Serena Giuliano

Serena Giuliano

Ciao Bella

Livre 00'07'11"

Philippe Chauveau :
Nous le disions, Serena Giuliano, c'est votre premier roman, « Ciao Bella » aux éditions du Cherche-Midi. Vous nous y présentez un personnage qui vous ressemble, peut-être, par certains points. Vous allez nous dire ce qu'il en est. L’héroïne de votre roman s'appelle Anna, elle vit dans l'Est de la France, elle a des origines italiennes et elle a laissé une partie de sa famille là-bas, notamment sa grand-mère à laquelle elle est restée très attachée ; elle est en couple avec Adel. Ils ont un petit garçon, Samuel, dont la naissance a été assez compliquée.
Pourquoi avoir eu envie de raconter sa vie ?

Serena Giuliano :
C'est vrai qu’Anna me ressemble pas mal mais ce n'est pas moi, cela reste un roman. J'avais envie de raconter la vie d'une femme qui a eu une enfance très difficile et je voulais, par le biais de son personnage, démontrer que même lorsqu’on vient de loin, on peut décider d'emprunter un autre chemin que celui de nos parents, de faire autrement, qu'on n'est pas obligé de continuer. Il n'y a pas de fatalité même si ce n'est pas facile.
C'est le chemin le plus compliqué justement de détourner tout ça. Par le biais de des séances chez la psy, dont je me suis énormément amusée à écrire leurs dialogues, j'avais envie d’apporter un peu un message d'espoir.

Philippe Chauveau :
Justement, vous le dites, et c'est important de le préciser et on l’apprend dès les premières pages du roman, nous sommes dans un dialogue un échange entre Anna et sa psy, Elisabeth, qu'elle va appeler Lizzie parce qu'il y a une vraie complicité qui va se nouer entre elles deux. Anna entreprend une thérapie qui va s'étendre sur plusieurs années puisque le roman va nous mener de 2010 à 2018. Par l'intermédiaire des séances avec sa psy, Anna va nous faire partager ses peurs, ses angoisses et ses doutes. Elle est une femme en manque d'assurance en permanence.

Serena Giuliano :
Elle est une jeune femme brisée et au fil des séances, on comprend pourquoi, d'où cela vient. On apprend son enfance, son déracinement puisqu'elle a grandi en Italie. On va comprendre d'où viennent ces failles. On voit que ce n'est pas facile de dépasser les peurs et les angoisses que toutes ces failles ont entraînées. Une thérapie, ce peut être long, c'est un cheminement qui peut être très long et ce n'est pas magique. Ce n'est pas facile car cela nous met face à des choses qu'on n'a pas forcément envie de regarder dans les yeux.
Et pourtant Anna ne lâche rien, justement grâce à cette psy assez incroyable, elle avance tout doucement mais elle avance et elle se construit

Philippe Chauveau :
Elle n'est pas toute seule puisqu'elle a Adel qui est un compagnon fidèle et solide. Il est son roc et avec lui, elle construit sa vie de famille.
On pourrait être tenté de ranger votre livre dans le rayon des feel good books, ces livres qui font du bien. Certes, c'est une histoire lumineuse ; certes, on imagine qu'il y aura des résolutions à bien des problèmes mais cela va bien au –delà. Vous traitez de sujets importants, il y a même parfois des pages très douloureuses. Lorsqu’Anna se confie à sa psy, il y a des moments où sa haine de certains moments de sa vie ressort, où l’on voit vraiment ses angoisses apparaitre.

Vous avez voulu toujours qu'il y ait à la fois le soleil et le sourire pour traiter de sujets douloureux que ce soit la famille que ce soit les femmes battues éventuellement à certains passages du roman. Vous avez toujours réussi à osciller entre les deux.

Serena Giuliano :
C'est ce que je fais dans la vie parce que ça résume bien le quotidien de chacun. On a tous des moments très difficiles, on a tous vécu parfois des choses dures mais cela n'empêche pas de sourire, d'apprécier encore les bons moments. Effectivement, comme Anna a eu une enfance assez compliquée, je n'avais pas envie de tomber dans quelque chose de trop sombre. Mais je n'avais pas non plus envie de pas parler de ces sujets-là qui me tiennent à cœur et que j'avais envie de mettre en avant.
Donc, mon arme c'est le rire, l'humour. Dans le livre, j'essaie donc de contrebalancer ces moments très durs par moments un peu plus légers. Et puis, j'avais besoin aussi d'écrire ainsi, de passer de l'un à l'autre. C'est ce que je fais déjà, c'est ma façon de faire dans la vie dans l'écriture. On le retrouve donc assez logiquement dans le roman.

« Je n'ai jamais connu de période sans angoisse, jamais été complètement sereine. D'aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais sentie pleinement heureuse ou insouciante. Je n'ai jamais été une enfant. J'ai peur de ne pas aimer assez, de mal aimer, de trop aimer. J'ai peur, j'ai peur tout le temps, et j'ai peur de moi, le plus souvent ». Voilà ce que confie Anna à sa psy Elisabeth.
Vous parlez de la famille, vous parlez des relations intergénérationnelles. Vous parlez aussi d'amitié, vous parlez de la maternité, de l'angoisse de la maternité.
Vous abordez tout un tas de sujets comme le déracinement avec cette jeune fille, Anna, qui a été obligée de quitter l'Italie précipitamment avec sa mère. Jusqu'où ce roman a t-il été douloureux à écrire ?

Serena Giuliano :
L'écriture a été un moment incroyable pour moi puisque je me suis isolée dans ma maison, en Italie, ma maison d'enfance… C'est vraiment l’un des plus beaux souvenirs de ma vie et donc, l'écriture a été très facile. C’est avant que cela a été plus difficile. J'ai mis plus de deux ans alors que j'avais cette histoire en tête qui était très claire. Disons que c'est l'accouchement qui a été difficile. Et puis, j'étais au bon moment, au bon endroit, à un moment de ma vie où j'étais prête aussi
à affronter tout ça.

Philippe Chauveau :
Vous avez écrit un roman très personnel, ce qui veut dire qu'il y a peut-être une angoisse supplémentaire, un vide vertigineux. Songez-vous déjà à l'écriture d'un autre roman ? Avez-vous envie de changer complètement de registre ? Allez-vous continuer à cultiver cette fibre très personnelle ?

Serena Giuliano :
Pour être honnête, c'est déjà dans les tuyaux ! J'y pense depuis pour être totalement honnête. J’ai eu l'idée de cette nouvelle histoire, le jour où j'ai rencontré mon éditrice à Paris. En rentrant, j'ai eu l'idée de mon deuxième roman qui n'était qu’un point au départ.
Puis, cela s'est peaufiné et j'ai commencé à écrire et ce sera toujours un mélange d’humour et d’émotion. Je ne vais pas changer de façon d'écrire ! Mais je ne vais pas en dire plus pour le moment.

Philippe Chauveau :
On va suivre votre parcours avec beaucoup d'intérêt. Voilà un premier roman fort réussi, porté par une belle écriture, une jolie histoire à la fois tendre et triste, pleine de légèreté et de profondeur. Sérén Giuliano, votre premier roman est publié au Cherche-Midi, « Ciao Bella ».

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Voir pour la première fois son nom dans la vitrine d’une librairie, voilà un rêve concrétisé par Serena Giuliano. Un rêve à la fois enthousiasmant et vertigineux que cette jeune femme d’origine italienne vit avec reconnaissance et jubilation. Arrivée en France à l’adolescence, Serena Giuliano a toujours cherché à conserver cette double culture. Si les livres arrivent tardivement dans sa vie, elle goûte très vite à la valse des mots et des phrases et écrit des billets personnels. Internet devient dès lors un...Rediffusion - Dimanche 21 avril de Serena Giuliano - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Serena Giuliano.Votre actualité, c'est ce premier roman au Cherche-Midi, « Ciao Bella ». Vous êtes Italienne d'origine, vous avez passé les douze premières années de votre vie dans la région de Naples, vers Salerne. Ensuite, vous quittez le soleil de l'Italie, les gens de l'Est ne vont pas m'aimer, pour rejoindre un temps peut-être un peu moins ensoleillé parfois, c’est l’Est de la France, c’est Metz. J'en parle volontairement parce qu'il y a ces influences que l'on retrouve dans votre roman...Rediffusion - Dimanche 21 avril de Serena Giuliano - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Nous le disions, Serena Giuliano, c'est votre premier roman, « Ciao Bella » aux éditions du Cherche-Midi. Vous nous y présentez un personnage qui vous ressemble, peut-être, par certains points. Vous allez nous dire ce qu'il en est. L’héroïne de votre roman s'appelle Anna, elle vit dans l'Est de la France, elle a des origines italiennes et elle a laissé une partie de sa famille là-bas, notamment sa grand-mère à laquelle elle est restée très attachée ; elle est en couple avec Adel. Ils ont un petit...Rediffusion - Dimanche 21 avril de Serena Giuliano - Livre - Suite