Françoise Xenakis

Françoise Xenakis

J'aurais dû épouser Marcel

Le livre 4'22
Philippe Chauveau :
Françoise Xenakis vous publiez aux éditions Anne Carrière J’aurais dû épouser Marcel. C’est votre 23e ouvrage, et c’est un livre dans lequel vous êtes finalement très présente. Ce sont ces « veuves blanches » dans cette Sologne des années 30. Pourquoi ce livre ?

Françoise Xenakis :
Ce livre à vrai dire, fait partie d’un autre livre qui sera mon dernier, qui est toute mon enfance en Sologne. Ce pourquoi je suis devenue écrivain. Et puis surtout je me suis rendue compte qu’en 1930, quand je suis née à la clinique de Blois, mais je suis revenue au bout de 8 jours dans mon petit village, c’était le Moyen Age.

Philippe Chauveau :
Nous sommes en Sologne dans les années 30. Ce sont des nouvelles, avec différents personnages

Françoise Xenakis :
Que j’ai prélevées d’un livre où il y aura un tout. Et ça c’est mes petites vachères, mais devenue grandes.

Philippe Chauveau :
Ce sont ces femmes que l’on appelait les « veuves blanches »

Françoise Xenakis :
C’est ça. Parce que mes petites vachères elles venaient pratiquement toutes de l’assistance publique. Il y avait un car, deux fois par an, qui déversait des gosses qui sentaient le fauve, vers minuit, devant la mairie. Avec une loupiotte, on allait les chercher, ils avaient leur petit sac avec des sabots, une petite capuche bleue. Et les filles devenaient vachères, avec obligation de venir à l’école quand un œil leur tombait. Moi, je les ai connues à 6 ou 7 ans, mais elles, elles étaient des jeunes filles ; donc elles se mettaient presque toutes, on disait « mise à la colle » au village les vieilles, avec un garçon de l’assistance publique, en général celui qui vivait dans la ferme où elle vivait. Ils n’allaient pas chercher loin leurs amours les gens de campagne. Donc ils sont partis à la guerre, beaucoup ne sont pas revenus, parce que les orphelins de l’assistance publique, ils étaient au premier rang à toutes les guerres.

Philippe Chauveau :
Et donc ces femmes…

Françoise Xenakis :
Elles se sont retrouvées sans rien. Elles n’étaient même pas mariées avec eux, donc pas de petite pension, pas d’enfant parce qu’ils étaient très jeunes. L’avortement était un sport national dans les campagnes solognotes.

Philippe Chauveau :
C’était aussi une façon de rendre hommage à votre région ?

Françoise Xenakis :
Oui, à ceux qui sont morts pour rien, à ceux dont on ne connaissait même pas le nom, des petits gosses de l’assistance publique. Personne ne se demandait qui avait été leur mère, personne ne leur parlait.

Philippe Chauveau :
Il y a des passages qui sont très drôles, et d’autres très douloureux…

Françoise Xenakis :
Atroces ! C’est une terre de misère, une terre de sorcier. La vie n’est pas douce en Sologne. Maintenant ils ont tous des jolies petites villas, ils ont 3 ou 4 voitures devant, ils s’en vont quand ils veulent. Ce ne sont plus des solognots !

Philippe Chauveau :
C’est un livre pour lequel vous avez, hormis le fait que ce soit le dernier en date, une certaine affection parce que c’est votre enfance ?

Françoise Xenakis :
Oui, et puis avec mes airs de tout dire je suis quelqu’un d’assez pudique. Je trouve que j’en dis déjà beaucoup, et dans le prochain alors n’en parlons pas…

Philippe Chauveau :
Un mot aussi sur cette couverture. Elle est assez plaisante, on la doit à Hélène Crochemore pour l’illustration. Pourquoi ce titre J’aurais dû épouser Marcel ?

Françoise Xenakis :
C’est une blague, avec ma fille, mon gendre et mes petits-enfants, et avant avec Xenakis. On va en Corse tout l’été. Et là-bas, il y a un mec à tout faire, mais qui est un mec à rien faire, parce qu’il viendra toujours tondre votre herbe, il viendra toujours élaguer vos arbres, mais il ne vient jamais. Donc c’était devenu une formule à la maison quand Xenakis faisait mal quelque chose, parce que je lui demandais toujours de mettre des grillages autour de mes deux petits géraniums blancs, ou un petit lys blanc ; j’aime les fleurs blanches. Et lui aimait beaucoup les vaches et les chèvres qui venaient. Donc je me faisais quand même bouffer mon géranium blanc. Et à chaque fois je lui disais : « Si j’avais épousé Marcel, j’aurais eu mon grillage », que je n’aurais d’ailleurs pas plus eu qu’avec lui.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis, J’aurais dû épouser Marcel, votre nouveau livre, aux éditions Anne Carrière.
Philippe Chauveau :
Françoise Xenakis vous publiez aux éditions Anne Carrière J’aurais dû épouser Marcel. C’est votre 23e ouvrage, et c’est un livre dans lequel vous êtes finalement très présente. Ce sont ces « veuves blanches » dans cette Sologne des années 30. Pourquoi ce livre ?

Françoise Xenakis :
Ce livre à vrai dire, fait partie d’un autre livre qui sera mon dernier, qui est toute mon enfance en Sologne. Ce pourquoi je suis devenue écrivain. Et puis surtout je me suis rendue compte qu’en 1930, quand je suis née à la clinique de Blois, mais je suis revenue au bout de 8 jours dans mon petit village, c’était le Moyen Age.

Philippe Chauveau :
Nous sommes en Sologne dans les années 30. Ce sont des nouvelles, avec différents personnages

Françoise Xenakis :
Que j’ai prélevées d’un livre où il y aura un tout. Et ça c’est mes petites vachères, mais devenue grandes.

Philippe Chauveau :
Ce sont ces femmes que l’on appelait les « veuves blanches »

Françoise Xenakis :
C’est ça. Parce que mes petites vachères elles venaient pratiquement toutes de l’assistance publique. Il y avait un car, deux fois par an, qui déversait des gosses qui sentaient le fauve, vers minuit, devant la mairie. Avec une loupiotte, on allait les chercher, ils avaient leur petit sac avec des sabots, une petite capuche bleue. Et les filles devenaient vachères, avec obligation de venir à l’école quand un œil leur tombait. Moi, je les ai connues à 6 ou 7 ans, mais elles, elles étaient des jeunes filles ; donc elles se mettaient presque toutes, on disait « mise à la colle » au village les vieilles, avec un garçon de l’assistance publique, en général celui qui vivait dans la ferme où elle vivait. Ils n’allaient pas chercher loin leurs amours les gens de campagne. Donc ils sont partis à la guerre, beaucoup ne sont pas revenus, parce que les orphelins de l’assistance publique, ils étaient au premier rang à toutes les guerres.

Philippe Chauveau :
Et donc ces femmes…

Françoise Xenakis :
Elles se sont retrouvées sans rien. Elles n’étaient même pas mariées avec eux, donc pas de petite pension, pas d’enfant parce qu’ils étaient très jeunes. L’avortement était un sport national dans les campagnes solognotes.

Philippe Chauveau :
C’était aussi une façon de rendre hommage à votre région ?

Françoise Xenakis :
Oui, à ceux qui sont morts pour rien, à ceux dont on ne connaissait même pas le nom, des petits gosses de l’assistance publique. Personne ne se demandait qui avait été leur mère, personne ne leur parlait.

Philippe Chauveau :
Il y a des passages qui sont très drôles, et d’autres très douloureux…

Françoise Xenakis :
Atroces ! C’est une terre de misère, une terre de sorcier. La vie n’est pas douce en Sologne. Maintenant ils ont tous des jolies petites villas, ils ont 3 ou 4 voitures devant, ils s’en vont quand ils veulent. Ce ne sont plus des solognots !

Philippe Chauveau :
C’est un livre pour lequel vous avez, hormis le fait que ce soit le dernier en date, une certaine affection parce que c’est votre enfance ?

Françoise Xenakis :
Oui, et puis avec mes airs de tout dire je suis quelqu’un d’assez pudique. Je trouve que j’en dis déjà beaucoup, et dans le prochain alors n’en parlons pas…

Philippe Chauveau :
Un mot aussi sur cette couverture. Elle est assez plaisante, on la doit à Hélène Crochemore pour l’illustration. Pourquoi ce titre J’aurais dû épouser Marcel ?

Françoise Xenakis :
C’est une blague, avec ma fille, mon gendre et mes petits-enfants, et avant avec Xenakis. On va en Corse tout l’été. Et là-bas, il y a un mec à tout faire, mais qui est un mec à rien faire, parce qu’il viendra toujours tondre votre herbe, il viendra toujours élaguer vos arbres, mais il ne vient jamais. Donc c’était devenu une formule à la maison quand Xenakis faisait mal quelque chose, parce que je lui demandais toujours de mettre des grillages autour de mes deux petits géraniums blancs, ou un petit lys blanc ; j’aime les fleurs blanches. Et lui aimait beaucoup les vaches et les chèvres qui venaient. Donc je me faisais quand même bouffer mon géranium blanc. Et à chaque fois je lui disais : « Si j’avais épousé Marcel, j’aurais eu mon grillage », que je n’aurais d’ailleurs pas plus eu qu’avec lui.

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis, J’aurais dû épouser Marcel, votre nouveau livre, aux éditions Anne Carrière.

J'aurais dû épouser Marcel Aux Editions Anne Carrière
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Françoise Xenakis publie son 1er roman en 1963, Le petit caillou. Ce premier succès suivi de nombreux autres titres permet à Françoise Xenakis d’acquérir une notoriété qu’elle saura mettre au service de ses pairs en devenant chroniqueuse littéraire pour la télévision et la presse écrite. Epouse du compositeur grec Iannis Xenakis, elle joue avec les mots comme un musicien avec les notes. Prônant une certaine irrévérence, ses livres abordent des sujets de société de façon très drôles. On se souvient de Zut, ...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Françoise Xenakis. Merci de nous recevoir. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre, le 23ème aux éditions Anne Carrière . On va en reparler bien sûr. On vous connaît en tant qu’écrivain, en tant que chroniqueuse littéraire ; le livre finalement a toujours fait partie de votre vie. Vous avez tout de suite su que c’était ça votre vie ? Françoise Xenakis :  Oui, à 9ans, je savais que je serais écrivain. Ma mère avait une bibliothèque, surtout les livres qui...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - Portrait - Suite
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    Michelle Ferradou La Terrasse de Gutenberg 9 rue Emilio Castelar 75012 Pais 01 43 07 42 15 D'abord j'ai lu tous les livres de Françoise Xenakis donc ça me paraît important de le remémorer, donc lorsque « J'aurais dû épouser Marcel » est paru, j'étais très contente qu'il y ait un nouveau livre de Françoise Xenakis. Elle raconte la Sologne à partir de la Guerre de 14, de petites filles de l'assistance publique qui - en fait -devaient épouser de jeunes hommes de villages de Sologne ; mais ils sont en fait partis à la Guerre,...J'aurais dû épouser Marcel de Françoise Xenakis - L'avis du libraire - Suite