Olivier Dorchamps

Olivier Dorchamps

Fuir l'Eden

Portrait 00'06'30"

Philippe Chauveau :
Bonjour Olivier Dorchamps.


Olivier Dorchamps :
Bonjour.

Philippe Chauveau :
Vous êtes dans l'actualité avec ce qui est votre deuxième roman. Fuir l'Éden. C'est aux éditions Finitude. On vous avait découvert à l'automne 2019 pour la sortie de votre premier titre, Ceux que je suis, qui avait été un très beau succès de librairie, succès auprès des critiques, livre primé à plusieurs reprises. Mais il y a eu un autre Olivier Dorchamps avant, puisque finalement l'écriture fait partie de votre vie mais vous avez été un autre homme avant. Pourquoi avoir eu envie, à un moment donné de votre vie, de devenir romancier ? Qu'est-ce qui déclenche cette envie ?

Olivier Dorchamps :
Sans doute un rêve d'enfance, mais qui n'était jamais concrétisé parce que j'ai fait des études de droit, donc pas du tout littéraire. Et à un moment, la crise de la quarantaine survient et on se dit : "Il faut au moins que je tente d'écrire un roman, mais je l'écris pour moi le premier, ce roman là." Le manuscrit, je l'ai écrit pour satisfaire un besoin, une envie. Et c'est en le faisant lire à une amie que j'ai décidé de l'envoyer à des éditeurs. Et finalement, il a été publié.

Philippe Chauveau :
Avec le succès que l'on sait. Vous parlez de la crise, de la quarantaine, de cette envie de concrétiser peut-être un rêve de gamin, c'est-à-dire ? Avant l'écriture, il vous manquait une corde à votre arc. Vous vous êtes accompli ?

Olivier Dorchamps :
Oui, mais vous savez, tout dans la vie est une question de confiance en soi. Et j'admire toujours les gens qui savent exactement ce qu'ils vont faire de leur vie. Après, je pense qu'ils ont aussi d'autres crises existentielles. Mais quand un pianiste à huit ans a déjà une carrière toute tracée devant lui, je pense que de trouver son don, en fait, c'est une chance dans la vie et moi peut-être que j'avais un don ou en tout cas peut-être un peu plus de talent que d'autres pour l'écriture. Mais je n'avais pas suffisamment confiance en moi pour me le révéler.

Philippe Chauveau :
Vous avez l'impression justement que la concrétisation de ce premier roman vous a donné davantage confiance ? Vous a révélé autre que vous ne pensiez être ?


Olivier Dorchamps :
Oui, et tout était une surprise. À chaque fois que j'avais une interview, j'allais en librairie parler du roman et que les gens revenaient avec des retours très positifs. Pour moi, c'était une petite surprise. À chaque fois, je m'étonnais que ça puisse plaire. Et ce succès, justement, me donne encore plus d'armes pour continuer. Peut-être que j'écrirai un troisième...

Philippe Chauveau :
Et à titre personnel, avez-vous l'impression qu'il y a un lien finalement entre le fait d'avoir exercé une profession dans le droit et ensuite une autre profession dans le monde de l'entreprise ? Et aujourd'hui romancier ? Est-ce que ce sont des choses qui restent dans des cases ou est-ce qu'il y a un fil conducteur dans tout cela ? Est-ce qu'il y a un lien ?

Olivier Dorchamps :
Les mots, je pense, c'est les mots. Et puis les rencontres aussi. Parce que dans mon ancien métier, j'étais avocat. Et puis après, j'ai monté une entreprise. On voit des gens de milieux différents. Si on a un minimum d'empathie, on s'intéresse à leur vie, on leur pose des questions. Quand j'étais chef d'entreprise, j'avais plusieurs employés qui travaillaient pour moi et je ne peux pas dire qu'on était une famille, mais je m'intéressais aussi à leur vie personnelle. Donc de s'intéresser à l'autre, finalement conduit à écrire sur les gens et leurs vrais problèmes.

Philippe Chauveau :
C'est intéressant parce que si je vous écoute, vous nous parlez d'échanges, de contacts, de dialogue. Et en même temps, quand on prend la plume, on est très seul, même si on invente des personnages, si on invente des vies. Là, vous vous mettez entre parenthèses pendant l'écriture ?

Olivier Dorchamps :
Oui, en fait, l'activité d'écrire est très schizophrène parce que pendant six mois, un an, on est seul dans son écriture, mais pas seulement physiquement dans une pièce à écrire, mais même mentalement. Vous savez, vivre avec un écrivain, c'est très difficile parce qu'il y a ces moments, en tout cas avec moi, le matin, je me lève, je suis dans ma bulle et si on me parle, je dis "non mais je suis avec mon personnage, ne me parlez pas" et je pense que l'activité est justement schizophrène parce qu'ensuite, à la promotion, on voit énormément de gens, les lecteurs, les libraires, les journalistes et il faut s'adapter. Il faut arriver à sortir d'un monde pour arriver dans l'autre et ce n'est pas toujours facile.


Philipe Chauveau :
Pour continuer à comprendre un peu ce qui vous a amené à tout cela. Avant d'être écrivain, on est aussi lecteur. Quelles ont été les influences littéraires ? Quels sont les livres que l'on trouve sur votre table de chevet ? Y a-t-il des titres qui vous ont fait grandir ?

Olivier Dorchamps :
Ah oui, forcément. Je pense que c'est assez galvaudé de dire ça, mais Romain Gary a été assez fondamental pour moi parce que j'ai compris avec lui qu'on pouvait écrire sur les émotions dans une langue simple et que plus la langue était simple, plus l'émotion était forte. Et c'est quelque chose que je m'efforce de faire dans mon écriture aussi. Et puis le grand choc littéraire, pour moi, c'est Dostoïevski. Je crois même, peut-être, que les gens vont m'en vouloir de dire ça, mais je pense qu'on ne peut pas être écrivain sans avoir lu Dostoïevski, parce que dès l'instant où on a lu Crime et Châtiment notamment, on se rend compte que la construction du roman est presque plus importante que l'histoire et qu'il faut se focaliser sur un personnage. Et le personnage donne toute l'histoire. Pour moi, ça se lit comme un polar. Les personnages sont extrêmement bien construits. Il y a une vraie architecture de l'écriture et on apprend à écrire en lisant Dostoïevski. Donc, s'il y a un auteur à qui je dois rendre hommage aujourd'hui, c'est Dostoievski.

Philippe Chauveau :
C'est votre deuxième roman. Vous êtes en promotion, vous allez en librairie, vous rencontrez vos lecteurs. Dans quel état d'esprit êtes-vous face à tout cela ? Vous prenez tout ce bonheur qui vous est donné. Vous avez de l'appréhension pour la suite ? Quel est votre ressenti ?

Olivier Dorchamps :
Oui, je prends tout ce qui vient. Comme je vous disais tout à l'heure, comme une surprise, une bonne surprise. Je ne m'attends jamais à rien. Et quand je vais en librairie et que les gens me disent qu'ils ont aimé le livre, et souvent après ils lisent le premier, en deuxième. Parfois, il y en a qui ont lu les deux. Mais je ressens une communication entre les lecteurs et moi à travers les personnages et finalement, c'est le trio parfait en littérature, quand ce que moi j'ai ressenti, parce que tout part d'une émotion dans mon écriture, si cette émotion, à travers mes personnages et le filtre de la vie de mes lecteurs arrive à les toucher, c'est jouissif. C'est plus qu'un pari réussi. C'est une communication au-delà de la communication physique et c'est fabuleux. Je crois qu'il n'y a que la littérature, sans doute la musique aussi, qui peut offrir ça.

Philippe Chauveau :
Votre actualité Olivier Dorchamps, Fuir l'Éden. C'est aux éditions Finitude.

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  • LIVRE
  • En 2019, Olivier Dorchamps nous avait bouleversés avec son premier roman, « Ceux que je suis », l’histoire du jeune Marwan, parfaitement intégré à sa vie française mais chargé d’accompagner la dépouille de son père jusqu’au Maroc. Le livre avait connu un beau succès critique, intégrant plusieurs prix littéraires et recommandé par les libraires. Trois ans après, voici le nouveau roman d’Olivier Dorchamps, « Fuit l’Eden ». D’origine franco-britannique, on ne s’étonnera pas que l’auteur ait choisi de...Fuir l'Eden d'Olivier Dorchamps - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau :Fuir l'Eden, c'est donc votre actualité, votre deuxième roman Olivier Dorchamps avec cette couverture et cet immeuble, ce fameux immeuble Éden. Je rappelle que vous êtes d'origine franco britannique, ce qui veut dire que vous connaissez bien la Grande-Bretagne et notamment la ville de Londres. Vous avez choisi d'y situer l'action de votre nouveau roman. On va croiser Adam. Adam il a 17 ans, il vit justement dans cet immeuble. Adam il a été un peu cabossé par la vie et on va le suivre pendant huit années avec des...Fuir l'Eden d'Olivier Dorchamps - Livre - Suite