Vincent Duluc

Vincent Duluc

Carole et Clark

Portrait 00'07'09"

Philippe Chauveau :

Bonjour Vincent Duluc.

Vincent Duluc :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Merci d'avoir accepté cette invitation pour venir présenter Carole et Clark aux éditions Stock. Carole Lombard et Clark Gable. On va parler de ce couple mythique dans un instant, mais les amateurs de sport vous connaissent bien avec une autre casquette, puisque c'est dans le football que vous officiez en tant que journaliste sportif, notamment pour le groupe L'Équipe. Comment est née cette passion pour le sport en général et pour le football particulièrement, au point d'en devenir journaliste ?

Vincent Duluc :

Comme pour la plupart des gens, c'est des passions qui remontent à l'enfance. Est-ce que c'est une passion transmise ? Est-ce que c'est une passion choisie ? C'est toujours la question. Mon père était Stéphanois, il était supporteur de l'équipe de Saint-Etienne, donc je pense que j'ai puisé une partie de cette passion comme ça dans le côté paternel. Et puis, ça a été mon évasion adolescente et c'est resté ma passion quand j'ai commencé à grandir. Je ne suis pas sûr d'avoir vraiment grandi du reste. Mais c'est surtout pour continuer cette passion qui nous ramène sans cesse à l'enfance, sans cesse au bonheur originel d'être allé dans le stade la première fois. Et je continue de finalement perpétuer la même quête semaine après semaine, parfois tous les trois jours dans les stades du monde entier et je ne m'en lasse pas.

Philippe Chauveau :

Donc, vous aimez le sport en général et le football plus particulièrement. Mais de là à devenir journaliste sportif. Pourquoi et comment ?

Vincent Duluc :

J'ai commencé par un acte manqué, après mon bac, j'étais inscrit à Sciences Po à Lyon et j'ai raté la rentrée. Un jour, j'ai téléphoné on m'a dit que c'était il y a un mois. Je me suis dit que ce n'était pas fait pour moi et du coup, je suis rentré dans la rédaction du Progrès à Bourg en Bresse, j'ai trouvé que c'était une bonne manière de poursuivre sa jeunesse, d'écrire des articles sur mes copains de lycée dans ma ville quasi natale. J'ai commencé comme ça et j'ai su que je n’allais jamais partir, et que c'était un peu chez moi.

Philippe Chauveau :

Ce qui veut dire qu'au-delà de votre passion pour le sport et le football, il y a aussi cette appétence pour l'écriture. Parce que le journalisme d'écriture, ça va ensemble, forcément. Alors, pourquoi êtes-vous de l'écriture, journalistique pour démarrer ?

Vincent Duluc :

Je pense que le goût de l'écriture m'est venu, j'allais dire paradoxalement, mais sûrement pas paradoxalement, en lisant L'Équipe. Il y a toujours une tradition de souffle et de l'épique dans ce journal. Il y a toujours eu des grandes plumes Pierre Chani, Denis Lalanne, tout cela. J'ai toujours été attaché à l'écriture en lisant L'Équipe. Et parallèlement, je me suis forgé avec des auteurs un peu fétiches qui m'ont poussé à écrire. Il y a autre chose aussi qui m'a poussé à me dire qu'il fallait que j'écrive bien, c'est que j'étais très timide. Je me disais que bien écrire m'éviterait sûrement d'avoir à parler aux gens. Après, je me suis soigné. Aujourd'hui, je parle aux gens, je parle à tout le monde. Mais quand j'ai commencé, j'avais beaucoup de mal et je me suis dit qu'il fallait que j'écrive bien pour m'en sortir.

Philippe Chauveau :

Pour bien écrire, il faut aussi aimer lire quelque part. Et pour devenir journaliste, il faut aussi aimer lire. Quels sont les livres qui vous ont marqués, qui vous ont aussi donné envie de prendre la plume ?

Vincent Duluc :

C'est difficile. J'ai un côté boulimique ainsi que mon profil en atteste. Et ça se retrouve dans l'écriture. Quand il y a un auteur qui me plaît bien je vais lire à peu près toute la série, etc. Adolescent, j'ai beaucoup lu de Zola et après, j'ai lu un peu de tout ce qui m'est tombé dessus, si je dois dire. Mon père était prof de lettres, il y avait une bibliothèque à la maison. Je pouvais choisir, picorer, aller vers l'un vers l'autre. J'ai été un lecteur quand même relativement tardif. J'ai lu à l'adolescence, mais j'ai surtout beaucoup plus lu après. Franchement, c'était très éclectique. Alors forcément, quand on rêve d'écrire à l'équipe et qu'on écrit sur le sport, on a envie de lire tout Blondin pour voir s'il n'y a pas quelque chose à trouver. Ce qui m'a toujours intéressé chez lui, c'est la fluidité. C'est cette espèce de mécanisme de la phrase qui coule toute seule. J'ai toujours rêvé d'avoir moi-même cette fidélité-là.

Philippe Chauveau :

Un peu comme Antoine Blondin, vous faites partie de ces gens qui avaient su réconcilier le sport et la littérature. Votre père aussi en est un bon exemple parce que prof de lettres et supporteur des Stéphanois, on prouve qu'on peut faire les deux. Il y a eu toute une pléthore d'ouvrages autour du autour du sport et autour du football. Des livres purement sportifs. Et puis, il y a aussi cette plume romanesque que vous empruntez régulièrement. Que ce soit pour Un été 76, Le cinquième Beatles ou là, on est encore dans l'univers du football. Et puis, il y a aussi Cornelia Sirch, le livre sur cette nageuse est-allemande. Mais à chaque fois, on sent dans ces histoires, avec des personnages authentiques, on sent la peinture d'un monde enfuis. On sent une certaine nostalgie dans ce monde que vous dépeignez. Est-ce que ça correspond à votre personnalité ?

Vincent Duluc :

Probablement. C'est vrai que j'explore des mythologies adolescentes. On va dire que l'explorer l'adolescence, c'est aussi explorer un monde perdu. C'est le cas de Cornelia parce que c'est la RDA, pays qui n'existe plus. C'est le cas de Saint-Etienne, parce que dans les années 70, la classe ouvrière disparaît. L'équipe de Saint-Etienne émerge de la ville où le chômage arrive et où les mines ferme. Et c'est le cas aussi du cinquième Beatles, Georges Besse, qui lui, hâte un peu son crépuscule et disparaît très vite. Oui, sans doute, une mélancolie je ne sais pas parce que ça ne me rend pas triste, mais une forme de nostalgie, probablement, oui.

Philippe Chauveau :

Qu'éprouvez-vous lorsque vous écrivez que ce soit Carol et Clark, Cornélia ou le cinquième Beatles, où vous empruntez davantage une plume romanesque. Qu'éprouvez-vous de différent à l'écriture purement journalistique que vous employez au quotidien pour l'Équipe, par exemple ?

Vincent Duluc :

J'éprouve quand même une forme de liberté. Il faut quand même que je dise à l'Équipe que j'ai une forme de liberté. J'ai la chance d'être, d'être un ancien. On me laisse m'évader un peu formellement des canons de la presse quotidienne. J'aime la liberté de pouvoir faire des longues phrases, de pouvoir m'affranchir de la ponctuation. J'aime l'effort de longueur. Je suis un sprinter court finalement dans le quotidien. Les matches finissent à 23 heures et à 23h30, je rends mon papier. Dans un livre c'est très différent. C'est une discipline, tous les écrivains le savent, c'est du travail, personne ne croit à l'inspiration. Tout le monde croit au réveil matinal plus tôt. Il y a à la fois une forme de liberté et une forme de contrainte. Parfois de temps en temps, au fur à mesure du récit, il y a des moments où on ressent une espèce de fièvre, tout est facile ou tout va très vite. Des fois, c'est très laborieux et ça dure des mois. Mais pour les moments où on sent que tout est facile et que tout court, ça vaut le coup d'avoir attendu.

Philippe Chauveau :

C'est une jubilation à ce moment-la ?

Vincent Duluc :

Plus une excitation, la jubilation ça serait de se relire le sur lendemain et de trouver que c'est vraiment bien. Mais ça c'est un exercice incertain.

Philippe Chauveau :

Votre actualité, Vincent Duluc, Carole et Clark aux éditions Stock.

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  • Vincent Duluc est la preuve vivante que le sport et la littérature peuvent faire bon ménage. Plume régulière du journal L’Equipe, on le retrouve aussi à la télévision sur M6 ou en radio sur RTL où il analyse et commente les matchs de foot, sa grande passion. Mais l’écriture est l’un des autres talents de Vincent Duluc. Et s’il a à son actif, des livres purement sportifs comme « Les rois de l’Euro » ou « Petites et grandes histoires de la Coupe du monde de football », on lui doit aussi des ouvrages plus...Carole et Clark de Vincent Duluc - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre, Vincent Duluc, vous abordez donc le cinéma, après avoir parlé de sport, on parle de cinéma. Carole Clark avec cette couverture magnifique. Quel couple mythique, celui que formait Carole Lombard et Clark Gable. Comment né ce livre ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur ce couple légendaire d'Hollywood ?   Vincent Duluc : C'est l'amour du cinéma. C'est l'envie de faire un pas de côté. J'ai écrit pendant 40 ans sur les hommes dans le Football et je me suis dit qu'écrire sur...Carole et Clark de Vincent Duluc - Livre - Suite