre mon père très vite. Je me dis, il faut que je fasse un truc énorme qui lui donne envie de vivre, même en fauteuil roulant. Donc devenir le plus jeune écrivain publié au monde. Comme j'écrivais déjà, j'avais plus qu'a passer en phase active, professionnel, ne plus rien faire d'autre que ça et puis envoyer aux éditeur. Donc c'est cet enjeu là qui s'est greffé sur l'envie préexistante et le travail déjà entamé.

Philippe Chauveau :
Recevoir le prix Goncourt pour « Un aller simple » en 1994, vous étiez alors un jeune romancier. Est ce que ça a été, au delà de la satisfaction et de l'encouragement, est ce que ça a pu parfois être aussi un handicap pour la poursuite de votre carrière ?

Didier Van Cauwelaert :
Alors ça jamais. Ça a été un très beau cadeau, j'ai eu la chance que ça ne m'arrive pas trop tôt. J'avais déjà un public fidèle bien installé, ce qu'il fait qu'il ne m'est pas arrivé le séisme du Goncourt avec les ventes associés, et après on se retrouve comme avant, et l'année d'après c'est comme Miss France, on a perdu son titre et il y en a d'autres à votre place et vous, vous ne vous retrouvez plus. C'est arrivé à certains Goncourt qui en ont fait des dépressions réelles, c'est pour ça que mon instinct de conservation m'a dit, dès le lendemain du prix, ça a fini à 3 heures du matin, j'avais une radio en direct à 7 heures et demie mais je me suis quand même réveillé une demie heure plus tôt que l'heure limite de manière à écrire au moins une page. C'était symbolique et j'ai bien fait.

Philippe Chauveau :
Plus tard, bien plus tard lorsque l'on fera un livre sur la littérature française des Xxème et XXIème siècle, qu'aimeriez vous que l'on dise de Didier Van Cauwelaert ? Comment pourrait on traduire votre travail ? Votre écriture ?

Didier Van Cauwelaert :
Quand j'ai l'impression de me surprendre, de faire du neuf, d'autres qui écrivent des thèses sur moi ou font des papiers, se chargent de me prouver que non. C'est en fait toujours la même thématique mais dans des milieux très différents, des époques variées, des problématiques qui ne sont pas les mêmes parce que je n'ai pas envie de lasser les gens, je n'ai pas envie de me recopier, à chaque fois je cherche la prise de risque. J'explore des nouveaux territoires mais j'explore ces territoires avec l'homme que je suis même si je dis souvent « je » dans des époques très différentes d'un roman à l'autre. Il y a quand même une vision du monde, une vision des mondes qui est quand même la même.

Philippe Chauveau :
Vous avez l'impression que vous essayez d'embellir votre monde avec l'écriture ?

Didier Van Cauwelaert :
Pas de le repeindre dans des couleurs plus chatoyantes, au contraire j'aime bien noircir encore le décor, il n'y a pas besoin de se donner beaucoup de mal d'ailleurs, de manière à montrer comment des forces lumineuses peuvent reprendre le pouvoir sur la noirceur, l'effondrement. C'est pas du tout une vision angélique ou neuneu des rapports humains et du devenir du monde. C'est simplement que dans les pires époques et dans les pires situations, c'est là que ce qu'il y a de meilleur en nous peut s'exprimer et peut être efficace et en tout cas indispensable. Puis j'aime bien prendre les gens au fond du gouffre et montrer comment il remonte. Ce en quoi je suis assez marginal parce que la tendance est plus dans cette complaisance à l'effondrement, à la perte d'illusion, à la déchéance et tout ça qui est un matériau plus facile. Pour les romanciers, disons les choses telle qu'elle sont, il est plus facile d'enfoncer les gens un peu plus au fond du gouffre en racontant des histoires de chutes, de déchéance que de remonter comment on remonte ou comment on refait monter les autres. Ce qui est parfois le meilleur moyen de remonter soi-même.

Philippe Chauveau :
Merci Didier Van Cauwelaert. Votre actualité chez Albin Michel, ça s'appelle « La femme de nos vies ».

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Didier van Cauvealert fait partie de ses quelques auteurs français qui savent réconcilier le grand public et les férus de littérature. Prix Goncourt en 1994, à l'âge de 34ans, avec « Un aller simple », Didier van Cauwelaert avait déjà derrière lui une belle bibliographie entamée en 1982 avec « 20ans et des poussières ». Véritable passeur d'histoire, il a toujours considéré l'écriture comme une vocation et avait décidé dès l'âge de 8 ans qu'il serait romancier. Dans son nouveau titre « La femme de nos vies »,...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Didier van Cauwelaert - Présentation - Suite
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