Michèle Barrière

Michèle Barrière

Innocent breuvage

Portrait 6'09

Philippe Chauveau :
Bonjour Michèle Barrière. Vous êtes doublement présente en libraire actuellement, avec Quentin du Mesnil, votre héros, que l'on retrouve dans « Innocent breuvage » chez Lattès et puis cet autre livre aux éditions Les arène, « La France à table ». Mais avant de parler de tout cela, j'aimerais que l'on fasse connaissance, même si les lecteurs vous connaissent depuis 2006. J'ai l'impression que vous avez réussi à concilier deux passions : l'écriture et votre goût pour la cuisine et l'histoire de l'alimentation ?

Michèle Barrière :
Oui, c'est ça et c'est surtout l'Histoire et la cuisine, parce qu'à l'origine, je suis historienne de l'alimentation et c'est vrai que c'est un sujet passionnant. Je me suis dit que je devais faire connaître à un plus vaste public, à la fois, tous ces cuisiniers qui ont formé notre goût, du XIII ème, du XIVème siècle, mais sous une forme un petit peu sympathique. Et ce moyen a été pour moi le roman et l'écriture.

Philippe Chauveau :
Et vous avez choisi plus spécifiquement l'écriture de polar, vos intrigues sont toujours liées à un meurtre, à un crime ou à une mort en tout cas.

Michèle Barrière :
Oui parce que le meurtre fait bouger les choses et c'est vrai que je suis une grande lectrice de polar. Parce qu'à chaque fois on découvre un milieu, un pays car ce sont des descriptions très réalistes d'une société à un moment donné. Me concernant, peut-être qu'il vaudrait mieux dire « aventure », même si ce terme a disparu de notre catalogue, c'est peut-être trop populaire...
Parce que concernant le terme « polar », on ne peut pas dire que la police au XIVème siècle soit particulièrement efficace !

Philippe Chauveau :

Alors avant de parler de vos romans, « historienne de l'alimentation », ça veut dire quoi ? Quel est précisément votre activité et surtout pourquoi avez-vous été amenée à vous intéresser à l'histoire de l'alimentation ?

Michèle Barrière :
C'est une discipline universitaire qui n'est pas si vielle que cela, puisque c'est Jean-Louis Flandrin, professeur d'université qui a été le premier à s'intéresser à ce qu'il y avait véritablement dans l'assiette et non pas à l'alimentation qui touchait les disettes, les famines, les nombres de morts. Il s'intéressait vraiment aux livres de cuisine, les manières de manger et ça, c'était dans les années 1970. J'ai eu la chance de participer à un de ses cours, et pour moi c'était génial parce que j'avais l'impression de rentrer dans la vraie Histoire, de savoir comment les gens se comportaient et comme ils sentaient.

Philippe Chauveau :
Est-ce qu'il y a quand même des points communs entre la cuisine du Moyen-âge et celle d'aujourd'hui, en France et dans d'autres pays.

Michèle Barrière :
Curieusement oui ! Et vous faites bien de prendre l'exemple du Moyen-âge, parce qu'on croit que c'est une cuisine lourde, avec cette histoire du bœuf qui rôtit dans la cheminée. Déjà, à l'époque on ne mangeait pas son outil de travail et le bœuf est un outil de travail. Mais c'était une cuisine qui au contraire était très légère, qui privilégiait les goûts acides, le sucré-salé et donc des saveurs qui sont presque exotiques, qui relèvent plus de la cuisine asiatique ou du Moyen-Orient.

Philippe Chauveau :
Une question encore Michèle Barrière, quel regard portez-vous et comment analysez-vous l'évolution de la cuisine ?

Michèle Barrière :
Ce que je trouve fabuleux c'est l'accès aux produits les plus incroyables et les plus lointains, quand on voit toute la gamme d'agrumes disponible ou toutes les épices, je trouve cela magnifique. Après, mon grand souci, ce n'est pas sur la créativité mais sur la qualité des produits. L'agro-industrie, les pesticides, toutes ces choses abominables, qui me rendent malade rien que d'y penser , parce qu'on parle de la survie de notre planète. Je suis aussi attentive à la biodiversité, parce que quand vous n'aurez plus que deux variétés de pommes au lieu des 500 qui existent, pour moi la diversité dans l'assiette, c'est aussi la diversité dans la tête et donc, si l'on tue l'une on va tuer l'autre et donc je suis très attentive à ces problèmes-là.

Philippe Chauveau :
Double actualité en ce qui vous concerne Michèle Barrière. Il y a donc Quentin du Mesnil que l'on retrouve dans « Innocent breuvage » chez JC Lattès et cet autre livre aux éditions Les arènes, « La France à table ».

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  • Comme moi, vous aimez lire et vous aimez la bonne cuisine. Comme moi, vous ne pouvez qu'apprécier le travail de Michèle Barrière. Et si vous ne la connaissez pas encore, allez-y, l'essayer, c'est l'adopter. Depuis 2006, Michèle Barrière régale ses lecteurs avec ses polars historiques bien ficelés dans lesquels elle distille habilement ses connaissances gastronomiques. Car Michèle Barrière est avant tout historienne de l'alimentation et elle connait sur le bout des doigts l'évolution de la cuisine et des habitudes alimentaires au...Du 28 au 29 Mai 2016 de Michèle Barrière - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Michèle Barrière. Vous êtes doublement présente en libraire actuellement, avec Quentin du Mesnil, votre héros, que l'on retrouve dans « Innocent breuvage » chez Lattès et puis cet autre livre aux éditions Les arène, « La France à table ». Mais avant de parler de tout cela, j'aimerais que l'on fasse connaissance, même si les lecteurs vous connaissent depuis 2006. J'ai l'impression que vous avez réussi à concilier deux passions : l'écriture et votre goût pour la cuisine et l'histoire de...Du 28 au 29 Mai 2016 de Michèle Barrière - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Michèle Barrière, nous avions fait connaissance avec vous en librairie en 2006, avec le premier tome de la saga des Savoisy. Les Savoisy, c'était une famille que l'on suivait de siècle en siècle, de génération en génération, ils étaient tous confrontés à des intrigues dans le milieu de la cuisine. Et puis maintenant c'est Quentin du Mesnil, avec sa quatrième aventure. L'histoire se passe à la Renaissance, Quentin du Mesnil  est le maitre d'hôtel de François 1er. Pourquoi avoir choisi cette période et...Du 28 au 29 Mai 2016 de Michèle Barrière - Livre - Suite
    « C'est nous qui l'avons découverte, il y a une dizaine d'année, et je suis un inconditionnel de Michèle Barrière parce qu'elle allie le côté suspense et la gastronomie. C'est une des rares à faire des polars savoureux. Les points fort du roman c'est justement cette alliance avec la gastronomie, c'est à dire qu'elle vous donne des recettes de cuisine à la fin du roman. Et puis c'est une spécialiste du polar, elle a ce côté absolument fin, délicat et cet aspect historique, qui fait qu'à la fin du roman on en sait plus.Ce...Du 28 au 29 Mai 2016 de Michèle Barrière - L'avis du libraire - Suite