Delphine Saada

Delphine Saada

Celle qui criait au loup

Portrait 00'06'49"

Philippe Chauveau

Bonjour Delphine Saada.

Delphine Saada.

Bonjour.

Philippe Chauveau

Vous êtes dans l'actualité avec ce qui est votre premier roman, Celle qui criait au loup. C'est aux éditions Plon. On va bien sûr revenir sur ce roman, vous allez surtout nous expliquer pourquoi l’envie de l'écriture ? Parce que vous n'êtes pas du tout dans le milieu littéraire. Vous êtes dans une tout autre activité professionnelle. Vous êtes médecin, dermatologue. Qu'est-ce qui vous a poussée à la médecine d'ailleurs ?

Delphine Saada

Ah, ça, c'est vraiment quelque chose que j'ai en moi depuis toute petite. Même avant d'avoir mes premiers souvenirs, il paraît que je voulais des ordonnances de mon médecin généraliste. Donc ça été sans discontinuer, sans me poser plus de questions. Voilà le chemin que j'ai poursuivi de quatre ans à dix-huit ans et après.

Philippe Chauveau

Et vous vous spécialisez pour travailler sur les dysfonctionnements de la en quelque sorte. La peau humaine. Pourquoi ? Pourquoi cette appétence ?

Delphine Saada

Ca a beaucoup varié en fait, pendant mon internat. Mais je savais que je voulais faire une spécialité en rapport avec quelque chose qui soit assez multispécialité. Et c'est le cas de la dermato, beaucoup plus qu'on ne croit. Elle est reliée à des maladies de système. Et voilà donc, après être passée par la médecine interne, la maladie infectieuse, je suis passée en dermato. En attendant, on passe par différents stages et c'est dermato qui a emporté ma préférence.

Philippe Chauveau

Alors je vais vous chercher un peu là-dessus parce que c'est la peau et ses secrets. Et forcément, aujourd'hui, il y a aussi l'écritures et ses secrets. Pourquoi et à quel moment, vous qui êtes médecin, éprouvez-vous le besoin de l'écriture ? Est-ce que déjà, vous nous parliez de votre enfance, lorsque vous piquiez les ordonnances de votre médecindéjà, enfant ou adolescente, vous aviez un journal intime, vous aviez envie d'écrire ?

Delphine Saada

Non, pas tellement. Finalement, j'ai été surtout une dévoreuse de livres, ce que je suis toujours, une grande lectrice. Peut-être que ça a été le chemin. Je crois que quand on fait ce type d'étude là, on écrit quand même beaucoup. Alors évidemment, on n'écrit pas de romans, mais on écrit. Je n'ai pas cessé d'écrire réellement. Mais petit à petit, après avoir lu, lu, lu et relu à la trentaine, j'ai commencé à écrire progressivement de tout petits textes. Et puis qui ont grossi progressivement jusqu'à ce roman.

Philippe Chauveau

On va parler d'écriture, mais vous disiez que vous étiez une dévoreuse de livres et une grande lectrice. Quel type de littérature ? Quels ont été vos auteurs phares ? Et est-ce que finalement, si la lecture a été pour vous une sorte d'échappatoire, de soupape ?

Delphine Saada

Alors je ne sais pas. Ça a été une échappatoire parce que vraiment, je ne l'ai pas considérée comme ça. J'ai lu les livres entre les mains. J'ai eu peut-être la chance de pas forcément avoir des parents très lecteurs, mais qui, du coup, contrôlaient pas du tout mes lectures donc j'ai pu lire beaucoup de choses pas toujours appropriées à mon âge. Au départ, je ne peux pas réellement dire que c'était une échappatoire, mais j'en avais le besoin. Il fallait que je lise en permanence, ça s'est un peu calmé d'ailleurs, pendant mes études de médecine, malheureusement, et pour encore plus reprendre après. Et les auteurs y sont extrêmement nombreux. C'est de la fiction la plupart du temps, donc du roman.

Philippe Chauveau

Des contemporains, des classiques.

Delphine Saada

Des livres, tout, tout.

Philippe Chauveau

Vous vous nourrissez un peu de tout, tous les genres.

Delphine Saada

Évidemment, j'adore Gary, j'adore Camus et j'adore Albert Cohen, ces grands auteurs, mais les auteurs russes aussi, j'aime beaucoup. Et puis je vais souvent vers la rentrée littéraire aller piocher comme ça des romans qui sont en ma faveur aussi.

Philippe Chauveau

Et donc l'écriture, vous l'avez dit, vous avez commencé à écrire à la trentaine des petits textes, etc, jusqu'à cette histoire qui devient aujourd'hui un roman. Vous m'avez confié en préparant cette émission que vous avez participé à un atelier d'écriture qui vous a peut-être aussi ouvert des portes, en tout cas qui vous a ouvert un horizon que vous ne soupçonniez pas.

Delphine Saada

Mais d'abord, j'ai trouvé ça assez incroyable de voir combien il y avait de personnes qui écrivaient bien, ça m’a d'abord assez étonné. Je ne parle pas de notre professeur, mais enfin celui qui animait l'atelier mais qui était Philippe Djian. Mais les personnes qui étaient là étaient vraiment douées. Donc ça m'a surprise dans le bon sens du terme.

Philippe Chauveau

Ca vous a stimulée ?

Delphine Saada

Beaucoup, stimulé, et j'y allais avec un objectif précis. Je m'étais dit « je vais avoir dix ou douze lecteurs, ne laisse pas passer ta chance. C'est le moment de montrer ce que tu crois savoir faire et ces dix ou douze lecteurs, ils avaient vraiment la lecture acérée, donc toujours bienveillante, mais quand même, avec des retours aiguisés pointus, précis, justes. Et je n'ai pas lâché ça. Je me suis dit tu as ce truc-là, vas-y exploite-le jusqu'au bout. Et honnêtement, ça m'a servi et stimulée pour écrire. Parce que quand on voit qu'il y a franchement des gens très doués et pas forcément publiés, mais qui sont très doués. Oui.

Philippe Chauveau

Lorsque vous vous réveillez, le matin, que vous vous regardez dans la glace, vous voyez Delphine Saada le médecin, ou Delphine Saada, la romancière ?

Delphine Saada

Le médecin quand même encore. J'ai du mal à… Je ne sais pas si c'est vraiment un sentiment d'imposture qu'on peut avoir, même quand on a finalement réussi un concours de médecine plus ou moins facilement, on peut avoir toujours ce sentiment de ne pas être forcément à sa place. Mais là, je ne crois pas. Ou bien c'est le nombre d'années qui va faire que je vais ou le nombre de romans qui va faire, que je vais de plus en plus me sentir à cette place-là. Mais comme, pour moi, je ne me vois pas décrocher pour le moment de mon rôle de médecin que j'adore, c'est celui qui… Voilà. Je ne me vois pas en une fonction quand je me regarde dans la glace.

Philippe Chauveau

Et néanmoins, voyez-vous une passerelle entre cette activité professionnelle et l'écriture et le fait d'avoir aujourd'hui concrétisé ce premier roman ?

Est-ce qu'il y a un lien ?

Delphine Saada

Je ne sais pas si on peut dire qu'il y a un lien, il y a un aboutissement qu'on peut ressentir vraiment, sincèrement, dans chaque dossier de patient, quand on termine quelque chose, qu'on a conclu quelque chose de juste, quand on a aidé l'autre, on a une sensation pas du tout de fierté, mais d'un accomplissement de quelque chose de bien fait, d'un service renduc e qui n'est pas le cas du roman.

On ne peut pas dire que ce soit un service rendu encore. Je ne sais pas, peut-être, mais un accomplissement. Et puis peut-être la passerelle, si je devais la chercher, je dirais la médecine, çÇa reste beaucoup de questions, pas toujours des réponses, mais des questions. Et enfin l'écriture, c'est des questions. Donc peut-être la passerelle, elle serait là aussi.

Philippe Chauveau

Et puis aider l'autre, effectivement, je pense que l'écriture, ça peut aussi servir à ça. Notamment avec le sujet que vous abordez dans votre premier roman, Celle qui criait au loup. C'est votre actualité, Delphine Saada, et ce premier roman est publié aux éditions Plon.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Quel lien peut-il y avoir entre la médecine et l’écriture. Delphine Saada ne se pose pas la question même si elle reconnait que le lien à l’autre, la volonté d’interroger et le souhait d’apaiser les maux sont peut-être des points communs.Delphine Saada s’est toujours rêvée médecin, elle s’est aujourd’hui spécialisée en dermatologie. Mais grande lectrice depuis l’adolescence, elle a répondu à une envie d’écriture il y a quelques années, s’essayant à des textes courts, pour le plaisir. Pourtant, l’idée...Celle qui criait au loup de Delphine Saada - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau Bonjour Delphine Saada.   Delphine Saada. Bonjour.   Philippe Chauveau Vous êtes dans l'actualité avec ce qui est votre premier roman, Celle qui criait au loup. C'est aux éditions Plon. On va bien sûr revenir sur ce roman, vous allez surtout nous expliquer pourquoi l’envie de l'écriture ? Parce que vous n'êtes pas du tout dans le milieu littéraire. Vous êtes dans une tout autre activité professionnelle. Vous êtes médecin, dermatologue. Qu'est-ce qui vous a poussée à la médecine d'ailleurs ?   Delphine...Celle qui criait au loup de Delphine Saada - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau Votre premier roman, Delphine Saada, Celle qui criait au loup, avec sur cette jaquette ce sucre d'orge, cette sucette pleine de couleurs mais qui est surtout brisée. Nous allons faire connaissance avec Albane. Albane est une jeune femme d'aujourd'hui. Elle est infirmière dans un hôpital parisien. Sa vie semble réglée comme du papier à musique avec son mari Sebastian et leurs deux enfants. Il y a Arthur, qui a trois ans,  il y a Emme qui a six ans. Et pourtant, Albane cache bien des failles. Qui est-elle,...Celle qui criait au loup de Delphine Saada - Livre - Suite