Philippe Chauveau : Bonjour Bernard Foglino, vous êtes dans l'actualité avec ce nouveau titre chez Buchet Chastel : Equinoxes. C'est déjà votre cinquième titre, on va faire un peu connaissance avant d'entrer plus précisément dans ce nouvel ouvrage. Il y a d'abord eu le domaine de la finance, vous avez beaucoup évolué dans cet univers là et puis il y a l'écriture qui est présente depuis plusieurs années maintenant dans votre vie. Comment l'écriture arrive-t-elle dans votre existence ?
Bernard Foglino : Elle arrive à la...
Equinoxes de Bernard Foglino - Portrait - Suite
Philippe Chauveau : Avec ce cinquième titre chez Buchet Chastel, « Equinoxes », vous nous amenez sur le bassin d'Arcachon. Vous allez nous présenter quatre personnages, il y a Mike, Paul, Eddie et Frankie. Ces quatre amis se connaissent bien, ils ont fait les quatre cent coups ensemble et ils vont se retrouver par les hasards de la vie. On va se poser la question de savoir si ces retrouvailles étaient les bienvenues. Qui sont-ils ces personnages, comment sont ils nés dans votre imagination ?
Bernard Foglino : Ce sont des...
Equinoxes de Bernard Foglino - Livre - Suite
Bernard Foglino
Equinoxes
Présentation 2'07"Bernard Foglino
Equinoxes
Portrait 5'36"Philippe Chauveau : Bonjour Bernard Foglino, vous êtes dans l'actualité avec ce nouveau titre chez Buchet Chastel : Equinoxes. C'est déjà votre cinquième titre, on va faire un peu connaissance avant d'entrer plus précisément dans ce nouvel ouvrage. Il y a d'abord eu le domaine de la finance, vous avez beaucoup évolué dans cet univers là et puis il y a l'écriture qui est présente depuis plusieurs années maintenant dans votre vie. Comment l'écriture arrive-t-elle dans votre existence ?
Bernard Foglino : Elle arrive à la suite d'une longue maturation et puis d'un incident très particulier. J'ai toujours été un gros lecteur et je savais qu'un jour ou l'autre, je me mettrais à écrire. Mais c'est une idée que je repoussais.
Philippe Chauveau : Vous ne vous sentiez pas légitime ?
Bernard Foglino : Non ce n'est pas ça, c'est plutôt une forme de procrastination. Un jour, quand j'avais une trentaine d'années environ, je travaillais et j'ai eu une espèce de malaise, ce qui s'appelle une crise de tachycardie et je ne savais pas du tout ce que c'était. Je me suis retrouvé dans une ambulance puis dans un service d'urgence d'hôpital. Pendant quelques minutes, j'ai cru que ma vie était finie et j'ai pensé à tout ce que je n'avais pas fait dans ma vie et je me suis dit « si je m'en sors, il serait peut-être temps que je me mette à écrire ». Quand je suis sorti, c'est à ce moment là que j'ai commencé à écrire.
Philippe Chauveau : Vous êtes un grand lecteur. Quels sont les titres qui vous ont marqué et qui vous accompagnent encore aujourd'hui ?
Bernard Foglino : Il y en a beaucoup vous savez ! J'ai commencé très trop. Il y a les auteurs qui m'ont ravis et il y a les auteurs qui m'ont donné envie d'écrire. Un des premiers auteurs qui m'a donné envie d'écrire et qui m'a totalement fasciné c'est Richard Brautigan avec « La pêche à la truite en Amérique », « Un privé à Babylone », et surtout un livre que je relis régulièrement et que je trouve magnifique et superbement construit qui est « Mémoires sauvées du vent ». Et je déniche des choses donc j'ai lu aussi Virginia Woolf, récemment Stéphane Rossman, « Vie et destin », Georges Picard... Je ne suis pas quelqu'un de méthodique. Je prend les choses qui me plaisent, ça peut être aussi bien des essais, de la littérature, de la science fiction... et quand je tombe sur quelque chose qui m'intéresse, je m'y attache et j'adore trouver un auteur que je ne connais pas, un peu comme si je trouvais une mine.
Philippe Chauveau : En 2006, il y a votre premier titre « Le théâtre des rêves ». Lorsque vous voyez cet ouvrage pour la première fois dans la vitrine d'une libraire, que ressentez-vous, qu'éprouvez-vous ?
Bernard Foglino : Un grand bonheur parce que c'est énormément de travail, avant d'arriver à publier ce livre. J'ai envoyé des manuscrits à des maisons d'édition, je fais partie de ces auteurs publiés par la poste, grâce à Buchet Chastel. Le théâtre des rêves est mon troisième texte. J'ai écrit deux manuscrits précédemment et j'ai essuyé des refus des maisons d'éditions. Donc quand celui là est publié, c'est une forme d'aboutissement. Très vite, une fois que le livre est fini, imprimé, il se passe quelque chose d'assez bizarre, il y a quelque chose de triste, le livre est sur un rayonnage, il ne bougera plus, c'est fini d'une certaine manière, c'est une chose un peu morte. C'est très marrant parce que pour le lecteur, c'est quelque chose de nouveau parce que le livre vient de sortir, mais pour moi c'est déjà quelque chose qui est derrière.
Philippe Chauveau : Je reprends l'un de vos autres titres, « Bienvenue dans la vraie vie », où vous évoquez le monde de la finance qui a fait partie de votre vie. C'est important pour vous que votre expérience personnelle transparaisse plus ou moins dans certains de vos romans ?
Bernard Foglino : Disons que ce que j'essaie de mettre dedans, et si l'auteur a une fonction, c'est peut-être celle là, c'est de montrer la perception que l'on peut avoir du réel et quand je travaillais dans ce milieu là , j'avais une perception des choses un peu différente de qu'on peut attribuer dans ce milieu.
Philippe Chauveau : L'écriture vous permet-elle de prendre un peu de distance par rapport à ce monde qui nous entoure et à votre propre monde à vous ?
Bernard Foglino : C'est une façon de fixer des choses mouvantes en moi, qui sont mal définies, que je sens autour de moi, des choses que j'aperçois ou que je ressens. Les fixer sur le papier c'est peut-être une manière de les fixer justement !
Philippe Chauveau : Votre actualité, Bernard Foglino chez Buchet Chastel : Equinoxes.
Bernard Foglino
Equinoxes
Livre 6'16"Philippe Chauveau : Avec ce cinquième titre chez Buchet Chastel, « Equinoxes », vous nous amenez sur le bassin d'Arcachon. Vous allez nous présenter quatre personnages, il y a Mike, Paul, Eddie et Frankie. Ces quatre amis se connaissent bien, ils ont fait les quatre cent coups ensemble et ils vont se retrouver par les hasards de la vie. On va se poser la question de savoir si ces retrouvailles étaient les bienvenues. Qui sont-ils ces personnages, comment sont ils nés dans votre imagination ?
Bernard Foglino : Ce sont des personnages qui sont en fait des « patchwork » de gens que j'ai connus, inspirés de personnalités de gens que j'ai croisés quand j'étais étudiant. Si il y a un personnage dans lequel je peux m'investir plus que les autres, c'est le narrateur. Effectivement, j'ai eu des amis qui pouvaient ressembler à ces personnes là.
Philippe Chauveau : Paul, Mike, Frankie ont construit leurs vies, ils ont réussi. Eddie a choisi de rester en retrait, c'est peut être celui qui a choisi de rester le plus au contact de la nature, de se construire un univers bien à lui. Pourquoi est-il en marge ?
Bernard Foglino : On a trois personnages originaires de la même région et qui sont partis, Eddie est resté. Dans la région d'Arcachon-Bordeaux-Cap Ferret dans les années 80. Eddie vient d'une famille d'ostréiculteur et il a choisi de rester, de récupérer l'exploitation de ses parents. Les trois autres sont comme tous les jeunes gens, leurs diplômes en poche, ils ont envie de vivre, ils s'imaginent qu'un grand destin les attendent. C'est la période de la vie où on se sent immortel, donc ils y vont.
Philippe Chauveau : Ils se retrouvent quelques années plus tard et c'est une sorte de règlement de compte. Ont-ils réussi leurs vies, ont-ils réalisé leurs rêves ? Ce sont les questions qu'ils vont se poser indirectement. Il y a beaucoup de mélancolie ou de nostalgie finalement dans cette histoire ?
Bernard Foglino : Là c'est plus de la mélancolie parce que les personnages savent très bien que l'on ne retourne par en arrière dans le temps. C'est un peu le sens du titre, « Equinoxes ». L'histoire se passe à la fin de l'été, un été qui ne veut pas mourir. On est au moment de l'équinoxe. Ils sont plutôt sur un méridien de leur vie, ils savent qu'ils vont basculer de l'autre côté, ça les rend mélancoliques mais pas forcément nostalgiques. Ils ont eu un univers ouvert, certains l'exploitent mieux que d'autres, eux ont le sentiment qu'ils ne l'ont pas bien exploité mais ils ne savent pas bien ce qu'ils auraient pu en faire. Sauf Eddie qui savait dès le début que sa vie était là et que c'est cette vie là qui le remplirait. Les autres, nous flottons.
Philippe Chauveau : Vous me permettez de lire un extrait : « On dirait que s'annoncent les temps insidieux où la vie va nous reprendre, l'un après l'autre, les jouets dont elle nous a gratifiés. Ceux que nous aimions deviennent flous ou nous quittent, ce que nous avons construit redeviendra sable. Nos vies sont à l'étiage, mais déjà un liseré plus sombre marque l'estran. Nous n'allons plus nous étendre sur les territoires des jours à venir, notre lutte se consacrera à ne pas rétrécir trop vite. A nous battre contre des dunes poussées par des vents indifférents. Nos vies sont palimpsestes. Elles s'effacent. Pour que d'autres puissent écrire leurs histoires sur un parchemin qui, malgré les apparences, malgré nos certitudes, nos serments, n'appartenait à personne. » J'ai volontairement choisi ce texte parce qu'on prend la mesure de votre écriture et on comprend le message qu'il y a derrière ce texte. Dans ces quatre personnages, y a-t-il un peu de vous ?
Bernard Foglino : C'est valable pour tous les bouquins. Je crois qu'Albert Camus disait dans le Mythe de Sisyphe que si un auteur n'est pas dans un personnage donné, gageons qu'il est un peu dans tous les personnages.
Philippe Chauveau : Il y a un côté très dramatique dans ces retrouvailles entre ces amis par les thèmes que vous abordez, il y a la maladie, il y a les relations parfois difficiles avec les enfants, il y a la place de la femme abordée de façon assez éloignée mais on sourit aussi avec ces quatre copains d'enfance qui revivent comme lorsqu'ils étaient étudiants, on s'amuse beaucoup à les suivre. Vous aviez envie qu'il y ait ces respirations et puis de montrer que même si le temps passe, on peut continuer à vivre pleinement, c'était peut-être ça le message du livre ?
Bernard Foglino : Ce que j'ai compris, ce que je voulais dire c'est que ces gens là étaient arrivés à la fin d'une saison de leurs vies. Mais quand c'est l'automne ici, c'est le printemps ailleurs, d'où le titre Equinoxes. Eux entrent dans l'automne, ils faut qu'ils s'y fassent. Pendant ce temps, aux antipodes, là où vit sa fille c'est le printemps et il y a peut être un passage de témoin, c'est peut être le sens du livre. On s'épuise, on s'angoisse à trouver un sens à nos vies et peut-être qu'il n'y en a pas, peut-être que le seul sens c'est d'en prendre une sur nos épaules et de la porter un peu plus haut et puis les saisons passent...
Philippe Chauveau : Paul, Frankie, Mike, Eddie, voilà quatre personnages que l'on garde longtemps en mémoire après la lecture de votre nouveau roman. Bernard Foglino, « Equinoxes ». Vous êtes publié chez Buchet Chastel. Merci beaucoup.
Bernard Foglino : Merci.