Françoise Xenakis

Françoise Xenakis

J'aurais dû épouser Marcel

Portrait 4'45
Philippe Chauveau :
Bonjour Françoise Xenakis. Merci de nous recevoir. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre, le 23ème aux éditions Anne Carrière . On va en reparler bien sûr. On vous connaît en tant qu’écrivain, en tant que chroniqueuse littéraire ; le livre finalement a toujours fait partie de votre vie. Vous avez tout de suite su que c’était ça votre vie ?

Françoise Xenakis
Oui, à 9ans, je savais que je serais écrivain. Ma mère avait une bibliothèque, surtout les livres qui étaient cachés par la première rangée, absolument remarquables. Donc je partais chaque midi avec 2 ou 3 livres que je piquais et que je rangeais le soir.

Philippe Chauveau :
C’était une façon d’oublier le quotidien dans lequel vous viviez ?

Françoise Xenakis :
Oui, je n’aimais pas mon quotidien. Donc ça, c’était mon monde. J’ai commencé vers 12 ou 13 ans à écrire des cahiers.

Philippe Chauveau :
Ensuite vous écrivez et vous trouvez un éditeur. Vos livres sont publiés, ils ont un certain succès. Vous l’avez vécue comment, cette entrée dans le milieu de la littérature ?

Françoise Xenakis :
Je ne suis jamais entrée dans aucun milieu. Je vis les choses, et ce qui m’a sauvé, c’est que j’ai épousé un homme qui était pareil. On a jamais compris qu’on avait un peu réussi ; lui il a énormément bien réussi, et moi pas mal. Et on n’en a jamais pris conscience. Vous savez, c’est miraculeux, parce que entre dire je serai écrivain, et se coller à l’écriture, il y a 100 ans !

Philippe Chauveau :
Il y a eu des rencontres déterminantes qui vous ont permis d’avancer ?

Françoise Xenakis :
Non, c’est Xenakis qui m’a forcée. La première fois, il m’a dit : « Qu’est ce que vous aimeriez faire dans la vie mademoiselle? ». Et j’ai dit : « J’aimerais écrire ». Alors il m’a dit : « Il faut prendre un cahier, un crayon, et il faut commencer ».
Il m’avait acheté une petite machine à écrire d’occasion, sur laquelle il n’y avait pas le u ni le s. Cela faisait à chaque fois des trous, et je faisais « brrrrrr ». On vivait rue Clauzel. J’étais sur une petite table, et lui, il était sur une autre. Et puis il me disait : « Où tu vas ? ». Je lui disais : « Je vais faire pipi, tu permets », « non, tu y a déjà été il y a 10minutes » me répondait-il. « Enfin je peux faire pipi ! », « non, ne bouge pas. Ecris. ». Et je faisais « grrrrr ».
Il me disait : « Tu avances ? », « oui j’avance ». Je me couchais très tôt, je m’endormais avant lui, et il regardait en douce mes feuilles. Il voyait bien que je n’écrivais rien, et il se disait : « Si je lui dis, elle arrête », elle dit : « Tu vois bien je suis nulle ». Et un jour je me suis dit : « Il va me demander de le lire, et il n’aura plus aucun respect pour moi. Il va se dire « cette fille est nulle, je me suis trompé » ». Et je me suis mis à l’écrire en un mois et demi. Je savais ce que je voulais écrire, mais je n’arrivais pas à passer à l’acte. C’est le premier le Petit caillou, qui ressemble beaucoup au dernier.

Philippe Chauveau :
Quels sont aussi les auteurs classiques ou contemporains qui vous ont aidée à avancer, qui vous ont donné envie d’avancer en littérature ?

Françoise Xenakis :
C’est Dostoïevski, Tchekhov, beaucoup de Tchekhov. J’adorais son théâtre. J’ai le bruit de ses bouleaux, et quand j’écoute des bouleaux, c’est Tchekhov. Pour moi, le plus grand auteur, elle est morte maintenant, mais c’est Elsa Morante, c’est La Storia. C’est l’un des plus beaux livres. J’ai encore des frissons en vous en parlant. C’est un livre où vous mettez les mains sur les pages, parce que les mots vous tapent dans la gueule

Philippe Chauveau :
Dans votre vie les deux plus belles rencontres c’est celle avec Xenakis et celle avec la littérature ?

Françoise Xenakis :
Oui

Philippe Chauveau :
Est ce que vous avez puisé parfois l’inspiration au contact de son travail, de son art ?

Françoise Xenakis :
La violence de sa musique m’a permis d’aller plus loin dans ma sauvagerie d’écriture.

Philippe Chauveau :
Quels sont les souvenirs qui reviennent le plus, par rapport à votre métier d’écrivain ?

Françoise Xenakis :
Le « ouf » que je fais quand c’est fini. Il y a une espèce de volupté dans les dernières pages. J’ai le cœur qui bat  la chamade quand je finis. D’abord, je suis contente d’avoir fini

Philippe Chauveau :
Mais curieusement vous reprenez la plume pour en écrire un autre ?

Françoise Xenakis :
Et bien, je m’arrange pour avoir déjà une idée de celui que je ferai. Qu’est ce que je vais faire si je n’ai plus l’idée d’écrire ? Je n’aime que ça. Ce n’est pas que j’aime ça, c’est que je ne sais faire que ça !

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre publié aux éditions Anne Carrière
Philippe Chauveau :
Bonjour Françoise Xenakis. Merci de nous recevoir. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre, le 23ème aux éditions Anne Carrière . On va en reparler bien sûr. On vous connaît en tant qu’écrivain, en tant que chroniqueuse littéraire ; le livre finalement a toujours fait partie de votre vie. Vous avez tout de suite su que c’était ça votre vie ?

Françoise Xenakis
Oui, à 9ans, je savais que je serais écrivain. Ma mère avait une bibliothèque, surtout les livres qui étaient cachés par la première rangée, absolument remarquables. Donc je partais chaque midi avec 2 ou 3 livres que je piquais et que je rangeais le soir.

Philippe Chauveau :
C’était une façon d’oublier le quotidien dans lequel vous viviez ?

Françoise Xenakis :
Oui, je n’aimais pas mon quotidien. Donc ça, c’était mon monde. J’ai commencé vers 12 ou 13 ans à écrire des cahiers.

Philippe Chauveau :
Ensuite vous écrivez et vous trouvez un éditeur. Vos livres sont publiés, ils ont un certain succès. Vous l’avez vécue comment, cette entrée dans le milieu de la littérature ?

Françoise Xenakis :
Je ne suis jamais entrée dans aucun milieu. Je vis les choses, et ce qui m’a sauvé, c’est que j’ai épousé un homme qui était pareil. On a jamais compris qu’on avait un peu réussi ; lui il a énormément bien réussi, et moi pas mal. Et on n’en a jamais pris conscience. Vous savez, c’est miraculeux, parce que entre dire je serai écrivain, et se coller à l’écriture, il y a 100 ans !

Philippe Chauveau :
Il y a eu des rencontres déterminantes qui vous ont permis d’avancer ?

Françoise Xenakis :
Non, c’est Xenakis qui m’a forcée. La première fois, il m’a dit : « Qu’est ce que vous aimeriez faire dans la vie mademoiselle? ». Et j’ai dit : « J’aimerais écrire ». Alors il m’a dit : « Il faut prendre un cahier, un crayon, et il faut commencer ».
Il m’avait acheté une petite machine à écrire d’occasion, sur laquelle il n’y avait pas le u ni le s. Cela faisait à chaque fois des trous, et je faisais « brrrrrr ». On vivait rue Clauzel. J’étais sur une petite table, et lui, il était sur une autre. Et puis il me disait : « Où tu vas ? ». Je lui disais : « Je vais faire pipi, tu permets », « non, tu y a déjà été il y a 10minutes » me répondait-il. « Enfin je peux faire pipi ! », « non, ne bouge pas. Ecris. ». Et je faisais « grrrrr ».
Il me disait : « Tu avances ? », « oui j’avance ». Je me couchais très tôt, je m’endormais avant lui, et il regardait en douce mes feuilles. Il voyait bien que je n’écrivais rien, et il se disait : « Si je lui dis, elle arrête », elle dit : « Tu vois bien je suis nulle ». Et un jour je me suis dit : « Il va me demander de le lire, et il n’aura plus aucun respect pour moi. Il va se dire « cette fille est nulle, je me suis trompé » ». Et je me suis mis à l’écrire en un mois et demi. Je savais ce que je voulais écrire, mais je n’arrivais pas à passer à l’acte. C’est le premier le Petit caillou, qui ressemble beaucoup au dernier.

Philippe Chauveau :
Quels sont aussi les auteurs classiques ou contemporains qui vous ont aidée à avancer, qui vous ont donné envie d’avancer en littérature ?

Françoise Xenakis :
C’est Dostoïevski, Tchekhov, beaucoup de Tchekhov. J’adorais son théâtre. J’ai le bruit de ses bouleaux, et quand j’écoute des bouleaux, c’est Tchekhov. Pour moi, le plus grand auteur, elle est morte maintenant, mais c’est Elsa Morante, c’est La Storia. C’est l’un des plus beaux livres. J’ai encore des frissons en vous en parlant. C’est un livre où vous mettez les mains sur les pages, parce que les mots vous tapent dans la gueule

Philippe Chauveau :
Dans votre vie les deux plus belles rencontres c’est celle avec Xenakis et celle avec la littérature ?

Françoise Xenakis :
Oui

Philippe Chauveau :
Est ce que vous avez puisé parfois l’inspiration au contact de son travail, de son art ?

Françoise Xenakis :
La violence de sa musique m’a permis d’aller plus loin dans ma sauvagerie d’écriture.

Philippe Chauveau :
Quels sont les souvenirs qui reviennent le plus, par rapport à votre métier d’écrivain ?

Françoise Xenakis :
Le « ouf » que je fais quand c’est fini. Il y a une espèce de volupté dans les dernières pages. J’ai le cœur qui bat  la chamade quand je finis. D’abord, je suis contente d’avoir fini

Philippe Chauveau :
Mais curieusement vous reprenez la plume pour en écrire un autre ?

Françoise Xenakis :
Et bien, je m’arrange pour avoir déjà une idée de celui que je ferai. Qu’est ce que je vais faire si je n’ai plus l’idée d’écrire ? Je n’aime que ça. Ce n’est pas que j’aime ça, c’est que je ne sais faire que ça !

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre publié aux éditions Anne Carrière

J'aurais dû épouser Marcel Aux Editions Anne Carrière
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Françoise Xenakis publie son 1er roman en 1963, Le petit caillou. Ce premier succès suivi de nombreux autres titres permet à Françoise Xenakis d’acquérir une notoriété qu’elle saura mettre au service de ses pairs en devenant chroniqueuse littéraire pour la télévision et la presse écrite. Epouse du compositeur grec Iannis Xenakis, elle joue avec les mots comme un musicien avec les notes. Prônant une certaine irrévérence, ses livres abordent des sujets de société de façon très drôles. On se souvient de Zut, ...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Françoise Xenakis. Merci de nous recevoir. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre, le 23ème aux éditions Anne Carrière . On va en reparler bien sûr. On vous connaît en tant qu’écrivain, en tant que chroniqueuse littéraire ; le livre finalement a toujours fait partie de votre vie. Vous avez tout de suite su que c’était ça votre vie ? Françoise Xenakis :  Oui, à 9ans, je savais que je serais écrivain. Ma mère avait une bibliothèque, surtout les livres qui...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Françoise Xenakis vous publiez aux éditions Anne Carrière J’aurais dû épouser Marcel. C’est votre 23e ouvrage, et c’est un livre dans lequel vous êtes finalement très présente. Ce sont ces « veuves blanches » dans cette Sologne des années 30. Pourquoi ce livre ? Françoise Xenakis : Ce livre à vrai dire, fait partie d’un autre livre qui sera mon dernier, qui est toute mon enfance en Sologne. Ce pourquoi je suis devenue écrivain. Et puis surtout je me suis rendue compte qu’en 1930,...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - Le livre - Suite
    Michelle Ferradou La Terrasse de Gutenberg 9 rue Emilio Castelar 75012 Pais 01 43 07 42 15 D'abord j'ai lu tous les livres de Françoise Xenakis donc ça me paraît important de le remémorer, donc lorsque « J'aurais dû épouser Marcel » est paru, j'étais très contente qu'il y ait un nouveau livre de Françoise Xenakis. Elle raconte la Sologne à partir de la Guerre de 14, de petites filles de l'assistance publique qui - en fait -devaient épouser de jeunes hommes de villages de Sologne ; mais ils sont en fait partis à la Guerre,...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - L'avis du libraire - Suite