Vincent Duluc

Vincent Duluc

Carole et Clark

Livre 00'07'24"

Philippe Chauveau :

Dans ce nouveau titre, Vincent Duluc, vous abordez donc le cinéma, après avoir parlé de sport, on parle de cinéma. Carole Clark avec cette couverture magnifique. Quel couple mythique, celui que formait Carole Lombard et Clark Gable. Comment né ce livre ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur ce couple légendaire d'Hollywood ?

Vincent Duluc :

C'est l'amour du cinéma. C'est l'envie de faire un pas de côté. J'ai écrit pendant 40 ans sur les hommes dans le Football et je me suis dit qu'écrire sur un homme et une femme c'était un monde nouveau pour moi. C'est une manière de revisiter mes mythologies aussi. C'est vrai que ce cinéma-là m'a toujours plus et je voulais trouver une actrice ou un acteur ou un personnage qui soit au cœur de ces années de Hollywood à l'âge d'or. Finalement, ce couple-là concentrait absolument tout ce que je recherchais. C'est d'abord celle qui m'a attiré si je suis sincère. Je savais qu'elle était mariée à Clark Gable. Mais au début, lui ne m'attirait pas plus que ça. Finalement, c'est les deux ensembles. Je ne regrette pas. J'ai passé deux années assez agréables avec eux.

Philippe Chauveau :

Si on les repositionne brièvement, nous sommes une période de transition à Hollywood. On sort du cinéma muet pour entrer dans le cinéma parlant, ils vont faire partie de ces rares stars qui vont avoir réussi à faire la transition. Et puis, finalement, ces deux personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer vont devenir des amants flamboyants. C'est une bonne façon de résumer leur parcours. C'est une vraie belle histoire d'amour comme Hollywood ne sait rarement en faire.

Vincent Duluc :

Oui, c'est une belle histoire d'amour entre deux personnes qui ne sont quand même pas si innocents. Clark Gable était le séducteur absolu. Il avait cette espèce d'électricité depuis ses premiers rôles. La manière qu'il avait d'agripper les femmes dans les films me faisait fantasmer tout l'Amérique. Quand dans New York Miami, avec Claudette Colbert, tout d'un coup, il apparaît torse nu dans le film, toutes les ventes de maillots de corps s'effondrent dans l'Amérique entière. Il symbolisait vraiment tout le séducteur pour l'Amérique. Et Carole Lombard était une actrice plutôt de comédies, mais qui, dans la vraie vie, était un personnage assez fascinant. Elle parlait comme un marin. Elle parlait mal aux hommes. C'était sa façon de résister. Elle était une actrice extrêmement indépendante, quasi productrice, et elle organisait des fêtes fastueuses. Et globalement, elle ne couchait jamais en deçà de son rang. Son premier mari, c'était William Pauwels, qui était déjà un séducteur, et son deuxième serait Clark Gable, qui était le séducteur absolu. C'est une immense histoire d'amour, mais c'est aussi la réunion de deux destins, finalement, qui se rapprochaient l'un de l'autre, un peu sans arrêt et inexorablement.

Philippe Chauveau :

On disait de Gable que c'était le King, le roi Gable. Peut-on dire de Carole Lombard qu'elle était la reine ? Parce que finalement, il n'avait rien d'un s'apporter l'un l'autre. C'est pour ça que c'était une vraie histoire d'amour. Parce qu'ils ne se sont pas mariés par intérêt, leur carrière était déjà brillante.

Vincent Duluc :

Plus qu'une reine, elle était une princesse. D'ailleurs, quand Hollywood avait fait élire par le public le roi et la reine, la reine était Myrna Loy, ce n'était pas Carole Lombard. Parce qu'elle n'avait pas des rôles de cinéma à la hauteur du personnage qu'elle était dans la vraie vie. Ce qui est un peu étonnant dans cette histoire d'amour, c'est que le mariage est peut-être l'acte le moins glamour de tout Hollywood, qui racontait des histoires avec faste et qui mettait des costumes tous les deux jours à toutes les femmes de la ville. Le mariage, c'était en tailleur, en costume, dans une ville de l'Arizona, sans témoin autre que le greffier qui bossait à l'hôtel de ville ce jour-là. Il y a ce décalage entre le faste réservé à la fiction et l'ordinaire attaché à la vraie vie.

Philippe Chauveau :

Au-delà de ce personnage mythique que vous nous raconter Clark Gable et Carole Lombard, c'est aussi cette Hollywood de l'époque des années 20 aux années 40. Cette usine à rêves où on broie aussi les destins parce que les studios ont un pouvoir phénoménal et font et défont les stars, en quelque sorte. Et vous avez plaisir à nous emmener derrière le décor ?

Vincent Duluc :

Oui, parce que c'est quelque chose qu'on n'imagine plus. Parfois, on se demande encore pourquoi un tel n'a pas joué avec une telle? Pourquoi Gable n'a pas joué avec telle actrice ? Parce qu'il y avait une logique d'écurie. Les cinq grands studios ont signé des contrats souvent léonins pour six ou sept années avec les Stars et ils ne se prêtaient pas mutuellement leurs stars. Ce qui fait que Clark Gable ne pouvait jouer qu'avec les stars féminines de la MGM. Il fallait protéger un peu ses actifs, ces vecteurs de rêves et de fantasmes. Pour les protéger les studios avaient leur propre police qui arrivait sur les faits divers et sur les accidents avant la vraie police. Pour pouvoir recréer un nouveau décor, recréer une nouvelle histoire et inventer un scénario alternatif. Parce qu'il n'était pas question de raconter la vraie vie des stars.

Philippe Chauveau :

Ce sont des histoires absolument incroyables. N'oublions pas aussi la fin tragique de Carole Lombard. Elle meurt dans un accident d'avion en 1942, en œuvrant pour la défense américaine puisqu'il y a eu Pearl Harbor entre les deux. Ça a été un drame pour Clark Gable, qui ne sera plus jamais le même après la disparition de Carole Lombard.

Vincent Duluc :

Il y a une vraie, effectivement, une vraie coupure dans sa vie et dans le livre, à la limite. La première partie du livre, c'est elle et lui. La deuxième partie, c'est lui, sans elle. Je le trouvais extrêmement touchant et c'est vrai qu'il sera plus jamais le même acteur que sa royauté sera un peu ébréchée par l'alcoolisme, par exemple, par son goût du whisky, par des rôles qui sont peut-être moins choisis, par le temps qui passe. Mais en même temps, j'ai beaucoup de tendresse pour ce Clark Gable là. Sa quête de rédemption me plaît. Sa manière de chercher Carole Lombard dans toutes les femmes qui rencontrent me touche et m'émeut. Et sa volonté, malgré deux mariages supplémentaires, d'être enterré à côté de Carole Lombard, au cimetière de Glendale, sur les hauteurs de Los Angeles, à Forest Lawn. Je trouve que ça referme la boucle. Ça en fait un mythe assez insurpassable.

Philippe Chauveau :

Les dernières années de Gabel jusqu'aux films Les Désaxés avec toute cette fragilité, aux côtés de Marilyn Monroe. Là aussi, c'est un autre couple mythique réunis par le charme du cinéma. Vous auriez envie de continuer à évoquer comme ça des grandes personnalités du cinéma ?

Vincent Duluc :

Probablement, mais je ne me pose pas la question est-ce que c'est du sport, est-ce que c'est du cinéma ? Je me pose la question : est-ce que c'est une bonne histoire ? J'ai essayé de raconter Clark Gable et Carole Lombard comme j’avais raconté George Best. Je n'ai pas fait de différence entre eux et je pense d'ailleurs qu'ils avaient tous les mêmes fêlures, les mêmes ressources romanesques, les mêmes crépuscules tragiques. Ce n'est pas tellement le domaine, c'est vraiment l'histoire auquel j'essaie de m'attacher.

Philippe Chauveau :

Vous aurez forcément vous aussi envie de revoir Autant en emporte le vent ou To be or not to be, après avoir lu ce livre de Vincent Duluc. J'insiste aussi sur la qualité de votre écriture parce qu'il y a beaucoup de sensibilité dans l'histoire que vous nous raconter. Et les mots sont très bien choisis et les phrases sont très bien construites. L'écriture est vraiment très belle. Vincent Duluc, Carole et Clark, c'est votre actualité aux éditions Stock.

Vincent Duluc :

Merci beaucoup.

Philippe Chauveau :

Merci à vous.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Vincent Duluc est la preuve vivante que le sport et la littérature peuvent faire bon ménage. Plume régulière du journal L’Equipe, on le retrouve aussi à la télévision sur M6 ou en radio sur RTL où il analyse et commente les matchs de foot, sa grande passion. Mais l’écriture est l’un des autres talents de Vincent Duluc. Et s’il a à son actif, des livres purement sportifs comme « Les rois de l’Euro » ou « Petites et grandes histoires de la Coupe du monde de football », on lui doit aussi des ouvrages plus...Carole et Clark de Vincent Duluc - Présentation - Suite
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