Voir pour la première fois son nom dans la vitrine d’une librairie, voilà un rêve concrétisé par Serena Giuliano. Un rêve à la fois enthousiasmant et vertigineux que cette jeune femme d’origine italienne vit avec reconnaissance et jubilation.
Arrivée en France à l’adolescence, Serena Giuliano a toujours cherché à conserver cette double culture. Si les livres arrivent tardivement dans sa vie, elle goûte très vite à la valse des mots et des phrases et écrit des billets personnels. Internet devient dès lors un...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de Serena Giuliano - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Serena Giuliano.Votre actualité, c'est ce premier roman au Cherche-Midi, « Ciao Bella ». Vous êtes Italienne d'origine, vous avez passé les douze premières années de votre vie dans la région de Naples, vers Salerne. Ensuite, vous quittez le soleil de l'Italie, les gens de l'Est ne vont pas m'aimer, pour rejoindre un temps peut-être un peu moins ensoleillé parfois, c’est l’Est de la France, c’est Metz. J'en parle volontairement parce qu'il y a ces influences que l'on retrouve dans votre roman...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de Serena Giuliano - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Nous le disions, Serena Giuliano, c'est votre premier roman, « Ciao Bella » aux éditions du Cherche-Midi. Vous nous y présentez un personnage qui vous ressemble, peut-être, par certains points. Vous allez nous dire ce qu'il en est. L’héroïne de votre roman s'appelle Anna, elle vit dans l'Est de la France, elle a des origines italiennes et elle a laissé une partie de sa famille là-bas, notamment sa grand-mère à laquelle elle est restée très attachée ; elle est en couple avec Adel. Ils ont un petit...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de Serena Giuliano - Livre - Suite
Serena Giuliano
Ciao Bella
Présentation 00'02'11"Voir pour la première fois son nom dans la vitrine d’une librairie, voilà un rêve concrétisé par Serena Giuliano. Un rêve à la fois enthousiasmant et vertigineux que cette jeune femme d’origine italienne vit avec reconnaissance et jubilation. Arrivée en France à l’adolescence, Serena Giuliano a toujours cherché à conserver cette double culture. Si les livres arrivent tardivement dans sa vie, elle goûte très vite à la valse des mots et des phrases et écrit des billets personnels. Internet devient dès lors un formidable outil et elle créé son propre blog, consacré à la maternité, cherchant à démystifier la mère parfaite et à déculpabiliser ainsi toutes celles qui angoissent et doutent d’être à la hauteur face à leur enfant. Par ce blog, Serena Giuliano laisse entrevoir son appétence pour l’écriture. Ses proches et ceux qui la suivent sur Internet l’incitent à écrire davantage et voilà comment nait ce roman, librement inspiré de la vie de la jeune Serena. Ici, à travers les confidences qu’elle fait à sa psy pendant une dizaine d’années, nous allons suivre une jeune trentenaire, Anna, fragilisée par une maternité compliquée, hantée par un secret de famille, vivant mal son déracinement. Dans ce joli roman à la fois lumineux et profond, on parle de la famille, de la mort, des peurs qui pourrissent l’existence, du mal-être. On évoque aussi l’amour, l’amitié, la résilience. Jouant habilement avec la légèreté et l’émotion, sachant nous faire sourire tout en glissant au fil des pages de vrais moments intenses, Serena Giuliano démontre un réel talent d’écriture, menant habilement son intrigue, façonnant des personnages attachants, abordant avec pudeur des sujets dans lesquels chacun pourra se retrouver. Par la bouche d’Anna, son héroïne, qui nous raconte son histoire, Serena Giuliano possède un ton bien particulier, tout en justesse, qui ne laisse pas indifférent. « Ciao Bella », le premier roman de Serena Giuliano est publié au Cherche-midi.
Serena Giuliano
Ciao Bella
Portrait 00'06'01"Philippe Chauveau :
Bonjour Serena Giuliano.Votre actualité, c'est ce premier roman au Cherche-Midi, « Ciao Bella ». Vous êtes Italienne d'origine, vous avez passé les douze premières années de votre vie dans la région de Naples, vers Salerne. Ensuite, vous quittez le soleil de l'Italie, les gens de l'Est ne vont pas m'aimer, pour rejoindre un temps peut-être un peu moins ensoleillé parfois, c’est l’Est de la France, c’est Metz. J'en parle volontairement parce qu'il y a ces influences que l'on retrouve dans votre roman dont on va parler dans un instant.
Comment vivez-vous cette aventure du premier roman publié ?
Serena Giuliano :
C'est assez incroyable parce que c'est tout récent. Il est sorti le 14 mars. Depuis, c'est un tourbillon d'émotions, de rencontres et de voyages. C'est un peu brouillon, j'ai du mal à me dire quel jour on est, je suis emporté dans le flot de belles émotions. C'est magnifique, une belle aventure !
Philippe Chauveau :
Que représente le livre pour vous ? Avez-vous été bercé dans l'univers du livre ou au contraire, est-ce quelque chose que vous avez découvert assez tardivement ?
Serena Giuliano :
J'ai découvert ça assez tardivement. Il y avait très peu de livres dans mon enfance. A l'école, j'étais un peu embêtée quand on me demandait de lire un livre. C'est venu assez tard. Depuis, j'ai une sorte de boulimie de lecture parce que j'ai l'impression de devoir rattraper tout ce temps que j'ai perdu. Donc, je suis une grande lectrice mais ce n'était pas un rêve d'écrire, c'était un rêve bien trop grand que je n’avais pas. Et là c'est inespéré. C'est vraiment une aventure incroyable.
Philippe Chauveau :
Quels sont les auteurs justement que vous avez découverts, qui vous ont fait avancer, qui vous ont fait grandir ?
Serena Giuliano :
Je lis vraiment de tout, ça peut aller du roman feel good au polar, sauf peut-être de la science-fiction car ça me touche pas. Sinon, il y a vraiment de tout, ça dépend de mon humeur du moment, de ce que j'ai envie de lire. Tout récemment, j’ai terminé « Changer l'eau des fleurs » de Valérie Perrin, qui m'a bouleversé et qui est sublime. Je suis bien sûr une grande fan d’Elena Ferrante parce que Naples, parce que son écriture, parce que toute son oeuvre. Et puis Romain Gary qui est un coup de coeur incroyable que j'ai découvert très tardivement et dont je suis absolument fan.
Philippe Chauveau :
Vous continuez à vivre dans cette double culture italienne et française ? Cherchez vous à la cultiver ?
Serena Giuliano :
Oui, j'écoute la radio italienne, je lis en italien, ça fait vraiment partie ma vie de tous les jours. C'est une gymnastique dans ma tête de passer de l'italien au français. Mais je veux absolument que les deux langues soient présentes dans ma vie de tous les jours donc par tous les moyens que ce soit effectivement la radio ou les livres. J'ai besoin de cela pour me souvenir toujours d'où je viens. Pour garder l'Italie présente dans ma vie parce qu'elle me manque beaucoup. Je l’entretiens car c’est indispensable à mon équilibre
Philippe Chauveau :
Si l'on veut vraiment être clair sur votre parcours, Ok, c'est votre premier roman, votre premier manuscrit publié. Mais l'écriture est quand même présente chez vous depuis pas mal de temps, notamment par les réseaux sociaux et les blogs. Vous avez commencé comme ça, en publiant des petits textes et à créer ce que l'on appelle un réseau, une communauté.
Serena Giuliano :
Oui, j'ai une très belle communauté aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
C'était quoi ce blog ?
Serena Giuliano :
« Wonder Mum en a ras à la cape » où je parle de maternité. J'avais envie de déculpabiliser un peu les mamans. J'en avais un peu marre de ce rôle qu'on nous donne, ce qu'il faut faire pour être des mères parfaites, être absolument transporté par la maternité ou par la grossesse. Moi, j’adore mon fils mais je n'ai pas trop ressenti tout ça, je ne me suis jamais retrouvée dans cette maman complètement épanouie dans son rôle de mère uniquement. Et je me demandais s'il y avait d'autres femmes dans le même cas et heureusement, c’est le cas ! C’est parti comme ça l’idée du blog. C'est génial parce que ça me permet d'écrire quand j'en ai envie, il n'y a pas de règles. Je fais ce que je veux, j’écris de chez moi et je parle de ce que je veux. Donc, c'est un bon exercice aussi même si c'est vrai que j'étais plutôt habituée à des textes courts. Donc là c'est une grande première pour moi.
Philippe Chauveau :
Au-delà de la thématique que vous avez choisi pour votre blog, vous avez aussi toujours mis un point d'honneur à travailler le style de vos billets, les textes que vous postez chaque jour sur votre blog.
Serena Giuliano :
Comme je ne suis pas très à l'aise à l'oral, j'ai vraiment très envie, effectivement, de faire attention à ce que j'écris. Pour faire passer toutes les émotions que je ressens et tous les messages que j'ai envie de faire passer, même pour une simple photo sur Instagram, j'essaie de soigner la légende, de trouver un moyen amusant ou émouvant de faire passer un message. Je fais attention à ça et j’adore cet exercice.
Philippe Chauveau :
Racontez-moi ! Comment passe t’on du blog au manuscrit du premier roman publié ? Est ce que quelqu'un est venu vous taper sur l'épaule ?
On vous a repérée sur Internet ? Ca s’est pass comme ça ?
Serena Giuliano :
Cela aurait pu se passer comme ça mais là en l'occurrence, ce sont mes lectrices qui, au départ, aimaient ce que je faisais sur un format court et me demandaient d’en faire plus en me disant : « Alors, à quand un roman, », c'est ce qui revenait très souvent. Mes amis aussi m'encourageaint depuis toujours et m'ont vraiment poussée et au final, je n’avais plus vraiment le choix. En fait, ce sont les femmes de ma vie qui m'ont poussée à oser, à essayer.
Et puis, lorsqu'il a été écrit, il y a eu une rencontre avec l’équipe d’une très belle maison d'édition.
Philippe Chauveau :
Et voilà le début de la belle aventure. Les toutes dernières pages de remerciements sont importantes parce que vous racontez la genèse de cette aventure. Votre premier roman est titré « Ciao Bella » et vous êtes publiée, Serena Giuliano, aux éditions du Cherche-Midi.
Serena Giuliano
Ciao Bella
Livre 00'07'11"Philippe Chauveau :
Nous le disions, Serena Giuliano, c'est votre premier roman, « Ciao Bella » aux éditions du Cherche-Midi. Vous nous y présentez un personnage qui vous ressemble, peut-être, par certains points. Vous allez nous dire ce qu'il en est. L’héroïne de votre roman s'appelle Anna, elle vit dans l'Est de la France, elle a des origines italiennes et elle a laissé une partie de sa famille là-bas, notamment sa grand-mère à laquelle elle est restée très attachée ; elle est en couple avec Adel. Ils ont un petit garçon, Samuel, dont la naissance a été assez compliquée.
Pourquoi avoir eu envie de raconter sa vie ?
Serena Giuliano :
C'est vrai qu’Anna me ressemble pas mal mais ce n'est pas moi, cela reste un roman. J'avais envie de raconter la vie d'une femme qui a eu une enfance très difficile et je voulais, par le biais de son personnage, démontrer que même lorsqu’on vient de loin, on peut décider d'emprunter un autre chemin que celui de nos parents, de faire autrement, qu'on n'est pas obligé de continuer. Il n'y a pas de fatalité même si ce n'est pas facile.
C'est le chemin le plus compliqué justement de détourner tout ça. Par le biais de des séances chez la psy, dont je me suis énormément amusée à écrire leurs dialogues, j'avais envie d’apporter un peu un message d'espoir.
Philippe Chauveau :
Justement, vous le dites, et c'est important de le préciser et on l’apprend dès les premières pages du roman, nous sommes dans un dialogue un échange entre Anna et sa psy, Elisabeth, qu'elle va appeler Lizzie parce qu'il y a une vraie complicité qui va se nouer entre elles deux. Anna entreprend une thérapie qui va s'étendre sur plusieurs années puisque le roman va nous mener de 2010 à 2018. Par l'intermédiaire des séances avec sa psy, Anna va nous faire partager ses peurs, ses angoisses et ses doutes. Elle est une femme en manque d'assurance en permanence.
Serena Giuliano :
Elle est une jeune femme brisée et au fil des séances, on comprend pourquoi, d'où cela vient. On apprend son enfance, son déracinement puisqu'elle a grandi en Italie. On va comprendre d'où viennent ces failles. On voit que ce n'est pas facile de dépasser les peurs et les angoisses que toutes ces failles ont entraînées. Une thérapie, ce peut être long, c'est un cheminement qui peut être très long et ce n'est pas magique. Ce n'est pas facile car cela nous met face à des choses qu'on n'a pas forcément envie de regarder dans les yeux.
Et pourtant Anna ne lâche rien, justement grâce à cette psy assez incroyable, elle avance tout doucement mais elle avance et elle se construit
Philippe Chauveau :
Elle n'est pas toute seule puisqu'elle a Adel qui est un compagnon fidèle et solide. Il est son roc et avec lui, elle construit sa vie de famille.
On pourrait être tenté de ranger votre livre dans le rayon des feel good books, ces livres qui font du bien. Certes, c'est une histoire lumineuse ; certes, on imagine qu'il y aura des résolutions à bien des problèmes mais cela va bien au –delà. Vous traitez de sujets importants, il y a même parfois des pages très douloureuses. Lorsqu’Anna se confie à sa psy, il y a des moments où sa haine de certains moments de sa vie ressort, où l’on voit vraiment ses angoisses apparaitre.
Vous avez voulu toujours qu'il y ait à la fois le soleil et le sourire pour traiter de sujets douloureux que ce soit la famille que ce soit les femmes battues éventuellement à certains passages du roman. Vous avez toujours réussi à osciller entre les deux.
Serena Giuliano :
C'est ce que je fais dans la vie parce que ça résume bien le quotidien de chacun. On a tous des moments très difficiles, on a tous vécu parfois des choses dures mais cela n'empêche pas de sourire, d'apprécier encore les bons moments. Effectivement, comme Anna a eu une enfance assez compliquée, je n'avais pas envie de tomber dans quelque chose de trop sombre. Mais je n'avais pas non plus envie de pas parler de ces sujets-là qui me tiennent à cœur et que j'avais envie de mettre en avant.
Donc, mon arme c'est le rire, l'humour. Dans le livre, j'essaie donc de contrebalancer ces moments très durs par moments un peu plus légers. Et puis, j'avais besoin aussi d'écrire ainsi, de passer de l'un à l'autre. C'est ce que je fais déjà, c'est ma façon de faire dans la vie dans l'écriture. On le retrouve donc assez logiquement dans le roman.
« Je n'ai jamais connu de période sans angoisse, jamais été complètement sereine. D'aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais sentie pleinement heureuse ou insouciante. Je n'ai jamais été une enfant. J'ai peur de ne pas aimer assez, de mal aimer, de trop aimer. J'ai peur, j'ai peur tout le temps, et j'ai peur de moi, le plus souvent ». Voilà ce que confie Anna à sa psy Elisabeth.
Vous parlez de la famille, vous parlez des relations intergénérationnelles. Vous parlez aussi d'amitié, vous parlez de la maternité, de l'angoisse de la maternité.
Vous abordez tout un tas de sujets comme le déracinement avec cette jeune fille, Anna, qui a été obligée de quitter l'Italie précipitamment avec sa mère. Jusqu'où ce roman a t-il été douloureux à écrire ?
Serena Giuliano :
L'écriture a été un moment incroyable pour moi puisque je me suis isolée dans ma maison, en Italie, ma maison d'enfance… C'est vraiment l’un des plus beaux souvenirs de ma vie et donc, l'écriture a été très facile. C’est avant que cela a été plus difficile. J'ai mis plus de deux ans alors que j'avais cette histoire en tête qui était très claire. Disons que c'est l'accouchement qui a été difficile. Et puis, j'étais au bon moment, au bon endroit, à un moment de ma vie où j'étais prête aussi
à affronter tout ça.
Philippe Chauveau :
Vous avez écrit un roman très personnel, ce qui veut dire qu'il y a peut-être une angoisse supplémentaire, un vide vertigineux. Songez-vous déjà à l'écriture d'un autre roman ? Avez-vous envie de changer complètement de registre ? Allez-vous continuer à cultiver cette fibre très personnelle ?
Serena Giuliano :
Pour être honnête, c'est déjà dans les tuyaux ! J'y pense depuis pour être totalement honnête. J’ai eu l'idée de cette nouvelle histoire, le jour où j'ai rencontré mon éditrice à Paris. En rentrant, j'ai eu l'idée de mon deuxième roman qui n'était qu’un point au départ.
Puis, cela s'est peaufiné et j'ai commencé à écrire et ce sera toujours un mélange d’humour et d’émotion. Je ne vais pas changer de façon d'écrire ! Mais je ne vais pas en dire plus pour le moment.
Philippe Chauveau :
On va suivre votre parcours avec beaucoup d'intérêt. Voilà un premier roman fort réussi, porté par une belle écriture, une jolie histoire à la fois tendre et triste, pleine de légèreté et de profondeur. Sérén Giuliano, votre premier roman est publié au Cherche-Midi, « Ciao Bella ».